vendredi, 04 novembre 2011
Exister est un plagiat : 29 et 44
29
Certains souvenirs persistent à me fuir comme un pestiféré.
Je me souviens d'un lundi soir d'hiver, où je mis un temps infini à m'endormir, dans ma chambre du Régina. Et d'un mardi soir d'été, torride, où je me filmai dans cette même habituelle chambre, afin de faire le point, narrativement, sur les différents logements que j'avais visités ce jour, et notamment sur la maison que je n'avais pu filmer mais avais fini, repartant en course arrière, haletant, alourdi, affolé, par accepter de louer séance tenante, damant le pion, de quelques secondes à peine, et encore, aux visiteurs suivants. (Peut-être n'ai-je damé aucun pion ; peut-être n'auraient-ils pas craqué pour cette maison de la rue Guillaume Apollinaire.)
Me revient un nom, celui d'une étudiante que j'interrogeai un soir au lycée Descartes, mais c'était déjà l'automne suivant, juste avant mes 29 ans : Silithone Photirath.
Je me rappelle les trajets entre Tours et Paris, avec l'ordinateur portable, puis entre Paris et Beauvais, ou encore la gare de Beauvais le lundi matin à 5 h 07 (le train partait à 5 h 07). Commuting, un mot que j'avais appris à ne guère aimer au cours des trois années nanterroises, et que j'ai définitivement détesté après quelques mois à peine à jouer les turboprofs.
Je me rappelle, bien sûr, les promenades à la maladrerie, avec Alpha.
44
Elle m'a écrit des lettres et des lettres et des lettres et des lettres et des lettres…
En Angleterre, dans les jardins circumvoisins de la cathédrale d'Ely, j'ai donné des graines à des pigeons en compagnie d'une petite fille habillée comme une princesse de conte de fées. Un polaroïd que nous a donné illico son père a permis de fixer ce moment dans ma mémoire.
Quelques jours plus tôt, dans un camping sis non loin de Crystal Palace, j'avais trouvé, à demi enfouie dans la terre, une cuillère à café dont le manche était orné d'un motif très complexe et très beau. Je sais que j'avais encore cette cuillère quand nous vivions à Beauvais. Où est-elle passée ?
(Cet objet, qui m'a accompagné pendant vingt ans au bas mot, n'est immortalisé, s'il est bel et bien perdu, que dans mon souvenir. Aucun polaroïd, aucun astronef ne s'y attarde.)
16:54 Publié dans Exister est un plagiat | Lien permanent | Commentaires (3)