dimanche, 11 mai 2025
11052025 (la glottophobie, encore)
Quand j’utilise la fonction Dictée de Word en allemand, la transcription est globalement plus propre que lorsque je fais de même en anglais. Outre la possibilité que j’aie vraiment un accent pourri en anglais, il y a deux autres explications : a) je m’applique beaucoup plus quand je dicte en allemand (surtout avec des phrases comme „zwischen den Zeilen ihrer naiv-verfremdenden Darstellung dieser Beziehungen zeichnet sich unausgesprochen die Erinnerung an den Kolonialismus ab“ (!)) ; b) mon accent anglais est beaucoup moins scolaire que mon accent allemand, et donc plus déroutant pour la machine.
Pour prolonger sur le point ci-dessus, il est à noter que, quel que soit l’outil de dictée que j’utilise (sur smartphone ou sur ordinateur), la transcription française se trompe encore régulièrement sur les sons /ɛ/ et /ɛː/, a priori absents de mon français oral (gascon), et qui se trouvent retranscrits "é" ou "er", malgré mes efforts pour essayer de faire des "é" ouverts (comme on dit). Je ne dis pas qu’il n’y a pas de variations régionales accentuelles en allemand (il y en a) ; je dis simplement que mon allemand très fruste est adapté à la norme retenue par le logiciel.
Pour moi comme pour de nombreuxses locuteurices dont le français est la langue maternelle, les sons /ɛ/ et /ɛː/ n’existent pas. Ils n’existent pas, au sens où nous les prononçons /e/. J’aurais plusieurs anecdotes à ce sujet, dont celle de mon épouse (landaise comme moi) se trouvant à enseigner à Beauvais pour son premier poste de professeure agrégée de lettres, et se retrouvant face à des élèves totalement déroutés par sa prononciation et incapables de ne pas écrire « il aller au marché de beau vé » quand elle avait clairement (clairement, pour elle) dicté « Il allait au marché de Beauvais ». L’année précédente, pour son stage à Bordeaux, ce problème ne s’était absolument pas posé. — À l’inverse, vieille rengaine que les habitué·es de ce blog connaissent, nous Gascon·nes respectons la différence entre /ɛ̃/ (un brin d’herbe) et /œ̃/ (un ours brun), différence que ne font pas (au sens où iels sont incapables même de l’entendre quand on la leur fait entendre) plus de la moitié des francophones de France, en particulier celleux des régions oïl.
Quand j’étais élève en classe prépa littéraire, mon professeur de français (entièrement conscient que le conseil qu’il me donnait relevait du simple bon sens pratique et qui savait que ces discriminations langagières étaient cela justement, des discriminations) m’avait recommandé d’apprendre à prononcer les mots contenant le son /o/ comme il se doit selon la norme jacobine, et non avec des /ɔ/. En effet, il savait que si j’étais interrogé à l’oral de Normale Sup’ sur Mignonne, allons voir si la rose, ma prononciation de "rose" (/rɔz/ et non /roz/) ne me vaudrait plus, comme encore pas si longtemps auparavant, moqueries et disqualification, mais que cela risquait de focaliser l’attention du jury, alors distrait de mes propos, la musique chassant en quelque sorte le sens. Or, qui peut dire quel effet une telle distraction du jury peut avoir sur la note ? Par parenthèse, la glottophobie et la normativité langagière, notamment dans le milieu de l’enseignement, restent globalement impensées, donc perpétuées.
19:19 Publié dans 2025 | Lien permanent | Commentaires (0)
samedi, 10 mai 2025
10052025 (Affectio : “Fais ta part”)
Ce matin, j'ai enfin enregistré ma vidéo de la lecture du poème d'Affectio Societatis (Koffi Agbenoxevi Godwin), poète togolais embastillé à cause de ce poème même.
J'ai aussi achevé aujourd'hui ma traduction du poème en anglais (avec un coup d'œil complice et bienvenu d'Alex Dickow et Seb Doubinsky).
Le poème en version bilingue et en PDF est téléchargeable ici.
14:42 Publié dans 2025, Affres extatiques, Indignations, Translatology Snippets | Lien permanent | Commentaires (0)
vendredi, 09 mai 2025
09052025
Il n’aura échappé à personne que je travaille notamment, ces temps-ci, sur Ama Ata Aidoo, écrivaine que je lis depuis trente ans mais dont je n’avais jamais pris le temps d’éplucher la bibliographie. Beaucoup de livres sont épuisés, difficilement trouvables, même avec le Prêt Entre Bibliothèques, même avec les sites de téléchargement pirates.
Ce matin j’ai donné une communication sur le plurilinguisme et le rôle de la langue allemande dans Our Sister Killjoy. Pour peaufiner certains aspects de mon travail — tout à fait inutilement pour la communication elle-même, vu que le texte faisait déjà 4.500 mots et que j’ai dû en sabrer plus du tiers — j’ai découvert un recueil de poèmes publié en 1985 par les éditions The College Press à Harare, mais dont Helen Yitah, par exemple (dans un texte publié après la mort d’Aidoo dans le n° 66.4 de l’African Studies Review), semble sous-entendre que certains poèmes ont pu être écrits dès les années 1960. Ce recueil s’intitule Someone Talking to Sometime, un titre très Gertrude Stein ; il serait intéressant de chercher par quelles synergies une écrivaine ghanéenne déjà réputée aux Etats-Unis s’est retrouvée publiée dans le jeune Zimbabwe.
