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mardi, 30 juin 2020

Collé à la semelle

Depuis hier, j'ai de nouveau le moral dans les chaussettes, pour user d'une expression désuète. Ces sautes d'humeur sont vraiment pénibles. Et cela en dépit du fait qu'il n'y a pas de vraie raison fondamentale, et même qu'A* a passé avec succès l'examen national du code et que les résultats des élections municipales ont plutôt de quoi me réjouir.

 

Ce matin, je participerai à une soutenance de mémoire de M2 ; je croyais avoir lu ce mémoire pas assez attentivement, mais au moment de mettre en ordre mes notes prises au fur et à mesure sur divers supports, je me suis aperçu que ça représentait plus de 10 pages sans interligne. Comme si (et même pire que si) j'allais participer à une soutenance de thèse. 90% des ces remarques resteront sur le papier, pour personne. Il faut dire que les étudiant-es de Master ont de plus en plus tendance à remettre des mémoires plus longs que la norme, et même parfois aussi denses conceptuellement que des thèses de doctorat.

 

D'où me vient l'impression de n'avoir rien fait du mois de juin ?

Ce n'est pas qu'une impression, mais la multiplicité des petites et grandes tâches universitaires explique aussi cela, probablement.

 

Même l'été, sans parler des effets étranges de la période post-confinement, sera haché, hachuré.

 

07:09 Publié dans *2020*, WAW | Lien permanent | Commentaires (0)

lundi, 29 juin 2020

Quels univers

Pas envie de faire le point sur le second tour des élections municipales. Beaucoup de choses écrites, beaucoup d'avis échangés sur les réseaux sociaux... Toujours est-il qu'entre tous les benêts incapables de sortir d'une logique productiviste et de comprendre la réelle gravité de l'urgence climatique, notamment, et les critiques de l'écologie politique qui prétendent qu'elle est déconnectée des classes populaires et n'est voulue que par des bobos surconsommateurs en plein paradoxe, on en lit, des âneries peu encourageantes.

 

Commencé en famille la saison 3 de Peaky Blinders. Comme souvent pour moi, la lassitude ou la monotonie commence au bout de deux ou trois "saisons", et ce même s'il n'y a que six épisodes par saison.

 

Samedi soir : Roubaix, une lumière de Desplechin. Les films de Desplechin sont de plus en plus décevants, ce n'est pas peu dire. Roschdy Zem est excellent, mais comment peut-on admirer ou récompenser quelqu'un qui joue bien un rôle aussi mal écrit ?

 

dimanche, 28 juin 2020

Jour d'élections

Aujourd'hui, c'est le second tour des élections municipales, plus de trois mois après le premier. Comment ce décalage et le choix même de cette date de second tour, à l'orée des vacances d'été, vont-ils influer sur les résultats ? J'espère qu'à Tours le ballottage favorable de la liste d'union de la gauche menée par un candidat écologiste sérieux et vraiment de gauche, Emmanuel Denis, va se confirmer dans les urnes.

 

Réveillé très tôt, peut-être par l'inquiétude subite de ne pas avoir entendu A* rentrer, je consulte mon téléphone et, ouf ! un SMS : il a préféré rester crécher chez F*, une amie chez qui avait lieu la soirée, plutôt que de devoir prendre le dernier tramway.

 

Cela me donne l'occasion, pour la première fois depuis un petit moment, d'écrire dans ce blog alors que toute la maisonnée dort. Et aussi, hélas, de lire des articles et des articles, qui, tous, me rendent plus pessimiste et me noircissent l'âme. Venir geindre ici, ensuite, que je me trouve nul de laisser à l'abandon la plupart de mes projets vidéo ou d'écriture, n'a quasiment aucun sens. Je ferais mieux de prendre au pif n'importe quel bouquin qui m'entoure et d'en dire quelques mots. Ce ne sont pas les exutoires qui manquent.

 

Pourtant, je vais plutôt reprendre le mémoire de M2 dont la soutenance aura lieu mardi.

