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jeudi, 26 janvier 2023

26012023

 

Réveillé à 5 h, alors que je m’inquiétais de manquer de sommeil en devant me lever à 6 h 10 aussi le jeudi – en sus du mardi et du vendredi –, je me retrouve avec ¾ d’heure devant moi pour tricher un peu et rédiger rétrospectivement les billets des trois jours précédents.

 

Hier soir nous sommes rentrés vers 22 h 40 à la maison, après le spectacle De Béjaïa à Tours, de Claire Diterzi avec sa compagnie Je garde le chien et dix étudiant-es de l’Université qui faisaient les chœurs (et les danses finales). Spectacle plutôt décevant, adapté d’une autobiographie certes émouvante mais un peu plate et fleur bleue. Diterzi a choisi, à raison je pense, de conserver le caractère un peu naïf du récit, de sorte qu’une fois morte la narratrice se trouve affublée de petites ailes blanches d’ange en papier crépon. Quand on joue avec le kitsch, le risque est que ce soit le kitsch qui se joue de vous.

Les musiciens sont excellents : Hafid Djemaï au chant et au bendir (je crois), Amar Chaoui à la derbouka, Rafaëlle Rinaudo à la harpe, et Diterzi elle-même bien sûr au chant et aux guitares. Ce qui m’a vraiment déçu, c’est le caractère très répétitif des compositions, le sous-emploi de la harpe – réduite à un rôle de basse le plus clair du temps – et le fait que, même pour les 4 ou 5 titres en français, on ne comprenne à peu près rien des paroles. Le spectacle s'achève sur une reprise très enlevée d'une chanson de Slimane Azem (envie de découvrir plus avant ce chanteur kabyle).

 

Au bilan, c’était plutôt longuet. C* a beaucoup aimé, mais elle est inconditionnelle de Diterzi. Nous avons croisé mon collègue et ami E.R., qui était déjà venu la veille et m’a dit que le spectacle était bien plus marquant vu d’en bas (assis en bas). Comme nous étions assis tout au fond, au milieu d’élèves de collèges passablement pénibles, ça a peut-être joué sur mon appréciation du spectacle.

 

En écoute (en fin d'après-midi) : Boucle de Claire Diterzi (2005)

 

mercredi, 25 janvier 2023

25012023

Toujours très enrhumé, ce qui me fatigue, d’autant que la toux ne me lâche pas : j’ai la gorge qui racle toute la journée maintenant. L’après-midi, j’ai conduit O* à sa séance d’orchestre et, plutôt que de faire un tour, je suis resté dans la voiture, avec manteau, à relire quelques chapitres de The Deep, toujours pour le séminaire de master. Le matin, j’avais préparé les supports pour les séances 2 et 3. Nous allons travailler sur la mise en récit du mythe des ogbanje (et des abiku), à partir de Freshwater… mais pas seulement…

À mon retour d’en ville, on a rediscuté avec C* des fameuses pages qui vendent la mèche quant à la genèse des wanjiru (début du chapitre 3, et dans le récit par une instance narrative collective changeante, chapitre 4) ; il n’en demeure pas moins que l’éclaircissement en 4e de couverture, tant dans les éditions de langue anglaise que dans l’édition française, est regrettable. J’ai aussi vérifié comment Francis de Guévremont s’était dépatouillé de la séquence depth–deepness–‘deepest deep’. Pas trop mal, mais pas parfaitement.

 

(Finalement, sans autre solution, c’est moi qui vais me coltiner le 4e groupe de traduction de 2e année, que personne ne peut/veut assurer. D’où un cours qui s’ajoute encore à mon jeudi censé être libre. Demain, en plus, conseil d’UFR.)

 

mardi, 24 janvier 2023

24012023

Lagoon 1.jpg

 

 

Longue mais stimulante journée de cours.

 

J’ai innové pour le cours de L3 sur Lagoon, autour du début du chapitre 1. Ça a plutôt bien marché. En tout cas, tout le monde a travaillé et les prises de paroles ont été pertinentes, riches, et ont bien lancé les débats pour les semaines suivantes.

 

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Avant mes deux cours de l’après-midi, croisé Laurent Vannini, qui va finalement essayer d’intervenir dans 2 de mes cours plutôt en février, en semaine 5. Après mes cours, passage à la galette de l’UFR (il en restait (mais je n'ai pas eu la fève (Cécile l'a eue deux fois (chanceuse ou gourmande ?)))), où j’ai pu discuter de l’avancement de notre projet île Maurice avec ma collègue Priscille Ahtoy.

 

20:53 Publié dans 2023, WAW | Lien permanent | Commentaires (0)

lundi, 23 janvier 2023

23012023

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Aujourd’hui, préparation de cours, réunion de département, puis quelques coups de sonde « amusants » dans ChatGPT, le logiciel d’intelligence artificielle qui épouvante et sème la panique dans les universités, pas que françaises d’ailleurs.

 

J’ai préparé la brochure avec les 4 premiers textes de traduction de première année, tous tournés vers l’île Maurice, en prévision de la conférence/rencontre avec Mariam Sheik Fareed fin mars.

 

dimanche, 22 janvier 2023

22012023 (comme à la parade)

Hier soir nous avons regardé les derniers épisodes (5 et 6) de la mini-série adaptée de la tétralogie de Ford Madox Ford, Parade’s End. Comme je l’ai lue il y a longtemps, il m’est difficile de me rappeler ce qui en a été conservé, atténué ou changé – peu importe, en un sens.

 

Deux détails linguistiques, toutefois.

Tout d’abord, sur le sens même du mot parade, qui n’est pas tout à fait un faux-ami mais qui présente la difficulté d’être polysémique en français comme en anglais, mais avec des acceptions différentes. On pourrait parler de polysémie dissymétrique, pour distinguer de la polysémie symétrique de grue/crane par exemple : les deux noms désignent, dans les deux langues, le même oiseau, puis par analogie de forme, le même engin de chantier. Dans le roman de Ford, et dans la série, le nom désigne à la fois la revue et le défilé au sens militaire, mais il désigne aussi le code de conduite aristocratique dont Tietjens semble être le dernier à songer devoir s’y conformer.

