dimanche, 11 octobre 2009
Too-too-too-yoo-too (W.M. 2)
L'éminent professeur Césium,
Grand physicien ad libitum,
Sait prononcer aisément
Le nom de tous les éléments
Mais pas celui d'Ununoctium.
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W.M. 1
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... plus vite que le coeur des mortels
Flapi, vêtu de guenilles, sans force pour préparer ce foutu séminaire, m'occupant d'Oméga lui-même un peu patraque (est-ce une fatalité de retourner à l'écriture lors des moments d'avachissement ?), je préfère pianoter. Sur l'étendoir qui, installé devant la porte-fenêtre, obstrue partiellement la vue, la brise berce les gants et les mouchoirs. En faisant du rangement à l'étage, j'ai retrouvé un bic rouge, un crayon à papier muni d'une gomme et une boîte de cartouches d'encre pour stylo-plumes -- le dernier de ces objets me dévisageant tristement en pleurant sur son inéluctable inutilité. Une page du dernier livre d'Orhan Pamuk, D'autres couleurs, m'a rappelé, avant-hier, les photos que j'avais prises en janvier 2008 du chantier de démolition des trois pavillons de la rue Ronsard : l'un d'eux était une belle maison, qui s'est effritée en gravats pour donner naissance à une résidence où a déménagé, il y a quelques semaines, une de mes anciennes étudiantes (et lectrice assidue), devenue cette année ma collègue.
Pendant cinquante ans, je me suis toujours promené dans les mêmes rues d'Istanbul, et quand je vois le site de mon ancienne école, transformé à présent en parking, je me rappelle à la fois mes souvenirs d'école et ma dernière déambulation dans ses salles de classe vides. Au fil du temps, je m'habitue à cette vue qui me frappait comme un coup de couteau les premiers temps. Les ruines d'une ville aident à l'oublier. Nous perdons d'abord un souvenir, mais comme nous savons que nous l'avons oublié, nous cherchons à nous le rappeler. Ensuite, le souvenir même de cet oubli finit par s'effacer, et la ville est impuissante à nous rappeler son propre passé. Finalement, les sites démolis, qui sont pour nous des plaies béantes où l'oubli creuse son lit, deviennent pour d'autres la source de nouveaux rêves.
(Orhan Pamuk. D'autres couleurs. Traduction de Valérie Gay-Askoy. Paris : Gallimard, 2009, pp. 94-5)
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