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mercredi, 26 octobre 2011

Exister est un plagiat : 20 et 53

20

 

Un soir, avec Sébastien, nous sommes allés voir Arizona Dream, au cinéma UGC.

Un autre soir, en rentrant aussi du cinéma, un molosse placide nous a barré la route ; nous ne savions que faire, et tout ce que j’ai trouvé à dire, c’est « C’est con, comme situation, ça ».

Je faux. J’ai tout faux. Ces deux anecdotes ont eu lieu pendant la première khâgne.

De même les promenades au Jardin botanique.

Mais alors, que s’est-il passé au cours de ma vingtième année ? Je ne me suis pas contenté, tout de même, à Talence, d’aller le mercredi matin, faire des prises de sang en me faisant un thé, de retour au studio, et en écoutant Le Chant du cygne de Manset ?

On n’a pas tous les jours vingt ans, d’accord, mais tous les jours de cette année-là, banalement, je m’apprêtais à avoir bientôt vingt ans. Et ça n’avait aucune importance. Il m’est arrivé de me projeter dans l’avenir, comme on dit, mais pas comme ça : devoir écrire une autobiographie rétrospective, en racontant deux fois chaque année ? mais ça ne tient pas debout… Pourquoi ce que j’ai écrit dans le §56, il y a trois jours, me semble-t-il suffire amplement (et même déborder) ? Tout cela n’est-il pas casse-berlon, indigeste ?

 

 

53

 

Pendant les premières semaines de cours, en hypokhâgne, je reviens le soir dans le petit studio de la rue Frédéric-Sévène, et j’écoute Je suis une guitare de Moustaki. (En faisant la vaisselle, un soir, le plan de ma première dissert de philo me vient d’un bloc, en écoutant une autre chanson de Moustaki.) Quand je rentre, j’ai souvent, outre mon cartable, un sac plastique rempli de nectarines un peu talées mais très goûteuses, que je me rappelle avoir acheté à des vendeurs du boulevard Victor-Hugo pour dix francs les trois kilos.

—— Fragments autobiographiques. En faisant des choix, même dans les années lointaines, on se rend compte qu’il y a tant de choses qu’on ne racontera pas : la quinzaine à Dungeness, huit jours à Madrid (l’émerveillement devant les Ribera), le séjour au mois de février dans une famille de Frise (à Varel), ou encore les deux méchouis de fin d’année, en terminale, chez le professeur de philosophie, à Saint-Lon-les-Mines. Si on racontait tout, ce serait insupportable, et même comme ça, déjà, on s’inquiète, n’est-ce pas indigeste, inintéressant, casse-pieds ?