dimanche, 06 décembre 2015
13 novembre — 13 décembre
Ainsi, le 13 décembre au soir, la moitié des régions de France seront peut-être gouvernées par un exécutif Front National, par la scandaleuse ignorance et la bêtise crasse de millions de Français, mais aussi par la veulerie des appareils politiques (de droite notamment).
Ainsi, le 13 décembre au soir, un mois après les tueries de Paris, les alliés objectifs des islamistes finiront de triompher, et de préparer peut-être leur conquête du pays entier.
En effet, n'est-il pas frappant que les islamistes, qu'ils assassinent en France ou ailleurs, s'en prennent aux musulmans dits modérés, aux Juifs, aux dessinateurs anarchistes, aux amateurs de hard rock ou des discussions entre amis, mais jamais, jamais au grand jamais, aux “identitaires”, à ceux qui distribuent de la soupe au cochon aux SDF, etc. ?
Les haines, si opposées puissent-elles sembler, ont besoin l'une de l'autre pour s'entrenourrir.
Le Front National et les islamistes rejettent la liberté de pensée et d'expression, les droits des femmes, la culture au sens le plus riche et le plus complexe de ce mot. Quelle ironie — malheureusement sans surprise — que les quelques centaines de milliers d'électeurs supplémentaires du FN se soient jetés dans les bras du fanatisme anti-démocratique du FN par peur contextuelle du fanatisme religieux !
Ce soir, le dernier roman de Michel Houellebecq ne m'a jamais paru plus vrai, dans sa vision de notre pays et du déclin de notre civilisation.
Soumission, texte qui a été globalement incompris et dénoncé chimériquement pour son islamophobie, raconte la manière dont, pour échapper au FN, la France se soumet à une forme d'islamisme modéré. Quelque chose d'assez évident n'a pas été vu : son protagoniste est spécialiste de Huysmans, dont le grand classique s'intitule À rebours. Or, ce qui se passe en 2022 dans la France dystopique de Soumission, c'est le rebours de ce qui nous pend au nez : les Français renonçant à leurs valeurs, à leur liberté, à l'idéal d'égalité, par peur de l'islamisme et au profit des chantres (au sourire désormais propret et à la rhétorique plus aseptisée qu'auparavant) de l'exclusion, de la peur et des inégalités entre citoyens.
Soumission, comme je l'expliquais encore vendredi à des étudiants de première année (pour leur expliquer la différence entre structure narrative et point de vue d'auteur), est un roman qui ne dénonce pas, mais qui énonce, de manière très subtile et très détaillée, la démission des élites politiques et intellectuelles. En France, aujourd'hui, les universitaires ou les journalistes sont, dans leur grande majorité, prêts à pactiser avec n'importe quel régime du moment que leur petite carrière et leur vie privée ne sont pas directement affectées. Nous le verrons dès le mois prochain, quand le FN pourra influer directement, très entre autres, dans l'enseignement supérieur.
22:33 Publié dans Indignations | Lien permanent | Commentaires (2)
Commentaires
Si seulement ils pouvaient être suffisamment mauvais pour dégoûter les gens...
Hitler a été bon au début, d'un point de vue économique.
Écrit par : VS | lundi, 07 décembre 2015
Je viens de lire — et finir, d'où mon insomnie (ou le café?) — Soumission.
"un roman qui ne dénonce pas, mais qui énonce" : oui, c'est très étrange. De la politique-fiction sans statut (si l'on songe que Houellebecq admire Huxley, que penser de ce livre par rapport au Meilleur des Mondes, par exemple?)
Écrit par : VS | samedi, 19 décembre 2015
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