samedi, 06 juillet 2013
« Canceller »
“Il a gelé. La journée sera ensoleillée. À la table de travail jusqu'à onze heures. Je n'avance que d'une page et demie pour m'être obstiné à vouloir garder une dizaine de lignes qui me poussaient dans une mauvaise direction. Cette répugnance à canceller m'irrite énormément mais c'est une si grande peine d'avancer qu'il faut éprouver celle, plus grande encore, de s'être fourvoyé, pour faire machine arrière et raturer des lignes mal tracées.”
(Pierre Bergounioux. Carnet de notes 1991-2000. Verdier, 2007, p. 105)
Après quelques recherches – ni le Robert culturel ni le Littré ne m'ayant proposé ce canceller dont je ne pouvais me résoudre à songer qu'il s'agissait, sous la plume d'un Bergounioux peu féru d'informatique, d'un anglicisme – il apparaît que le verbe, attesté dans Furetière et même dans l'introuvable Rivarol, provient bien de l'ancien français, et même qu'il figure dans la strophe CLXI du Testament de Villon. Si l'on en croit le Wiktionnaire, les Québécois, obnubilés par tout ce qui ressemble vaguement à un anglicisme, proscrivent ce terme ; je préfère, et de loin, le choix de Bergounioux, qui consiste à préférer la complexité.
12:47 Publié dans Mots sans lacune | Lien permanent | Commentaires (2)
Commentaires
"Canceller" dans la strophe CLXI du Grand Testament ?
Mais ce Grand Testament ne contient que 41 stophes ....
Écrit par : alph | mercredi, 31 juillet 2013
Voilà le huitain où figure "canceller " (bonne occasion pour relire VILLON!)
De le gloser et commenter ,
De le définir et décrire ,
Diminuer ou augmenter ,
De le canceller et prescrire
De sa main , et ne sût écrire ,
Interpréter et donner sens ,
A son plaisir , meilleur ou pire :
A tout ceci je m'y consens .
(Huitain 174 dans "Chanson" , qui suit "Ballade de bonne doctrine à ceux de mauvaise vie "
Écrit par : alph | mercredi, 31 juillet 2013
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