mercredi, 15 juin 2011
Le raturé
/ 13 juin
Un serpent rouge (Jean III) est lové sur notre lit. Je ne sais pas où est Robin.
De questions en omissions, mon cher monsieur, vous avez laissé moisir la croûte. Et vous voici à multiplier les ratures sur vous-même. Ce ne sont pas de simples coups de griffe. Même le tatouage est moins douloureux, moins durable.
Le raturé ne répond pas, il avait sa scie sous son bras.
On entend du larsen, mon cher monsieur – ça ne vous casse pas les oreilles ?
Le serpent rouge et le serpent vert sont étonnamment immobiles. Robin appelle de toutes ses forces, mais lui aussi se crevasse, appelle la main délicate et minutieuse du restaurateur. Il ne m’a pas aidé à trouver de reproduction du tableau, ni le musée où il se trouve. (Du coup, d’un coup, pour ce coup-ci, je me suis senti autorisé à illustrer le fouillis, la vieille vieillerie, d’une photographie que je pris moi-même, aux aurores, en septembre, il y a neuf mois, et de guingois. Pourtant, je n'ai pas décrit ici la photographie, ni ne m'en suis inspiré, puisque je l'ai choisie autrement, après coup. N'ayant jamais vu Le raturé non plus, rien n'a pu m'y faire mordre.)
L’air est encore gorgé d’eau. La terre, elle, désespérément, est asséchée.
Des coups de ciseaux biffent les nuages, les crevasses mettent la gomme, et le balai, fiché poils en l’air comme un étendard, semble nous toiser d’un air goguenard. La meute griffe le ruisseau, le cerf est aux abois. Paris ne répond plus, et Charleville non plus.
L’air est encore gorgé d’eau. Dans la boue craquelée qui a oublié jusqu’à son nom, j’ai retrouvé une scie disloquée.
Pourquoi ne répond-il pas, pourquoi ne répond-il jamais – le raturé ?
(Fin programmée. Fin programmée. Fin programmée. Fin programmée. Fin programmée.)
01:00 Publié dans Un fouillis de vieilles vieilleries | Lien permanent | Commentaires (0)
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