Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

mardi, 08 juin 2010

Style et stylisation

Dans la Préface aux Cahiers de la Petite Dame (que je lis grâce à Renaud Camus), signée d'André Malraux, je trouve ceci, qui me fait immanquablement penser à Renaud Camus :

" Il ne s'agit nullement d'écriture-artiste, de tournures inattendues, d'adjectifs percutants : nullement du style de l'écriture, mais de la stylisation de l'oeuvre. " (Maria Van Rysselberghe. Cahiers de la Petite Dame * 1919-1927. In Cahiers André Gide 4. Gallimard, 1973, p. XXII.)

 

Sauf qu'avec Renaud Camus, you have it both ways : la phrase et l'architecture d'une oeuvre.

 

"Sur un E.P. tourne ma vie"

Dans le précédent billet, j'ai évoqué, de fil en aiguille, un disque de carton où figurait la chanson Monsieur Crocodile. Grâce au Web, qui jamais ne laissera notre mémoire demeurer blême (et être mêmoire), je découvre que cette chanson est attribuée à Richard Gotainer. Or, je suis certain que la chanson "carte postale" n'était pas chantée par ce zigoto à la voix reconnaissable (et que mon ami E*** croise régulièrement chez son fromager (c'est une autre histoire)). De plus, il me semble comprendre que le disque en question serait daté, d'après les deux ou trois sites qui le répertorient en l'attribuant à Gotainer, de 1984 (ou juste avant ?). Une chose est certaine : ma soeur écoutait ce disque sur son électrophone noir quand nous habitions à Saint-Paul-lès-Dax, et donc avant 1981.

Le mystère s'épaissit.

Si je commençais à partir en vrille sur les diamants des tourne-disques, je pourrais sans doute pondre des "Pléïade" (en quantité, pas en qualité (hélas)).

Psaumes d'électrophones

Bien entendu, il ne sert à rien - non plus - d'entretenir d'éternels regrets sur tout ce que j'aurais pu constituer, comme corpus, si je n'avais pas arrêté d'écrire depuis presque deux ans. Ici, même, au moment où j'écris, fort symboliquement je suis à moitié allongé dans le canapé, avec le netbook blanc sur les mollets, et, quoique j'aie apporté avec moi, au moment de me lever, deux livres dont je pensais qu'ils pourraient, comparés l'un à l'autre, constituer un bon sujet de billet, je sais qu'une telle position ne favorisera jamais l'écriture critique. Alors, me lever (du canapé) ? Accepter (ma paresse) ? Raconter comment, de manière assez régressive, j'ai passé une partie du week-end, non dernier mais précédent (pénultième ?), à écouter des vinyls (disques noirs ? 33 tours ?) après avoir enfin trouvé, au Troc de l'Île où nous étions allés acheter un "petit lit de grand" pour Oméga, une chaîne d'occasion comportant un tourne-disques (un électrophone) ?

C'est un bon sujet de billet aussi, qui va renvoyer le pauvre Werner Kofler, et le non moins déshérité Max Aub, dans les oubliettes de ces carnets. Déjà, pour le lexique : j'ai toujours dit "tourne-disques", quand, avec les cassettes, c'était le seul moyen, pour moi, d'écouter de la musique. Mais, depuis, à l'époque du laser (du CD ?), j'ai écouté en boucle (il y a sept ou huit ans) le Psaume 151 : "les psaumes sont écrits sur les magnétophones" -- qui entraîne dans son sillage tous les suffixes en -ophone... L'expression "disque noir", que personne n'employait -- justement -- avant l'ère du laser (du compact disc ?), est comique : ma soeur n'avait-elle pas un 33 tours de Plastic Bertrand (oui, je sais...) qui était entièrement rose (oui, je sais - bis) ?

Et, j'y songe, ma soeur possédait aussi un 45 tours en forme de carte postale, et dont la matière était effectivement une sorte de carton. La carte postale représentait un crocodile, et la chanson, de type comico-enfantin, avait pour paroles : "Dans sa crique, Monsieur Crocodile / Malgré son [xxx] n'est pas d'humeur facile / Bien qu'il vous paraisse doux et sympathique / Evitez de partager ses petits jeux nautiques".

Le [xxx] mis à part (ou à cause de lui ?), ce billet va pouvoir alimenter la rubrique Blême mêmoire, mort-née, me semble-t-il, puisqu'elle fut créée peu avant l'arrêt de l'écriture dans ces parages verts, ou même lors d'une de ces innombrables retours de flamme qui furent des feux de paille. (Je croise les doigts en écrivant cela ; j'espère que vous vous rendez compte combien c'est malaisé, avec l'ordinateur sur les mollets, et l'estomac dans les talons.)