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mardi, 15 mai 2007

Crier avant d'avoir mal

Vu ce matin un mur de cimetière tagué en grandes et fières lettres noires, à Tours : "La France, état fasciste".

Il y a des fois où j'aimerais bien que la machine à remonter le temps existe vraiment et que l'on propulse, ne serait-ce que quelques semaines, les imbéciles qui écrivent ce genre d'âneries dans l'Italie de Mussolini, ce qui leur permettrait de voir ce que ça fait vraiment de vivre dans un régime de dictature, où le fait même d'appartenir à une minorité doit être tu, pour ne rien dire des aléas de la condition de journaliste, de professeur ou d'éditeur. Je pense aux démocrates chinois, aux homosexuels de l'Espagne franquiste, aux "déviants" de tout poil des dictatures d'ici et d'ailleurs, d'hier et d'aujourd'hui, et à ce qu'ils penseraient en voyant de gentils nantis écrire de beaux mots bien ronflants comme fasciste ou pétainiste à tous les coins de rue...

Que je sache, le pluralisme politique, comme la liberté d'opinion et de culte, ne se porte pas trop mal en France : il n'y a qu'à voir les ex-futurs ministres de Mme Royal (mais si, celle qui devait nous servir de rempart contre le "péril brun") aller à la soupe aux portefeuilles...! Décidément, je regrette de moins en moins d'avoir refusé de choisir entre la grippe et la varicelle, au second tour des élections...

13:55 Publié dans Indignations | Lien permanent | Commentaires (12) | Tags : Politique

Commentaires

Ah là là Guillaume ! Le fascisme lavé, tu connais ? Celui qui ne dit pas son nom ? Celui où l'on envisage de supprimer purement et simplement le ministère de la Culture ? Celui où les éditeurs ne publient pratiquement plus que des sous-crétineries à usage débilitant ? Celui où l'on peut dire ouvertement d'une chaîne de télévision qu'elle vend à ses annonceurs du temps de cerveau humain disponible ? Celui où les professeurs sont totalement déconsidérés, voire frappés ? Celui où les homosexuels sont agressés, battus, voire brûlés vifs ? Celui qui robotise les individus au regard triste, vide, dans le métro du matin ? Celui qui table ouvertement sur l'appauvrissement des classes moyennes et le surendettement des classes populaires ? Celui où les cimetières juifs et musulmans sont profanés ? Celui où la police arrête les grands-pères aux portes des écoles sous les yeux des enfants ?

Veux-tu des exemples encore ? Il s'agit tout simplement d'un fascisme mis au goût du jour, moins terrorisant en apparence, mais identique dans ses fondements.

Écrit par : Jacques Layani | mardi, 15 mai 2007

"larvé", bien sûr (première ligne).

Écrit par : Jacques Layani | mardi, 15 mai 2007

Oui, peut-être, mais on peut encore écrire ce qu'on veut sans se retrouver en prison, ça compte, non?

"Celui où l'on peut dire ouvertement d'une chaîne de télévision qu'elle vend à ses annonceurs du temps de cerveau humain disponible ?" Quel rapport avec Sarko? C'est Chirac qui a vendu la télé et Mitterrand a laissé faire. Bizarrement, cela me semble plutôt la preuve que l'on est pas en dictature "totalitaire": jamais on ne viendrait dire en temps de dictature qu'on vous vend de la propagande. Nous ne sommes qu'en dictature molle, celle de la masse, prévue et analyser par Arendt et Tocqueville.
Il est si facile de vivre à côté (sans compter le petit bonus de supériorité morale que cela apporte, de vivre à côté (et même cela est risible et désiroire (bref))).

"Les professeurs déconsidérés": ce n'est pas spécialement Sarko, ce serait même plutôt l'inverse (si l'on considère que c'est une csq de 68 (pas taper...))

"Les homosexuels brûlés vifs" : ce n'est pas spécialement Sarko, mais plutôt les hormones folles de certains mâles (j'aimerais bien comprendre pourquoi ces tenants de la virilité se sentent déconsidérés (ou trahis?) par les homos).

"Celui qui table ouvertement sur l'appauvrissement des classes moyennes": là il va falloir m'expliquer. Bêtement, j'ai tendance à voir dans "Travaillez plus" l'idée de "Gagnez plus" (un slogan maladroit qui ne fait que reprendre les fondamentaux de la 3e République (un peu daté et vieillot, peut-être? Mais n'avez-vous rencontré personne de désolé après les 35 h, après qu'on lui ait annoncé que les salaires étaient bloqués et les heures sup interdites (csq de nombreuses négociation d'entreprises et de branches)? Moi, oui (il y a même un malheureux qui a tenté de le dire à une émission de radio. Il n'a pas été très bien reçu. Faut-il crier à la dictature?).

