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dimanche, 05 juillet 2020

Tout fait boucle

Levé tôt, cinq heures. Peut-être que ça repart comme en mars-avril, dans les premières semaines du confinement. Peut-être d'ailleurs que la pandémie elle-même va se réaccentuer : la Catalogne reconfine la région de Lerida, quelques clusters se renforcent en France, sans parler bien sûr de la catastrophe sanitaire au Brésil ou aux Etats-Unis... Personne ne parle de l'Inde, dont les statistiques me paraissent absolument invraisemblables, au vu de l'état sanitaire et de la surpopulation du pays.

 

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Hier soir, fini de lire La saison de l'ombre de Léonora Miano. Cela fait des années que je "tourne autour", selon la formule consacrée, de l'œuvre de Léonora Miano, et j'ai fini par franchir le pas, après avoir lu le bel essai d'égo-histoire de ma collègue Maboula Soumahoro : j'ai emprunté une demi-douzaine de livres de Miano pour l'été. La saison de l'ombre est un roman en cinq parties, très bien structuré, très architecturé, mais ni classique ni baroque, et dont le sujet est le début de la traite transatlantique, vu du point de vue d'un village qui se trouve soudain attaqué par une ethnie voisine.

Si j'animais un séminaire de littérature africaine, je crois que je donnerais à lire ce livre aux côtés du classique Things Fall Apart, pas seulement ni même principalement pour la question de la réappropration historique, mais aussi pour la construction, pour le point de vue alternant entre personnages féminins et masculins, pour le décentrement aussi en matière de système philosophique et religieux. Je pense, entre autres, que ce roman de Miano doit permettre de décentrer la doxa africaniste de son attribution du statut de monument indiscuté à Things Fall Apart. Le premier roman d'Achebe permet de repenser la colonisation, tandis que le récit de Miano narre la traite négrière de biais. Ce qui est très fort, c'est la manière dont Miano ne dépasse jamais l'ignorance historique des protagonistes, et dont elle joue sur les connaissances supposées du lecteur impliqué.

(Sur le sujet, je recommande cette belle conférence d'Olivette Otele.)

Peut-être devrais-je inventer une forme vidéo, totalement désinstitutionnalisée, de ce séminaire de littérature africaine auquel je pense souvent mais que je n'enseignerai jamais dans mon université.

 

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Comme le livre de Miano est un emprunt à la B.U., je devrais en parler un jour dans la série de vidéos je rends des livres, si ce n'est que je l'ai interrompue depuis novembre dernier. Hier, je m'interrogeais sur la poursuite éventuelle de l'autre grande série de bavassages littéraires, je range mon bureau... Ce n'est pas la fin de l'année qui incite à ces atermoiements, car je me suis interrompu dans le grand Projet Scarlatti il y a trois mois désormais, et j'écrivais déjà le 18 janvier dernier dans ces carnets : "Et comment se remettre à Pinget ?".

 

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Je ne l'ai pas noté ici, mais la nouvelle majorité municipale a pris ses fonctions avant-hier, avec deux collègues que je connais un peu pour l'une (Annaëlle Schaller), mieux pour l'autre (Elise Pereira-Nunes est aussi une ancienne étudiante, et je la connais depuis 2006), toutes deux désormais adjointes au maire Emmanuel Denis. J'espère qu'une mairie verte va pouvoir montrer la voie sur un certain nombre de sujets.

 

samedi, 04 juillet 2020

Pentes et sentes

Levé tôt, fatigué. Me suis senti un peu comme ci comme ça toute la journée.

 

En fin de matinée, je suis allé en ville en vélo, pour la première fois. Cela m'a permis de voir qu'il me faudrait 17 minutes si je comptais me rendre l'an prochain au travail en vélo (au lieu de 25 minutes environ à pied et en tramway), et plutôt 25 minutes au retour (j'ai mis pied à terre à mi-côte, avenue de la Tranchée, mais c'est parce que je n'ai pas pris l'habitude de grimper).

 

 

 

Après bien des tergiversations, j'ai aussi fini par enregistrer, en trois temps, la vidéo n° 62 de je range mon bureau. Vu le nombre de livres qui s'étaient accumulés, j'ai été contraint de les expédier, de parler de chacun en trois minutes voire moins, à l'exception des Hommes qui me parlent d'Ananda Devi ; j'ai considérablement abrégé le temps de bavassage en ne lisant que peu d'extraits (Woolf, Devi et Thörn seulement).

Je parle de bavassage, et je parle de tergiversations : en effet, je crois que j'ai fait le tour de ce format, que je n'en vois plus trop l'intérêt. Mon seul problème est que, si je ne fais plus ces vidéos, je ne garderai plus trace, pour moi-même, des livres que je lis, et qui s'empilent sur les étagères. Un ami, avec qui j'ai pris un verre ce midi justement, et qui a acheté plusieurs livres suite à ces chroniques filmées, publie des extraits des livres qu'il lit sur Facebook : moins chronophage que le billet de blog, cette pratique est peut-être ce qu'il me faut désormais.

 

vendredi, 03 juillet 2020

Le Jour ni la Loire

Aujourd'hui, journée calme et tourangelle. Tout de même allé à l'université, en voiture. Les lieux sont plus déserts et étranges que jamais.

Soir : trois épisodes de Peaky Blinders (2 à 4 de la saison 3).