 

05:47 Publié dans *2020* | Lien permanent | Commentaires (0)

samedi, 27 juin 2020

Aphorisme

Je ferais mieux de travailler lambiner plutôt que de m'activer m'activer.

 

vendredi, 26 juin 2020

Demain dès l'aube...

Quelques distiques inachevés, suite à un jeu sur Twitter...

 

 

Demain dès l'aube, à l'heure où blanchit la beubar

Je ferai un discours.

Victor Vitiligo.

 

 

 

Demain dès l'aube, à l'heure où jaunit le montagne,

Je rongerai.

Victor Mulot

 

 

Demain dès l'aube, à l'heure où blanchit la campagne,

Tu repiocheras 4 cartes.

Victor Uno.

 

 

Demain dès l'aube, à l'heure où blanchit la campagne,

Je démazouterai.

Victor Cargo.

 

 

Demain, dès l'aube, à l'heure où blanchit la campagne,

Je communierai.

Victor Bigot.

 

 

Demain, dès l'aube, à l'heure où blanchit la campagne,

Je me mettrai au point mort.

Victor Stop'N'Go

 

 

Demain, dès l'aube, à l'heure où blanchit la campagne,

Je composterai.

Victor Diligo.

 

 

Demain, dès l'aube, à l'heure où blanchit la campagne,

Je te collerai aux dents.

Victor Berlingot

 

 

Demain, dès l'aube, à l'heure où blanchit la campagne,

Dis, tu vas la pousser ta poubelle, eh connard ?

Victor Parigot

 

 

Demain, dès l'aube, à l'heure où blanchit la campagne,

Je pèterai.

Victor Fayot.

 

 

Demain, dès l'aube, à l'heure où blanchit la campagne,

J'écrirai une merde.

Victor Musso

 

 

Demain, dès l'aube, à l'heure où blanchit la campagne,

Je lècherai.

Victor Miko

 

 

Demain, dès l'aube, à l'heure où blanchit la campagne,

Ça caillera.

Victor Frigo

 

 

Demain, dès l'aube, à l'heure où blanchit la campagne,

Tu les aimes, mes seins ?

Victor Bardot

 

 

Demain, dès l'aube, à l'heure où blanchit la campagne,

Remets-moi la même !

Victor Poivrot

 

 

Demain, dès l'aube, à l'heure où blanchit la campagne,

Je partirai pour le Tourmalet.

Victor Hinault

 

 

Demain, dès l'aube, à l'heure où blanchit la campagne,

On verra bien.

Victor Impro

 

 

Demain, dès l'aube, à l'heure où blanchit la campagne,

Je pâtirai.

Victor Parano

 

 

Demain, dès l'aube, à l'heure où blanchit la campagne,

Fuck the fuckin' shit.

Victor De Niro

 

jeudi, 25 juin 2020

Fin d'année étrange, queue de comète

Avant-hier, l'étudiant de M2 dont je dirigeais le travail, Louis P*, a soutenu, et de fort belle façon. Il a obtenu la note de 18, en raison de sa présentation en anglais, de la solidité argumentative et conceptuelle de son travail, aussi en raison des progrès manifestes qu'il a faits en traduction ; il est étudiant en philosophie à l'origine et a d'ailleurs enseigné comme contractuel cette année en lycée. Ce M2 en études anglophones est un vrai jalon, une vraie preuve d'un transfert réussi dans un domaine qui n'était pas le sien, et qui l'aidera, j'en suis certain, à poursuivre sa spécialisation sur les auteurs du Scottish Enlightenment.

 

Cette soutenance a été l'occasion de reprendre corps avec le travail in situ : à l'exception de S., resté à Paris et qui a participé au jury via Teams, nous étions, les 3 autres membres de jury et le candidat, en salle 36, non loin de mon bureau. Impression étrange, car tous les secrétariats refonctionnent de façon normale, avec gel hydroalcoolique et masques bien entendu, mais le site semble plus déserté que désert.

 

Mardi prochain, la prochaine soutenance de M2 à laquelle je participe, pas en tant que directeur de recherche cette fois-ci, aura lieu via Teams car les horaires et les tarifs de la SNCF sont d'une complication invraisemblable. Heureusement qu'on peut travailler ainsi, tout de même.