"Celui qui robotise les individus au regard triste, vide, dans le métro du matin ?" Euh... Le métro a cent ans.

"Celui où la police arrête les grands-pères aux portes des écoles sous les yeux des enfants ?" En situation irrégulière, le grand-père, quand même. Faire des lois pour ne pas les respecter est la porte ouverte à l'arbitraire, c'est-à-dire exactement à cette dictature que vous dénoncez.

Écrit par : VS | mardi, 15 mai 2007

No comment.

Écrit par : Jacques Layani | mardi, 15 mai 2007

Jacques, je suis d'accord avec ton argumentation, mais, comme je me rappelle un excellentissime blog qui s'appelait "Les mots ont un sens", alors je dirais que la France est plus "un pays où subsistent trop de tentations fascisantes" qu'"un Etat fasciste". D'ailleurs, ce genre de slogan fleurit depuis un mois alors que tout ce que tu décris existe, de manière larvée justement, depuis plusieurs gouvernements, non ?

Par ailleurs, je ne saisis pas trop pourquoi tu ne veux pas répondre aux réponses de VS à ta réponse.

Écrit par : Guillaume Cingal | mardi, 15 mai 2007

Si tu veux jouer sur les mots, je veux bien. Cependant, tu sais bien qu'on cède toujours aux tentations, c'est cela qui est terrible. Terrifiant, même, lorsqu'on voit venir le danger. Oui, cela existe depuis plusieurs gouvernements, cela existe depuis environ une quinzaine d'années, et singulièrement depuis 2002-2003. C'est entre autres pour cela que je ne désire pas répondre à VS. Parce que je pourrais retourner chacune de ses phrases par cent arguments, mais je ne désire pas polémiquer. Car au vrai, qui parle de Sarkozy, ici ? Hormis dans l'exemple de l'école, je n'ai pas fait du tout allusion à lui dans mon premier commentaire. Justement parce que le mal est là depuis plus longtemps, nous sommes d'accord. Il est installé. Nous sommes cent fois moins libres qu'il y a trente ans, par exemple. Et même qu'il y a vingt ans. Cela s'est fait insidieusement. Le monde dans lequel sont nées mes filles, en 1981 et en 1984, n'est plus du tout celui dans lequel elles vivent aujourd'hui (ce qui, par parenthèse, me pose un problème).

Si tu le veux bien, j'arrêterai là parce qu'ensuite, on va polémiquer.

Écrit par : Jacques Layani | mardi, 15 mai 2007

Accordé !

Écrit par : Son Altesse Guillaume | mardi, 15 mai 2007

"Pétainiste", "fasciste", c'est vrai que ces mots sont monnaie courante dans les graffitis du coin de la rue. Je pense qu'il ne convient pas seulement de vouer les auteurs de ces abus de langage* à expérimenter "vraiment" le quotidien de ces régimes. Quant on en sait moins que les autres, ne dit-on pas d'une situation qu'elle est "kafkaïenne" ou "ubuesque" en ignorant totalement à quoi se réfèrent ces mots ? C'est mon cas. Comparer Sarko à Hitler est certes inexact, inconscient ou simplificateur, mais il n'y a pas de fumée sans feu. De très lourdes critiques sont dirigées envers Nicolas Sarkozy et, abstentionnistes (nihilistes, lepensistes, ou raisonnés) mis à part, il me semble que 47% de la population s'est prononcée comme opposée à la politique promise par le nouveau président (sans remettre en cause à la légitimité de son élection), plutôt qu'en faveur de l'autre candidate du deuxième tour.

"La France, État fasciste" dans le sens d'un État très-très peu humaniste : je dis que l'idée se défend ! Il est clair par contre que la rupture avec l'État de droit en France n'en arrive pas à l'émergence de "faisceaux de combat" à la sauce Mussolini...

Bref, personnellement, lorsque je vois des écritures anti-Sarko aux références contestables, je ne me dis pas simplement que les gauchos ont séché les cours d'Histoire, mais aussi que certaines personnes, en France, ont peur des promesses de Sarko, ((et qu'ils ont raison)).

