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lundi, 31 août 2015

“belote pour”

belote pour des rififis

d'opérette ça va sans dire

& dont vos visages bouffis

ne retiennent ni joie ni ire

 

vous boufferez vos salsifis

dans l'euphonie d'une hétaïre

dardant des regards de défi

au pâle cavalier qui tire

 

sur le mors d'une bleue jument

à croire que le monde ment

si c'est le bazar dans ma prose

 

& le cauchemar des lentilles

pour des rififis des vétilles

s'apothéose dans mon prose

 

jeudi, 27 août 2015

Mauvaise monnaie

En raison d'une soutenance de thèse à laquelle je suis convié, je me suis mis à relire récemment Dangerous Love de Ben Okri, que j'avais dû lire à sa sortie et donc, je m'en avise, il y a bientôt vingt ans (!). À l'époque, le roman m'avait déçu, car j'y retrouvais, amplifiés, certains des tics d'écriture qui gâchaient légèrement mon plaisir avec la trilogie d'Azaro. Curieusement — ou pas, d'ailleurs —, le roman me plaît beaucoup plus aujourd'hui, peut-être car je suis devenu moins tâtillon sur la question du ressassement stylistique, ou parce que ce qui a valu de nombreuses critiques à Okri (la lenteur narrative) est justement quelque chose qui me capte, désormais. Entre autres, c'est un magnifique Künstlerroman.

 

Pour faire une pause à l'orée de la dernière partie, j'ai commencé la lecture du dernier Mabanckou, encensé par les médias officiels de la Kulture, Canard enchaîné ou Télérama en tête, mais que je n'ai pas acheté pour cette raison : pour la première fois, avec Lumières de Pointe-Noire, j'avais trouvé que Mabanckou parvenait à transmettre enfin une émotion non convenue dans une langue un peu travaillée. Las, et patatras ! avec Petit Piment, Mabanckou est retourné à ses travers : langue falote, personnages fantoches, discours rebattu et d'une invraisemblable platitude sur la décolonisation au Congo-Brazzaville et l'ère socialiste. On a l'impression de lire un récit de Monénembo ou de Gurnah, mais en vingt fois moins bien, sans énergie, sans âme, le tout écrit d'une plume froide, vétilleuse, en service commandé.

Pour la littérature africaine comme dans tant d'autres domaines, la mauvaise monnaie chasse la bonne : Mabanckou dans les journaux — Mabanckou aux devantures des librairies...

D'ailleurs, il semble que ce Petit Piment n'ait même pas vraiment été lu par son éditeur, ou par qui que ce soit dans l'entourage de l'écrivain, tant les erreurs grossières y pullulent : les 303 orphelins de la page 62 ne sont plus que 203 à la page 76 ; le directeur donne deux explications contradictoires à la page 87, mais la deuxième est introduite par “le directeur précisa cependant” ; le récit ennuyeux de Sabine n'est interrompu, à la page 97, que par un (très révélateur) “Tu t'endors ?” lancé au narrateur ; etc.

 

lundi, 24 août 2015

“perdu sous la tourbe”

27 août 2015

 

perdu sous la tourbe d'averses

regard fixé au néflier

faut pas que vous me gonfliez

avec hallebardes et herses

 

chiens & chats pour tous vos commerces

& le mufle inhospitalier

ne rompez pas si vous pliez

pluie leurs babines tu les gerces

 

la quarantaine du barbon

à devoir partir au charbon

comme dit prendre le collier

 

pour peu que le nord on le perde

le soleil pourra s'émollier

bientôt il pleuvra de la merde

 

vendredi, 14 août 2015

“farce la vie”

farce la vie quand on se caille

même au cœur du cœur du mois d'août

la pierre frémit sur le sout

est-ce pavane ou passacaille

 

vois-tu ton vieux chandail qui bâille

& l'aspirateur ce mammouth

je voudrais être un peu routmouth

pour le goupil et pour la paille

 

Gênes resplendit Audenarde

a lancé ses colifichets

& j'ai gobé tout l'hameçon

 

ne pleut-il qu'une hallebarde

notre langage a défriché

le réel de son écoinçon

 

lundi, 10 août 2015

“dans la mousse on joue”

dans la mousse on joue au croquet

rêverie landaise gasconne

avec le maillet qui déconne

& les jappements du roquet

 

un peu de blanc dans la bonbonne

cigales grillons & criquets

la nuit rebattre le briquet

autant au charbon qu'à Narbonne

 

