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mercredi, 14 janvier 2015

Ils sont Charlie Potter Nabilla

Quoique je sache parfaitement qu’il sera impossible de se procurer aujourd’hui le nouveau Charlie Hebdo (et qu’il faudra attendre les réimpressions des prochains jours), je me suis rendu, ce matin, à sept heures et demie, près du Beffroi, chez l’un des marchands de journaux où je suis occasionnellement client, car, entre autres bonnes résolutions pour 2015, j’ai décidé d’acheter plus régulièrement le Canard enchaîné, que je n’ai plus lu depuis des années (shame on me). J’avais aussi dans l’idée de voir un peu ce que ça donnait, et, vu ce que m’ont dit les deux dames qui tiennent la caisse, j’aurais même dû venir dès l’ouverture avec ma caméra.

En effet, elles avaient reçu 14 exemplaires (“non, 15 leur ai-je dit et vous vous en êtes gardé un, vous avez bien raison” – elles ont souri), et, à l’ouverture, il y avait une quarantaine de personnes, lesquelles, une fois le magasin ouvert, jouaient des coudes et ont manqué en venir aux mains. À sept heures et demie, j’ai moi-même vu plusieurs personnes entrer, demander Charlie et ressortir sans rien acheter ; je pense qu’il s’agit du même genre de pékin que les gugusses qui sont entrés pour la première fois dans une librairie en septembre dernier, afin de demander « le Trierweiler ». J’ai un peu discuté avec une des deux dames, qui a opiné gravement quand je lui ai dit qu’avec les réimpressions ce numéro allait atteindre les dix millions, ce qui était d’une absurdité phénoménale pour un journal qui avait du mal à écouler habituellement ses 60.000 exemplaires. Elle m’a confirmé qu’en temps ordinaire elles en vendaient vaguement quatre ou cinq. « Charlie Hebdo, ce n’est pas Harry Potter ! »

 

Si j’étais l’équipe de rédaction (or, ce n’est pas le cas – il n’y a pas d’identité ou d’adéquation dans toute cette histoire), je me fendrais, à l’occasion des réimpressions, d’un édito bien in your face pour me foutre de la gueule de ces centaines milliers de gens qui vont consommer du Charlie pendant quelques jours ou quelques semaines comme la France a consommé du « allô, t’es une fille et t’as pas de shampooing » pendant une grosse quinzaine au printemps 2013. Ce paradoxe – dont l’on peut souligner soit le côté atroce, soit le côté grand-guignolesque, selon son penchant ou son humeur du moment – fait d’ailleurs l’objet de plusieurs dessins du Canard… et de Siné Mensuel, que, pour le coup, j’ai acheté pour la première fois.

 

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Edit de 8 h 51 → petite file d'attente devant le rideau de fer de Cultura (Tours Nord), dont un militaire en treillis. Mieux vaut rire de toute cette absurdité...