mercredi, 16 avril 2025
16042025
J’ignorais qu'un nouveau roman de Gurnah venait de paraître, et donc, en le voyant dans une librairie de Lower Manhattan, ni une ni deux, je l’achète et je commence à le lire.
(C’était hier.)
On sait (ou on prétend) que dans l’édition américaine, il y a normalement des dizaines de relecteurices, des allers-retours, qu’on soupèse chaque virgule, que l’éditeur et les ‘editors’ co-écrivent véritablement le livre.
Soit, granted.
Mais alors, dès la troisième page d’un roman ayant sur sa couverture le nom d'un récent Prix Nobel, on ne devrait pas lire une phrase aussi incohérente que celle-ci : « Raya's father was not blessed with a skill for making money, as his elder brother was, and he was generous with it. »
17:49 Publié dans 2025, Chèvre, aucun risque, Questions, parenthèses, omissions | Lien permanent | Commentaires (0)
mardi, 15 avril 2025
15052025
Beaucoup de visites et de promenades aujourd'hui, surtout dans Lower Manhattan (et retour de Brooklyn en métro).
Le point d'orgue demeure la visite de Ground Zero : ne sachant pas précisément ce qu'était le monument, j'ai été très ému, surtout car nous avons d'abord fait le tour, d'abord quasiment sidérés, du bassin nord (car le bassin sud est en travaux, et donc à sec). Je crois qu'il n'y a pas de façon plus métonymique et plus belle, plus terriblement émouvante, de représenter l'effondrement.
Et dont aucune photographie ne peut rendre compte.
18:10 Publié dans 2025, Hors Touraine, Nathantipastoral (Z.), Zestes photographiques | Lien permanent | Commentaires (0)
lundi, 14 avril 2025
14042025
Aujourd'hui, l'essentiel de la journée a été consacrée à la visite du MoMA.
Nous n'avions pas passé autant de temps dans un musée depuis la Reina Sofia à Madrid en 2011, presque dans une autre vie. À vrai dire, je ne m'en pensais plus capable.
Il suffit de doser, comme dirait O*. Et au bout du compte, nous y sommes restés sept heures.
De très nombreuses découvertes, dont l'extraordinaire (et extraordinairement mind-fucking) film de Christian Marclay, The Clock. S'il passe un jour en France, il faudra s'organiser pour aller le voir en entier (24 heures, certes...);
19:05 Publié dans 2025, BoozArtz, Hors Touraine | Lien permanent | Commentaires (0)
dimanche, 13 avril 2025
13042025 (NYC 2)
19:50 Publié dans 2025, Autoportraiture | Lien permanent | Commentaires (0)
samedi, 12 avril 2025
12042025 (NYC 1)
20:01 Publié dans 2025, Autoportraiture, Zestes photographiques | Lien permanent | Commentaires (0)
vendredi, 11 avril 2025
11042025
17 h
La pluie tombe, à verse, ou presque. Ce matin, je lisais Ada Limon, en butinant dans plusieurs recueils. Ce soir, face au jardin de chez N* et P*, je regarde un cardinal mâle et un Pic (dont l’espèce précise m’échappe toujours). L’eau s’écoule vivement, dans le ruisseau qui sépare la terrasse du jardin avec la table d’écriture jaune.
(C’est sur ce que P* nomme « le pont créatif » que N* nous a pris en photo il y a trois jours.)
On est tout près de New York, et aujourd’hui nous avons sillonné ces campagnes assez monotones, faiblement peuplées : un hangar imprécis révèle trois hommes souriants en train de mettre du vin rouge en bouteilles ; un fond de ferme s’avère être le lieu où près de dix artistes se sont partagés des studios (nous avons longuement discuté avec le photographe Richard Speedy de ses œuvres) ; à Lambertville, aussi, nous avons discuté avec un couple d’artistes, le peintre Siriom Singh étant le plus intéressant – mais sans jamais pouvoir me départir, en sillonnant ces routes, en traversant ces champs, de l’idée (et de l’image – forte) que c’était là le territoire des Lenape, qui ont été repoussés, éjectés, exterminés finalement, et aussi qu’y travaillaient des milliers d’esclaves noirs jusqu’à ce que les Blancs que l’on a ensuite fait passer pour des philanthropes ne prennent la frousse en imaginant que cette vaste communauté ne puisse se retourner contre ses maîtres et décident de les émigrer massivement vers les Etats du Sud.
C’est une trop longue phrase, mais c’est une trop lourde histoire, aussi. Le Delaware, très large, on l’a aperçu du pont, avant d’aborder quelques minutes en Pennsylvanie.
Les geais bleus criaillent joliment.
Dans cette contrée, même la monotonie est contrastée.
