Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

vendredi, 22 juillet 2005

Se corriger

Fuligineuse faisait part de son malaise, ou de ses doutes, face à tel de mes délires, ou telle de mes verbigérations, car elle ne comprenait pas ce que j’entendais par « ne pas se corriger ». J’ai répondu sommairement, dans un commentaire en réponse au sien, mais j’aimerais pousser un peu mon avantage ici même et perpétuer de quelques piques le galop effréné de mon fringant destrier.

C’est que relisant, à l’instant même (vendredi 22, à dix heures et des brouettes), une note tout juste écrite dont je ne sais quand je la publierai (elle s’intitule “Promesses”), je me surprends à hésiter sur mon recours fréquent aux parenthèses. Je crois savoir que cet excès de parenthèses, qui a pour moi une valeur tant ludique qu’explicative, en agace plus d’un, ou en décourage d’autres, ce qui est plus gênant. Toutefois, je pense, à trente ans, avoir atteint un point de non-retour dans l’élaboration de mon style personnel: non qu’il ne puisse connaître de nouveaux détours, de soudaines bifurcations, des ruptures, de concomitantes divergences, mais, voilà, ce que je sais faire, en matière d’écriture, la manière dont il me plaît de tourner mes phrases, cela ne saurait faire l’objet d’un vif trait de plume, d’une relégation au panier, et basta ! Non. Je me corrige sans cesse, sur le choix des mots, la reprise d’un début de phrase bancal pour le conformer à la syntaxe provisoirement finale, l’insertion de tel exemple ou d’une citation idoine, mais sur le ton, le style en général, point d’affaire.

Evidemment, au plan moral et esthétique, il faut sans cesse se corriger, être, de soi-même, le plus vigoureux critique. Je ne m’en prive pas, et les éperons m’entaillent bien souvent le flanc, avant d’attaquer celui de mes petits Pégases. Se corriger, pour devenir toujours différent, si possible s’améliorer.

Fuligineuse faisait remarquer que j’employais le terme d’émendations, qui est certainement un néologisme. S’agit-il de ma part, d’un latinisme ou d’un anglicisme ? Des deux, peut-être bien. Je viens de vérifier dans trois dictionnaires, sans aucun succès. Le verbe émender, est bel et bien d’ordre judiciaire. L’“émendation” telle que je l’entends, ou telle que la langue française m’appelle, une fois passé l’envol lyrique, à l’entendre, serait donc, appliquée à soi-même, cette forme d’auto-censure que je réprouve partiellement.

S’émender pour mieux dire, s’amender, faire amende honorable, dire où sont erreurs et errements, tout cela, j’y souscris. Mais, s’il s’agit, par exemple, de taire, par scrupule, par désir de tranquillité, certaines pensées un peu hétérodoxes, je trouve ces émendations-là bien peu recommandables. Par exemple, un diariste fumiste comme Pierre Driout, qui veut donner des leçons à tout le monde et en remontrer sur tout, alors qu’il n’a, de tous les domaines qu’il aborde, que des vues bien superficielles et infantiles, est, pour moi, le champion du monde toutes catégories de la non remise en question: il se considère le seul et unique étalon de tout, lui seul a raison, et, s’il a décidé une fois pour toutes que les Noirs, par exemple, sont inférieurs intellectuellement aux Blancs, il ne s’interrogera jamais sur cette «théorie». Il lui faut toujours baigner dans son petit conformisme confortable. Je ne mange pas de ce pain-là. Si j’écris, c’est pour examiner des questions ouvertes, m’interroger sur mes failles et mes fautes, sur mes réussites aussi, c’est pour donner (quand je me pique de concurrencer les guides touristiques (!)) ma vision forcément partielle et partiale de tel lieu.

La correction s’entend aussi comme justesse (de ton ?), politesse (à l’égard des lecteurs ou des sujets traités ?), reprise indéfinie des moindres nuances (où l’on en revient à la Korrektur bernhardienne).

Commentaires

Effectivement je comprends mieux maintenant, avec cette nouvelle note explicative, et j'avoue être rassurée de voir que c'est toi qui sembles avoir forgé le mot émendation, à partir du verbe existant (mais emprunté à un autre registre), et aussi que la thématique de correction portait bien sur l'écriture (ce qui n'était pas totalement évident dans la note "Bombard"). Cela dit mes doutes et interrogations né'taient pas allés jusqu'au malaise...
Quant aux si fréquentes parenthèses, c'est un défaut que je partage (si tant est que ce soit un défaut !), comme en témoigne d'ailleurs ce commentaire.
Enfin, je suis contrite de ne pas avoir pensé à faire le lien Bombard-Berhnard via le mot Naufragé, alors que c'est un des rares livres de Berhnard que j'ai lu...

Écrit par : fuligineuse | samedi, 23 juillet 2005

PS : j'aurais peut-être dû écrire "que j'aie lu" au subjonctif ? Sorry, j'ai une absence.
Je t'envoie la référence d'une note que j'avais rédigée il y a qq mois sur la pièce Place des Héros :
http://sablier.hautetfort.com/archive/2005/02/25/place_des_heros.html

Écrit par : fuligineuse | samedi, 23 juillet 2005

je veins de rencontrer ce mot "émendation" dasn un livre. C'est une traduction d'un livre anglais donc c'est très certainement un anglicisme

Écrit par : gers | samedi, 19 mai 2007

Web Verzeichnis mit Sperren gegen Proxies.

Écrit par : Armand | vendredi, 22 août 2008

Les commentaires sont fermés.