Ma collègue, c'est Maboula Soumahoro, dont j'ai enfin pu lire le livre dernièrement, et j'aurais aimé échanger avec elle à ce sujet avant d'en parler dans ma prochaine vidéo ; nous passerons sans doute par un appel vidéo, qui peut être aussi enrichissant. On n'a pas idée de la puissance de dénégation des formes de racisme systémique, et ce ne sont pas les imbéciles ou les salauds (y compris et surtout qui se croient de gauche) bêlant contre les fractures de l'unité républicaine ou du pseudo-universalisme qui pourront inverser désormais la force de la preuve.

Ainsi, en sus des réunions en visio (CSDP, jurys...), je suis en train de consacrer une partie de mes journées à lire attentivement le travail de l'étudiante, qui résonne avec bien des débats actuels sur le prétendu communautarisme des militant-es antiracistes, et avec le très beau texte de Léonora Miano hier dans Le Monde.

 

mercredi, 24 juin 2020

*2406*

Les notes de sax résonnent dans la maison.

Il y avait longtemps.

A* avait emporté son saxophone avec lui à Rennes en août et avait dû le laisser là-bas quand il s'est confiné ici ; nous l'avons rapporté lors de notre brève virée rennaise il y a dix jours.

Visiblement (audiblement) il improvise sur la grille de Viva La Vida!

 

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Ce matin, passé deux heures chez l'orthodontiste pour un énième rendez-vous. O* est désormais débarrassé de son appareil mais doit porter un positionneur jusqu'au prochain rendez-vous, au début de l'automne.

 

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Première vraie journée de chaleur estivale : je vais aller participer à ma réunion de CSDP via Teams dehors.

 

mardi, 23 juin 2020

Once Upon A Time in the West

Ce soir, revu, avec les garçons qui le découvraient, Once Upon A Time in the West. C'est vraiment un film magnifique, et je pense que je pourrai les convaincre à présent de regarder The Good, the Bad and the Ugly. À signaler au chapitre des trous de mémoire en raison d'une jachère de 25 ans depuis le premier visionnage, je n'avais aucun souvenir du personnage de Cheyenne, joué par Jason Robards, qui se trouvait avoir mon âge au moment du tournage, ce qui ne manque pas de me faire remarquer, certainement par aveuglement et illusion sur la tronche que je tire en vérité, qu'il a l'air beaucoup plus âgé que moi.

 

Un simple détour par l'article de la WP anglophone semble montrer que les citations de (voire emprunts directs à) westerns antérieurs sont légion, par exemple à Johnny Guitar, que j'avais adoré enfant et que j'ai trouvé soporifique au possible en le revoyant il y a une dizaine d'années avec A*, ou encore à The Man Who Shot Liberty Valance, que je ne crois pas avoir vu.

 

Il y a bien entendu, mais cela va sans dire, la musique d'Ennio Morricone, mais le son, de manière générale, est primordial : ainsi du bruit de l'hélice dans la première scène. Ce sont les variations extraordinaires sur la perception de ce bruit qui marquent la multiplicité des points de vue : il faudrait montrer ce plan en entier en introduction à tout cours de narratologie sur la polyphonie narrative.

 

lundi, 22 juin 2020

Treize kilomètres

Ce matin, avant midi, je suis allé en vélo jusqu'à Chanceaux-sur-Choisille, en faisant un petit tour de la bourgade, et avant de rentrer, passablement essoufflé : je ne suis pas du tout sportif et ai décidé de me mettre (on ne peut même pas dire remettre) au vélo, qui, visiblement, tape moins sur mon arthrose et mes tendinites chroniques que la marche ou, surtout, que le piétinement. Il faut que je trouve mon rythme, mais c'est plus agréable qu'un abonnement en salle de sport (ça, c'est vraiment exclu) ou que du vélo d'appartement.

 

En tout cas, treize kilomètres en 45 minutes, c'est absolument lamentable... et je n'aurais pas pu en faire cinq de plus... Mais c'est bien agréable.

