mardi, 10 avril 2007
La caféine n'est pas dans les bulles (mais dans les bulots, allez savoir...)
Dans les vape(ur)s, ou évaporé tout le jour, voici que je ne m'endors pas du tout. Pas faute d'essayer pourtant ; ce doit être les quatre ou cinq verres de Coca sans bulles que j'ai bus, et me voici, gros malin, à pianoter, patraque, mais pas du tout endormi (un sacré mal de dos quand même). Et à me plaindre aussi, pour faire bon poids.
Il y a quelque temps, j'avais "séché" lamentablement devant un groupe d'étudiants de 1ère année, en leur parlant de crustacés, de crevettes et de... bulots. Pédagogiquement, c'était irréprochable : je pris l'exemple des bulots comme exemple de vocabulaire qu'il n'était pas nécessaire d'apprendre par coeur, et pour rappeler mon petit laïus sur l'apprentissage autobiographique du vocabulaire (késako ? ah, ah, je vous tiens éveillés, moi aussi). Or, le mot bulot (sa traduction), je m'aperçus que je ne le (la) connaissais pas. Non que je l'eusse connu et que je l'oubliasse à cet instant devant mes étudiants médusés : je ne l'avais jamais su. Bien évidemment, à la première pause qui me permit de me rendre dans mon bureau, je vérifiai la traduction de bulot au moyen d'un dictionnaire bilingue. Le mot que je lus alors, s'il paraît familier, n'avait, à mon humble avis, jamais croisé mon regard : un bulot se dit whelk.
Hier, voulant raconter cette histoire à mes parents, je ne retrouvai pas ce satané whelk. Vérification derechef, et whelk de nouveau. Comme ma mère pensait n'avoir jamais rencontré ce mot, je m'amusai à chercher, sur la grande Toile, certaines occurrences, que je collai dans un fichier Word, ce qui me permet de vous dire que l'on trouve ces bulots anglomorphes dans des textes de John Buchan, R. Cadwallader Smith, de H.G. Wells, de John Ward, de W.W. Jacobs, de Saki, de George MacDonald, d'Annie Allnut Brassey (whoever that is), de John St. Loe Strachey, de Charlotte Yonge, dans un drame en vers d'Alfred Lord Tennyson himself, dans le volume 159 du magazine Punch, dans la traduction de l'Iliade par Cowper (au livre II), et même, tenez-vous bien, dans King Lear (mais sous forme de verbe). Tout ceci mériterait un détour par l'OED, mais bon... je vais aller voir si le Coca renonce et baisse la garde.
00:05 Publié dans Mots sans lacune | Lien permanent | Commentaires (12) | Tags : Ligérienne
Commentaires
Du lait chaud?
Écrit par : deedee | lundi, 09 avril 2007
Dors pas non plus, alors le OED dit la chose suivante:
WHELK: Noun: A predatory marine mollusc with a heavy pointed spiral shell, some kind of which are edible.
>> Family Bucinidae, class Gastropoda: Buccinum and other genera.
Origin: Old English wioloc, weoloc, of unknown origin; the spelling with wh- was perhaps influenced by whelk. (> whelk le nom ci-dessous dit)
Noun> archaic: a pimple.
origin: Old English hwylca, related to hwelian "supurate".
Cette définition vous aidera peut-être à dormir, en attendant, j'ai fait tout le bulot à votre place. (pardon pour cette pauvre blague mais il est tard...)
Écrit par : aurélie | mardi, 10 avril 2007
Je m'étonne, laissez-moi vous le dire, que vous ayez passé sous silence la plus célèbre occurrence de ce « whelk », autrement dit celle due à Shakespeare, non point tant dans le Roi Lear que dans le passage suivant de Macbeth (Acte V, scène 1 ; page 125 et ligne 53 de l'éditon Penguin de 1987) :
LADY MACBETH
The thane of Fife had a wife. Where is she now?—What, will these hands ne'er be clean?—No more o' that, my lord, no more o' that. You mar all with this starting.
DOCTOR
Go to, go to. You have known what you should not.
GENTLEWOMAN
She has spoke what she should not, I am sure of that. Heaven knows what she has known.
LADY MACBETH
Here's the smell of the blood still. All the perfumes of Arabia will not sweeten this little hand. Oh, Oh, Oh!
DOCTOR
What a sigh is there! The heart is sorely charged.
GENTLEWOMAN
I would not have such a heart in my bosom for the dignity of the whole body.
DOCTOR
Whelk, whelk, whelk.
GENTLEWOMAN
Pray God it be, sir.
DOCTOR
This disease is beyond my practice. Yet I have known those which have walked in their sleep who have died holily in their beds.
