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jeudi, 27 août 2015

Mauvaise monnaie

En raison d'une soutenance de thèse à laquelle je suis convié, je me suis mis à relire récemment Dangerous Love de Ben Okri, que j'avais dû lire à sa sortie et donc, je m'en avise, il y a bientôt vingt ans (!). À l'époque, le roman m'avait déçu, car j'y retrouvais, amplifiés, certains des tics d'écriture qui gâchaient légèrement mon plaisir avec la trilogie d'Azaro. Curieusement — ou pas, d'ailleurs —, le roman me plaît beaucoup plus aujourd'hui, peut-être car je suis devenu moins tâtillon sur la question du ressassement stylistique, ou parce que ce qui a valu de nombreuses critiques à Okri (la lenteur narrative) est justement quelque chose qui me capte, désormais. Entre autres, c'est un magnifique Künstlerroman.

 

Pour faire une pause à l'orée de la dernière partie, j'ai commencé la lecture du dernier Mabanckou, encensé par les médias officiels de la Kulture, Canard enchaîné ou Télérama en tête, mais que je n'ai pas acheté pour cette raison : pour la première fois, avec Lumières de Pointe-Noire, j'avais trouvé que Mabanckou parvenait à transmettre enfin une émotion non convenue dans une langue un peu travaillée. Las, et patatras ! avec Petit Piment, Mabanckou est retourné à ses travers : langue falote, personnages fantoches, discours rebattu et d'une invraisemblable platitude sur la décolonisation au Congo-Brazzaville et l'ère socialiste. On a l'impression de lire un récit de Monénembo ou de Gurnah, mais en vingt fois moins bien, sans énergie, sans âme, le tout écrit d'une plume froide, vétilleuse, en service commandé.

Pour la littérature africaine comme dans tant d'autres domaines, la mauvaise monnaie chasse la bonne : Mabanckou dans les journaux — Mabanckou aux devantures des librairies...

D'ailleurs, il semble que ce Petit Piment n'ait même pas vraiment été lu par son éditeur, ou par qui que ce soit dans l'entourage de l'écrivain, tant les erreurs grossières y pullulent : les 303 orphelins de la page 62 ne sont plus que 203 à la page 76 ; le directeur donne deux explications contradictoires à la page 87, mais la deuxième est introduite par “le directeur précisa cependant” ; le récit ennuyeux de Sabine n'est interrompu, à la page 97, que par un (très révélateur) “Tu t'endors ?” lancé au narrateur ; etc.

 

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