Une occurrence du premier sens se trouve dans le tome 2, No More Parades : « Very smart it would look on parade, himself standing up straight and tall. » Toutes les occurrences du tome 3, A Man Could Stand Up (dont le titre joue sur cette même amphibologie, avec l’ambiguïté entre le sens temporel et le sens modal de could), relèvent de cette acception.

L’autre acception fondamentale, qui est au cœur d’une des scènes du 6e épisode, peut se colorer d’une tonalité négative : « But, on occasion, he treated her with a pompous courtesy—a parade. » Dans ce sens-là, il s’agit de vouloir paraître, sauver les apparences : le code de conduite est avant tout là – en français – pour la parade. Dans la seule occurrence du terme dans ce sens, à propos du silence de façade entre Valentine et Mrs Duchemin sur les aventures extraconjugales de cette dernière, le nom n’est pas loin du mot mirage, primordial dans l’œuvre de Ford en général.

fmf nmp.JPGDans la scène vue hier dans le 6e épisode, Christopher Tietjens y déplore auprès du général Campion qu’on pouvait autrefois maintenir « some sense [sort ?] of… parade », et je n’ai noté ni le texte du dialogue ni la traduction précise des sous-titres, mais ce dont je suis certain c’est que dans ce sens la meilleure traduction ferait ressortir quelque chose de l’ordre du panache de Cyrano de Bergerac. Or, le mot français parade (conservé dans les sous-titres, avec la louable intention de conserver toutes les implications du titre général de l’œuvre) ne suggère pas du tout cela. Je donne en regard de ce § le passage dont est tiré la scène en question (cliquer pour agrandir). Comme ceci est extrait du tome 2, No More Parades, on voit bien, et c’est ce qu’il me semblait, que le scénariste de la série, nul autre que l’excellent dramaturge Tom Stoppard, a beaucoup trafiqué, bidouillé, réagencé, call it what you will, l’ordre des scènes. Il faudrait relire la tétralogie (et je ne le ferai pas, je le sais d’avance), mais il me semble que rien ou quasiment rien n’est conservé du tome 4, The Last Post.

En tout cas, difficile de trancher entre le « feuilleté de signifiance » du nom en anglais et la valeur poétique de sa répétition. Sans doute la traduction française du roman aura-t-elle choisi la solution la plus simple : ne pas tenir compte des glissements de sens ponctuels et conserver ce même nom, parade.

 

On s’en avise, je n’ai pas encore devisé du second « détail » linguistique, beaucoup plus ténu heureusement. Il s’agit, toujours dans le dernier épisode, de la métaphore qu’emploie Christopher Tietjens pour expliquer à Valentine les élucubrations de son épouse, ou, mieux que ses élucubrations,  sa façon de vouloir tirer la couverture à elle en tenant des propos outranciers et inattendus qui détournent l’attention de ses fautes morales. C’est ainsi que je comprends, dans sa complexité et au regard du reste de l’œuvre, cette expression : she is pulling the strings of the shower-bath. Si on relit l’extrait du tome 2 que j’ai donné plus haut, on voit qu’une des occurrences de l’expression se trouve dans la bouche du général Campion quand il exhorte Tietjens à divorcer. L’expression, qui disqualifie la conduite de Sylvia, s’oppose donc justement à la façade, au respect des bonnes manières, au fait d’agir à la fois – et c’est là toute la beauté du roman et de la situation de torsion dans laquelle se trouve Christopher – en vertu d’un code d’honneur absolu et du qu’en-dira-t-on.

Pour l’expliquer – et un rapide survol du Web montre qu’elle désarçonne beaucoup d’anglophones, Ford Madox Ford ayant le chic pour construire ses personnages autour d’expressions imagées apparemment usuelles mais qu’il forge en fait de toutes pièces – je ne vois pas mieux que de citer in extenso cet autre passage de No More Parades, qui rappelle entre autres que Ford est, tout autant que Mansfield ou Woolf, un maître du monologue intérieur et même du stream of consciousness :

There was nothing to be done. The amazing activities of which Sylvia would be capable were just the thing to send laughter raging like fire through a cachinnating army. She could not, thank God, get into France: to that place. But she could make scandals in the papers that every Tommie read. There was no game of which she was not capable. That sort of pursuit was called ‘pulling the strings of shower-baths’ in her circle of friends. Nothing. Nothing to be done...

 

L’image la plus proche, en français, pourrait être celle de la douche froide, ou aussi bien celle de l’arrosage tous azimuts (que j’invente, mais j’aime bien, d’autant qu’elle vient renforcer le caractère transgressif, car perçu comme masculin, de la sexualité de Sylvia). En raison des guillemets qui signalent le caractère non usuel de cette expression, le meilleur choix, pour un-e traducteurice, est de calquer : tirer la corde de la douche [?].

 

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En écoute : Quintettes avec contrebasse (Boccherini / Ensemble 415) ; A Winter’s Tale (Tony Hymas Trio, 1992) ; Out Right Now (Maneri/Morris/maneri, 2001) ; Symphonie n° 2 (Brahms / Abbado / Berliner Ph.).

 

samedi, 21 janvier 2023

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On travaille (un peu), on tousse (beaucoup), on se traîne, on reste calfeutré avec du thé et des bouquins (ça ne soigne rien).

Cette nuit il y a eu une altercation autour d’une heure du matin, dans la rue. Et malgré tout, quinteux et m’étouffant, j’étais levé à 6 h 45.

 

Le projet autour d’Isabella Blagden est vraiment lancé.

 

Deux fers au feu ? non, onze ou treize.

Peut-être suis-je influencé par le dernier texte du n° 1 de la revue Papier peint, mauvais drap, ou par les éditions Louise Bottu.

Il y a des baffes qui se perdent (sur mes joues).

 

vendredi, 20 janvier 2023

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Il y a cent cinquante ans mourait à Florence une écrivaine dont j’ai découvert l’existence il y a moins de trois semaines – et très indirectement – grâce à ma lecture du roman d’Agiaba Scego, Isa Blagden.

Il n’existe apparemment aucune autobiographie d’elle. Quelques-uns de ses livres peuvent se lire en ligne. Ce cent cinquantenaire est l’occasion de lancer un des projets dont j’ai le secret – à la (re)découverte d’Isa Blagden*. Ce projet me permettra de respecter la contrainte d’1 billet par jour sur l’autre blog sans avoir à me creuser les méninges ou à débiter du Untung-untung de façon quasi machinale.

