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vendredi, 12 avril 2013

D'un extrême l'autre, un parfum d'années 30 ?

D'aucuns s'étonnent que les militants d'extrême-droite hostiles au mariage gay (Printemps français, Hommen ou autres) aient utilisé, pour l'une de leurs vidéos militantes, la chanson de HK et les Saltimbanks, « On lâche rien ».

J'avoue avoir découvert – puis subi – cette chanson lors des manifestations de 2008-2009, à moins que ce ne soit à l'automne 2010 (pas envie de vérifier ce qui est possible chronologiquement). Cette chanson, certes très entraînante et donc tout à fait appropriée pour une manifestation, m'avait tout de suite frappé par son populisme anti-démocratique : oui, je suis un grand naïf qui croit au droit de vote, aux institutions démocratiques, au Parlement, à l'importance de faire avancer les choses aussi dans les urnes.

La semaine dernière, jeudi soir, je suis allé assister à un quadruple concert dans le cadre du festival Imag'In à Saint-Avertin : j'y allais pour écouter Christiane Grimal avec son Tijérina Projekt, et ai eu le grand plaisir de découvrir l'immense talent du jeune Blackie Sam et de ses musiciens. L'essentiel du public était venu là pour le bouquet final, HK et les Saltimbanks. J'étais heureux de découvrir enfin ce groupe, dont plusieurs connaissances (contacts Facebook, pour aller vite) me disaient le plus grand bien.

Or, j'ai dû quitter la salle au bout de quatre morceaux. La raison principale était une sono poussée à fond : je serais devenu totalement sourdingue si j'étais resté – et cela, je sais que ce n'est pas la faute des musiciens (encore qu'ils pourraient s'en rendre compte). Mais il y avait bien d'autres raisons, par-delà une musique totalement dénuée d'invention, repassant toutes les vieilles recettes du mélange rock rap & bastringue. Ce qui m'a le plus choqué (et surtout totalement surpris), c'est la mise en scène du concert, totalement fascisante ou déshumanisée : on se serait cru dans la scène d'ouverture du Metropolis de Fritz Lang : peut-être était-ce ironique, mais cette espèce de métronomie mortuaire m'était insupportable. Quant aux textes (à ce qu'on pouvait en entendre dans le vacarme), ils sont, au mieux, indigents. En effet, j'y ai trouvé la doxa bien-pensante que j'attendais, discours convenu sur les pauvres, la télévision, les immigrés – manichéisme creux, truismes à tous les étages. Mais, si j'écris qu'il sont « au mieux indigents », c'est qu'il ne faudrait pas creuser beaucoup pour y trouver le même genre de dérapage poujadiste que ceux auxquels se livre depuis quelque temps, assez peu savamment (mais suffisamment pour emballer quelques gogos), Jean-Luc Mélenchon : le « coup de balai » n'est pas loin du « tous pourris ». Dire d'un ministre qu'il ne « pense plus en français », c'était très grave aussi.

Et donc, pour en revenir au point de départ de ce billet, de même que Mélenchon, à force de vouloir attaquer le Front national « sur son terrain » (il l'a assez répété, notamment lors de l'épisode pathétique de Hénin-Beaumont), est en train de laisser contaminer sa parole par l'idéologie du FN, il n'y a rien d'étonnant à retrouver la rhétorique acritique de HK et les Saltimbanks pour illustrer les images de petits caïds homophobes allant à l'assaut du Parlement.

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