En lisant quelques poèmes du recueil, j’ai été frappé par un passage du tout premier poème, qui s’intitule “Of Love and Commitment – for Omafumi”, et dans lequel Aidoo évoque Malcolm X et Stokely Carmichael. Vu ce qu’elle écrit plus loin, il est évident que le poème a été écrit au début des années 1980.
J’ai donc lu ce poème la semaine même où j’ai fini de lire l’essai si riche et si concis d’Elara Bertho sur les années guinéennes de Miriam Makeba et Stokely Carmichael. Il ne saurait y avoir de hasard. Il faut traduire ces poèmes d’Aidoo, il faut les faire connaître.
15:41 Publié dans 2025, Affres extatiques, WAW | Lien permanent | Commentaires (0)
jeudi, 08 mai 2025
08052025 (le troisième génocide)
Le 13 octobre 2023, Raz Segal écrivait ce texte que tout est venu confirmer depuis 18 mois. Ce qui se passe dans l’indifférence publique et l’inaction des gouvernements du monde dit "occidental", c’est un génocide.
Israel’s campaign to displace Gazans—and potentially expel them altogether into Egypt—is yet another chapter in the Nakba, in which an estimated 750,000 Palestinians were driven from their homes during the 1948 war that led to the creation of the State of Israel. But the assault on Gaza can also be understood in other terms: as a textbook case of genocide unfolding in front of our eyes. I say this as a scholar of genocide, who has spent many years writing about Israeli mass violence against Palestinians.
Macron déclare sobrement que la situation à Gaza, soumise à un blocus de la faim depuis 55 jours, est « de plus en plus critique ». Après 1940 et 1994, la France est complice d’un nouveau génocide.
08:48 Publié dans 2025 | Lien permanent | Commentaires (0)
mercredi, 07 mai 2025
07052025 (comment peut-on encore être carnivore ?)
Il y a, dans ce recueil de chroniques de Joseph Roth traduit par Stéphane Pesnel, un texte de 1923 (1923 !) qui s’intitule “Visite aux abattoirs de Sankt Marx” et qu’il devrait être impossible de lire sans être triplement horrifié : par ce qui y est décrit, par le ton, et par les analogies évidentes avec les génocides humains et la rhétorique génocidaire.
Une phrase : « Il règne une odeur de sang coagulé, depuis quatre-vingts ans le sang coule ici, pour le bien de l’humanité. »
Une autre phrase : « Ils avaient derrière eux bien des journées de voyage, des journées passées à l’intérieur de wagons exigus et sombres, dans lesquels, effrayés par le bruit inconnu des roues des wagons, ils frottaient craintivement leur corps les uns contre les autres. »
Et la dernière phrase, que je donne en allemand : „Die Rinder tötet man, die Kaninchen läßt man leben, und der Mensch bleibt ein schlachtender Herr der Schöpfung – Sinn und Zweck alles tierischen Lebens.“
08:43 Publié dans 2025, Lect(o)ures | Lien permanent | Commentaires (0)
mardi, 06 mai 2025
06052025 (un début de réflexion sur deux traductions de Fanon)
Il y a toujours ce moment particulier, quand on prépare une communication ou un article – et là je suis en plein dans la préparation du diaporama, dont je vais me servir pour structurer ensuite le discours – où un aspect totalement secondaire conduit à des découvertes assez faramineuses, et qui nécessiteraient à elles seules un article, qu’on n’écrira jamais. Ce matin, l’article que je n’écrirai jamais, peut-être pare que d’autres s’en sont déjà chargés, est relatif à la traduction du début du chapitre 5 de Peau noire, masques blancs. Vu combien tant de spécialistes et de non-spécialistes n’ont que Fanon à la bouche (et à raison : en fait, on le cite trop et on ne le lit pas assez), cet article doit déjà exister.
De quoi s’agit-il ?
Pour moi, ces pages sont parmi les plus importantes de l’œuvre de Fanon (et de lui il faut lire ce livre en là en particulier, pas particulièrement Les Damnés de la terre, beaucoup plus rhétorique et parfois ampoulé), et quand je les cite en séminaire je discute toujours cette analyse de Fanon de pair avec la double consciousness de W.E.B. DuBois. En un sens, et sur ce point, je trouve que Fanon va plus loin, plus profond que Du Bois.
Là n’est pas le propos. La question, ce matin, était de trouver, pour l’atelier dans lequel je fais une communication sur Our Sister Killjoy vendredi, une traduction de ce passage, car l’auditoire sera principalement non francophone. Je n’ai trouvé que deux traductions, la première de Charles Lam Markmann (1967), dont même l’article de la WP anglophone consacré à Fanon signale qu’elle efface la dimension phénoménologique du chapitre, et la seconde de Richard Philcox (2008) ; Philcox, qui fut l’époux et le traducteur de Maryse Condé, est aussi renommé pour cette traduction du grand classique de Fanon.
Ce qui m’intéresse ici, bien sûr, c’est le n*-word, et ses traductions. Quand on enseigne les littératures africaines, et davantage la culture afro-américaine, on doit toujours insister sur le fait que l’anglais a trois mots : Black, Negro et le n*-word, qui n’est plus utilisé, par renversement rhétorique, que par les rappeurs noirs. Le mot Negro était, jusque dans les années 1970, totalement neutre, et revendiqué même par les intellectuels afro-américains depuis la Harlem Renaissance. Il convient de le traduire, comme Black, par « Noir » ; on n’a pas le choix. En effet, en français, il n’y a que deux termes : le mot noir/Noir et l’injure raciste, le n*-word français. Ce second terme, évidemment racialisant puis raciste, a certes été employé, en parallèle, par des noirs eux-mêmes, Antillais ou Africains, dans une tentative de le déracialiser, ou, en tout cas, de le sortir du champ discriminatoire (d’où la négritude). Aujourd’hui, à part Mbembe, personne ne tente plus cela.