 

* Pour l’anagramme (Baal design / Isa Blagden), on a eu chaud, car j’ai hésité avec Big Sandale, Sinbad égal ou Gland baisé.

 

jeudi, 19 janvier 2023

19012023

 

Aujourd’hui, jour de grève et de manifestation.

Entre 5 et 7 j’ai traité les mails pros et des questions d’emploi du temps encore en suspens. Entre 8 et 9, avant d’aller manifester, et entre 14 et 17 après être allé manifester j’ai fini mon dernier paquet de copies de la session d’examens de janvier.

 

Belle manifestation. Il faisait assez froid mais il n’a pas plu. Je n’ai pas retrouvé toutes les personnes que je voulais voir – il y avait beaucoup trop de monde – mais suis tombé sur des personnes perdues de vue et auxquelles je ne pensais pas forcément, dont une ancienne prof d’anglais de collège de A*, avec qui j’ai parlé un long moment (aussi de ce désastre total qu'est Parcoursup).

 

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Cette énième réforme des retraites – après celles de 2003 et de 2010, et après la tout aussi inique et injustifiable Loi Travail de la majorité « de gauche » – est vraiment une saloperie sans nom, qui donne lieu à tous les bobards, tous les embellissements, tous les artifices de rhétorique les plus criants de la part du gouvernement et de ses séides. Une fois encore, et plus que jamais, on va faire trimer – et crever – les pauvres pour qu’ils financent la retraite des riches.

 

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Le cortège, chose devenue plutôt rare, a traversé la Loire, et après le pont Wilson et un bout du quai, nous sommes revenus par le pont Napoléon et les Halles.

Pas lu, ni musique.

 

mercredi, 18 janvier 2023

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Réveillé à 3 h, de concert avec C* aussi enrhumée et toussant autant que moi. Pastille et doliprane, mais n’y faisant rien ou presque : je me suis levé à 4 h 15 pour avancer au moins dans le travail. Mais je sens que ce n’est pas la grande forme du tout.

Le matin, j'ai travaillé aux Tanneurs mais j'y étais allé en voiture (trop froid, trop crevé). L'après-midi, pendant la pause correspondant à la répétition d'orchestre d'O*, je suis allé récupérer les livres d'Amartya Sen commandés via le prêt navette, discuter avec le doyen sur la question des postes d'ATER, et je suis aussi passé rendre les copies de version de mon collègue S° aux agrégatives internes que je ne vais pas revoir avant leurs épreuves écrites d'admissibilité (qui ont lieu dans 15 jours).

 

En écoute : rien de particulier. Soir : couché avec les poules, à 9 h.

 

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mardi, 17 janvier 2023

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Journée en tunnel de travail, assez monstrueuse. Si, comme semblent le vouloir les étudiant-es de M1, on déplace le séminaire sur une matinée où je n’ai, pour l’instant, pas de cours, je crois que je ne serai pas mécontent d’alléger ce mardi. Avec la gorge très prise, assurer 6 h de cours, certes avec des trous mais en faisant mille autre choses pour le département dans ces trous, entre 8 h et 18 h 30, ce n’est pas idéal.

Les nouveaux cours se sont plutôt bien passés, au demeurant. Je crois qu’il va y avoir une certaine excitation, et un dynamisme réel, à arpenter ensemble des territoires mouvants. En partant du détail des textes.

 

22:01 Publié dans 2023, WAW | Lien permanent | Commentaires (1)

lundi, 16 janvier 2023

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20230116_164829    Pour une fois, malgré le mal de gorge et le début de fièvre, malgré le vent glacial, je pouvais renouer avec la rubrique Ce qui m'advient. Quelques photographies pendant une promenade rapide avant de me rapatrier dans la voiture quand la quinzième giboulée de la journée a commencé à tomber. Une luminosité étrange, avec ces couleurs si particulières de la fin de journée.

 

Envie de pisser, froid, et en dictant pas d'autre envie que d'énumérer des phrases sans verbe. La grande furie des textes dictés, avec le podomètre en parallèle, c'était il y a 7 ans.

 

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En écoute : Tension (Albert Mangelsdorff 5tet, 1963) ; The Dark Keys (Branford Marsalis Trio, 1996) ; Swinging Macedonia (Dusko Goykovich 6tet, 1967).

 

dimanche, 15 janvier 2023

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20230115_102232   Aujourd’hui il fait un grand soleil ; je suis allé à pied à la boulangerie, en photographiant au passage – mal, vite – une partie du terrain vague où se prépare la construction de nombreux logements. J’ai regardé plus en détail et, outre 12 maisons avec leurs « annexes » (?), il doit y avoir 2 blocs de logements sociaux (une centaine en tout), 56 appartements pour étudiants et une soixantaine d’appartements privés. Quand on sait que les écoles et collèges du quartier débordent déjà jusqu’à la gueule…

C’est très bien situé : juste en face de la galerie marchande Petite Arche, à deux minutes à pied du bus 2 et de l’arrêt du tramway Marne, et à 15 minutes du Beffroi.

 

Hier après-midi, j’ai fait quelque chose d’inhabituel : comme j’avais emprunté les trois romans de la trilogie policière Crane & Drake de Parker Bilal, et comme je n’ai ni le temps ni l’envie de les lire, j’ai lu le premier et le dernier chapitre de chacun des romans. C’est une expérience intéressante, d’autant que Jamal Mahjoub (dont Parker Bilal est le pseudonyme) entremêle son style propre aux codifications obligées (ou supposées telles) du genre. Ce qui n’était pas prévu, c’était qu’à cause de l’épigraphe coranique de The Heights, je me retrouve plongé dans la 7e sourate (« Les redans » dans la traduction de Jacques Berque (ce qui a été l’occasion de voir que j’avais déjà pas mal travaillé sur cette sourate, sans doute pendant que j’écrivais ma thèse)), et en particulier à tenter de comprendre pourquoi Berque traduit ce fameux verset 46 (que cite Mahjoub dans une traduction anglaise non créditée) avec une temporalité différente d’autres traductions consultées. Bref, tout ça ne m’a pas emmené très loin, mais j’en ai profité pour reparcourir les dernières sourates, notamment les 62, 63 et 64e (« Il s’est couvert d’une cape » dans la traduction de Berque – quel texte génial). Autre livre emprunté car je l’ai fait acheter à la B.U., le cycle de nouvelles – ou roman composite – d’Imraan Coovadia Tales of the Metric System : j’ai lu le troisième fragment, « Boxing Day 1979 », dont il faudra que je photocopie les 4-5 premières pages pour mon collègue E° qui est spécialiste de musique et lui-même compositeur.