23:11 Publié dans 2025, Hors Touraine | Lien permanent | Commentaires (0)
jeudi, 10 avril 2025
10042025
19:12 Publié dans 2025, WAW | Lien permanent | Commentaires (1)
mercredi, 09 avril 2025
09042025
Hier, c’était l’anniversaire de Nnedi Okorafor et donc le premier anniversaire de ma conférence sur Lagoon à Durban, vu que j’avais commencé celle-ci, facétieusement, en signalant cette concomitance.
Hier, surtout, j’ai travaillé avec P*, puis avec ses manuscrits, ou plutôt dans l’armoire aux manuscrits, avant de rediscuter encore. Il s’avère qu’outre les riches documents et variantes qui vont nourrir mon travail sur l’autotraduction et la réécriture dans un contexte plurilingue (avec la triade français-anglais-allemand en ligne de mire ou en toile de fond), il y avait quelques inédits, de jeunesse surtout, et non des moindres.
Aujourd’hui, comme P* enseigne et n’est pas là de la journée, nous nous sommes promenés dans Princeton, par un froid glacial et sous un grand soleil. J’ai tout de même pu scanner encore quelques documents et prendre quelques notes. Il faudrait que je fasse un tableau de correspondance des chapitres de la 3e partie de MP-VO1, dans les différents tapuscrits, et de MP-VO2, histoire de pouvoir en discuter avec lui. Pas trop la force ce soir.
22:31 Publié dans 2025, Autoportraiture, Hors Touraine, WAW | Lien permanent | Commentaires (0)
mardi, 08 avril 2025
08042025
5 h 25, heure locale
Bien arrivés, hier, à Princeton, après un vol sans encombre et un contrôle de douane et d’immigration sans accident. Les trains aux Etats-Unis sont plus délabrés encore qu’on ne le raconte, mais avec une ambiance très chaleureuse, un contrôleur qu’on croirait sorti d’un film de Ken Loach (ou de Jarmusch si Jarmusch était moins misanthrope). La maison de P* et N* est splendide ; nous avons notre propre studio, avec salle de bains privative et vue sur le jardin, dans lequel nous avons déjà vu passer, le temps de nous installer, deux chevreuils et un écureuil. P* est rentré assez tard du travail (il a 2 h 45 de bagnole, dont le contournement de New York) ; N* est très cordiale, et leur fille, qui a seize ans et apprend le français depuis trois ans, aussi.
Aujourd’hui, on va un peu se mettre au travail, lui et moi. À suivre…
11:43 Publié dans 2025, Hors Touraine | Lien permanent | Commentaires (0)
lundi, 07 avril 2025
07042025
Dans l’avion, j’ai lu les 3e et 4e parties de Dream Count. Toute la partie centrale, donc, celle autour de Kadiatou, personnage très largement – mais précisément, aussi – inspiré de Nafissatou Diallo, est bien meilleure : dès qu’Adichie parle de vrais sujets, et notamment de la structure sociale et des relations familiales en Afrique, son récit devient plus intéressant que lorsqu'elle se contente de raconter d’interminables histoires d’afrodescendantes pétées de tunes qui s’inquiètent de voir arriver la ménopause sans avoir trouvé Mr. Right.
Dimanche soir, j’ai écrit le paragraphe qui suit sur Facebook, et il me faudrait réviser un peu mon jugement :
I have finished reading the first part of Adichie's new novel. It's tepid, boring. And it raises so many questions. Such as, how is it possible for someone to write such splendid novels at the age of 26 or 29, and such narcissistic teenage balderdash when getting near 50? Such as, is it fame, or literary agents or the U.S. or laziness which can explain this?
Il n’en demeure pas moins que, quand bien même le roman deviendrait excellent à partir de la page 180 (ou 210, je ne sais pas, je lis sur liseuse – en tout cas, après 40% de lecture), qui, à part un-e universitaire consciencieuxse, a le temps de s’envoyer les 200 premières pages, qui sont sans intérêt, et écrites platement, mécaniquement ?
23:43 Publié dans 2025, Affres extatiques | Lien permanent | Commentaires (0)
dimanche, 06 avril 2025
06042025
En voyage, je vais emporter seulement mon exemplaire – dont les pages s’envolent – de Our Sister Killjoy, et la liseuse, dans laquelle m’attend notamment le nouveau roman d’Adichie, mais aussi plusieurs livres en attente (d’Okparanta en particulier). J’espère que le travail sur l’Urtext anglais de Mont-Plaisant (et peut-être des suivants ?) ne sera pas un pétard mouillé, et aussi que ce séjour va bien se passer, globalement. Lors de ma troisième lecture, crayon en main, en octobre, j’avais noté pas mal de choses à vérifier. S’il s’avère que le matériau est de qualité, j’essaierai peut-être d’écrire un premier article, sous contrainte de délai, pour la revue Éthiopiques, avant d’approfondir.
