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mercredi, 02 mars 2016

Par les lettres, 5 : Górecki, Guem, Guerbas

Cette rubrique — dont le titre, je m'en avise tardivement, est erroné (il serait plus judicieux de la nommer Par les initiales) et qui vient de faire l'objet d'une sorte de plébiscite parmi les cinq premiers votants du grand référendum d'initiative populaire, dans une veine “les auditeurs ont la parole” dont je m'étonne moi-même que j'aie pu y céder tant il s'agit là de menées démagogiques et de machinations afin de tenter de ressusciter un vague lectorat pour ce carnétoile qui, de fait, n'en a plus, et n'en a cure (s'il est permis de risquer la personnification, voire la métonymie) — est très vite restée au point mort.

Ce mercredi après-midi, pouvant compter sur mes parents, qui sont de passage, pour accompagner Oméga à sa leçon de formation musicale et de chant choral, je me suis installé à la table de la salle à manger et ai fait une petite sélection de disques selon le principe de voisinage alphabétique qui est le seul point de départ de cette rubrique. Le premier disque est la symphonie n°3 de Henryk Górecki ; le deuxième est une anthologie de compositions de Guem pour percussions (Le Serpent) ; le troisième est un disque de tarab arabo-andalou intitulé Nawba Hsin. Maître Sid Ahmed Serri et l'ensemble Albaycin dirigé par Maître Rachid Guerbas, que, de façon probablement fantaisiste, j'ai classé à Guerbas.

 

Górecki. Guem. Guerbas.

Se succèdent donc sur les étagères de ma discothèque.

Le disque de Górecki est le seul que je possède, même si on trouverait dans ma discothèque, dans certains coffrets ou sur certains albums classés au nom de leur interprète, d'autres pièces de lui. Il y avait quelque temps que je n'avais pas écouté la Symphonie n°3, son œuvre la plus connue, ici dans une version un peu marginale mais très émouvante, par l'Orchestre Philharmonique de Grande-Canarie sous la direction d'Adrian Leaper. La soprano est Doreen de Feis. La symphonie se compose de trois mouvements, tous lents, ce qui est déjà particulier. L'orchestre, à la fois poignant et coloré, est une synthèse assez habile de certains éléments avant-gardistes et d'une tradition plus habituellement qualifiée (péjorativement) de post-romantique. Le texte chanté dans le premier mouvement est celui d'une lamentation du quinzième siècle ; celui du deuxième mouvement est un appel au secours lancé à la Vierge Marie et gravé par une jeune fille emprisonnée par la Gestapo, Helena Błażusiak, sur les murs de sa cellule ; celui du troisième mouvement est un chant populaire silésien, repris sur un mode lancinant, répétitif, qui en fait, selon moi, le mouvement le plus marquant.  La WP anglophone propose une analyse musicologique détaillée, qui ne vaut peut-être pas tripette mais me passe en tout cas en partie au-dessus de la tête : je laisserai les experts en juger. Pour une liste semble-t-il exhaustive des compositions de Górecki, on peut se reporter au site de l'University of South California. — Il y aurait, selon la WP francophone, seize enregistrements de cette œuvre. YouTube en propose plusieurs, dont une avec la soprano polonaise Zofia Kilanowicz.

Après une œuvre aussi émouvante, l'album du percussionniste algérien Guem demande un temps de pause... quelques minutes de silence... s'arracher au lent et beau finale de la symphonie de Górecki. Pour écrire ce billet, je n'ai réécouté que trois titres de ce disque que j'écoute souvent et qui me fut offert par ma sœur, à Noël 2001 je dirais (mon point de repère étant le salon de chez mes parents, à Cagnotte, et Alpha, notre fils aîné, tout bébé, ne tenant pas encore assis) : “Forêt vierge”, “Poursuite”, “Le Serpent”. On comprend bien pourquoi c'est ce dernier morceau qui donne son titre au disque : jamais polyrythmie ne fut à la fois plus entraînante et plus mélancolique. Pourtant, “Forêt vierge” reste mon morceau préféré, le plus audacieux dans sa façon d'associer bruitages, tambourinages, crotales.

 

L'album de tarab arabo-andalou est double. Il a été enregistré en 1997, publié en 2001... et je n'ai aucun souvenir de l'avoir acheté (cela arrive)... Suis en train d'en écouter le début, et c'est un travail tout à fait formidable à partir de la structure élaborée au fil des siècles, qui, si mes souvenirs sont bons, insiste sur l'alternance entre la suggestion du repos et le glissement progressif vers l'extase (attarab). Si j'écoutais sans rien faire (sans me distraire d'écriture, notamment), nul doute que je m'attarabiserais... ——— Cela posé, à chaque fois que j'écoute de la musique arabo-andalouse, comme des musiciens gnaouas ou — plus loin encore, bien que les affinités avec le tarab soient plus nombreuses — des interprètes de râg, je suis enthousiaste, curieux, mais n'ai jamais eu assez de goût pour aller plus avant dans l'exploration. Quelques disques isolés, rarement écoutés, témoignent de cette présence très à la marge.

 

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