fmf.JPG   Ce matin, corrigé un tiers du paquet de copies de traductologie de L3. (L’avantage de se lever tôt en étant réglé comme une pendule…) Il faut que je toilette mes cours sur Célène et que je prépare plus en détail mes séances de mardi, mais j’ai préféré, pour le moment, me replonger dans tel et tel passage de la tétralogie de Ford Madox Ford, Parade’s End, lue à l’époque où j’assurais le cours de CAPES et d’agrégation sur The Good Soldier, il y a bientôt vingt ans, et donc pas très nette dans mon souvenir. J’ai voulu vérifier deux ou trois choses sur le personnage de la romancière, Mrs Wannop, dont Tietjens pense, dans le premier tome, qu’elle est l’autrice du seul roman valable depuis le 18e siècle… ce qui raye d’un trait de plume Mary Shelley, Dickens, les Brontë, Hardy et j’en passe…

 

samedi, 14 janvier 2023

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Fini de lire ce matin, au lit, dans la foulée du petit déjeuner fort matinal (7 h 15), le petit roman de Sharon Paul, Le Cantique du rasta, qui a obtenu le Prix Indianocéanie en 2021. C’est très beau, très ramassé, efficace. D’après la 4e de couverture, l’histoire de Nas s’inspire de très près de ce qui est arrivé réellement au chanteur Kaya, que je ne connaissais pas.

 

Pour l’heure, j’extrais du roman les deux phrases suivantes : « Et puis le petit s’en alla. Il vit des amis, et il s’en alla. » (p. 72)

Ces deux phrases n’ont peut-être l’air de rien, mais elles clôturent un passage d’une page et demie : Mémoire, le vieux musicien rasta, se désole de ne pouvoir aider un jeune chien ravagé par les tiques qui le dévorent ; le petit de ces deux phrases, c’est le chien. Avouez que ça ne se devine pas.

 

Hier soir, tard, j’avais posté ceci sur Twitter :

Sharon Paul.JPG

 

Ce matin, j’ai échangé avec un de mes abonnés, qui a commenté ainsi :

A propos de Sharon Paul, est-ce que la situation des autrices et auteurs parfaitement bilingues en anglais et français (Maurice, Ste Lucie, Dominique, pays Cajun…) a été étudiée (souvent trois langues d’ailleurs, contrairement au bilinguisme avec le créole comme en Haïti) ?

À quoi j’ai répondu :

Justement, je me lance dans un projet dont l'objectif est de creuser toutes ces questions-là. Je vais enchaîner avec Priya Hein. J'en ai parlé un peu dans ma vidéo d'hier, autour des livres de Mariam Sheik Fareed et d'Amenah Jahangeer-Chojoo.

 

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En écoute : Push the Sky Away (Nick Cave & the Bad Seeds) – mention spéciale pour ‘Water’s Edge’

 

vendredi, 13 janvier 2023

13012023

 

Aujourd’hui j’ai pu rester à la maison toute la journée – à travailler bien sûr – de 7 à 13, avant d’enregistrer une vidéo trop longue et dans laquelle je n’ai même pas réussi à solder la totalité des lectures de ces derniers mois.

Ce matin le chauffagiste est venu pour l’entretien annuel de la chaudière et a dû changer deux sondes, des pièces d’origine dont il m’a effectivement montré qu’elles étaient très abîmées. La façon dont il m’a expliqué en partant que la secrétaire m’enverrait la facture du remplacement des sondes et « qu’il n’y en a pas pour cher, une sonde c’est 50 euros et quelque » me confirme une fois encore que les gens s’imaginent que les professeurs d’université ont des salaires mirobolants. Devoir payer une facture imprévue de 50 (ou de 100 ? il y a deux sondes) euros ne m’oblige pas à sacrifier d’autres dépenses nécessaires, mais enfin ce n’est pas une dépense anodine non plus ; je ne suis pas en mesure de balancer des biftons de 50 comme s’ils me tombaient des arbres.

Fini de lire le dernier roman d’Akwaeke Emezi, qui m’a dérouté tout du long : je ne pensais pas qu’iel était susceptible de se lancer aussi crânement dans le genre de la romance (et franchement, pour le dire sans ambages, du roman à l’eau de rose). J’ai lu le livre en entier car ce que fait Emezi m’intéresse vraiment, mais à dire vrai c’est quand même terriblement cheesy. Le côté le plus intéressant, c’est le lien entre la création et le deuil, que ce soit par la création artistique de Feyi ou les expérimentations culinaires d’Alim.

Renoué, via Signal, avec D.M. qui m’avoue ne pas se sentir capable de traduire Eimi seul (et qui me fait des appels du pied, je le crois (ou le crains (est-ce raisonnable de se lancer là-dedans en sus de tout le reste de mes folles entreprise ?))) et qui m’écrit même que la traduction lui a bloqué le dos. Il propose de passer à Tours faire connaissance quand il passera dans le coin en mars avec son épouse.

 

Soir : les deux premiers épisodes de Parade's End, la mini-série avec Benedict Cumberbatch. J'ai lu la tétralogie de Ford Madox Ford il y a si longtemps que je ne me rappelais pas du tout qu'il se passait autant de choses (autant de récit, en un sens) avant que n'éclate la guerre.