Pour Amma Darko, je finis par me dire – vu que je n’arriverai jamais à entrer en contact avec elle, ni à mettre la main sur les deux foutus manuscrits – que je devrais écrire un livre racontant cette recherche infructueuse, puis un certain nombre de chapitres, tant pour une comparaison des textes anglais, allemand et français de Beyond…, que pour une étude du texte allemand de Cobwebs et de Stray Heart.
11:06 Publié dans 2025 | Lien permanent | Commentaires (0)
samedi, 05 avril 2025
05042025
Beaucoup de bricoles de quasi dernière minute à faire avant notre départ pour les Etats-Unis, outre trois lessives.
Je vais boucler la traduction anglaise du chapitre 4 de l’ouvrage de mon collègue Florent Kohler, Les sociétés animales : l’idée est que l’éditeur français et lui disposent d’un chapitre en anglais afin de pouvoir « prospecter » parmi les maisons d’édition américaines. Je l’ai entendu lundi sur Radio Campus et ce matin, en différé, sur France Culture.
Ce travail m’a un peu retardé dans deux ou trois autres « bricoles » que j’aurais dû accomplir autour de mes chantiers personnels, mais qu’importe. En lisant son livre, je me suis mis, de surcroît, à commencer la lecture de Gorillas in the Mist (jamais lu, honte à moi – lien téléchargeable jusqu’au 20 avril).
08:34 Publié dans 2025 | Lien permanent | Commentaires (0)
vendredi, 04 avril 2025
04042025
Matinée : traduction.
Après-midi : jolie promenade à longer la Loire du pont Napoléon en remontant jusqu’à Saint-Pierre des Corps, puis bière en terrasse, par la première vraie journée de chaleur. — Dans trois jours nous serons à Princeton, où les maximales prévues tournent autour de 7° ressenties 4°. Les gros pulls sont dans la valise.
Fin d’après-midi : lecture & visionnage de la première moitié du documentaire Bande-son pour un coup d’État.
19:44 Publié dans 2025 | Lien permanent | Commentaires (0)
jeudi, 03 avril 2025
03042025 (un sonnet plurihomophonique de 1827)
Ce matin, j’ai repartagé sur Facebook un sonnet anonyme de 1827, publié dans un numéro du magazine anglais The Mirror of Literature, Amusement and Instruction (accessible grâce au projet Gutenberg, dont on ne dira jamais assez de bien). J’ai eu l’imprudence d’écrire ceci en commentaire dans une discussion avec une collègue angliciste et anglaise que j’aime beaucoup, et qui publie sous le pseudonyme de Lily Margaux : « même moi qui n'aime pas valider l'idée d'intraduisible, j'avoue qu'il faudrait que je le traduise pour démontrer que c'est traduisible ».
Suite à d’autres encouragements (en particulier de l’éminente sonneteeress Françoise Guichard), je me suis donc mis à l’ouvrage et ai pondu, péniblement, en une grosse demi-heure je dirais, la « traduction » ci-après.
Qu’assis face aux cassis leur parfum ne vous tente !
Ce sont les mûres qui dans ce tombeau m’emmurent ;
Des poires sans espoir j’ai subi la torture ;
La prune d’ente m’a fourgué l’Enfer de Dante.
Pas un chut pour ma chute, au mépris de ce prix
Que je paie sans mot dire. Pourtant, ne pas maudire
Cette leçon : le son de la brosse à reluire
S’éteint vite, au satin. Si elle mord, remords !
Gravez sur mon tombeau quelque grave sentence
Qui tombe sur ma tombe, honnête, nette et courte —
D’un vers simple mais dense offrant comme une danse
Une prière toute à la proie de la tourte :
Sans morgue j’aurai fait fructifier la morgue,
Livré aux vers. Ces vers, au son du glas, sont l’orgue.
Je ne vais pas jouer les faux modestes : il y a des trouvailles dont je suis très content dans cette traduction, surtout le premier quatrain et le vers 12 (à cause duquel je me suis retrouvé embarqué avec la rime en -ourte, et dans l’obligation de traduire la tarte du titre, fruit-pie, par “tourte”…). Par contre, les vers 7-8 et le dernier vers sont vraiment d’un accès difficile, d’un sens difficile ou peut-être mallarméen (?). Peu importe. L’idée de cet essai de traduction était vraiment de montrer qu’on peut toujours traduire. Et après, on peut critiquer les traductions. Ainsi, les traductions ne sont jamais impossibles, même avec un poème qui présente, dans chaque vers, une et même souvent deux paires homophoniques formant jeu de mots, et même quand ce poème est par ailleurs versifié et contraint d’un point de vue métrique.