 

14:10 Publié dans *2020* | Lien permanent | Commentaires (0)

dimanche, 21 juin 2020

*2106*

Aujourd'hui, c'est l'été, à moins que ce fût hier.

 

Je me rends compte que je sature, de tout. Hâte d'être en vacances, de passer un mois -- si possible -- à ne rien faire de strictement apparenté au boulot. Soutenances de M2, colles d'agrégation, polémiques stériles entre collègues, lectures ciblées... je sature...

 

Des sortes d'angoisses diffuses m'ont réveillé tôt ce matin, puis tenu éveillé, bougon et maussade. Le travail me pèse. Il paraît que l'épidémie de Covid19 repart de plus belle, mais je ne trouve pas les sources de cette information.

 

07:30 Publié dans *2020* | Lien permanent | Commentaires (0)

samedi, 20 juin 2020

Virée au Lude

P1260450.JPGAujourd'hui, promenade en famille au Lude, avec visite du château et de ses jardins, des bords du Loir. La dernière fois, c'était en septembre 2005 avec A*, qui avait quatre ans. Je me rappelle aussi avoir assisté, en 1994, à une représentation du son & lumières, dont, paraît-il, mes grands-parents paternels parlaient souvent. Par contre je n'avais aucun souvenir des "jardins de l'Eperon", avec le petit pseudo-labyrinthe ; peut-être n'ont-ils été aménagés et ouverts à la visite que récemment...

Au retour, nous avons cherché vainement le site archéologique fléché depuis la route, mais après, nada. La route par La Chapelle aux Choux (ça ne s'invente pas) est très jolie, d'ailleurs. Le prieuré de Lavaray était (encore (et toujours)) fermé.

 

vendredi, 19 juin 2020

*1906*

Donc l'un des deux néfliers n'est plus. Aujourd'hui, il faudra percer des trous dans la souche pour lui injecter je ne sais quel produit permettant de l'éradiquer sans dessoucher.

 

Ces temps-ci je traverse une phase totalement désabusée : rien ne me semble avoir de sens, et rien ne semble valoir la peine de se remuer. Cela passera, sans doute, mais ce n'est pas agréable.

D'ailleurs, je ne continue plus aucun de mes Projets.

 

Hier midi, déjeuner à l'excellent restaurant éthiopien, le Karamara. Vu, dans le jardin de la Préfecture, les 5 statuettes représentant des personnages de Balzac en costume contemporain (Rastignac sur son téléphone portable etc.). Ce n'est pas bien malin, et plutôt laid.

Entre deux averses torrentielles, détruit le muret sous le perron avec mon père, et fait deux allers-retours à la déchetterie.

Le soir, nanard (drôle) : Johnny English Returns.

 

jeudi, 18 juin 2020

*1806*

Aujourd'hui, on a 28 ans (avec l'épaule gauche en capilotade, en ce qui me concerne).

 

Aujourd'hui aussi, hélas, on fait abattre le néflier proche de la cuisine, car ses racines ont crevé une canalisation, de sorte que nous nous sommes aperçus très tardivement d'une fuite d'eau bien coûteuse, le mois dernier. Pas d'autre solution que de le faire abattre puis de l'éradiquer. Cela me rend très triste.

 

07:55 Publié dans *2020* | Lien permanent | Commentaires (2)

mercredi, 17 juin 2020

*1706*

Mes parents sont arrivés en début d'après-midi, en nous apportant des meubles et divers objets de Hagetmau. D'ici septembre, normalement, il faudra avoir vidé la maison.

 

Nous nous sommes embrassés, malgré tout ; on ne s'était pas vus depuis quatre mois...

 

18:35 Publié dans *2020* | Lien permanent | Commentaires (0)

mardi, 16 juin 2020

Médailles

Grande manifestation des “soignant·es” comme on dit désormais, et, comme l'ont souligné pas mal de personnes, on est passé très rapidement des applaudissements tous les soirs à huit heures aux lacrymos et aux coups de matraques dans la gueule. De quel droit ces gens réclameraient-ils autre chose que des applaudissements et des médailles, hein ? Quelle outrecuidance...