 

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En écoute : Angola 72/74 (Bonga) ; Dhil-un taht shajarat al-Zaqqum (Msylma) ; Live at Dreher ¾ (Mal Waldron & Steve Lacy) ; Citizen of Glass (Agnes Obel) ; quelques chansons de Slim Harpo ; CD2 de l’anthologie Atmospheric Conditions Permitting du Jazzensemble des Hessischen Rundfunks [ce double CD acheté pour 30 francs, totalement bradé, à Beauvais il y a 25 ans, est un de mes disques préférés]

 

jeudi, 12 janvier 2023

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Matinée passée à recevoir les étudiant-es d’échange et à faire leurs emplois du temps individuels en fonction de leurs profils. Cela fait douze ans que j’assume cette tâche, en sus de la signature des contrats – et du suivi pendant et après la mobilité – des étudiant-es qui partent un semestre ou une année à l’étranger, et je crois que je commence à saturer.

Après-midi : conseil d’U.F.R. totalement ubuesque. Sur trois heures, plus d’une heure et demie a été perdue à cause d’un collègue qui s’enferrait dans un faux problème, et qui s’est certainement mis à dos (au détriment de la filière qu’il dirige) la totalité du Conseil pour un bon moment.

Retour : pas la force d’autre chose que de lire vaguement la presse en écoutant des disques (Sel de Julien Jacob et Continuum d’Avishai Cohen). – J’ai découvert une poète allemande que je ne connaissais pas : Gertrud Kolmar, morte à Auschwitz à l’âge de 49 ans ; j’ai acheté son recueil Mondes traduit et postfacé par Jacques Lajarrige en 2001 chez Seghers – si mon libraire ne conservait pas un fonds digne de ce nom, je n’aurais jamais fait cette découverte.

Voici les derniers vers de Die alte Frau :

Selten

Dämmert wieder aus mattem Blick der schwache, fernvergangene Schein

Eines Sommertages,

Da mein leichtes, rieselndes Kleid durch Schaumkrautwiesen floß.

Und meine Sehnsucht Lerchenjubel in den offenen Himmel warf.

 

Dans la traduction de Jacques Lajarrige :

Rarement

Dans le regard éteint point de nouveau la faible lueur au loin enfuie

D’un jour d’été,

Où ma robe légère, ruisselante, inondait les champs de cardamine

Et ma mélancolie lançait dans le ciel béant

Des cris d’allégresse d’alouette.

 

mercredi, 11 janvier 2023

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Ce matin, à 6 h 45, j’étais – d’après le compteur du pont Wilson – le/la 45e cycliste de la journée, et le/la 12695e du mois. Cela signifie donc que sur les dix premiers jours de janvier, ce compteur a dénombré 1265 passages par jour, ce qui n’est pas tant que cela : le compteur filtre-t-il les trottinettes électriques et les scooters qui resquillent (les véhicules motorisés sont interdits sur le pont) ?

J’arrive très tôt car i) je préfère faire le trajet avant le déferlement de bagnoles et de piétons ii) je dois imprimer le seul devoir d’agrégation interne que je n’ai pas pu corriger en ligne. (Et je viens de perdre dix minutes à chercher en tous sens l'icône de partage/intégration des photos directement à partir de Flickr ; la fonction doit être suspendue, temporairement je l'espère car c'est très pratique... Je voulais intégrer à ce post cette photo et celle-ci.)

 

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En écoute : Batsumi (Batsumi).

Plus tard : Mogadiscio d’Antoine Illouz ; Moving Pictures de Ravi Coltrane ; Songs for wandering souls de Dave Douglas ; Money Jungle (Ellington/Mingus/Roach) ; Intermezzi de Brahms par Glenn Gould.

 

07:14 Publié dans 2023 | Lien permanent | Commentaires (0)

mardi, 10 janvier 2023

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C* m’a offert un plieur de vêtements comme on en a vu il y a quelques mois dans les premières saisons de The Big Bang Theory. C’est d’une utilisation très simple, même pour moi qui n’ai que des pouces, et cela fait des piles parfaitement homogènes.

Journée d’une totale grisaille, pluie ou bruine presque ininterrompue. J’ai commencé à préparer pour de bon mes nouveaux cours de ce semestre. Il ne me reste qu’un paquet de copies de la session de janvier, et je vais essayer de voir tous les étudiants d’échange dont je dois faire l’emploi du temps individuel sur la matinée de jeudi. Ce matin, levé à 5 h du matin, j’en ai profité pour achever mon corrigé du concours blanc de l’agrégation interne.

O* toujours souffrant n’a pu reprendre la classe.

 

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En écoute : Bedmonster d’I Like To Sleep ; quelques chansons de Brigitte Fontaine conseillées par un mutu sur Twitter (‘Comme à la radio’, par exemple : tout est très bien et n’a pas pris une ride… mais la voix et l’interprétation de BF sont insupportables) ; un live de Franco Battiato en 1973-4 ; l’album référencé CHHE200502 du sextet de jazz Paradigm (2005) ; Stances à Sophie du Art Ensemble of Chicago.

 

lundi, 09 janvier 2023

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Ce matin, j’ai travaillé à la maison un petit moment avant d’aller aux Tanneurs pour une très brève journée de travail : une grosse heure de travail au secrétariat, remise de copies aux L1, déjeuner avec S*. Tôt ce matin, une de nos collègues chargées des séances de remédiation a fait un malaise très inquiétant avant d’être emportée aux urgences ; les informations qu’elle a données ensuite par SMS, pour rassurantes qu’elles soient en un sens, restent énigmatiques. En début d’après-midi, l’assemblée des responsables de département a été l’occasion de clarifier un point très préoccupant qui a accaparé les secrétariats de façon exagérée et disproportionnée en novembre-décembre ; j’espère que mon intervention va permettre de revoir le dispositif et délester tout cela. En milieu d’après-midi, j’avais rendez-vous à la pharmacie du Beffroi pour le second rappel (ou 4e dose) de Pfizer. O*, toujours souffrant, n’a pas pu aller au lycée. C* vient d’en rentrer. Je n’ai pas lu une ligne, et pourtant je n’ai pas non plus fini de rédiger mon corrigé du concours blanc de traductologie d’agrégation interne. Les journées filent…

 

En écoute : Continuum du Nik Bärtsch’s Mobile [j’aime cet album davantage à chaque nouvelle écoute] ; CD1 de l’anthologie Le nostre anime de Franco Battiato ; Symphonie n° 2 de Brahms [Kurt Masur / New York Philharmonic].