15:10 Publié dans 2025, Chèvre, aucun risque, Sonnets de janvier et d'après, Translatology Snippets | Lien permanent | Commentaires (0)
mercredi, 02 avril 2025
02042025 (le “courage” d'Adichie)
En train d’écouter une interview de Chimamanda Ngozi Adichie diffusée sur France culture le 27 mars (et dans laquelle, au passage, l’interprète Marguerite Capelle, est citée, mais pas la traductrice du livre, dont de larges extraits sont lus, Blandine Longre donc). Or, fin mars 2025, Adichie réussit à arrouméguer, encore et encore, contre la gauche progressiste et les universités américaines, qui sont, selon elle, les instances qui empêchent le débat. Fin mars 2025. C’est hallucinant, ou ça le serait si on perdait de vue qu’Adichie est totalement déconnectée de toute théorisation, de toute réflexion intellectuelle. Nganang résumait hier comme suit un long billet sur Facebook : « Il est temps pour Chimamanda de se trouver un poste dans une université, et d'y enseigner, mais aussi de se promener de temps en temps à Baltimore où elle habite (et où j'ai habité aussi), car elle rapetisse à l’œil nu. » Ce qui frappe aussi, dans un tel cas, c'est que la journaliste semble incapable de faire 1 + 1 = 2 et de lui poser la question toute bête : l'empêchement du débat, aux Etats-Unis en 2025, est-il uniquement/vraiment imputable aux universitaires de gauche ? Je n'appelle pas ça du journalisme, mais du larbinisme.
Hier, j’ai aussi écouté une longue émission animée par Christiana Mbakwe Medina et Trevor Noah. Dans le passage, autour de 55’-58’, où elle tourne autour du pot pendant des plombes et où Christiana Mbakwe Medina et Trevor Noah n'osent pas lui poser clairement la question de la transphobie, elle finit par faire comprendre qu’elle considère comme totalement hors-jeu les gens qui nient toute humanité aux Noirs ou qui considèrent que les femmes sont inférieures en soi, mais elle considère qu'on peut discuter avec les personnes qui argumentent que les femmes trans sont et seront toujours des hommes, parce que cette négation identitaire est très secondaire à ses yeux. Ce qui est absolument manifeste, c'est son incapacité à conceptualiser, et cela confirme qu'elle a arrêté de lire de vrais travaux intellectuels, et donc de réfléchir. De façon tout à fait ironique, elle se vante d’être absente des réseaux sociaux, alors que c’est cette absence même qui l’a privée et la prive d’accès aux ressources intellectuelles les plus dynamiques, et qui la cantonne dans les propos de bistrot.
Dans l’accroche de l’émission de France culture, la radio a conservé, de façon réductrice, la phrase selon laquelle la théorie féministe n’est pas primordiale, mais il faut dire qu’une vraie réflexion féministe semble faire défaut. Ainsi, dans le podcast What Now! du 20 mars 2025, à 1’14’’00, elle dit: « I have relatives who still think that women should not be working outside the home, and then there's me, and we still happen to get along ». Ce qui lui échappe totalement, c'est la question de la structure. Elle isole des situations individuelles sans regarder le contexte. Ici, il va de soi que les hommes de sa famille dont elle parle sont économiquement cent fois moins puissants. La relation de pouvoir n'est pas entre elle en tant que femme perçue comme ne devant pas travailler et les hommes de sa famille, mais entre elle qui fait partie de la diaspora et qui est multimillionnaire et la totalité de ces hommes qui dépendent probablement d'elle financièrement et qui doivent mettre leurs discours misogynes ou hétéropatriarcaux en sourdine.
Enfin, et ce n'est pas rien, j'en reviens à ma première remarque : comment peut-elle se dire féministe tout en critiquant le travail des universitaires de gauche (et donc, pour beaucoup, des travaux féministes) sans dire un mot des politiques interdisant l'avortement aux États-Unis ou obligeant les femmes à ne pas avoir les cheveux courts ? Elle est persuadée d'avoir du courage en attaquant la théorie post-coloniale (cf fin de l'émission sur France culture) alors que le courage, féministe ou pas, est de s'opposer aux véritables forces d'oppression.
08:22 Publié dans 2025, Affres extatiques | Lien permanent | Commentaires (0)
mardi, 01 avril 2025
01042025
Aucune énergie en ce moment. J’ai quand même fini de reprendre, poussivement, l’article tiré de ma communication de mai dernier, à Nanterre, sur les deux traductions de From a Crooked Rib. Outre que la limite maximale du nombre de signes est inopérante pour moi (il y a, par nécessité, de très longues citations qui font « exploser » le plafond), le processus éditorial est interminable.
Je ne sais plus si je l’ai noté ici, mais j’ai renoué contact avec Nuruddin Farah il y a une semaine.
11:48 Publié dans 2025, Affres extatiques, WAW | Lien permanent | Commentaires (0)
lundi, 31 mars 2025
31032025
6 h 15
En me levant, je me suis aperçu que je n’avais pas éteint mon ordinateur de bureau, hier, vers 18 h 30 je dirais. Il est donc resté « en veille » toute la nuit, ce qui est très déconseillé il me semble. Sottise.
