samedi, 06 septembre 2025
06092025
J’avais prévu d’écrire sur un sujet sérieux (le magnifique essai de Julien Bondaz que je suis en train de lire), et puis, voilà, qu’étendant la troisième lessive du jour, et me détendant ensuite en faisant une ou deux parties de Koï-Koï en ligne, j’ai gagné d’une manière tout à fait inhabituelle.
Cela fait trois mois que je joue au Koï-Koï, et très souvent sur smartphone, contre de vrais adversaires. Il y aurait bien des choses à dire de l’addiction – modérée, j’espère – et aussi des hypothèses narratives que font naître, dans mon esprit, tant le déroulement du jeu lui-même que ce qu’il m’arrive d’imaginer de tel·le ou tel·le joueureuse : pourquoi celui-ci met-il systémati-quement 35 secondes à jouer ses coups ? pourquoi tel autre a-t-il choisi ce pseudo ambigu dont on ne sait s’il signifie qu’il honnit Trump ou qu’il l’adule ? pourquoi telle autre a-t-elle abandonné la partie juste avant la fin de la première manche, alors que j’avais en effet 9 fleurs mais que même cette manche était loin d’être jouée ?
Je ne compte pas expliquer ici les règles de ce jeu que je trouve extraordinairement stimulant par le mélange de hasard et de calcul qu’il implique, mais aussi par la variété des combinaisons narratives qu’il implique : au vu de la « rivière » et de son propre jeu, on commence en se disant qu’on va essayer d’atteindre la combinaison Ino-Shika-Cho en premier, et puis, le hasard des pioches – et des pioches de l’adversaire – fait qu’il vaut mieux foncer sur les rubans, voire s’en tenir à un des deux sakés. Je n’explique pas ; les règles sont ici, mais, comme souvent, il vaut mieux apprendre sur le tas, avec quelqu’un pour vous initier.
Venons-en donc à cette fameuse partie que je viens de remporter. Pour expliquer un peu son caractère assez exceptionnel, il faut savoir qu’une partie se joue en trois manches et qu’il faut, pour l’emporter, atteindre 60 points ; chaque joueur commence avec 30 points ; pour une manche donnée, le vaincu se voit retirer un nombre de points égal au compte du vainqueur. Il n’est pas si rare que cela qu’un joueur particulièrement chanceux ou habile marque 30 points, voire davantage, dès la première manche, et mette ainsi fin à la partie sans avoir besoin des deux manches supplémentaires : si on marque 30 points, le score est de 60 à 0. Ainsi donc, mon adversaire, Lena, que le tirage au sort avait désignée pour commencer à jouer (ce qui est généralement une véritable faveur : il est beaucoup plus difficile de gagner quand on n’est pas l’oya), atteint en premier une combinaison victorieuse, de 6 points, décide de faire koï-koï (c’est-à-dire que la mise est doublée), ajoute encore 1 point (avec les fleurs, je crois), refait koï-koï, remarque 2 points supplémentaires, de sorte que ses 9 points triplés lui assurent un score de 27 ; il reste deux cartes à jouer mais elle se méfie quand même et décide d’arrêter.
Nous attaquons la deuxième manche, elle toujours comme oya, et moi dans une très mauvaise posture, vu que je ne crois pas avoir jamais gagné en étant mené 57 à 3 après la première manche. Le jeu semble s’être inversé, mais pas d’une façon trop évidente car mon adversaire se saisit très vite de plusieurs cartes d’animaux ; doté du saké chrysanthème, je pioche très vite la carte lune de miscanthe, ce qui me permet de marquer 5 points ; au vu de mon retard, je n’ai guère le choix, car attaquer la troisième manche en étant mené 52 à 8 rendrait douteuse une victoire finale ; j’annonce donc koï-koï, poursuis donc et me retrouve très vite avec les quatre lumières dont l’homme au parapluie [Ame-Shiko, 雨四光)], ce qui, dans la version du jeu en ligne, compte 8 points. J’annonce stop et marque donc 26 points (8+5 multiplié par 2).
Avant la troisième manche, la situation est indécise car je suis certes oya, mais j’ai tout de même 2 points de retard (31 à 29 pour Lena). Toutefois, le rapport entre les cartes de la rivière et mon jeu s’avère très positif, car je réussis à accumuler, au bout de trois tours – comme on le voit sur la capture d’écran ci-dessus – les trois lumières (cerisier-grue-lune) ; ce sanko me suffisant à gagner, il serait idiot de risquer le coup en faisant koï-koï (j’ai vu deux ou trois des olibrius d’adversaires le faire, dont un au moins a perdu dans l’affaire alors qu’il avait partie gagnée), donc j’annonce stop et j’imagine la dénommée Lena hurler de rage ; à sa place, j’aurais été hyper énervé.
Afin de rassurer celleux d’entre vous qui s’inquièteraient pour ma santé (ou pour le temps que je perds à cette activité dérisoire (j’en perds beaucoup, cela dit)), j’ai mis vingt bonnes minutes à écrire ce billet, mais la partie elle-même n’en a pas duré cinq. En général, une partie en trois manches dure trois ou quatre minutes, sauf quand on tombe sur des adversaires qui mettent un temps infini à jouer chaque coup (la limite est de 60 secondes, mais normalement la réflexion nécessaire au vu des combinaisons est inférieure à dix secondes).
11:11 Publié dans 2025 | Lien permanent | Commentaires (0)
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