dimanche, 30 octobre 2005
Lettre de Napoléon III...
... à son cousin responsable des colonies, lui enjoignant de cesser définitivement tout engagement de travailleurs sur les côtes d'Afrique, et de se tourner pour ses besoins en bras, vers celles des Indes.
Saint-Cloud, le 30 octobre 1858.
"Mon cher cousin, je désire vivement qu'au moment même ou le différend avec le Portugal, à propos du Charles-Georges*, vient de se terminer, la question de l'engagement des travailleurs libres pris sur la côte d'Afrique soit définitivement examinée et résolue d'après les véritables principes du droit et de l'humanité. J'ai réclamé énergiquement auprès du Portugal la restitution du Charles-Georges, parce que je maintiendrai toujours intacte l'indépendance du drapeau national ; et il m'a fallu, dans cette circonstance, la conviction profonde de son bon droit pour risquer de rompre avec le roi du Portugal les relations amicales que je me plais à entretenir avec lui.
Mais quant au principe de l'engagement des noirs, mes idées sont loin d'être fixées. Si, en effet, des travailleurs recrutés sur la côte d'Afrique, n'ont pas de libre arbitre, et si cet enrôlement n'est autre chose qu'une traite déguisée, je n'en veux à aucun prix. Car ce n'est pas moi qui protégerai nulle part des entreprises contraires au progrès, à l'humanité et à la civilisation.
Je vous prie donc de rechercher la vérité avec le zèle et l'intelligence que vous apportez à toutes les affaires dont vous vous occupez ; et, comme la meilleure manière de mettre un terme à des causes continuelles de conflit serait de substituer le travail libre des coolies de l'Inde à celui des nègres, je vous invite à vous entendre avec le ministre des affaires étrangères pour reprendre, avec le gouvernement anglais, les négociations qui avaient été entamées il y a quelques mois.
Sur ce, mon cher cousin, je prie Dieu qu'il vous ait en sa sainte garde."
Napoléon III
* Le Charles-Georges est un navire négrier français intercepté en 1858 par la marine anglaise et conduit dans le port de Lisbonne. L'affaire fait scandale.
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N.B.: La célébration improbable de ce jour est dédiée à la mémoire des esclaves et des peuples colonisés, de tous les temps, et de tous les climats. Merci au site Zananas de son excellente page consacrée à l'immigration indienne en Martinique, d'où est tirée cette lettre de Napoléon III.
16:45 Publié dans Célébrations improbables | Lien permanent | Commentaires (1)
Commentaires
Well done G.
For a long time, history books focused on the abolition (le schoelcherisme en France) and barely mentioned the Coolie trade. Well, you already know what I think about all that...
Interesting link.
Écrit par : Livy | dimanche, 30 octobre 2005
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