6 h 40
Je viens de passer vingt minutes à glandouiller sur les réseaux sociaux – en m’empêchant de cliquer sur Like ou de reposter dès que ça concerne la politique américaine – au lieu de lire des articles ou de poursuivre ce billet. Indigence.
06:41 Publié dans 2025 | Lien permanent | Commentaires (0)
dimanche, 30 mars 2025
30032025
Ça va vite : quatre jours que je n’ai pas publié dans ces carnets. Ça va vite, comme j’ai déjà eu l’occasion de l’observer, et au point de savoir – bientôt vingt années à tenir un blog (et même deux), on peut m’accorder un peu d’expérience – que, si je laisse seulement filer quatre ou cinq jours, ça va finir par trois mois de totale jachère.
C’est aujourd’hui le changement d’heure, et je manque d’énergie, depuis hier en fait, après ce voyage avorté à Paris – Claire s’y est rendue, avec un train de substitution puis des galères dans le métro, car elle devait y être, en sa qualité de modératrice du jury du prix Maya, mais j’ai renoncé –, mais je vais m’atteler à recycler deux ou trois posts Facebook, peut-être, et peut-être en les approfondissant (dangereux, ça).
Devant moi, sur le bureau, un des ouvrages empruntés au PEB, une monographie consacrée à l’œuvre d’Ananda Devi, un recueil d’articles sur Critique et plurilinguisme (dans lequel je n’ai pas trouvé grand-chose) et enfin la traduction, par Ananda Devi, du roman de David Dabydeen, livre introuvable, emprunté via le PEB dans l’idée d’écrire quelque chose sur cette traduction et sur l’auto-traduction de Pagli, cela avant que je ne découvre et lise (avec admiration) l’article que Laëtitia Saint-Loubert a déjà consacré à ce sujet. Toutefois, dois-je passer (perdre ?) une heure à scanner / archiver le roman ?
Hier soir, j’ai commencé La vie de Joséphin le fou, un des rares Devi que je n’ai pas lus. Elle l’aurait écrit, si l’on en croit la signature finale, en quatorze jours. Je lis, dans cette exploration narrative de la marginalité et d’actes injustifiables, les prémices de ce qu’elle a tenté ensuite dans Le sari vert.
Vingt, au bas mot : c’est le nombre de livres qui attendent d’être chroniqués dans le vlog.
Cent, peut-être : le nombre de livres en attente de lecture, dans quatre ou cinq piles différentes (et dans trois pièces différentes de la maison).
Et pourtant il faut aller à la boulangerie.
10:06 Publié dans 2025 | Lien permanent | Commentaires (0)
samedi, 29 mars 2025
29032025
Quand, en écoutant l'émission La Méridienne consacrée aux mèmes,
j’entends à 40’15” l'invité, Soufyane Chafik, parler de « toute la salle de Radio Campus ».
(Lien vers mes premières réactions sur le fond…)
17:20 Publié dans 2025, Chèvre, aucun risque, Ex abrupto | Lien permanent | Commentaires (0)
vendredi, 28 mars 2025
28032025
Ce qui est très étrange, c'est que cet article qui parle de désinvisibilisation invisibilise totalement ces femmes en tant que praticiennes indépendantes pour les greffer seulement à leur époux...
Par exemple, Sonia Stern-Terk-Delaunay était une immense peintre, sans doute plus intéressante (et c'est en tout cas mon avis) que Robert. Est-ce l'article qui est mauvais ou est-ce que cet angle aveugle est aussi dans le livre ? C'est d'autant plus étrange car — contrairement à Nadia Khodossievitch-Léger par exemple — Sonia Stern-Terk-Delaunay me semblait être l'archétype de « femme de » que plus personne ne présente comme « la femme de » (ou pire encore « la veuve de ») depuis au moins 25 ans...
Sur Sonia Stern-Terk-Delaunay, lire le livre de Stanley Baron, qui date un peu mais qui reste très pertinent. Sur ces questions d'invisibilisation, lire Griselda Pollock.
L’autrice du livre, ma collègue Julie Verlaine, m’a répondu ceci via LinkedIn :
L'article, très court comme tous ceux que publie The Conversation, n'évoque qu'une toute petite partie de mon ouvrage qui compte 11 chapitres et 270 pages... Bien évidemment, le travail des créatrices y est à l'honneur, même si l'angle de cette recherche consistait justement à réfléchir au "travail" de veuves d'artiste.