Écrit par : Simon | mardi, 15 mai 2007

On a toujours raison d'avoir peur de quelqu'un qui ne conçoit le pouvoir que seul. La forme collégiale qu'il veut pour son ex-parti (qu'il considère comme un marche-pied sans plus) le montre bien. Quand on marche sur un parti qu'on a créé, c'est en général pour conserver non pas un mais LE pouvoir. C'est cela qui peut effrayer, à juste titre, et je passe sur la violence qui lui a été reprochée par son entourage.

Je ne dis même pas que l'ex-candidate aurait fait mieux ; j'ai bien peur que leurs vies et leurs envies de revanche se ressemblent. On n'est pas sortis d'affaire, quoi qu'il se passe aux législatives.

Écrit par : Martine Layani | mardi, 15 mai 2007

>Jacques Layani: OK, j'ai fait des rapprochements rapides : j'ai lié l'apparition de ce post de Guillaume, ici, maintenant, à un post de Didier Goux, hier, chez lui, commentant un post de Gilda encore ailleurs.... Et j'ai répondu en vrac, un peu aux trois, chez celui que je connais le mieux depuis le plus longtemps, Guillaume, justement par horreur de la polémique, stérile.
De toute façon je ne souhaite convaincre personne. Je suis simplement frappée par le profond ridicule de toutes ces manifestations qui ressemblent à des caprices d'enfants n'ayant pas obtenu ce qu'ils voulaient. Dans un an les mêmes enfants auront fait brûler un certain nombre d'universités pour refuser la politique Sarko, au nom de la liberté, bien entendu (il suffit de regarder les dégâts à la Sorbonne suite aux manifestations anti-CPE).
J'en suis fatiguée d'avance, donc Jacques, ne prenez pas cela pour vous, je me défoule, voilà tout.

Moi aussi, j'évite la polémique, parce que je me retrouve toujours à contrepied: dangereuse gauchiste tolérante à droite, dangereuse conservatrice totalitaire à gauche, et cela me fait rire et m'attriste, car il n'est jamais drôle longtemps de rire tout seul.

Vous voilà donc en train de m'expliquer que nous sommes bien moins libres qu'il y a trente ans (modulo le média internet et les blogs, je suppose) puisque la parole sur un certain nombre de thèmes est censurée, ce qui est vrai, (mais n'est jamais censurée la parole boboïste pleine de bons sentiments ne se donnant pas les moyens de ces sentiments (Yannick Noah, en gros) (sentiments que j'approuve, absence de réalisme que je méprise), ni la parole anti-pouvoir (Sarlo=nazi), mais toujours la parole rationelle qui dit ce qui est vrai mais ne fait pas plaisir (exemple: "nous ne pouvons plus accueillir d'immigrés en difficulté tant que nous n'auront pas résolu le sort des plus pauvres chez nous")) mais il me semble que les amuseurs publics (Ardisson, Ruquier, Fogiel, etc) de la télévision en sont bien plus responsables que les politiques (à cela près que ces politiques auraient pu et dû éviter de confondre politique et show-bizz... )

La censure n'est pas une censure politique, elle est une censure médiatique. Ce sont les journalistes, et bien pire, les animateurs d'émissions de société, qui choisissent désormais ce que l'on a le droit de dire. Et le mot "censure" est insuffisant, car il ne rend compte que de ce qu'on fait taire, pas de ce que l'on monte en épingle, pas de ce que l'on met sous les projecteurs et occupe tout l'espace de la parole.

Écrit par : VS | mardi, 15 mai 2007

Arrêtez vos conneries : on se croirait chez Juanito !

(Monsieur Layani, je crois que vous amalgamez tout et n'importe quoi, mais comme Madame de Véhesse vous a en gros dit ce que je comptais vous dire (en plus gentil que je ne l'aurais fait, parce que je suis une grosse brute mal dégrossie), pas la peine d'en remettre une couche. Cela dit, je suis un peu surpris de voir Guillaume, d'ordinaire subtil et mesuré, vous donner quitus de vos abruptes sentences de patronnage.)

Mais, je m'en fous, au fond : ma fenêtre est ouverte, la pluie normande tombe à gros bouillons réguliers, le monde semble éternel, à cette seconde précise, et je crois que je vais me prendre un petit verre avant de dîner.

Écrit par : Didier Goux | mardi, 15 mai 2007

Didier, on ne peut pas dire que vous fassiez tellement dans la finesse. Il me semble qu'aucun des exemples de Jacques ne relevait du patronage (avec un seul "n", c'est aussi bien).

Écrit par : Guillaume | mercredi, 16 mai 2007

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