Au début du chapitre 5, Fanon répète deux fois le n*-word français, en citant les propos entendus ; il s’ensuit une prise de conscience de la réduction à la couleur de peau par le biais du regard des Blancs, qui fait l’objet de l’impressionnante analyse qui suit. Pas de “neutralité” ici, ni d'usage positif du n*-word. Fanon insiste : le n*-word le réduit à l’état d’objet, le fixe (chimiquement) et le morcèle. C’est donc un mot réducteur et destructeur ; c’est le terme même de l’assignation raciale, et, partant, raciste. Pourquoi donc Philcox, après Markmann, choisit-il de moduler en évitant la répétition ? Pourquoi la deuxième interjection, qui a de fait l’apparence d’une plus grande neutralité (« Tiens… »), ne conserve-t-elle pas la répétition du terme stigmatisant ? Il est vrai que de nos jours – et en 2008, quand Philcox publie sa traduction, c’était déjà le cas – le terme Negro était devenu obsolète, mais pourquoi varier quand Fanon enfonce le clou ? Faut-il, dans le champ anglophone (et dans la situation très spécifique des identités afro-américaines), enfoncer le clou et assimiler le n*-word et le terme Negro, en passant par pertes et profits toute une littérature qui a inscrit ce second terme dans une réflexion approfondie, et en réaction contre le n*-word ?
(Je n’ai pas le temps de poursuivre l’analyse, mais les documents sont sous vos yeux : notamment, je trouve le choix du présent simple par Philcox très discutable. Ce n’est pas parce que c’est une retraduction, fût-ce par l’époux de Maryse Condé, que c’est forcément meilleur.)
08:14 Publié dans 2025, Translatology Snippets, WAW | Lien permanent | Commentaires (0)
lundi, 05 mai 2025
05052025
Dix émissions déjà.
Celle de ce matin a été diffusée à l’horaire habituel (9 h 30 désormais) mais elle avait été enregistrée le 25 avril. Maintenant, je saurai que je peux faire cela, que j’en suis capable.
L’émission de ce matin était la première dans laquelle je n’avais pas seulement un·e invité·e, et cela implique un autre fonctionnement dans la circulation de la parole. Les 12 et 19 mai, de même, il y aura plusieurs invitées, des étudiantes de deux filières différentes.
Cela compte énormément pour moi, que l’émission ouvre une fenêtre sur des missions et des métiers au sein de l’université. Tout le monde va tellement mal, à l’Université, que c’est important d’avoir des moments comme ceux-là, où on construit ensemble, où on s’écoute, où on fait découvrir d’autres aspects de nos métiers.
16:03 Publié dans 2025, ILMC | Lien permanent | Commentaires (0)
dimanche, 04 mai 2025
04052025
Rafraîchissement net, petite pluie fine par intermittences, et ce juste le jour où, traînant au lit le matin, je lisais Péquenaude de Juliette Rousseau. (Car cela résonne.)
Ce matin, diverses tâches ménagères, mais toute l’après-midi : lectures, lectures, lectures.
12:00 Publié dans 2025 | Lien permanent | Commentaires (0)
samedi, 03 mai 2025
03052025
Nous avons passé deux jours (en fait, en excluant l’aller-retour en voiture, à peine plus de 24 heures) à Rochefort. Nous voulions voir A* et sa compagne F*, ainsi que l’appartement dans lequel ils se sont installés il y a deux semaines, presque en urgence, suite au recrutement d’A* sur un premier emploi, à Rochefort même. Il va au travail à pied, une dizaine de minutes à peine.
L’appartement est très bien, vraiment spacieux pour un T2, et fonctionnel. Claire et moi avons dormi dans la mezzanine, qui est de 1,70 m sous plafond au plus haut et donc ne doit pas être comptabilisée du tout dans les 63 m². Il y a une petite terrasse très jolie, qui donne sur les toits, le jardin de la propriétaire – avec un bel arum et un joli rosier grimpant jaune –, la cour de l’école qui doit fermer définitivement cet été, et le clocher de l’église. J’ai failli y oublier mon livre d’Ananda Devi.
Rochefort est, conformément à mon souvenir plus très récent, une très jolie ville, dont le centre et l’arsenal sont d’une belle unité très classique / néo-classique, avec la très marquante et reconnaissable Corderie Royale, où se trouve – cela, je ne le savais pas – une riche librairie spécialisée dans tout ce qui a trait à la mer et à l’océan (d’où la présence du livre de Charmian et Jack London traduit par Fanny Quément) et à la région (d’où un ouvrage, qui m’a un peu fait de l’œil – mais j’ai réussi à ne rien acheter –, sur l’histoire esclavagiste de l’Aunis et de la Saintonge). Nous avons pu entendre vendredi soir, et même apercevoir, dans le square situé non loin de la Poste, un petit-duc scops. Chant étrange, pour un hibou, et discrète créature.
Aujourd’hui, nous nous sommes promenés autour de la station de lagunage et en-dessous du pont transbordeur, par une chaleur quasiment estivale (premiers coups de soleil). Grâce à F*nous avons pu observer un hypolaïs polyglotte, aux jumelles, dans un arbuste puis dans une haie de roseaux.