10:10 Publié dans 2025, BoozArtz, Questions, parenthèses, omissions | Lien permanent | Commentaires (0)
jeudi, 27 mars 2025
270232025
Aujourd’hui avait lieu la journée d’études « Traductions et circulations transculturelles de la littérature féminine africaine et caraïbéenne » que j’organisais avec mes collègues Katrien Lievois, de l’université d’Anvers, et Bernard De Meyer (UKZN, chercheur invité pour un mois par mon laboratoire et dont je suis le référent scientifique). Cela s’est très bien passé. En dépit de problèmes techniques en début d’après-midi, Charles Tsatedem, le doctorant camerounais qui communiquait à distance sur les traductions de Munyal de Djaili Amadou Amal a pu présenter son travail de façon cohérente, avec discussion à la clé.
Toutes les communications étaient pertinentes et approfondies, sans couac ni erreur de casting (ce qui arrive pourtant régulièrement). L’entretien avec Sika Fakambi, accompagné de lectures, était de bonne qualité, il me semble (mais comme c’était moi qui posais les questions, il m’est difficile de le dire). En tout cas, Sika propose toujours une réflexion et des pistes passionnantes.
22:35 Publié dans 2025 | Lien permanent | Commentaires (0)
mercredi, 26 mars 2025
26032025 (l'éprouvante persistance du tokenism)
Malgré mon agacement en voyant Adichie en couverture de Télérama la semaine dernière, et surtout en lisant l’indigence de l’interview, je m’étais dit que je n’en parlerais pas. Ce matin, toutefois, en voyant un post de Patrice Nganang ironiser sur le « plan média » (comme je crois qu’on dit) de la susdite et dire qu’au vu du « conservatisme social avéré ces dernières années » de l’autrice il n’avait guère envie de lire le roman récemment paru et dont on nous rebat les oreilles, j’ai écrit ceci :
Adichie a perdu le rythme et le ton depuis Americanah. Je n'attends pas grand-chose de ce livre, hélas. Ici en France elle est en couverture de Télérama, pour un entretien dans lequel elle a débité des platitudes au kilomètre.
Je me dois donc de préciser ce que je veux dire, et aussi d’expliquer pourquoi j’étais réticent à m’exprimer sur le sujet. La réticence est simple : en tant qu’africaniste, je devrais être heureux qu’une écrivaine nigériane bénéficie d’un peu de visibilité dans la presse culturelle, et ce d’autant que c’est une écrivaine dont les trois premiers livres sont très importants. Et aussi : critiquer une écrivaine africaine connue notamment pour ses deux brefs essais sur le féminisme peut donner lieu à des malentendus ou de faux procès.
Mais, mais, mais… Justement, la façon dont Adichie est médiatisée découle d’une première confiscation, qui a eu lieu avec la parution d’Americanah : ce qui légitimait Adichie, c’est qu’elle avait écrit le texte d’une chanson de Beyoncé et, en France, qu’elle était adoubée par Marie Darrieussecq. Autrement dit, une romancière nigériane n’avait droit de cité qu’à condition d’être assimilée par l’industrie culturelle du Nord global (France, États-Unis), et aussi d’échapper à son statut strict d’écrivaine : parolière de Beyoncé et autrice d’un essai de cinquante pages qui va faire découvrir le féminisme aux adolescentes, voilà son vrai titre de gloire. Il y a aussi, comme mon commentaire Facebook de ce matin le laisse entendre – mais avec une certaine ambiguïté de la préposition depuis – qu’Americanah était un roman très décevant après les deux romans sublimes que sont Purple Hibiscus et Half of a Yellow Sun, ainsi que le recueil de nouvelles The Thing Around Your Neck. Très décevant, car en dépit de très bons passages sur le racisme capillaire notamment, et d’une interrogation intéressante sur les identités diasporiques, il était trop long, et surtout configuré pour le marché américain, appliquant les recettes des cursus de creative writing les plus conformistes.
Ainsi, pour les personnes qui lisent vraiment les littératures africaines, s’entendre dire « ah oui, j’ai lu Americanah », c’est comme « ah oui, Mabanckou, quel écrivain truculent, je l’ai encore entendu la semaine dernière chez Trapenard », cela va au-delà du phénomène de l’arbre qui cache la forêt : c’est l’arbre qui empêche de voir la forêt, comme si l’arbre était un vague fétu de paille et qu’il y avait juste au-delà toute une riche canopée qu’on déboise tranquillement ou qu’on laisse pourrir sur pied. Car il ne faut pas s’y tromper : l’argument du pied dans la porte, dans le genre « les gens qui ont lu Adichie vont aller lire Achebe, Yvonne Vera, Ken Saro-Wiva [je ne continue pas la liste, si vous me suivez vous connaissez les 30 ou 40 écrivain·es avec qui je vous bassine] », est globalement sans pertinence. Ce n’est pas comme ça que ça se passe. Ce qui se passe, c’est, dans toute sa puissance, le tokenism (ce concept tellement important qu’il n’a pas de traduction en français, vu que c’est une réalité qu’on refuse de voir – la patrie de l’universalisme bidon et du daltonisme racial érigé en principe démocratique) : on met Adichie en couverture, on reproduit ses propos totalement compatibles avec l’industrie capitaliste et la destruction de la planète et des droits sociaux, on évite de lui poser la question qui fâche (il ne faudrait pas qu’elle exprime clairement ses opinons transphobes*), on imagine que Gallimard (Gallimard, hein) vendra quelques milliers d’exemplaires du gros pavé qui luira sur les étagères à moins qu’il ne finisse dans la boîte à livres la plus proche, et on peut continuer d’ignorer l’immense volume de très riche création littéraire par les Africain·es et afrodescendant·es. Et d’ailleurs, depuis Americanah, Gallimard a globalement continué de regarder avec un souverain mépris tant et tant de projets éditoriaux concernant des auteur·ices africain·es dont l’œuvre reste inédite en français.
