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dimanche, 02 octobre 2005

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Le 2 octobre 1886, une jeune couventine québécoise du nom de Clara Clément écrivait cette phrase édifiante:

Tu m’avais pourtant bien recommandé de t’écrire aussitôt que je serais rendue, afin de te donner des renseignements du Couvent, pour voir si tu aimerais cela.

Piste non cyclable

Mercredi dernier, rue Ronsard, grâce à deux conducteurs excellement garés, vélos et piétons avaient le droit de se faire écraser par les voitures en mouvement.

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Julien Duthu & Rémi Panossian : No End…

Il n’est de meilleure retenue, en musique, que de savoir distiller les moments, non de relâche, mais où “ça se lâche”. Le fil se tend brusquement, plus de retenue, plus de notes de sénateur. Dans la retenue comme dans la brusque intensification des sons, ce duo, formé d’un jeune contrebassiste et d’un jeune pianiste, excelle.

Il a fallu attendre le dernier mot, le verbe principal de la troisième phrase, pour lâcher le mot, laisser filer ce sens en embuscade : l’album No End… est tout simplement excellent. Je me suis laissé dire que ce duo avait charmé, enthousiasmé le public des Rencontres de Contrebasses de Caprbreton, en août, et cela ne fait pas de doute. En concert, une telle écoute, une telle entente, un tel mixte savant, suave, de tension retenue et de tendres détentes, cela doit vous aviver les oreilles, vous adoucir le cœur, et vous faire exploser de joie.

Il est peu d’épiphanies musicales, ou, s’il en est, souvent, elles réclament une attention soutenue ; ici, je le maintiens, rien de tel, et il serait aisé de dire qu’une telle musique ne saurait, en effet, avoir de fin, car elle connaît, en chaque instant, des ramifications insensées. Le final de L’exception devient la règle, par exemple, est remarquable de touché, dans le rendu des émotions, dans la vigueur des doigtés. On vit, on imagine, on se représente ces deux musiciens à l’œuvre, nous voici avec eux, presque contre les cordes, à nous voler dans les plumes. On s’envole avec eux, c’est vrai, je m’y plais, je plane dans ces cieux que leurs phrasés étendent à perte de vue comme autant d’aplats sur des toiles de brume.

Si je me lâchais vraiment, je pourrais écrire, cédant à une métaphore facile et rebattue, que le troisième morceau, Origines, m’a scotché. C’est tentant, mais je me retiens, tout de même. Les mots sont trop précieux, et les notes avec eux. Je retiens ce verbe, autant dire que je le conserve et ne lui cède pas. Origines, pourtant, déroulant le long ruban de ses scintillations, exige que l’on se plie, toutes affaires cessantes. Ecouter comme on danse. Ecoutez chaque fragment de chaque note, et c’est impossible, bien sûr. Le ruban virevolte, avance, une lumière qui refuse de se décomposer.

Sur Kessispass, je restais convaincu, après trois écoutes, que le contrebassiste, Julien Duthu, avait délaissé sa grande dame pour une basse électrique, et seul le nom du label (de la maison de production? je ne comprends rien à ces subtilités) des deux lascars, Two t’acoustic, m’amène à émettre des doutes : parvient-il vraiment à ce son avec une contrebasse acoustique frottée au plus près et au plus saccadé ? je croyais pourtant, avec mon admiration fanatique pour l’OCB, tout savoir des sons retors et trompeurs qu’u contrebassiste peut tirer de son instrument.

Septime et Hommage se répondent dans le plus superbe désarroi, la plus ravissante des extases. En d’autres termes, aussi, le disque invente un trajet qui conduit d’une musique aux accents modernistes, éloignée du jazz, à un jazz retrouvé, retenu par devers les cordes, et livré en bouquet final dans Poursuivant, sorte de chase intime, prolongé en un neuvième morceau « caché » où les amateurs de jazz plus classique retrouveront leurs repères, assez confondus et confus pourtant de ce manège affolant, subtil, doux, et beau.

 

A écouter : Julien Duthu et Rémi Panossian. No End… (c) Two t’acoustic, 2004. Nocturne 2005.

