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jeudi, 29 septembre 2011

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Au cours de l'été 1991, entre une année de Terminale étincelante et une année d'hypokhâgne qui allait être l'une des plus stimulantes, entre autres intellectuellement, de ma vie, j'écoutais presque chaque jour, et souvent plusieurs fois par jour, à Cagnotte, l'album de Gérard Manset qui date de 1974 et dont ma soeur venait de me "repiquer" un enregistrement sur cassette audio. Je découvrais l'album, un peu plus d'un an après que mon ami Christoph m'eut fait découvrir Manset.

Cet été-là, plus que les albums Lumières et Prisonnier de l'inutile (dont le souvenir est lié, pour moi, aux journées hivernales de mon année de Terminale), c'était donc l'album de 1974. La cassette audio est foutue depuis longtemps, et, selon la stratégie habituelle de Manset, la version remastérisée en CD ne contient pas toutes les chansons d'origine. Même dans les best-of ou coffrets, certaines n'ont toujours pas reparu, condamnées à l'instar de toutes celles du premier album, et du troisième album. Entre autres, Un homme étrange, que j'avais dans la tête presque en permanence cet été-là — et dont je juge encore aujourd'hui que c'est une composition d'une très grande subtilité, qui tient à merveille l'équilibre entre chanson populaire, texte insolite et arrangements ambigus — semble avoir été voué aux oubliettes. Il m'arrive régulièrement de chercher, sur youTube ou autres sites, telle ou telle de ses chansons. Comme l'éditeur de Manset et Manset lui-même sont très vigilants, on ne trouvait, jusqu'à naguère, aucune de ces chansons condamnées (ni les autres d'ailleurs). Or, il semble que le blocus soit levé, ou qu'EMI soit moins vigilant ces temps-ci, puisqu'il y en désormais toute une fournée sur youTube.

Pour plus de sûreté, et dans l'hypothèse d'une prochaine razzia EMI d'autant plus idiote que des vingtaines de chansons ne sont disponibles que par de vieux vinyles, je viens de télécharger Un homme étrange. Outre l'été 1991, la semaine en solitaire à Madrid, ou d'autres moments plus furtifs (fugitifs ?) venus plus tard (ou dont mon souvenir s'accorde à les fixer un peu plus tard dans la chronologie), cette chanson me rappelle combien ma soeur aimait à se moquer des rimes de Manset (dans cette chanson-ci : "fait comme une branche de céleri / mais gare à celle qui rit"), et, sans doute, par ce biais, de moi, de mon goût pour Manset. Cet été-là, aussi, en écoutant Manset, j'ai écrit des brassées de poèmes, à l'Olivetti sur du papier pelure, feuilles qu'ensuite je reliais, minces recueils de douze ou quinze poèmes que je me rappelle partiellement et imparfaitement, mais que je ne renierais aucunement.

 

(Le vrai punctum, le point absent, la ligne de mine de ce texte, c'est Christoph.)

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