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dimanche, 27 novembre 2011

Ballard et les Eglogues ?

Samedi dernier, lors du colloque international « Blowing Up the Sixties » organisé à Tours par mon excellente collègue Molly O’Brien, j’ai écouté, avec un intérêt sans cesse grandissant, une communication consacrée au roman composite de J.G. Ballard, The Atrocity Exhibition, qui date de 1969. L’intervenante était une doctorante québécoise de Montréal, Vicky Pelletier, qui a – entre autres mérites de son travail – fait circuler un exemplaire papier de la version publiée vingt ans après la première publication (cette édition comporte de nombreux annotations et ajouts, de J.G. Ballard lui-même). L’univers et le style de Ballard (que je ne connais que par ouï-dire, de nom, et aussi à travers le film de Cronenberg (Crash)) ne m’attirent guère, mais je dois reconnaître que ce que j’en ai entrevu à cette occasion donne plutôt, et ce malgré le bric-à-brac « transgressif » assez dérangeant, envie de s’y plonger.

En l’occurrence, ce qui m’a le plus frappé, sur le coup, ce sont les nombreux parallèles scripturaires et sémiotiques que l’on peut déceler avec les Eglogues de Renaud Camus, en particulier avec Travers (dont le quatrième et dernier tome devait paraître ce mois, publication repoussée au petit printemps). Je manque affreusement de temps pour approfondir tout cela, et j’attendrai d’avoir enfin reçu (puis lu) un exemplaire du classique de Ballard avant de proposer des pistes plus fournies. Dans l’immédiat, je me contenterai de noter, sans commentaires, ce que j’ai glané vite fait sur le Web. En effet, contrairement à ce que je pensais en écoutant la communication de Vicky Pelletier, le fait que le roman de Ballard puisse être l’une des sources explicites les plus agissantes de Travers n’a fait l’objet d’aucune remarque, ni sur le site Web de la Société des Lecteurs de Renaud Camus, ni (et c’est plus étonnant), sur le site exceptionnellement dense et fouillé de Valérie Scigala, la meilleure exégète des Eglogues. Il n’y a pas d’occurrence du patronyme Ballard sur le site personnel de Renaud Camus, à l’exception d’un paragraphe des Vaisseaux brûlés qui évoque un (assez énigmatique, dois-je avouer) John-Richard Ballard.

Entre autres ramifications, le titre de Robbe-Grillet, Projet pour une révolution à New-York (qui joue un rôle dans le premier tome, Travers), provient sans doute du titre de l’un des chapitres du roman de Ballard, « Plan for the Assassination of Jacqueline Kennedy », d’autant que ce fragment avait été publié en revue dès 1966.

 

Voici donc quelques copiés-collés, pour lancer la machine :

The character about which these figures play (he could hardly be called the protagonist) is variously named Travis, Talbot, Traven, Tallis, Trabert, Talbert, Travers, etc. The haziness of his characterization, the blurred outlines of his figure, amount to a radical critique of the very notion of character, so central to the realist novel, as a unified, autonomous being. (Source : The Electronic Labyrinth)

 

Travers looked up from the collection of objects and documents. The chief prison psychiatrist’s gaze was abstracted, as if his mind were turning inward as some kind of defence against the delusions of his patients.

“And you’re telling me that this collection constitutes some sort of time machine?”

“Not in the conventional sense.”

Travers slapped him.

(Extrait de The Atrocity Exhibition, trouvé ici)

 

 

La Foire aux atrocités, traduction française de François Rivière, est paru en 2003 aux éditions Tristram. (Or, le signifiant Tristan et Tristram Shandy sont des références-phares dans les Eglogues.)

 

Commentaires

*Rougissement*

C'est stupéfiant, effectivement. Et je ne pense pas que RC l'ait jamais lu. Encore du plagiat par ignorance…
Ma théorie concernant Travers, c'est que c'est un livre écrit pour Roland Barthes (qui ne l'a jamais lu puisqu'il pleurait sa mère), autour de la phrase "que pourrait être une parodie qui ne s'afficherait pas comme telle?"

Écrit par : VS | lundi, 28 novembre 2011

Il faudrait être absolument sûr que RC ne l'a jamais lu... La parodie de roman d'espionnage avec le patronyme instable Travers / Travis, cela me semble imposer au moins l'hypothèse d'une lecture de deuxième main (discussion avec un ami à New York, article de journal...)

Écrit par : GC | lundi, 28 novembre 2011

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