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samedi, 03 décembre 2011

3311 / L’Aube des temps

Le mot âne n’étant pas très éloigné du mot âme, je ne peux m’empêcher d’avoir une approche wittgensteinienne de la question. Ainsi, soul en anglais, a sole pour homophone – et sole est un signifiant ambigu, tantôt adjectif, tantôt substantif. L’âme, est-ce être bête comme ses pieds, têtu comme un âne. (Dans la phrase qui précède, a-t-on noté l’importance des circonflexes ? Of this we, as the latines, hes almost no use. La langue anglaise ignore les diacritiques, pas le turc.) Le héros de Gide, anti-héros après Bartleby, n’est pas censé avoir traduit les nouvelles fantastiques de Gautier, et pourtant moi, je continue de reprendre les vers d’Eugeniusz Żytomirski ou Bedri Rahmi Eyüboğlu.

Le truc, aussi, c’est que je n’ai pas retrouvé  mon exemplaire du Voyage autour de ma chambre, lu en 1993 à Talence dans le fauteuil décoloré du studio, ni la page à laquelle Vila-Matas – ou plutôt, son narrateur fuligineux – définit le nombre 32 comme le nombre « de la Faux ». Enfant, je n’ai pas lu Le 35 mai d’Erich Kästner, roman que m’avait fortement conseillé ma sœur, mais je revois très précisément l’exemplaire et la couverture. Nous qui avons des mois de plus de 31 jours, nous avons renoncé au fétichisme de l’ « irrégularité régularisée » (même si nous vivons encore parfois dans des maisons de pierre), mais pas au décompte. Pas tout à fait. Si quelqu’un a fait le voyage jusqu’au 32, il n’a pas fait machine arrière pour en faire le récit. C’est pourtant cela, le sens de l’expression « année bizarre ». Croyez-vous vraiment que j’aie employé cette expression par hasard, au débotté ? Croyez-vous que j’aie (et même que j’ai) inscrit le titre Une année de 398 jours en tête de cet ouvrage au décrochez-moi-ça ? Imaginez-vous que tout cela se compose à la va-comme-je-te-pousse ?

(Il poursuivit ainsi, poussivement, péniblement, lassant les rares lecteurs.)

En turc, on dit « bête comme la plante des pieds ». Mais l’expression française une jolie plante se traduit au moyen d’une autre image : une agréable sérénade. The toes were slender and delicate, and terminated by perfectly formed nails, pure and transparent as agates. Et ne me dites pas que vous n’avez jamais lu les textes bouleversants qu’il a écrits sur la culture japonaise. (Ce qui le fit penser qu’il n’avait toujours pas écrit la recension promise sur ce livre de Ryoko Sekiguchi, dont pourtant il pensait le plus grand bien.)

Nous n’avons pas vraiment renoncé au fétichisme.

L’Aube et le Suédois tombèrent au bas du bois.

Dans une toge.

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