 

On n'a pas encore eu, à l'exception de deux ou trois journées il y a une semaine et demie, d'été. Pas de chaleur, pas de lecture tard le soir à la lueur des bougies à la citronnelle. Il fait frais le soir, il fait froid le matin. C'est n'importe quoi.

 

23:37 Publié dans *2020* | Lien permanent | Commentaires (0)

jeudi, 02 juillet 2020

Le Jour ni l'Epte

Plutôt mauvaise nuit, courte surtout : ah, les hôtels...

Cette nuit, j'ai été réveillé, mais je ne saurais dire à quelle heure (ni C* ni O* ne l'ont entendue) par une femme qui a parlé très fort au téléphone, dans l'escalier ou sur le palier peut-être; je n'ai retenu qu'une histoire de chauffe-biberon, mais, sur le coup, avant de replonger, j'aurais pu réciter les deux ou trois phrases vociférées.

Vernon : failli vomir en tombant sur la permanence de l'immonde Claire O'Petit.

 

Giverny, jardins et maison de Monet, 2 juillet 2020   Matinée à Giverny : jardins et maison de Monet, que je me rappelais très bien, et en particulier les nombreuses salles avec les estampes japonaises, de Hiroshige, Utamaro et Kōrin, qui nous avaient déjà émerveillés, alors (1998 ? (nous étions venus là, en octobre, depuis Beauvais)). Avec le Covid19, un seul sens de circulation possible, et difficile donc de profiter vraiment du bassin aux nymphéas. Bizarrement (ou pas, d'ailleurs), c'était presque plus calme dans la maison.

Il est étrange que la rue centrale de Giverny soit devenue exclusivement piétonnière, ce qui est très bien, mais que les autorités n'aient pas trouvé un moyen de rendre pareillement inaccessible au trafic routier la route qui sépare le bassin et ses alentours de la maison avec son potager réaménagé en jardin fleuri : quand passe un camion bringuebalant, à trois mètres, il est difficile d'admirer le fameux pont si souvent peint par Monet en s'imaginant en 1893...

 

Pique-nique au Cormier, sur une très grande place gazonnée et semée de pommiers, avant de passer par la commune de Le L'Habit... je n'invente rien.

Nous avons "coupé" le chemin de retour en faisant halte à Bonneval, la "Venise beauceronne" ; je ne peux rien dire de désagréable ou de négatif, n'est-ce pas, n'étant jamais allé à Venise...

 

mercredi, 01 juillet 2020

Le Jour ni l'Eure

Aujourd'hui, nous sommes partis pour deux petites journées, même pas, avec O* seulement, afin de lui montrer Giverny, but ultime du voyage (mais ce sera pour demain). J'ai beau éviter systématiquement , autant que faire se peut et quand on baguenaude, les autoroutes, je dois reconnaître que les routes de Châteaudun à Chartres, puis de Maintenon à Evreux ont de quoi décourager. Il y a toute une partie de la Beauce, puis des abords de la Normandie, où il y a un village tous les deux kilomètres, sans compter les poids lourds, les déviations, les travaux etc.

 

Chartres, mercredi 1er juillet 2020   À onze heures, nous étions donc à Chartres : promenade dans la ville (qui compte seulement 38.000 habitants, ce qui est étonnant), et bien sûr la cathédrale. Je ne me rappelais pas du tout le belvédère derrière le chevet, mais notre seule visite remontait à 1999. Je ne me rappelais pas trop la ville, au point que je crois que nous avions eu du mal à nous garer et n'avions visité que la cathédrale.

L'après-midi nous avons visité la Maison Picassiette, qui est une curiosité, vraiment à voir. Le quartier où vivait le cantonnier Raymond Isidore ne s'est guère amélioré, sans doute, depuis les années 50 : grand jardin public boisé et à l'abandon, mais non sans charme, immeubles bas et maisons de ville-champignon, bagnoles passant a hum de caillaous sur la fameuse rue du Repos (quelle antinomie dans les termes même). Le cantonnier, qui avait probablement un grain, avait aussi un solide talent de composition pour toutes ses mosaïques, et même pour leur agencement : les salles ou cours sont très réussies ; par contre, dès qu'il s'avisait de peindre, courage, fuyons.

 

Le château de Maintenon, que j'ai dû visiter avec mes parents en 1983, au retour d'Autriche, en allant vers Chicheboville (mais peut-être que je me trompe de date), est sublime : le coup d'oeil, la structure globale du château, sa façade et sa cour intérieure ; le parc, bien sûr, avec les lambeaux majestueux de l'aqueduc et l'allée de tilleuls ; mais aussi les intérieurs, meubles et décors (ces papiers peints de style chinois !), la grande enfilade de l'étage, le balcon... Très frustrant de devoir circuler assez rapidement en raison de la réglementation liée à la pandémie de Covid19. Heureusement, dehors, malgré les averses soudaines, aucune restriction, sauf ma lombalgie qui m'a fait un mal de chien.

 

Evreux était la ville idéale pour passer la nuit sans se ruiner, et pour une visite en coup de vent tout en cherchant un restaurant : après Lisieux avec A* il y a cinq ans, il semble que j'aie le chic pour dégotter ces villes à la fois endormies et déshéritées. On tentera de se rappeler que c'est l'Iton, et non l'Eure, qui coule à Evreux.