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dimanche, 08 janvier 2023

08012023

Aujourd’hui, temps toujours maussade, bruineux, gris. O* va un peu mieux, mais encore fièvre et courbatures. C* s’est fait un tour de rein depuis deux jours. J’ai corrigé les copies d’agrégation interne et fini la saisie des notes de L1. J’ai quasiment fini de lire The Fugitives, dont la dernière partie, quelque peu odysséenne, traîne en longueur.

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Chiffre d’Olivier Martin tient toutes ses promesses. J’ai appris beaucoup de choses sur l’histoire des statistiques – et même de la typologie – liées à la question du chômage, mais aussi sur les questions de convention qui encadrent toute mesure, tout chiffrage. J’aimerais citer plusieurs passages, outre la citation rapportée de Charles Goodhart (« quand la mesure devient l’objectif, elle cesse d’être une bonne mesure ») :

S’appuyant nécessairement sur des conventions, les statistiques contribuent à les renforcer, à les légitimer et à les réifier. Les statistiques participent directement à installer ces conventions au cœur des sociétés. Il est essentiel de comprendre que la connaissance produite par les statistiques concerne une société elle-même fabriquée par cet acte de mise en statistique. (p. 46)

Le chiffrage apparaît comme le préalable à toute analyse, qui elle-même est le préalable à toute décision. En fait, ces trois étapes n’en sont pas trois temps successifs, mais bien trois facettes de la même démarche de connaissance et d’action. (p. 80)      

Après l’avoir lu, je me suis replongé, hier soir, dans la rubrique « Mathématiques » des Carnets de Paul Valéry. C’était un peu le grand écart.

 

Pour Décolonial de Stéphane Dufoix, je connais mieux le sujet. Toutefois, l’angle sociologique est assez innovant pour moi, et, même si je regrette que Dufoix consacre un chapitre à repenser l’universalité contre l’universalisme – travail qui a déjà été opéré dans deux autres volumes de la même collection, Universalisme de Mame-Fatou Niang et Julien Suaudeau et Race de Sarah Mazouz – j’ai trouvé stimulante sa manière de distinguer l’histoire des théories décoloniales issues d’aires décentrées du qualificatif péjoratif et attrape-tout de décolonialisme. Il montre bien comment ces mots sont bradés par celleux qui cherchent à « diaboliser » et non à comprendre.

Les chapitres les plus riches sont les chapitres 4 (« Les circulations de la pensée décoloniale ») et 6 (« Décolonisons les pensées captives et captatrices ! »), parce que ce sont ceux qui contiennent le plus d’analyses de fond, avec des apports bibliographiques en grande partie nouveaux pour moi : Syed Hussein Alatas (pp. 68-9), Enrique Dussel (pp. 43-4), Archie Mafeje. Il m’a rappelé que je voulais m’appuyer en partie, pour mon séminaire de M1 de ce semestre sur les écritures non binaires décentrées, sur les travaux d’Oyèrónkẹ Oyěwùmí, qu’il cite juste en passant.

Être capable de lire la revendication de décolonisation des sciences sociales comme une pratique ancienne, présente dans de nombreuses parties du monde, soutenue par une organisation internationale comme l’Unesco, évite de tomber dans le piège d’une vision trop présentiste de la question. Voir cette revendication non comme une simple demande militante mais comme un acte à la fois académique et militant, épistémologique et politique – en un mot, épistémopolitique – mis en œuvre par des chercheurs et chercheuses originaires de pays dont la visibilité scientifique dans les sciences sociales mondiales demeure très faible, offre l’opportunité de saisir l’activité scientifique de manière moins idéalisée, plus pragmatique, plus engagée et plus attentive à l’importance des réalités nationales locales sans pour autant renoncer à la dimension universelle de la science. (S. Dufoix. Décolonial, pp. 69-70)

 

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En écoute : CD 5 et 7 de la boîte Holy Ghost d’Albert Ayler [pas idéal pour corriger des copies] ; La Mer / Nocturnes / Printemps de Debussy ; Rebelle d’Idrissa Diop ; best of de Mercedes Sosa.

 

samedi, 07 janvier 2023

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Aujourd’hui, O*, très pris au niveau de la gorge hier soir, a traîné en pyjama toute la journée, après un réveil à plus de 39° de fièvre. J’ai commencé le corrigé et la correction du concours blanc de thème & traductologie d’agrégation interne. J’avais choisi un texte d’Anne Hébert, écrivaine que j’ai redécouverte il y a quelques années après avoir trouvé, chez un bouquiniste, un livre moins connu d’elle que ses Fous de Bassan.

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En fin d’après-midi, C* et moi avons fait un saut en ville, histoire d’acheter notamment les deux nouveaux volumes de la collection « Le mot est faible » aux éditions Anamosa. Cela fait vingt ans, ou quasiment, que nous vivons à Tours, et il m’arrive d’essayer de voir la ville avec les yeux de quelqu’un qui n’y aurait jamais mis les pieds, notamment sans la superposition – flashing upon that inward eye… – de tel ou tel lieu sous son apparence de naguère, voire de jadis (c’est notamment le cas de la place de Châteauneuf, qui s’est totalement transformée au cours des dix dernières années).

 

 

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En écoute : CD 1 de l’anthologie Ferrat ; My Head is an Animal (Of Monsters and Men)

 

vendredi, 06 janvier 2023

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6 janvier 2023

 

Ce soir, pour l’Epiphanie, ce sera galette briochée ; mercredi, on a sacrifié à la frangipane, que préfère O*.

Hier mon collègue E° m’a fait remarquer, en sortant de la salle Thélème et entre deux remarques sur les scènes d’Antigone que nous venions d’entendre, que les jours rallongeaient. Ce n’est pas encore très net, pourtant.

The Fugitives de Jamal Mahjoub me laisse sur ma faim. J’en ai lu les 2/3, je sais vers où ça va, plusieurs choses m’agacent, mais ça fait partie de ces lectures dont on se dit qu’on en a lu plus de la moitié et donc qu’on va aller au terme. Les personnages, notamment, me semblent plats, peu creusés, sans réelle complexité… même le narrateur. L’islam politique, la guerre civile soudanaise, le rêve d’Amérique, tout cela reste superficiel. Je suis vraiment déçu, après les magnifiques romans qu'il a écrits dans les années 1990-2000...

