mercredi, 26 septembre 2007
1694 - De saison
Dans le passage suivant des Mois de Jean-Antoine Roucher, poète de la seconde moitié du XVIIIème siècle injustement tombé dans l'oubli, on va du sep (or, que serait-ce aussi si c'était en ceptembre ?) au sceptre. De vigne en grappe, la voilà, la jolie grappe. (Non, non, Astolphe a disparu, semble-t-il.)
Nul sep n'est épargné. Par-tout je vois la grappe
Tomber sous le tranchant du couteau qui la frappe ;
Je vois deux vendangeurs de pampre couronnés
Et du jus des raisins goutte à goutte baignés,
Au pié de la colline où la vigne commence,
Descendre sous le faix d' une corbeille immense ;
Je les vois, dans les flancs de vingt tonneaux fumeux,
Faire couler des seps les esprits écumeux ;
Et sur un char, pareil au char qui dans la Grèce
De l'antique Thespis promenoit l'allégresse,
Ranger, en célébrant les louanges du vin,
Ces tonneaux, où s'apprête un breuvage divin.
Plus loin, règnent les jeux d'une aimable folie.
D'un geste, d'un bon mot l'un agace Ismélie,
Puis ravit en passant un baiser à Phylis :
L'autre écrase en ses doigts les grains qu'il a cueillis :
Et vient furtivement rougir le front d' Aline :
Un rire fou circule autour de la colline,
En éclats s'y prolonge, et se mêle aux travaux
Qui doivent d'un vin pur enrichir nos caveaux.
Cependant le jour fuit ; il se hâte d'atteindre
Aux portes d'occident, où ses feux vont s'éteindre:
Vesper a déployé ses humides drapeaux,
Et son sceptre d'ébène appelle le repos.
[ À force de chanter / ma vie / De faire des / haran-an-angues... ]
11:55 Publié dans Lect(o)ures | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : Poésie, Vin