lundi, 15 décembre 2014
Palissy jusque six
Le Palissy, lundi 15 décembre, 17 h 09.
Encore assis dans un café, cette fois-ci le Palissy, car j'ai trouvé une place gratuite au coin de la rue des Ursulines et de la place François-Sicard. Après le léger détour par le Conservatoire et l'habituelle attente (troisième professeur de solfège en trois mois), j'ai traversé le jardin de la place, levé les yeux vers les arbres déjà obscurs sous le ciel crépusculaire, me suis installé ici.
Face à moi, par le jeu classique de miroirs situés face à face, je me vois infiniment démultiplié.
La radio diffuse "Torn" de Natalie Imbruglia. (N'est-ce pas une chanteuse australienne, ce soir, moins d'une heure après l'assaut donné au bar de la prise d'otages de Sydney ?)
J'ai, avec moi, le roman laotien anglophone que m'a offert E*** pour mes quarante berges. Roman policier, début très caustique, ton plutôt Nestor Burma que Raymond Chandler. J'en suis arrivé au moment du déchiffrement du texte codé écrit à l'encre sympathique :
REPLY DIRECT TO THE DEVIL'S VAGINA
J'ai aussi apporté La méduse orpheline, le volume dans lequel je compte choisir quelques extraits à lire. Pourrai-je parler de Frankétienne de manière compréhensible ? Gageure. Aucune idée.
Ce qui m'advient, le lundi soir, de cinq à sept, c'est donc un moment de pause assez particulier, cristallisation ou sacrifice.
17 h 49
Ce matin, cours après cours, petits moments perlés, gouttes d'eau dans l'océan de la journée. Dernier cours de littérature sur Ngugi, et le rire dans le couloir. Examen de version dans le grand amphithéâtre, et présence là d'A.S., étudiant qui était déjà en double cursus, en 2009, à cheval entre une deuxième année d'anglais et une troisième année d'histoire - je crois qu'entre-temps il a achevé un master d'histoire, mais on le voit, toujours aussi paumé et impavide, s'inscrire, assister à un cours par ci, passer les examens ; il aura mis six ans à ne pas même valider deux années d'études... Puis surveillance d'un autre examen dans un laboratoire, dix étudiants très espacés dans le laboratoire, je commence à lire Anarchy & Old Dogs, puis, entendant la voix d'E***, passe la tête par la porte, dans le couloir, E*** s'éloigne, il discute avec S***, étudiante que cela fait rire de me voir mon livre à la main, ma vanne à plat, rire de connivence avec elle donc, je rentre la tête dans la carapace du laboratoire. Enfin, après la très brève pause déjeuner, toujours grisaille crachin fraîcheur dégueulasse, séminaire de master, je soliloque face aux étudiants décidément très amollis en décembre, en fais rire deux ou trois, lors d'un passage en français, en me mélangeant les pinceaux entre les mots facettes et casquettes, S*** fait partie de ceux qui réagissent, bref.
La radio diffuse en ce moment "You Take My Self Control" de Laura je ne sais plus, Laura Branigan peut-être (j'étais en CM2, ne soyons pas trop exigeants avec ma mémoire).
Conservatoire, 18 h 24
Le café fermait à six heures. Figurez-vous ça. À l'heure où commencent certains cours, à l'Université (cela m'est souvent arrivé, encore l'année dernière, et cette année le mercredi - de 18 h 30 à 19 h 30), un café qui ferme ! Imagine-t-on ça, un pays, une rue, une ville, une contrée où certains cafés ferment avant le début de certains cours ? Cela n'a pas le sens commun.
Me voici, après une longue déambulation (j'ai marché vite, au hasard presque, marché pour marcher), assis dans la salle d'attente du Conservatoire. Profite, il n'y a pas l'homme qui bat la mesure en tapant fort du doigt les notes sur les portées.
Siri looked into his friends' faces, ceramic with fatigue. (41)
He didn't recall seeing a penis but it might have been there somewhere among the flotsam. (49)
20:23 Publié dans Ce qui m'advient | Lien permanent | Commentaires (3)
Commentaires
je ne connais pas les noms de rue ni les noms de place, il va me falloir Google pour trouver où est ce bistrot – Frankétienne présent ici aussi...
Écrit par : FB | lundi, 15 décembre 2014
en fait c'est le contraire, je voyais très bien l'endroit mais avait jamais repéré qu'il y eût un bistrot – maintenant je vois où, mais quand je passe là en voiture je vois la maison qui était un hôtel très désuet mais très agréable, en 1993 ou par là, et qui est le premier endroit où j'ai dormi à Tours mais depuis plusieurs années ce n'est plus un hôtel et je regarde quand même la maison
Écrit par : FB | lundi, 15 décembre 2014
Il y a deux cafés rue Bernard-Palissy, en fait. Celui qui ferme à six heures est à deux pas de la place François-Sicard. l'autre est plus en face du Vinci, entre deux traiteurs ou charcutiers (je crois).
Écrit par : Guillaume Cingal | mardi, 16 décembre 2014
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