22:00 Publié dans 2025, Hors Touraine | Lien permanent | Commentaires (0)
vendredi, 02 mai 2025
02052025
5 h 30
À la faveur d’un réveil très matinal, je me suis enfin décidé à mettre à jour les deux répertoires, le plus long étant celui des livres lus : si j’abandonne en avril, c’est minable. Il manque trois ou quatre livres de poésie et au moins deux ouvrages graphiques, qui n’auront pas exactement le bon n° d’ordre et que j’ajouterai plus tard, mais cela n’est pas très grave.
Hier, en manifestant avec É***, je lui ai annoncé qu’un nouveau livre de Danielewski était censé paraître à la fin de l’année, et je lui ai parlé de The Familiar, dont seulement 5 volumes sur 27 ont été publiés – et je me suis arrêté, il y a quelques années, au milieu (ou à la fin ?) du volume 3 ; il faudra tout reprendre depuis le début, et ce ne sont pas des fascicules.
05:49 Publié dans 2025 | Lien permanent | Commentaires (0)
jeudi, 01 mai 2025
01052025
Belle manifestation, qui m’a au moins permis de discuter avec quelques personnes pas vues depuis un petit moment, dont mon ancienne étudiante A°°°, de nouveau surveillante au lycée Vaucanson et qui sera bientôt officiellement traductrice freelance.
Après-midi à lire et glandouiller sur la terrasse.
Soir : vu le documentaire Cantat, de rockstar à tueur, qui est édifiant, minutieux, et absolument implacable pour toustes celleux qui n’ont pas voulu voir. Les différents témoignages des gens qui ont minimisé sont encore plus accablants au regard de ceux de Lio et de Richard Kolinka, qui montrent que tout était là, toute la machination méprisante de l’assassin, et que tout a été dit clairement, par Lio notamment, dès 2004. Cantat n’a pas « payé sa dette » vu qu’il a menti et que ses proches ont menti tout du long, à commencer par Krisztina Rady qui a payé ce mensonge de sa vie en étant poussée au suicide par Cantat.
21:30 Publié dans 2025, Moments de Tours | Lien permanent | Commentaires (0)
mercredi, 30 avril 2025
30042025 (dire l'islamophobie)
Vendredi, un lycéen néonazi a poignardé plusieurs camarades, dont une est morte.
Vendredi également, un militant identitaire français a assassiné, de soixante coups de couteau, un musulman, Aboubakar Cissé, dans une mosquée du Gard.
Lundi à Poissy, une femme de 26 ans a été violemment agressée en pleine rue, avec son bébé : son agresseur lui a arraché son voile, griffé le cou, puis versé un liquide sur les cheveux avant de prendre la fuite.
De même, lundi, il y a eu une agression islamophobe similaire à Joué-lès-Tours ; je l’ai appris aujourd’hui en marge du rassemblement de 18 h, place Jean-Jaurès.
Ces crimes islamophobes sont systématiquement encouragés par l'Etat et par toutes les figures politiques qui font des musulmans les ennemis de la nation française. Ces crimes ont un nom : islamophobie. Il est temps d'en finir avec le déni, et plus encore avec l'incitation généralisée à la haine des musulmans. Il est temps de dissoudre les ligues d'extrême-droite et de condamner systématiquement les discours incendiaires, notamment mais pas seulement des partis d'extrême-droite.
19:50 Publié dans 2025, Chèvre, aucun risque, Indignations, Mots sans lacune | Lien permanent | Commentaires (0)
mardi, 29 avril 2025
29042025
J’ai terminé mon article pour la revue Éthiopiques ; Elvire a gentiment accepté de le relire avant que je l’envoie, et je sais que son regard sera précieux.
Nous avons mis en ligne aujourd’hui le podcast de notre émission d’hier, De l’allemand et du polonais au turc et au farsi : vivre dans les langues. Il y a des moments où ça partait un peu « dans les tours » mais le sujet était si riche… En la réécoutant, Elvire m’a fait remarquer que la deuxième moitié est meilleure car elle était moins stressée et aussi parce que je lui ai posé plus de questions, ou, plus exactement, parce que je l’ai davantage interrompue. C’est compliqué, car je veux justement faire une émission dans laquelle les invité·es ont le temps de s’exprimer, sans que je coupe ou relance sains arrêt ; mais il faut bien dire que quand quelqu’un parle plus de trois minutes au micro, quelqu’un qui écoute finit par « lâcher ».
Par ailleurs, l’émission enregistrée vendredi dernier sera diffusée lundi prochain à 9 h 30. C’est la première fois que j’enregistre en amont, alors que le principe est plutôt de faire un live.
17:08 Publié dans 2025, ILMC | Lien permanent | Commentaires (0)
lundi, 28 avril 2025
28042025 (le lycée, une expérience paranormale)
Ce matin, juste après le départ de C*, à vélo, pour son lycée, je remonte et constate qu’elle a oublié son téléphone portable dans la chambre. Je file immédiatement au lycée, en voiture, et j’y arrive 3 ou 4 minutes plus tard (et entre comme dans un moulin). Ne voyant pas son vélo au portique où il me semble qu’elle l’accroche, je demande à une de ses collègues s’il y a un autre endroit pour accrocher les vélos ; réponse embourbée. Une autre collègue s’approche :
– Oui, je suis le mari de Mme T*** et je viens lui rapporter son portable, qu’elle a oublié chez nous.
– Ah, d’accord… Hmm, vous êtes sûr que c’est bien ici ? Car il n’y a personne de ce nom-là dans ce lycée.
Double remarque avant de poursuivre mon récit factuel. — Mon épouse enseigne dans ce lycée depuis 22 ans. Par ailleurs, à quel moment dit-on à un gonze qui se trouve sur un parking en expliquant parfaitement qu’il sait ce qu’il fait là qu’il doit se tromper de lycée comme s’il s’agissait d’un faux numéro de téléphone ??!?