La question que je ne pose pas, sans doute car je n’ai guère de réponse, est la suivante : pourquoi les deux premiers romans d’Adichie sont-ils si évidemment meilleurs qu’Americanah, et pourquoi sont-ils aussi peu cités quand on parle de l’écrivaine nigériane ? Ils sont notamment meilleurs car ils sont plus profonds en termes de relations entre les personnages, et de décryptage de situations historiques héritées de l’époque coloniale, et aussi car ils n’ont pas été restructurés et rebidouillés ad nauseam par des agents littéraires et éditeurs américains dont le seul et unique critère est de faire rentrer les textes dans un moule prédéfini. Mais c'est là une hypothèse de réponse qui n'est qu'une esquisse. Comme ce dont parlent ces deux premiers romans requiert, de la part des lecteur·ices, de faire un réel effort de décentrement, il est plus facile de vendre un roman qui parle d’émigré·es et de la difficile intégration dans le tissu national états-unien** : les lecteur·ices ont déjà un horizon d’attente établi.
Il est vrai qu’en littérature et en art, je préfère être un peu (et même beaucoup) déstabilisé ; je préfère, aux livres déjà configurés par rapport à mes lectures précédentes – les livres à mémoire de forme –, les livres qui se nourrissent d’un terreau social et culturel complexe et discutent des contradictions entre différentes strates : les textes à forme de mémoire.
* Cette question mériterait mieux qu'une mention en passant, bien sûr. Je note seulement que le titre choisi par Télérama est particulièrement dégueulasse : Au nom de toutes les femmes. J'attends de lire le roman, mais au vu des déclarations embrouillées, au mieux, d'Adichie, y compris dans cet entretien avec Télérama, je suis sceptique.
** Qu’il soit clair que je ne parle ici que d’Americanah : je n’ai pas (pas encore – il faudra bien, obligation professionnelle, que j’y passe) lu le nouveau roman d’Adichie (et si ça se trouve, dans quelques mois, je publierai ici un démenti).
11:39 Publié dans 2025, Affres extatiques, Lect(o)ures, Questions, parenthèses, omissions | Lien permanent | Commentaires (3)
mardi, 25 mars 2025
25032025
Cinquante ans, c’est l’âge où on a – normalement – encore le temps de faire plein de belles choses, mais où on commence à se dire que l’horloge tourne. Est-ce pour ça que je me retrouve avec cinq ou six projets complètement dingues dans les tuyaux ?
08:00 Publié dans 2025, Aphorismes (Ex-exabrupto) | Lien permanent | Commentaires (0)
lundi, 24 mars 2025
24032025
Aujourd’hui, l’émission, enregistrée pendant près de deux heures avec Mélissa Wyckhuyse à mes côtés pour l’entretien (et donc « en coproduction avec La Méridienne », ça claque), a été mise en ligne dans l’après-midi. Je passe un certain temps à rédiger une page Web qui contient des informations et des liens, ce en dépit du fait que l’audience de l’émission est certainement assez faible, mais parce que je me dis que l’archive de l’émission finira par constituer quelque chose d’assez riche.
Avec Bernard De Meyer, nous avons surtout parlé de la journée d’études de jeudi, et d’ailleurs Mélissa a bien fait de nous recadrer car, lors de discussions sur des sujets que je maîtrise, j’ai tendance à ne pas demander assez à mon interlocuteur·ice d’expliquer mieux, de vulgariser. Or, dans l’idéal, l’émission devrait pouvoir être écoutée et suivie par des personnes de tous horizons.
Soir : revu Mulholland Drive pour la troisième ou quatrième fois. Contrairement à ce qui se passe avec Lost Highway, le principe de symétrie fonctionne suffisamment pour que le charme s’estompe en partie à force de le voir. J’ai encore dû vérifier, mais le mafioso cracheur de café est bien interprété par le compositeur Angelo Badalamenti. (Oui, je sais, en général les commentaires au sujet de ce film, à commencer par les miens, s’excitent davantage sur les perruques, le plurilinguisme, le couple de vieux, les deux clés bleues, les deux apparitions du cowboy etc.)
