mercredi, 31 août 2005
Prolongement d'OBJET SANS NOM
A. jouait dans sa chambre, à ses petites voitures, et comme, ayant saisi son (faux) appareil photographique, il m'a demandé de poser pour lui, je me suis assis à son petit bureau, où je me suis emparé de son feutre-toupie, ai fait quelques jolies irisations sur une feuille de brouillon, ai caressé momentanément l'idée de "dessiner" une série abstraite et à fort ancrage théorique histoire d'agacer le Vrai Parisien qui s'agace à juste titre de certaines dérives, puis ai composé le petit quintil puéril publié il y a deux heures (j'écris tout ceci de nuit, quand tout dort). Afin que l'on voie combien la manie des chiffres & des nombres me poursuit aussi dans la composition poétique, j'ai écrit ce quintil sur une alternance bancale d'heptasyllabes (mon vers préféré) et d'octosyllabes, pour aboutir à une première version, dans laquelle le cinquième vers rimait en -eutre.
Ayant compté le total des syllabes, j'ai constaté que ce quintil se composait de trente-huit syllabes ((2x7)+(3x8)=38), ce qui a fait naître l'idée d'un distique employant un vers inusité de dix-neuf syllabes, d'où la rime inattendue du dernier vers (rose âgée), apparemment isolée mais qui rime en fait (quoique approximativement) avec objet.
Je donne ici derechef le texte du dérisoire quintil:
Faut-il l'appeler toupeutre
Ou tenter le mot feuoupie
Pour cet objet qui sert de feutre
Et qui, toton, met en charpie
Ses orbes d'un rose âgé?
......................
Sachez par ailleurs que l'objet en question (si l'on s'en tient à la marque déposée de la toupie-feutre rose) se nomme un Doodletop, composition nominale en partie onomatopéique et à ce titre difficilement traduisible. Au moins, l'anglais ne s'effraie pas du néologisme, ce qui m'a remis en mémoire un passage d'un roman de Paul Auster, le troisième tome de la Trilogie new-yorkaise, me semble-t-il, dans lequel le narrateur rencontre un vieil homme obnubilé par la nécessité de donner un nom spécifique et donc nouveau à des obets sans signifiant précis (ainsi, crois-je me souvenir, un parapluie qui ne s'ouvre plus n'est plus un parapluie, il faut lui trouver un autre nom etc.). Un feutre qui est aussi une toupie (et ne dessine bien, d'ailleurs, qu'en gyration) doit avoir un nom jusque là inconnu.
10:20 Publié dans Ecrit(o)ures, Words Words Words | Lien permanent | Commentaires (6)
Commentaires
Néologisme? et "des objets sans signifiants précis" deviennent des "obets"?! (humour: je précise pour le touchy man)
Écrit par : Livy | mercredi, 31 août 2005
Quoi, moi, susceptible? Quel scandale! ça va pas, non? Je suis l'autodérision personnifiée, moi, madame! Touchy, non mais...!
Bon, cela dit, qu'est-ce qu'un obet? Difficile de répondre... Un objet sans signifiant dans la langue, peut-être, justement.
Écrit par : Guillaume qui peut vraiment abuser du fait que les ingénieurs de H&F n'ont pas prévu de limiter la longueur du module "votre nom" (contrairement aux messages du brin de causette qui sont, quant à eux, limités) | mercredi, 31 août 2005
Le Vrai Parisien est flatté
D'être cité jusqu'en Touraine
Il faut dire qu'il s'est gratté
Pour composer sa souveraine
Note
Même A*** le roi de la toupie-
Feutre ne s'y peut comparer
La begum riche de roupies
Parait tant elle est chamarrée
Sotte
Et toute sa magnificence
Ne lui est pas consolation
Quand on écrit un blog les sens
De plaisir ont double ration
Bon... c'est écrit au fil de l'eau, et je n'ai pas compté ni les pieds. En plus, ce ne sont que des octosyllabes (mon mètre favori) ; mais à Paris, on fait ce que l'on peut...
Écrit par : Vrai Parisien | mercredi, 31 août 2005
Connais-tu les Cent sonnets de Boris Vian? Ton bel hommage m'y fait penser (et j'en suis octuplement flatté en retour).
Écrit par : Guillaume | mercredi, 31 août 2005
Ce Vrai Parisien, il a vraiment un joli brin de plume !!!
Écrit par : fuligineuse | jeudi, 01 septembre 2005
Il écrit au fil de la Seine: c'est cela, son secret.
Écrit par : Guillaume | jeudi, 01 septembre 2005
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