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mardi, 04 décembre 2012

Catherine de Russie

Non, tout de même pas. Oui, quand même.

Oui, je voudrais quand même emporter avec moi cette valise brune et craquelée – à force de m'accompagner dans mes périples minables, elle est défoncée. Défoncée! Moi aussi, je saisis l'occasion de me montrer progressivement plus audacieux, moi aussi je suis défoncé. Cramé, et cramoisi. Je disais ça enfant, cramoisi. C'est, cramoisi, un mot qui plaît aux enfants. Vrai, vraiment ? Ne tarde pas à le savoir. Et ça claque, je suis dans l'allée avec mes camarades, on attend le début du cours de M. Dassé, on attend M. Dassé, c'est curieux hein, la mémoire. Je pense que c'était le lundi matin, je revois cette salle de classe, mais pas le jour ni le numéro de la classe, le bâtiment oui, je sais qu'il n'existe plus, souffle de trombone, souffle de démolition pourtant non, et c'est devant cette même porte qu'on a apporté Maurice deux ans plus tard, qu'on a offert à notre professeur de philo un mouton – broutard, peut-être ?

On avait baptisé le mouton Maurice à cause de Merleau-Ponty.

Oui, quand même.

J'embarque ma valise, je ne suis pas du genre à me laisser emmerder. J'emmerde tous ces pinailleurs, pas du genre à me laisser embringuer dans d'oiseux arguments, fumeuses arguties. Trace mon chemin. Un pas, c'est déjà toute la route.

Souffle, souffle.

Souffle du trombone.

Comment – comment – comment, dis-je, peut-on se prénommer Julien-Baptiste ?

Il fait une chaleur épouvantable, un cagnard du diable.

Avant le mouton, avant d'attendre M. Dassé dans l'allée, en seconde, avant tout ça, au collège donc, je suppose, j'avais voyagé – toujours la valise, mais encore très fraîche – en aéroplane blindé. Laissez-moi vous dire que, déjà, j'étais bien loin d'être pété de tunes. Châtain comme les blés, le charme agissant sur personne, regardant les autres s'éclater en scène, et moi en coulisse, à ne pas même ahaner.

Non, pas même. Oui, hein. D'ahan, souffler. Tirer.

Souffle, souffle, je me fous de ta valise, d'ailleurs je vais me plaindre au roi de Prusse, au bleu de Gex, et – volutes démentes, éclats de lampe-torche dans la valise, paupières trouées par la mémoire, envols de cagnards sauvages dans le ciel de toutes les canicules, il reste avec la valise à gravir les trente-neuf marches – à Catherine de Russie.

 

Commentaires

Qué valise brune et craquelée?

Écrit par : Marie Hélène | jeudi, 06 décembre 2012

Yanapa. Céhimaginère.

Écrit par : Guillaume | jeudi, 06 décembre 2012

Himaginère? oqué! Bèlehimaginassion!

Écrit par : Marie Hélène | samedi, 08 décembre 2012

Les commentaires sont fermés.