 

Il va de soi qu'il faudrait recruter et investir massivement pour l'hôpital public, en payant enfin toutes les heures supplémentaires en retard et en réduisant le temps de travail hebdomadaire réglementaire. Cela serait possible avec seulement une fraction du pognon de dingue dépensé en pure perte dans le CICE.

Gouverner, c'est choisir, n'est-ce pas.

 

À la marge je m'étonne de voir que des militants qui se disent communistes et prolétariens et qui se plaignent que les sujets “sociétaux” accaparent le débat à gauche ne partagent jamais, sur les réseaux sociaux, d'articles sur 'hôpital public ou sur la mise en coupe réglée de l'Université, et que, même ces jours-ci, ils n'ont, pour tout potage, que leurs cris d'orfraie face aux antiracistes et au communautarisme. Ces gens qui se croient plus de gauche que n'importe qui d'autre car ils représente(raie)nt le peuple ont définitivement sombré dans les marottes des Zemmour et autres identitaires, à qui ils déroulent le tapis rouge sept jours sur sept.

 

20:24 Publié dans *2020* | Lien permanent | Commentaires (0)

lundi, 15 juin 2020

Cadavres exquis du 12 juin

en famille, à Rennes

 

Le gros Nekfeu quémande une bouche de poisson dans la mare aux canards.

 

Le rouquin Jean-Patrick, rose, calfeutre Jean-Michel L.-B. tout autour de l'Australie.

 

Le logiciel Genially, jaune, excitait un pottok et une biquette dans la jungle.

 

Mme R., qui souffre d'encoprésie, empeste le thermostat électronique aux grottes de Rocamadour.

 

La passoire claire trépane des prunes dans la poubelle de la voisine.

 

Le chalutier débile refoule une pizza à l'ananas afin de gagner la course.

 

Le rhinocéros maigrelet dévorait des merdes de chien chez mon grand-père.

 

Le barman grisonnant devient les chaussettes mouillées dans le garage.

 

La blogueuse beauté pétomane dévore de l'emmental pouce en l'air dans la merde.

 

Madame la Vouivre, boiteuse, dévore un manteau avec Benjamin Griveaux.

 

Le beau suidé citronné a acheté quelques carottes par un matin d'hiver.

 

Quatre ragondins bipèdes grandiloquents ont réparé un corniflard Marque Repère au fond du lavabo sale.

 

Burokratz le vampire, jaunâtre, a boudigué mon cagoince avec des sacoches de vélo fleuries.

 

Le masque chirurgical goguenard a payé un bidon d'essence comme une vieille infecte.

 

Ninog affolée poignardera mon jus de chaussettes sur une Harley Davidson.

 

Le redoutable Gilles Le Gendre remarque de la pralinoise au lycée Vaucanson.

 

Le professeur de maths taquin démembre un blindeur chauffant dans un coffre-fort.

 

La raie pastenague, toute nue, déloge une tronche de faf dans le cartable de mon frère.

 

Les Bretons fort poilus urinaient du linge de maison au fond de la fosse à purin.

 

Le nabot rabat-joie broute une moustache ridicule chez Jean-Baptiste Poquelin.

 

Aya Nakamura pâle comme un cul a consommé un coloriage anti-stress en crachant un glabiot.

 

La principale tuberculeuse a déféqué les maquereaux dans un bouiboui.

 

Le gigolo qui pue risque de débigoincer la statuette Baoulé dans le camping-car Chausson.

 

Le chien atrabilaire mord des merdes de chat à minuit.

 

dimanche, 14 juin 2020

Enfin, le 22 !

Soyons clairs : Macron a été nul, il a tenu des propos indignes au sujet de la mémoire et de l'histoire, il s'est autocongratulé alors, que comme le rappelle encore ce soir le professeur Juvin, la gestion de la crise par ce gouvernement a été calamiteuse (et il faudra le rappeler et le marteler), mais on ne peut que se réjouir que, lycéens mis à part, tous les élèves du pays retrouvent le chemin de l'école le 22 juin. Même pour deux semaines, il est essentiel de tenter de renouer avec un fonctionnement normal sans attendre la rentrée de septembre.