Ci-joint, la traduction, largement novatrice, qu'en a donné Sophocle Thuivreau, critique littéraire et responsable des grilles de mots croisés et de sudoku au « Réveil de Sublaines » :
LADY MACBETH
Que diable la chaste épouse du comte de Fife a-t-elle pu me donner à ingurgiter qui me brûle ainsi les entrailles ? – Quoi, ces mains ne me diront donc jamais de quel plat provient cette persistante odeur ? – Assez, mon seigneur, assez de tout cela. Ne me gâtez point les viscères en me refilant votre portion de cette satanée entrée de tous les diables.
MÉDECIN
Allez, allez : vous venez d'apprendre ce que vous n'auriez dû.
SUIVANTE
Elle n'a dit ce qu'elle n'aurait dû, de cela je suis sûre. Le Ciel seul sait où elle a pu s'imprégner de tels miasmes morbides.
LADY MACBETH
Toujours cette odeur de marée. Tous les parfums d'Arabie ne pourront adoucir cette petite main-là. Oh ! Oh ! Oh !
MÉDECIN
Quel puante odeur de sardine sous coquille [traduction encore approximative] ! Le cœur en semble douloureusement chargé. Qu'a-t-elle donc pu avaler, la bougresse ?
SUIVANTE
Docteur Watson, surveillez votre langage, c'est ma patronne savez-vous ?
MÉDECIN
Des bulots ! Des bulots ! Des bulots !
SUIVANTE
Ach ! Teufelwerk ! Plût à Dieu que ce n'en fût point, messire.
MÉDECIN
Cette maladie excède mon art. Pourtant j'ai guéri des intoxications au mérou aztèque ou à l'algue cornique.
Prochain chantier : « First Whelks in the Moon », de Herbert George Wells.
Écrit par : Chieuvrou | mardi, 10 avril 2007
en fait, tout dépend s'il est cru ou cuit
non ?
Écrit par : F | mardi, 10 avril 2007
en fait, tout dépend s'il est cru ou cuit
non ?
Écrit par : F | mardi, 10 avril 2007
en fait, tout dépend s'il est cru ou cuit
non ?
Écrit par : F | mardi, 10 avril 2007
Serait-ce par hasard un Whelk Rabbit ???
Écrit par : fuligineuse | mardi, 10 avril 2007
Putain de bordel de merde : je pensais pas que c'était à ce poinjt, la vie d'un professeur d'anglais !
(Respect.)
Écrit par : Didier Goux | mardi, 10 avril 2007
Enfin tout de même ! un peu de retenue !!
Écrit par : Chloé | mardi, 10 avril 2007
Dites donc, vous ! Vous n'auriez pas fini par vous endormir si profondément que vous y seriez encore, par hasard ?? Qu'est-ce que c'est que ces façons de nous laisser sir notre faim, comme ça ? ça fait bien une semaine que je clique douze fois par jour dans l'espoir de quelque nouveauté et... RIEN ! (comment ça, la dernière note date d'hier ? Hier c'était le 10 ? Bé dis donc, ça fait long une journée !)
Écrit par : Chloé | mercredi, 11 avril 2007
Je crains que notre ami Guillaume ne soit pas plongé dans les bras de Morphée mais soit, au contraire, actuellement sujet à d'horribles contorsions sur son lit de douleur, après les excès dont il nous a avoué s'être rendu coupable hier soir... Quelle idée, aussi, de boire du Coca Cola ! En pays viticole, qui plus est !
Un seul remède à cela : tois cuillerées à soupe, matin, midi et soir, de Budjulo, l'excellent elixir des sœurs Colic, de Douarnenez, à base de jus de bulot.
Avant de m'éclipser, qu'il me soit par ailleurs permis de poser une question à propos d'un détail qui me turlupine : comment une note du mardi 10 avril a-t-elle pu recevoir un premier commentaire daté du lundi 9 ? Serions-nous donc passés dans la quatrième dimension ?
Écrit par : Chieuvrou | mercredi, 11 avril 2007
Bien vu, Chieuvrou (& merci aussi de la traduction inédite de Macbeth !) Nous ne sommes pas passés dans la quatrième dimension : la note a été publiée sous une forme d'ébauche le lundi à 23 h 30 ; Patricia guettait aux environs et a laissé un commentaire ; j'ai achevé la note (toc!) et en ai programmé la publication pour le lendemain à minuit cinq. CQFD.
Sinon, j'ai passé la journée d'hier à la fac (sept heures de cours dont 4 heures de formation continue auprès de collègues de l'enseignement secondaire) et j'ai des monceaux de copies à corriger. Cela ne devrait pas m'empêcher (et habituellement ne m'empêche aucunement) d'écrire dans ce carnétoile, si ce n'est que j'ai aussi, at home, des visites familiales qui se succèdent.
Écrit par : Guillaume Cingal | jeudi, 12 avril 2007
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