 

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En écoute : La fête de l’eau (ONJ Claude Barthélémy) ; Thomas Fersen & The Ginger Accident ; Pas de bras pas de chocolat de Bertrand Betsch ; Nancali de F. Houle et B. Delbecq

Film : E.T. (oui, pas revu depuis 1982 – et j’ai rechialé comme un benêt pendant les dix dernières minutes)

 

22:44 Publié dans 2023 | Lien permanent | Commentaires (0)

jeudi, 05 janvier 2023

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Journée de menues tâches et petites bricoles aux Tanneurs. Le matin j’ai étrenné le pantalon de K-Way ; heureusement que j’arrive tôt, alors qu’il n’y a pas un chat, car ça me fait une touche pas possible… mais au moins, je n’ai pas eu besoin de changer de pantalon dans mon bureau.

 

Depuis hier, j’ai un mal de crâne atroce dès que je mange (sauf petit déjeuner (à cause de la mug de café ?)). Ça s’est fini dans le noir total, au retour de la fac, entre 6 et 7, avant de pouvoir préparer le dîner puis me coucher avec le roman de Jamal Mahjoub, The Fugitives, paru en 2021. Depuis plus de dix ans que Mahjoub s’était réinventé une carrière avec ses romans policiers publiés sous le pseudonyme de Parker Bilal, je l’avais un peu oublié. Tout à fait prolifique, il republie donc aussi sous son vrai nom.

 J’ai sombré dans le sommeil entre 9 et 10 puis me suis réveillé pour attendre C*, qui est rentrée peu avant minuit du ciné-débat avec Sandrine Rousseau.

 

Dans la journée, j’avais pu assister à une brève lecture/représentation de l’Antigone que va monter la compagnie La Course folle en 2024 : outre que je suis le travail de la metteuse en scène, Laurence Cordier, depuis plusieurs années, l’actrice qui joue Antigone est une de nos/mes étudiantes. La traduction est celle d'Irène Bonnaud et Malika Hammou.  Il s’agissait là d’une restitution – d’une petite demi-heure – des 3 premières journées de vrai travail sur la préparation du spectacle, dans la salle Thélème. Créon est interprété par une comédienne ; la question a été posée par quelqu’un dans le public lors du temps d’échange avec l’équipe, mais il va de soi, pour moi, qu’un personnage dont le rôle est aussi explicitement symbolique du patriarcat n’a pas besoin d’une quelconque conformité « réaliste » ou genrée pour être incarné.

Avant de remonter à la maison sur mon vélo – mais sans le pantalon de K-Way (il ne pleuvait plus (il a fait extrêmement doux encore aujourd’hui, quelle catastrophe)) – j’ai croisé ma collègue U*, qui part bientôt pour les Etats-Unis, pour tout le semestre, et avec qui j’ai discuté, ainsi qu’avec notre collègue M*, avec qui je n’avais pas pu rediscuter depuis sa (belle) soutenance de thèse le 9 décembre dernier.

 

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En écoute : Hibrido d’Allen Halloween (j’ai replongé à cause d’un échange sur Twitter)

 

mercredi, 04 janvier 2023

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Ce midi nous avons « tiré les rois ». O*, dont c’est la fête, a eu la fève. Même depuis qu’on ne triche plus – et ça fait un bail – les garçons ont presque systématiquement la fève.

 

Le matin à l’université, j’ai récupéré les 7 livres que j’avais fait acheter, dont au moins un que je connais déjà – lu il y a quelques mois même si je n’en ai pas (encore) parlé dans mes vidéos : il s’agit du recueil de nouvelles de Nana Kwame Adjei-Brenyah, Friday Black. Café avec E*, qui m’a demandé combien de livres je lisais par semaine ; il sait très bien que je lis plein de livres à la fois donc il a reformulé sa question en me demandant combien de pages je lisais par jour. Pour répondre correctement à cette question, il faudrait que je compte, grâce aux vidéos (?) le nombre de livres lus dans une année, ce qui permettrait de faire une moyenne. En tout cas, ce qui est sûr c’est que quand je n’ai rien d’autre à faire je peux lire 2 ou 3 livres brefs/moyens par jour (400-500 pages). Cela n’arrive pas souvent.

J’ai entamé notre discussion à la terrasse du café Le Tourangeau en me renversant la quasi-totalité de mon double expresso sur les deux jambes du pantalon (et en m’ébouillantant à moitié). E* a tenté de me dire que le serveur a posé la tasse très près du bord, sur une table branlante qui pis est, mais franchement je sais que ma maladresse est la cause.

 

Après-midi : correction de copies de L1 (Key concepts). J’aurai appris que la reine Victoria dirigeait le Commonwealth (à moins que ce ne soit les Etats-Unis) et que le Discours sur le colonialisme a été écrit par Jules Ferry. Blague à part, le niveau global est plutôt meilleur que les années précédentes.

 

Ce soir, j’espère terminer le roman que C* m’avait offert pour mon anniversaire et que j’ai commencé dimanche soir. Il s’agit du troisième roman, le seul traduit en français, d’une romancière italo-somalienne, Agiaba Scego. C’est très bien, même si j’ai noté une énorme bourde de traduction, une confusion entre nigérien et nigérian qui prête à conséquence pour tout un chapitre. C'est dommage, car c'est bien traduit globalement (par Anaïs Bouteille-Bokobza).

En faisant quelques recherches sur le tombeau d’Elizabeth Barrett Browning à Florence – il en est question dans le roman – j’ai découvert l’existence d’une romancière anglophone à moitié indienne, née à Calcutta, et qui a vécu l’essentiel de sa vie d’adulte (et de sa carrière) à Florence, d’où sa proximité avec les Browning et les Trollope : Isa Blagden. On (pourrait) commémore(r) cette année le 150e anniversaire (sesquicentennial (j’adore ce mot)) de sa mort. J’ai envie de lire sa correspondance avec Robert Browning (les lettres du poète à I.B. ont été publiées à titre posthume en… 1923), mais aussi ses romans (Agnes Tremorne par exemple). Il ne semble pas y avoir de biographie consacrée à cette figure méconnue, invisibilisée… seulement des notices biographiques de ci de là.

 

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En écoute (notamment) : Le tacot de Jérémiah (Ygranka).