20:48 Publié dans 2025, ILMC, Tographe | Lien permanent | Commentaires (0)
dimanche, 23 mars 2025
Une critique hâtive de l'essai de François Ost
Je recycle ici un petit dérapage de mon fichier « Chantier CRCT ». J’étais juste parti pour recopier quelques passages du livre de François Ost, et – en ouvrant une note de bas de page pour noter rapidement une esquisse de critique – l’esquisse est presque devenue un mot à la hâte.
Quelle est donc la visée de la perspective traductrice ? Nous dirons d'un mot : dégager une troisième voie, celle d'un espace de sens partagé entre le langage (la pensée) unique d'une part – l'espéranto du globish ou du globalais, par exemple –, et le repli sur les idiomes singuliers de l'autre. Entre la Charybde de l'omnitraduisibilité proclamée par un langage dominant qui croit tout pouvoir absorber dans sa mêmeté, et le Scylla de l'intraduisible ombrageux derrière lequel se réfugient des langues (cultures, communautés) jalouses de leur spécificité, la traduction vise à se frayer un chemin renvoyant dos à dos ces deux versions opposées, mais finalement solidaires, du soliloque, qui se décline tantôt comme l'aveuglement hégémonique du même, tantôt comme l'exacerbation farouche de l'autre, manquant dans les deux cas la médiation de l'autre intérieur (et son corrélat dialectique : le même extérieur) qui seul est en mesure, croyons nous, d'assurer la relance du discours.
(F. Ost. Traduire. Défense et illustration du multilinguisme.
Fayard, 2009, pp. 289-90)
Il faudrait, de ce passage comme de l’ouvrage entier de François Ost, dresser une critique minutieuse. Qu’il me suffise de noter ici, pour le moment, que cette analyse est juste mais que, vu qu’elle laisse totalement de côté toute dimension historique ou politique, et donc qu’elle ne tient aucunement compte des situations d’hégémonie qui ont hiérarchisé de facto ces diverses langues dans des rapports de domination complexes, elle finit par être en partie fausse. Cette critique rejoindrait celle qui voit Sarah Mazouz déconstruire les prétentions à l’ « universalisme abstrait » pour proposer la transposition minoritaire :
Pratique de soi à portée collective et politique, la transposition minoritaire consiste en la capacité à inverser les rôles, afin de prendre conscience des rapports de pouvoir qui structurent telle ou telle situation ou d’évaluer la façon dont des pratiques des paroles ou des attitudes assurent l’égalité entre les personnes, ou, au contraire, réitèrent et renforcent des assignations et des formes d’infériorisation. (Race, Anamosa, 2020, p. 83)
Or, c’est tout le problème de l’essai de F. Ost : ce n’est pas qu’il est abstrait, mais qu’il abstrait, c’est-à-dire qu’il extrait la question de la traduction de sa matérialité, c’est-à-dire du fonctionnement même des langues, et que, ce faisant, il la dépolitise. En cela, il propose de façon constante une réflexion générale, « universelle » au sens de généralisable, comme si l’émergence du globish, par exemple, pouvait être étudiée indépendamment du contexte post-colonial, ou comme si le communautarisme prônant l’intraduisibilité avait exactement la même valeur idéologique quand un Alain Badiou vante le nationalisme ontologique et la suprématie du français dans le Dictionnaire des intraduisibles (je dois d’avoir vu cela grâce à la recension de 2017 de Pascal Engel dans En attendant Nadeau) ou quand, dans sa traduction de Wake de Rebecca Hall et Hugo Martinez, Sika Fakambi insiste pour ne pas écrire/dire Dahomey mais Ɖanxomɛ. Dans un cas, prolongement d’une idéologie racialiste sous couvert d’objectivité linguistique et philologique ; dans l’autre, volonté de lutter contre l’effacement et l’invisibilisation d’une culture occultée au titre d'une histoire asymétrique.
11:22 Publié dans 2025, Translatology Snippets, WAW | Lien permanent | Commentaires (0)
23032025
Demain, ma grand-mère aurait eu 98 ans ; elle ne sera pas allée jusque-là…
Il y a très longtemps que je n’avais pas fêté son anniversaire avec elle le jour J : la date est, de fait, plus compliquée que pour mon grand-père, qui était né un 17 juillet et dont nous avons soufflé les bougies assez régulièrement (parfois, nous étions en voyage, bien sûr).
Jeudi, mes parents ont encore passé une après-midi à ranger, nettoyer, faire du tri. Je n’ai pas osé demander si la vente de la maison avançait : ce sera un grand soulagement pour ma mère quand ce sera fait.
09:01 Publié dans 2025 | Lien permanent | Commentaires (2)