Je me rends à la salle des professeurs, où je ne reconnais aucun visage connu (je ne connais pas beaucoup de collègues de C*), puis je fais le tour du lycée, reviens au portique à vélos, où je vois le vélo de C* ; me disant qu’elle a dû repasser à la maison (j’aurais mieux fait de ne pas bouger, soit dit en passant), je décide alors d’aller la chercher à la salle des profs (toujours rien). Puis je m’enquiers auprès de la concierge, qui, après m’avoir fait attendre, me fait signe d’entrer dans la loge et, après que je lui ai dit en deux mots la raison de ma venue me répond qu’il faut que j’attende car les élèves ne sont pas arrivés. Trouvant cette réponse étrange, je lui réexplique qui je suis et quelle est ma requête. « Ah pardon, vous êtes Monsieur T*… ! Pardonnez-moi, je vous ai pris pour le monsieur des montgolfières. Allez demander à la vie scolaire. »
(Le Monsieur des Montgolfières : j'hésite à prendre ce nouveau pseudo sur les réseaux sociaux.)
À la vie scolaire, je constate qu’une des deux surveillantes boit son café dans une mug qui nous appartient et qui avait disparu depuis longtemps du casier de C*. Peu importe. Je demande dans quelle salle je peux la trouver, je réussis à retrouver la salle E204 dans le dédale et en me frayant un chemin parmi les défilés de lycéens presque tous zombifiés et yeux rivés sur leur portable d’une manière que j’ai rarement vue chez nos étudiant·es (pourtant âgé·es d’à peine 2 ou 3 ans de plus) ?
17:20 Publié dans 2025, Moments de Tours | Lien permanent | Commentaires (1)
dimanche, 27 avril 2025
27042025
J’ai écrit 23.000 signes et ne commence qu’à peine l’analyse comparative d’un extrait précis (le chapitre III de la première partie). Malgré l’arrivée imminente d’Elvire, qui va rester quelques jours, j’espère avoir terminé dans les temps (mercredi).
Autrement dit, je pourrais écrire un article (ou un chapitre d’ouvrage) par semaine, étant donné l’abondant matériau dont je dispose ; pour celui-ci, j’ai déjà laissé de côté tout l’aspect de critique génétique, la discussion de la référence intertextuelle à Achebe, et tant d’autres choses que j’avais commencé à noter dans ces fichiers.
Je n’ai pas encore reporté ici – le temps manque pour tout – les pistes notées dans le carnet à Princeton, mais il y aurait aussi quelque chose de global à écrire sur les textes (africains) qui, comme Mont-Plaisant mais pas du fait de leur auteur·ice, n’ont été publiés, rendus disponibles, qu’en traduction, mais en allotraduction, pas en autotraduction : les deux romans de Darko, bien sûr, mais aussi le roman de Mahjoub Nubian Indigo.
13:50 Publié dans 2025, Affres extatiques, WAW | Lien permanent | Commentaires (0)
samedi, 26 avril 2025
26042025
Il m’est devenu difficile de parler d’autre chose, dans ces carnets, que de mon travail, ou – plus ponctuellement – des sujets politiques qui m’indignent et/ou qui m’angoissent. C’est un peu dommage car ce n’était pas l’esprit de ce blog, dans les premières années : l’idée était vraiment d’un fourre-tout. Comme je vais fêter bientôt les vingt ans de ce blog, et comme d’autre part il y a peu de lecteur·ices (des happy few tout de même), je me console en me disant que cette évolution récente est normale, vu qu’avec mon semestre de congé sabbatique je me suis « rebranché » et même re-obsédé sur la recherche, et aussi que publier chaque jour, comme j’ai réussi à m’y astreindre de nouveau depuis le 1er janvier, c’est en soi mieux que rien.
16:48 Publié dans 2025 | Lien permanent | Commentaires (0)
vendredi, 25 avril 2025
25042025 (Coups de couteau mortels et terrorisme néonazi)
« Il se revendiquait de l’idéologie des nazis, d’Hitler, etc. Et d’autres, il parlait de révolution, mais en fait, il disait ça sur le ton de la rigolade pour faire rire la galerie parce que peut-être c’est rigolo pour des jeunes de 15 ans. Et c’est tout quoi. Sur le groupe qu’on avait sur Snapchat, il nous envoyait beaucoup de vidéos d’explications des extrémistes ou de politiques, des nazis et tout ça. Et nous, on rigolait, du coup, au bout d’un moment, ça commençait à faire trop et moi je me rendais compte que c’est bizarre qu’il nous envoie plein de vidéos comme ça. »
Voici, accolés, les témoignages de deux camarades du lycéen qui en a poignardé quatre autres hier, à Nantes.
Ainsi, dans un établissement privé, un élève peut faire l’apologie du nazisme de façon répétée auprès de ses camarades sans que ça ne les choque vraiment (ou en tout cas, il a fallu le temps – trop de temps, hélas). Au passage, on voit dans quel milieu politique baignent les "recrues" de l’enseignement privé. Si un élève s’était présenté dans ce lycée avec un keffieh ou un t-shirt Free Palestine, il est certain qu’il aurait été immédiatement sanctionné par l’établissement et signalé au parquet antiterroriste.
Mais bon voilà, dans un établissement privé, un lycéen qui partage des dizaines de vidéos nazies, c’est « rigolo ». Jusqu’au jour il en poignarde quatre autres. Là, ce n’est plus rigolo du tout.