& pour balpeau viser l'arceau

du sable ! d'où en remplir un seau

humer les bouses les lessives

 

face à mon coup si tu esquives

difficilement le fleuret

un lézard rira du muret

 

samedi, 08 août 2015

“de quel fléau”

de quel fléau sommes-nous dupes

dans cette immense droguerie

la flamme plus jamais nourrie

par les loriots et les huppes

 

 

en crachant les noyaux des drupes

nous engendrons l'anticyclone

l'éros quelque peu asynchrone

en arrachant la fleur des jupes

 

la poésie n'est pas guérie

des saletés qui l'ont fleurie

un millénaire tant et plus

 

c'est tout au fond d'un trou d'obus

qu'on entend ce qui nous motive

un crachat de locomotive

 

jeudi, 06 août 2015

“sur le canapé smaragdin”

vous allez faire vos valises

sur le canapé smaragdin

votre haleine de ragondin

encensez-la dans les églises

 

la volte des vertugadins

des bonbecs et des friandises

faut-il que l'on vous le redise

on ne trouve pas ça gueudin

 

alors le sorbet abricot

& l'ami Fra Angelico

ithyphallique mais pioupiesque

 

dans mon rêve écru asticot

vomit un tabernak de fresque

partez je vous envierais presque

 

mercredi, 05 août 2015

“au diable ce qui tarabuste”

au diable ce qui tarabuste

ce qui taraude & qui transit

ne sommes-nous pas en transit

la chair plus frêle qu'un arbuste

 

à peine si on dit prosit

en redressant fiérot le buste

on trouve le tintement juste

& la faucheuse échabouzit

 

ainsi ce qui nous tracassait

fait comme un vieux riff de reggae

c'est un fantôme qui passait

 

inutile d'arrouméguer

pour le bal ou pour la flibuste

oublie ce qui te tarabuste

 

mardi, 04 août 2015

“le tracteur se rend au comice”

le tracteur se rend au comice

inertia omnia pliat

est-ce un Vierzon ou un Fiat

le diesel coule en son calice

 

on vient d'Orthez de Sallespisse

en Mercedes ou en Dacia

omnia pliat inertia

la fête n'est qu'un précipice

 

à huit heures d'un air ronchon

en buvant le café au verre

dévorer les pieds de cochon

 

la pluie leur a donné congé

mais ils mangent d'un air sévère

les tripes le pain épongé

 

lundi, 03 août 2015

“vous allez bouffer vos rollmops”

vous allez bouffer vos rollmops

& vos raynal&roquelaure

toi le triste tyrannosaure

& toi l'infect tricératops

 

dans le théâtre d'Épidaure

je jouais Khephren ou Khéops

je grillais les feux et les stops

j'étais le lapin Isidore

 

vous allez becter vos endives

& ravaler votre salive

imbéciles uintathériums

 

on n'aurait pas l'humeur saumâtre

si mordillant nos critériums

vous n'aviez foncedé le théâtre

 

“dans les arènes de Panjas”

cette seconde n'a duré

dans les arènes de Panjas

que pour laisser l'autre bécasse

s'adosser à l'ancien muret

 

le teckel parti la queue basse

& toute une ménagerie

l'embarquement sa vacherie

bien pire encore qu'à Habas

 

tout ça l'été c'est le bonheur

ou quelque chose d'approchant

dont nous traverse le plain-chant

 

tandis qu'à la perche on remballe

l'ivrogne & son énorme balle

foin des lourdingues déconneurs

 

dimanche, 02 août 2015

“le très long cierge”

le très long cierge allumé

fait valser dans l'air du lundi

la citronnelle dont on dit

que son âpre embrun parfumé

 

éloignera bien ces maudi

-tes zézayantes dont le mé

-rite est d'avoir encor cramé

une nuit blanche (on s'enhardit

 

à risquer des vers difficiles)

le café rendrait plus débile

& le miel bouche les artères

 

mieux vaut s'encanailler sous terre

directement que l'on astique

son cadavre sans la moustique

 

samedi, 01 août 2015

“les aboiements du labrador”

les aboiements du labrador

& la pluie en pleine sourdine

c'est le mois d'août qui se radine

en novembre de chanvre et d'or

 

dans la mémoire on se calcine

pas besoin de jouer les cadors

pour qui confond peut-être encor

le laurier-rose et la glycine

 

y a-t-il vraiment une raison

à ce temps de flotte et de pisse

été après été dans la

nasse de quelque sot horla ?

peu de chance que quelqu'un bisse

un sonnet pour chaque saison