mercredi, 24 octobre 2007
L'autobus, 15 mars 1961
Ils sont quatorze, comme les vers d'un sonnet, et presque comme eux disposés : le chauffeur et le passager debout forment une sorte de distique final écartelé, tandis que, six de chaque côté, les figures hâves et déconcertées des autres voyageurs inventent de nouvelles tortures pour les quatrains.
En rouge brun : EAU MINE
RALE
GRANDE SOURCE
Le cerceau à barres bien en main, le conducteur emporte tout ce beau monde vers l'Opéra, dont, dans le bruit des moteurs, la cohue des voix, le tohu-bohu des aisselles, tout le monde (il faut bien l'écrire) se contrefout. Hagards, les regards s'élèvent déjà vers le pinacle, mais comme en dedans : d'allure, ces visages regardent fixement le vide face à eux. Les roues s'enfoncent dans les flaques de boue.
On ne peut pas imaginer que cette momie figée debout que l'on voit infiniment se tortiller pourra s'extirper à temps de l'autobus.
15:20 Publié dans Un fouillis de vieilles vieilleries | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Art, écriture
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