C’est la tragédie de notre pays : on refuse de voir (et de nommer) le vrai terrorisme, le vrai séparatisme, celui de l’extrême-droite, notamment christofasciste, de De Villiers à Retailleau en passant par tous les mafieux multicondamnés du RN.
08:38 Publié dans 2025, Indignations | Lien permanent | Commentaires (0)
jeudi, 24 avril 2025
24042025
Si je comprends bien (mais rien n’est moins sûr) le relevé de compte de 2024 envoyé par l’éditeur, il ne resterait que 654 exemplaires de Noires origines en stock (vendus sous réserve de retours : 3158), et les droits seraient achetés par LGF, d’où une édition à suivre en Livre de Poche ?
Par ailleurs, je me désole des 50 « pilons sur retours client » ; je suis certain que ces exemplaires, en pas si mauvais état que ça, auraient pu être donnés à des C.D.I. de lycée, par exemple. On m’a indiqué, par boutade quand même, qu’un exemplaire en C.D.I. revenait plus au moins au même que le pilon : je n’ignore pas que très peu de lycéen·nes lisent en effet, mais je sais aussi que beaucoup d’adolescent·es, notamment racisé·es, cherchent des livres comme celui-ci, qui permet de redonner une vraie profondeur historique et culturelle, et qui permet de dépasser les discours de surface, et eurocentrés, comme de bien entendu.
Illustration : post FB du 14/02/2024. Je ne savais pas alors que Calmann-Lévy accepterait mon titre, Noires origines. Comme quoi, c'est possible, et ça n'empêche pas le livre de se vendre. Et je rappelle que ce titre, je l’avais justement soumis, par ce post FB, au laboratoire collectif qu’est le réseau social.
13:00 Publié dans 2025 | Lien permanent | Commentaires (0)
24042025
Si je comprends bien (mais rien n’est moins sûr) le relevé de compte de 2024 envoyé par l’éditeur, il ne resterait que 654 exemplaires de Noires origines en stock (vendus sous réserve de retours : 3158), et les droits seraient achetés par LGF, d’où une édition à suivre en Livre de Poche ?
Par ailleurs, je me désole des 50 « pilons sur retours client » ; je suis certain que ces exemplaires, en pas si mauvais état que ça, auraient pu être donnés à des C.D.I. de lycée, par exemple. On m’a indiqué, par boutade quand même, qu’un exemplaire en C.D.I. revenait plus au moins au même que le pilon : je n’ignore pas que très peu de lycéen·nes lisent en effet, mais je sais aussi que beaucoup d’adolescent·es, notamment racisé·es, cherchent des livres comme celui-ci, qui permet de redonner une vraie profondeur historique et culturelle, et qui permet de dépasser les discours de surface, et eurocentrés, comme de bien entendu.
Illustration : post FB du 14/02/2024. Je ne savais pas alors que Calmann-Lévy accepterait mon titre, Noires origines. Comme quoi, c'est possible, et ça n'empêche pas le livre de se vendre. Et je rappelle que ce titre, je l’avais justement soumis, par ce post FB, au laboratoire collectif qu’est le réseau social.
13:00 Publié dans 2025, Chèvre, aucun risque | Lien permanent | Commentaires (0)
mercredi, 23 avril 2025
23042025
Hier, on a appris la mort du grand philosophe et écrivain V. Y. Mudimbe. Je l’ai découvert pendant mon doctorat, bien entendu, mais j’avais surtout lu ses romans (Entre les eaux, L'Écart) ; plus tard, bien plus tard, j’ai un peu butiné dans ses essais, alors qu’il est impossible de pratiquer ainsi avec lui. Depuis que Laurent Vannini a traduit son opus magnum (The Invention of Africa, 1988 — L’Invention de l’Afrique, 2021), je m’étais promis de le lire en entier. Il se trouve que j’avais travaillé l’après-midi même sur une page d’Ama Ata Aidoo qui ferait écho aux principales théories du Congolais (le texte d’Aidoo lui est antérieur). Il n’est jamais trop tard : bien que j’aie mille autres lectures sur le feu, je lirai, en 2025, L’Invention de l’Afrique.
Voici le début du chapitre III de L’Écart, que je viens d’aller chercher sur mes étagères :
Mes notes s’accumulaient. De véritables caresses. Une excitation. J’eus, des heures durant, la nette impression d’être à l’intérieur d’un feu. Il m’était doux. Un corps. Il me nourrissait. Sa force coulait en moi. Ma communion avec lui était profonde. Des idées me venaient, ma main les prenait en charge et elles s’inscrivaient, comme d’elles-mêmes, sur mes fiches.
Ce n’est pas (plus) souvent que cela m’arrive.
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Il faudrait, au retour d’un voyage comme celui que nous venons de faire sur la côte est des États-Unis (et encore, nous avons à peine vu ce qu’on appelle habituellement « la côte est »), pouvoir prendre quelques jours pour faire le bilan, ou plutôt : écrire le bilan. Ce n’est pas le cas, hélas. Ça n’a jamais été le cas. Il y a toutefois, de loin en loin, dans ces carnets, des pages écrites sur le vif, ou un peu plus tard, et qui font office.
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Depuis l’émission enregistrée avant-hier avec Claire au sujet des littératures autochtones du Canada, je me suis aperçu que je m’étais trompé systématiquement, à l’oral comme à l’écrit, en appelant inuktikut (avec deux t et deux k) la langue inuite qui se nomme en fait l’inuktitut (avec un k et trois t) ; dans mon arrogance, ou dans mon habitude de voir les noms d’auteur·ices et de lieux dont je parle ne pas être reconnus par le logiciel, je n’ai pas pensé que le soulignement en rouge par le correcteur orthographique attirait vraiment mon attention sur une bévue. L’erreur est corrigée sur la page Web ; pour ce qui est de l’archive sonore, elle conserve la trace de mon entêtement à dire n’importe quoi. Tant pis.
