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mercredi, 29 avril 2015

3570 ╝ Architruc

C'était il y a vingt ans, à quelques jours près. (Était-ce autour du 10 avril ou du 10 mai, je n'arrive pas à m'en souvenir. Je dirais plutôt début mai ; il faisait chaud à Paris.)

Comme j'ai lu il n'y a pas longtemps le recueil de textes de Martin Mégevand et Nathalie Piégay-Gros (dans lequel j'ai appris aussi que Pinget avait publié, jeune, des poèmes sous pseudonyme, recueil introuvable), cela m'a remis en  mémoire cette unique mise en scène à mon répertoire : la pièce, jouée salle Dussane à l'École Normale Supérieure (on ne fait pas plus sérail), durait une petite heure. En guise de prologue, j'étais seul à l'avant-scène, assis à un bureau en robe de chambre marron, à lire un extrait de Baga (le début du roman, je crois). Puis, dans le noir, dansant sur Ill Wind, j'allais m'allonger sur le lit côté cour, et ne le quittais plus. Pour jouer le rôle de Baga, j'avais rencontré Axel Rabourdin, Landais d'origine comme moi mais que je ne connaissais pas auparavant.

Nous avions répété six mois, à raison de deux heures par semaine, dans cette horrible salle désaffectée du sous-sol, moquette ravagée, poussière partout, aucune aération, et d'où — pour pouvoir répéter, de cinq à sept, le mardi — j'étais obligé de chasser, quasi à coups de pompe dans le derche, cette perruche gloussante et ridicule arborant écharpe rouge, qui se nommait Christophe Barbier et n'était alors (vaguement) connu qu'en tant que directeur du Théâtre de l'Archicube (on ne fait pas plus fat).

Architruc est, je l'ai découvert depuis, une pièce finalement peu jouée de Pinget. J'étais arrivé à Paris avec des dizaines de projets, et avais décidé de commencer par le plus simple, cette pièce voisine de Beckett (Endgame) et Ionesco (Le Roi se meurt), à mettre en scène le plus sobrement possible. (Quel soulagement, en décembre, de lire la lettre de la S.A.C.D. précisant que Pinget ne souhaitait plus voir figurer le personnage de la Mort avec sa faux, mais plutôt que l'acteur interprétant Architruc simule la mort sur scène.)

Parmi mes autres projets, il y avait une version de Autour de Mortin à jouer dans une cage de verre : les acteurs devaient hurler pour se faire entendre du public, et faire des acrobaties pour tenter de sortir de leur boîte. Comme Architruc est ma seule mise en scène, on devine que cette cage de verre est restée dans les limbes.

Sur les quatre représentations (quatre soirs de suite, du mercredi au samedi), nous n'avons vraiment joué convenablement que deux soirs, de mémoire le deuxième et le troisième. Il y avait une cinquantaine de spectateurs à chaque représentation : j'étais déçu car je m'étais démené, mais me rends compte que ce n'était pas si mal. Contrairement aux autres troupes de l'École, Axel et moi n'étions pas de tous les raouts parisianistes et n'avions pu compter rameuter tant et tant...

J'ai encore dans les narines l'odeur de chaud des câbles électriques et du scotch sur les dalles de linoléum de la salle Dussane : c'est peut-être mon plus net souvenir de cette aventure d'il y a vingt ans.

 

Commentaires

Nous assistâmes à une de ces représentations avec Éliane et Jean-Michel. Je dirais plutôt en mai, un long week-end (8 mai, jeudi de l'Ascension ...). Un bon souvenir .... Et je rencontre la Mme Rabourdin chaque année avant Noël quand elle tient l'exposition-vente d'objets vendus au profit des femmes qui les fabriquent (à Madagascar et dans 2 autres pays).

Écrit par : Marie Hélène | jeudi, 30 avril 2015

Yes, must be that. Premier week-end de mai, juste après l'élection présidentielle (ou juste avant le second tour).

Écrit par : Guillaume | vendredi, 01 mai 2015

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