Le Marrakech

A Tours, nous n'avons pas trouvé encore de restaurant nord-africain de la qualité de notre bon vieux Carthage beauvaisien, qui, il faut le dire, avait placé fort haut la barre. Celui qui se trouve près de la Tranchée est à éviter, celui de la rue Bretonneau (Le Palmier) n'est pas mal, et Le Marrakech, que nous découvrîmes hier, est, au vu des deux tagines dégustées (dégustés? je ne sais jamais si tagine est masculin ou féminin), tout à fait convenable, d'autant que le patron, qui, comme il nous l'a dit, a ouvert son établissement il y a trente-et-un ans (l'année de ma naissance, donc, sans doute), est extrêmement cordial, sans fausse ni exubérante convivialité, et il faudra peut-être, en parlant d'exubérance, que j'apprenne, moi, à me corriger des excès syntaxiques où je replonge sans cesse, que je prenne des cours pour apprendre à finir mes phrases, à ne pas les prolonger inutilement, ludiquement, versant constamment dans l'hyperhypotaxe, et châtiant ma langue, alors qu'elle souffre de ses brûlures, langue râpée, ignée, car les tagines, hier, tout de même, étaient de la lave en fusion.

Gabrielle, de Patrice Chéreau

10 heures 30.

Hier soir, nous avons profité de la présence de mes parents pour le week-end (ah, il faut que je pense à trouver une nouvelle baby-sitter, j'ai encore oublié de demander à L***) pour improviser une petite soirée d'une folle originalité: restaurant en vitesse (Le Marrakech, rue Colbert) et cinéma aux Studios, où, étant arrivés un brin trop tard pour les films de la séance de 21 h 30, nous avons choisi, sans aucun regret d'ailleurs, le dernier Chéreau, Gabrielle. Il paraît que les critiques se déchaînent contre Chéreau, et je comprends assez pourquoi: Chéreau change de style à chaque film, et cela dérange les petits ronflements confortables. Il prend de nombreux risques, et, même si certaines audaces maniéristes sont parfois un peu à côté (la surinscription de dialogues non prononcés, par exemple, qui m'a plu, mais pas à C.), le résultat est très convaincant.

Certes, ce film est, dans son sujet, son esthétique, son traitement des corps et des dialogues, aux antipodes de Ceux qui m'aiment prendront le train, film absolument génial, mais ne peut-on aimer des mets variés? La vraie prouesse de Chéreau, sans doute, c'est qu'Isabelle Huppert joue, pour une bonne part du film, étonnamment juse et avec sobriété, ce qui n'est pas son point fort d'ordinaire. Où l'on voit, une fois encore, et par contraste, que Chabrol ne sait pas diriger ses acteurs, même fétiches. Huppert joue mieux, en quelques quarts d'heure, que dans les kilomètres de pellicules que lui a consacré Chabrol.

Je reviendrai sur le film plus tard, nous partons au parc Sainte Radegonde.

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En écoute: "Thoughts about Duke II"(Franz Koglmann), interprété par Lee Konitz et le Monoblue Quartet (avec une brève allusion, par le clarinettiste, vers la fin, à Some Day My Prince Will Come, dont je parlais dans ma précédente note).

12:20 Publié dans Tographe | Lien permanent | Commentaires (0)

Harmonia Mundi & Hatology

Ma mère a acheté hier une dizaine de disques de l'excellent label Hatology, pour la somme plus que modique de 7,50 euros pièce au magasin Harmonia mundi qui se trouve en haut de la rue Nationale. Elle m'en a offert deux, je ne sais pourquoi mais ce n'est jamais de refus. Il faisait beau hier, finalement, quoique venteux, et nous avons écouté, sur la place de Châteauneuf occupée exceptionnellement par un chapiteau, trois morceaux fort bien interprétés par les harmonies de Noizay, Fondettes et (ai-je cru comprendre) Saint-Ouen. Un peu de ringardise dans la "mise en scène", mais la construction des parties, la qualité des musiciens aussi, cela était indéniable. Passé le premier morceau, M. le Maire, son pain sous le bras, s'est éclipsé.

Quelques instants plus tôt, sur la place Plumereau, un saxophoniste qui n'était pas dans la première jeunesse cherchait à tirer des notes un peu suivies de son instrument. Some Day My Prince Will Come et les Feuilles mortes jouées avec des pauses de sept secondes toutes les huit notes, je vous le recommande. Mais l'atmosphère était détendue, les gens attablés aux terrasses heureux d'une de ces dernières journées à profiter de la relative douceur.

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En écoute: "Zweet Zursday", par le Monoblue Quartet et Lee Konitz (album Koglmann/Konitz. We Thought about Duke (1994). hatOLOGY 543)

Place du Grand Marché

La Place du Grand Marché, à Tours, n'offre pas, à la vue, le seul Monstre robotique. Il y a aussi, de l'autre côté de la place par rapport à ce trio de maisons, la meilleure librairie de Tours, j'allais écrire la seule, Le Livre.

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