De façon plus intéressante, ma collègue Maud Michaud, de l’université du Mans, m’a indiqué une vidéo passionnante dans laquelle Amaury Levillayer présente son travail d’éditeur et un certain nombre des textes dont nous avons aussi parlé lundi. Cette intervention récente a eu lieu à l’occasion des 35e Carrefours de la Pensée, en mars 2022, au Mans.
15:12 Publié dans 2025, Affres extatiques, ILMC | Lien permanent | Commentaires (0)
mardi, 22 avril 2025
22042025
J’ai passé presque toute la journée à travailler, une fois encore, sur Our Sister Killjoy, avec deux objectifs en tête : la discussion avec « ma » co-traductrice, imminente ; l’intervention lors du “workshop” NEOLAiA organisé par une collègue chypriote le 9 mai (hélas, ce sera en distanciel).
Toujours me frappe, en lisant, en relisant ce livre, à quel point il n’a pas du tout vieilli, au fond, et combien la façon dont Aidoo articulait son analyse (et la mise en récit) des problématiques post-coloniales reste tout à fait pertinente quarante ans plus tard, sur la masculinité, sur l’universalisme de pacotille, sur les prétextes des afrodescendant·es de la diaspora à ne pas rentrer « chez eux » (mais où est-ce ?).
Il faudrait vraiment avoir le temps de relire ce livre en parallèle de Peaux noires, masques blancs : elle ne le cite jamais, et les allusions possibles ne sont pas absolument évidentes.
Mon exemplaire, acheté en 1995 à Oxford, tombe plus que jamais en lambeaux.
18:02 Publié dans 2025, Affres extatiques | Lien permanent | Commentaires (0)
lundi, 21 avril 2025
21042025
Quand Donald Trump, qui n’était pas à cette époque-là une figure politique au sens classique du terme, s’est fait le principal relais de la théorie conspirationniste selon laquelle Barack Obama n’était pas né sur le sol états-unien et donc ne pouvait pas être candidat à la présidence, beaucoup ricanèrent, pensant (à juste titre) que la Constitution, les tribunaux et, tout simplement, la vérité suffiraient à contrer ces allégations délirantes et fascistes. Et puis Trump était un guignol, qu’il ne fallait pas prendre au sérieux ; on a vu où ça a conduit, d’abord avec les primaires républicaines en 2016, puis avec l’élection, puis avec le fantasme que « Trump, même président, n’aurait jamais la mainmise sur le Grand Old Party ».
Foutaises et euphémisations qui ont empêché la lutte antifasciste, ou réduit son angle d’attaque. D’ailleurs, il aurait fallu que les vrais démocrates américains se mettent en ordre de bataille antifasciste dès Sarah Palin et son Tea Party : le fascisme était déjà là, il y a vingt ans, et même avant, sans doute.
Pendant tout son premier mandat, Trump, ne disposant pas des pleins pouvoirs, a fait tout ce qu’il a pu pour continuer d’avancer les pions de son idéologie fasciste, avec la notion de “post-truth” (post-vérité) pour maître mot. Et désormais, on voit le plein aboutissement de la théorie du complot dite “birther”, qui a marqué l’entrée de Trump en politique : par-delà les révocations de visas, ou l’accord avec le Salvador (qui sont déjà des atteintes aux droits fondamentaux et à la Constitution américaine), des citoyen·nes né·es aux Etats-Unis se voient signifier l’expulsion du territoire.
Et qu’on ne me dise pas que le régime fasciste états-unien sera affaibli par la chute du dollar, l’inflation, l’incapacité de Trump devenu POTUS-47 à tenir ses promesses de campagne sur le plan géopolitique, ou encore par la façon dont l’ingérence autocratique de l’Etat fédéral dans le secteur privé (enseignement supérieur notamment) est en contradiction fondamentale avec la promesse de « défédéraliser ». La leçon de novembre 2024, c’est que même en ayant soutenu un mouvement dissident insurrectionnel, même en ayant menti effrontément sans jamais obtenir de réels résultats pour les classes populaires ou moyennes, même en étant sous le coup de x affaires judiciaires, Trump, à grandes lampées de désinformation et de campagnes publicitaires dignes de Midas (le roi richissime, pas le garagiste), a conquis le vote populaire en devenant majoritaire dans le pays. C’est le principe même du fanatisme : on adhère à ce que dit le gourou même, et surtout quand il se contredit.
Par ailleurs, j’observe que, même lorsque la résistance semble s’organiser — au vu des publications de féministes qui dénoncent les obstacles juridiques montés de toutes pièces pour empêcher le vote des femmes, ou des personnes LGBTQIA qui organisent leur déménagement dans un État “plus sûr” – elle reste fragmentaire, communautaire presque, tout sauf intersectionnelle, disons, et surtout incapable d’articuler la collusion entre pouvoir fasciste et puissance financière capitaliste : par exemple, dans les rassemblements Hands Off — limités pour l’instant au one-shot du 5 avril, ce qui en dit long — peu de pancartes en appelaient au boycott des soutiens financiers de Trump, pour ne rien dire de la réticence généralisée à dénoncer comme fasciste la politique du gouvernement fédéral. D’ailleurs, pour s’en tenir au slogan « hands off » lui-même (la meilleure traduction en serait pas touche), il euphémise et minimise la portée du véritable combat à mener. En d'autres termes, l'individualisme (qu'on le colore du concept clinquant de self-reliance ou pas), le consumérisme et enfin la conviction profonde que le système des checks and balances suffira toujours à contrer un gouvernement fasciste sont ce qui empêche toute forme de résistance : pour organiser la résistance contre le fascisme, il faudrait déjà savoir le nommer.