 

mardi, 03 janvier 2023

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8 h

 

Ce matin j’ai repris les bonnes vieilles habitudes : levé à 6 h 10, trajet à vélo jusqu’à la fac entre 6 h 50 et 7 h 05-10, au calme, avant l’afflux de bagnoles. Comme il ne pleuvait plus, je n’ai pas pu étrenner mon pantalon K-Way flambant neuf.

 

Hier, après lecture d’un texte d’André Gorz de 1973, j’ai partagé la citation suivante d’Ivan Illich sur Twitter : « Les gens travaillent une bonne partie de la journée pour payer les déplacements nécessaires pour se rendre au travail ». Malheureusement, je n’ai pas pu sourcer cette citation, dont j’ignore si elle provient bien de la traduction de Luce Giard aux éditions Arthaud.

Toujours est-il que tel n’est pas notre cas, heureusement : C* se rend en vélo au lycée, et moi à l’université, le plus souvent aussi. Nos fils ont pu aller à l’école à pied dès qu’ils ont été en fin de collège. Enfant, par contre, je me rappelle mes parents faire un rodéo permanent pour jongler entre leurs 3 bagnoles dont une au moins était au garage, par roulement : revenus moyens donc véhicules d’occasion sujets à des pannes. Il y avait 12 kilomètres de la maison à nos écoles et à leur travail (lycée de Borda).

Autre citation, moins prestigieuse mais plus connue, le début de la chanson de Cabrel, Trafic :

Le jour se lève à peine

Je suis déjà debout

J’ai mis du temps avant de me rendre compte que ce texte, qui est censé parler de façon réaliste du travail des classes populaires et moyennes, est totalement irréaliste : pour la majorité des travailleureuses, le moment où on se lève, 9 mois sur 12, se situe bien avant le lever du soleil. Et il faudrait plutôt écrire :

Le jour se lève à peine

Je suis déjà au taf

 

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En écoute : best of de Mercedes Sosa ; album Source du trio Dreisam ; CD 1 de l'anthologie Le nostre anime de Franco Battiato

Rien le soir.

 

08:07 Publié dans 2023 | Lien permanent | Commentaires (0)

lundi, 02 janvier 2023

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Aujourd’hui, A. est reparti à Rennes, après un déjeuner avec des ami·es. Ce matin, au lever, il pleuvait à verse ; nuit noire encore à huit heures ; puis « ça s’est levé » et on a eu du soleil – assez pour faire sécher les trois lessives. Toujours cette douceur hallucinante dont on ne peut vraiment profiter, car on sait qu’elle signifie que l’effondrement se rapproche toujours plus vite.

 

En écoute : CD2 de l’anthologie Le nostre anime de Franco Battiato ; trio pour cor de Ligeti (Cazalet / Comentale / Huvé) ; Goyescas de Granados (A. de Larrocha) ; Emergence (Africa Express Jacques Ponzio) ; quatuors de Kalabis.

Film du soir : Don Juan de Serge Bozon avec Tahar Rahim, Alain Chamfort, Virginie Efira. Film totalement raté, qui intrigue y compris par son maniérisme artificiel pendant 40 minutes, avant d’ennuyer pendant une vingtaine de minutes puis d’être parfaitement convenu et exaspérant. On croit presque à une parodie de film intello raté.

21:45 Publié dans 2023 | Lien permanent | Commentaires (0)

dimanche, 01 janvier 2023

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Parmi les résolutions pour cette nouvelle année : publier au moins une photo chaque jour sur Flickr ; écrire un billet quotidien sur ce blog ; reprendre la rubrique Untung-untung sur l’autre blog. Contrairement aux années précédentes, ce sont des résolutions plutôt modestes sur le plan créatif, mais peut-être sont-elles tenables (cf l’échec des esquintils et des Terpsiphora).

La nuit dernière nous avons réveillonné chez L* et A*. C’était très sympa, plutôt calme (just what I need). Outre un The Mind (nous avons atteint le niveau 5 en jouant à 8, ce qui n’est pas mal) et un Time’s Up, nous avons découvert un nouveau jeu, amusant mais foutraque, L’Imposteur : il semble impossible que l’imposteur ne puisse pas deviner le mot commun, et donc qu’il puisse perdre.

 

Ce matin, pour la première fois depuis je ne sais combien d’années, je me suis réveillé tard (9 h 15) et surtout, petit déjeuner excepté, je suis resté au pieu à lire jusqu’à presque midi.

 

Hier, chez L* et A*, j’ai discuté brièvement, et en marge, avec A°, qui est pianiste et professeure, intrigué par son affirmation selon laquelle, sans comprendre les nombreuses références du Trio pour cor de Ligeti, on ne pouvait l’apprécier. Il se trouve que je connais cette œuvre pour en avoir acheté une version en CD il y a fort longtemps (novembre 1996, de mémoire) et que, vu ma faible culture musicale, je n’identifie pas les citations de Beethoven et autres. Pourtant, c’est une pièce que j’aime beaucoup, car je la trouve inventive, puissante et émouvante.

Cette question se pose aussi en littérature, bien sûr : il y a bien des spécialistes – et je pourrais en être – qui, se muant abusivement en gardiens du temple, déclarent que, sans comprendre tel ou tel intertexte, tel ou tel usage de l’allégorie, on ne peut apprécier ce poème ou ce roman. Or, c’est faux. Je crois fondamentalement que même si je jouis du trio de Ligeti avec une bonne dose d’ignorance, mon plaisir est indubitable ; peut-être serait-il plus fort encore si je saisissais toutes ces allusions, mais de là à le nier, non.

 

En écoute aujourd’hui : quelques quatuors de Haydn, Joy de Sophie Alour (avec Mohamed Abozekry à l’oud), album Roses des Cranberries (dont je n’avais aucun souvenir).

Film du soir : Compétition officielle de Mariano Cohn et Gastón Duprat (2021). Très enlevé et divertissant, très bien joué justement en raison du dispositif métathéâtral (la répétition de répliques sur plusieurs tonalités, le surinvestissement de la facticité des interprétations), peut-être un peu long voire simpliste (cf scène, assez drôle, sur le couple d’intellos qui écoute de la musique expérimentale bruitiste).