18:45 Publié dans 2025, Chèvre, aucun risque, Nathantipastoral (Z.) | Lien permanent | Commentaires (0)
dimanche, 20 avril 2025
20042025
Dès aujourd’hui je dois me remettre à mes chantiers et j’ai plusieurs « bricoles » – qui n’en sont pas tant que cela – à faire avant la fin du mois, dans dix jours donc. Il y a notamment un article et une recension, ainsi qu’une communication à préparer pour le workshop chypriote – en visio, hélas – du 9 mai. Il faut au moins aujourd’hui j’apure les vraies bricoles.
Hier, je suis passé à la librairie Les Temps sauvages, où j’ai notamment récupéré le nouveau livre de Marie Ndiaye, qui est entaché de plusieurs grosses coquilles, dont deux au moins ont sans doute été ajoutées par les relecteur·ices. À chaque fois, je me demande s’il ne faudrait pas écrire à l’éditeur pour le signaler, et puis, in fine, flemme, bien sûr. — Discussion intéressante, comme toujours, avec Nicolas, le libraire, même si j’étais pressé et ai dû écourter. J'ai aussi acheté le petit dernier des éditions Anamosa, “On ne peut plus rien dire” de Thomas Hochmann.
En fin d'après-midi, en cuisine, sur l'enceinte Bluetooth, la lecture aléatoire de YouTube m'a balancé, après Chaise longue du duo Wet Leg (un classique inusable et passablement earworm), plusieurs titres que je n'avais jamais écoutés et ne connaissais pas du tout, sans doute par analogie musicale, dont deux morceaux vraiment bien : Dancer des Idles et Heads Will Roll des Yeah Yeah Yeahs. [Maman, si tu lis ces lignes, ce ne sont pas des idées de cadeau en CD.]
Hier soir : IO de Jonathan Helpert, petit film post-apocalyptique. — Après, nous sommes « tombés » sur la fin de l’émission présentée par l’omniprésent gendre idéal, l’agaçantissime Cyril Féraud, 100% logique, où je me suis ridiculisé sur une question (au moins) mais ai trouvé la solution de l’énigme finale dans les 30 secondes imparties. Impression, quand même, que mon cerveau ramollit (plusieurs autres indices hier, mais c’était peut-être aussi le retour au banal quotidien).
05:34 Publié dans 2025, Moments de Tours | Lien permanent | Commentaires (1)
samedi, 19 avril 2025
19042025 (in memoriam Fatima Hassouna)
11:50 Publié dans 2025, Indignations | Lien permanent | Commentaires (0)
vendredi, 18 avril 2025
18042025 (Theft, d'Abdulrazak Gurnah)
J’ai profité du voyage retour pour finir de lire Theft d’Abdulrazak Gurnah. Il demeure le plus britannique des écrivains africains : ce qui l’intéresse, ce sont des situations complexes qu’il effleure à petites touches. Il parle de masturbation, mais à peine – de masculinité toxique, mais en douceur – du néocolonialisme des ONG, mais en passant – de stratégies environnementales, mais c’est presque un gimmick pour “moderniser” une trame qui est, par ailleurs, celle de ses grands romans des années 1990-2000. Même l’agentivité des jeunes femmes au tournant du siècle reste en permanence à la marge, avec quelques affleurements aussi brusques qu’isolés : « She did not want to seem malleable and obedient, without an opinion or volition, just another mute daughter laid out for deflowering. » (p. 141)
Et pourtant le charme opère, car il en revient toujours à ses thèmes de prédilection, au monde des petits commerçants, à la question des relations entre pères et fils, au silence et aux personnalités taciturnes, à la puberté dans le monde musulman si particulier (et si multiculturel) de Zanzibar.
La structure est intéressante, car la manière dont il introduit brusquement certains personnages, sans que le lien entre les différentes histoires ne soit évident, permet de s’intéresser à chacun de ces parcours de vie de façon presque autonome, comme s’il s’agissait de fragments nouvellistiques, en quelque sorte. (Il faut que je relise Paradise, presque en priorité : le programme d’agrégation externe a été publié il y a une semaine, et ce roman est, sans originalité, au programme de l’option A.)
Theft, donc. Et bien sûr, je ne peux pas m’empêcher de penser à la traductrice qui doit déjà à être à l’œuvre : comment va-t-elle tenter de convaincre la maison d’édition française (Denoël, qui n’en a rien à faire de Gurnah et n’en a acheté les droits que par principe, sans envie de le défendre) de choisir un titre qui rende compte de la polysémie du titre anglais ? Il s’agit du vol, des voleurs (avec le « péché » originel du père de Badar), mais aussi de la dissimulation, et peut-être de la confiscation coloniale. Un des personnages les plus ambigus reste Karim, dont on ne sait s’il a « hérité » de l’insouciance, c’est-à-dire au fond de l’égoïsme, de sa mère, ou s’il y a une sorte de résurgence des traumas de la petite enfance, vu que, sans s’en souvenir, il a été le témoin de violences conjugales très marquées.
08:42 Publié dans 2025, Lect(o)ures | Lien permanent | Commentaires (1)
jeudi, 17 avril 2025
17042025

07:50 Publié dans 2025, Autoportraiture | Lien permanent | Commentaires (0)