 

Je sais que le plus scandaleux est qu'on ait empoisonné la vie des chefs d'établissement et des collègues pour mettre en place des conditions d'enseignement ubuesques et dignes des pires films de science-fiction, alors que le retour à la normale (avec des masques, sans doute, mais voilà) était déjà possible depuis deux semaines. Malgré tout, il faut se réjouir de ce retour progressif à la normale. J'espère que, si la propagation du Covid19 continue de faiblir ou de stagner, la rentrée de septembre dans les universités se fera sans toutes ces inepties de "continuité pédagogique hybride" et de "panachage de distanciel et de présentiel barrière" dont fourmillent les e-mails et les lettres circulaires depuis quelques semaines.

 

Avant le 12 mars, l'Etat a été coupable de trop traîner avant de fermer les établissements d'enseignement ; depuis quelque temps, à l'inverse, on assistait à une débauche de précautions superfétatoires virant au ridicule. Retour à la normale, et croisons les doigts.

 

22:30 Publié dans *2020* | Lien permanent | Commentaires (2)

samedi, 13 juin 2020

Retour à Vitré

Notre petit séjour à Vitré et à Saint-Malo, début mai 2006, correspond à une période particulièrement créatrice et particulièrement heureuse, malgré des aléas toujours.

Hier, nous avons passé quelques heures à Vitré ; je me rappelais très bien la petite cité charmante, émouvante.

 

Vitré, 13 juin 2020

 

Le musée municipal, dans le château, a été entièrement remanié. On n'y voit plus ces collections zoologiques du 19e siècle complètement délirantes, avec notamment des grenouilles empaillées représentées en train de disputer un duel au fleuret. Je me rappelle les avoir prises en photo, mais la photo est introuvable sur ma galerie Flickr.

 

Sainte-Suzanne (Mayenne)

 

Hier, nous avions fait un détour par Sainte-Suzanne, en Mayenne. Cela m'a fait du bien, je crois, de reprendre un peu la route, changer d'horizons.

 

vendredi, 12 juin 2020

Masques sur l'administration

Ce matin, je finis par me lever, après des heures à ne plus dormir, et découvre qu'il pleut, qu'il a plu, encore.

20200611_140418.jpg

Hier, petit tour en ville, et l'occasion, devant un kebab désaffecté, de ce selfie "so 2020".

 

Enfin eu des infos du service compétent à l'Université : mon malaise de fin novembre est bien considéré comme accident du travail. Pour mémoire, j'ai vu le médecin expert diligenté par l'Université le 20 décembre. Me transmettre l'avis favorable du médecin expert aura donc pris six mois. Le Covid19 (ah oui, le Covid19 : je dirai la Covid19 quand tout le monde dira la week-end) a bon dos.

Bien pratique, aussi, la crise sanitaire : j'ai appris que les heures complémentaires, habituellement payées en juillet ou en août, seraient versées en... novembre...

 

jeudi, 11 juin 2020

Vidal, entre vésanies et turpitudes

 

Vidal1.JPG

 

Vidal2.JPG

 

Voici de larges extraits d'une lettre envoyée le 2 juin par la ministre Vidal (totalement fantomatique et inutile depuis le début de son mandat, et pis encore pendant la crise du Covid19) aux établissements d'enseignement supérieur.

Vous la voyez venir, une fois encore, la saloperie absolue ?

 

Depuis des années, les universités exsangues, précarisées, demandent davantage de moyens et moins de flicage administratif par le ministère (dossiers d'accréditation, contrats quinquennaux de plus en plus lourds et assommants...).

Or, cette lettre ne mentionne jamais les questions budgétaires.

 

Par contre, cette lettre propose aux chefs d'établissement, déjà bien le doigt sur la couture du pantalon, de proposer des dérégulations, des assouplissements : comment faire encore davantage avec toujours moins de moyens, en essorant les enseignants-chercheurs et les BIATSS.

 

Cela va de pair avec l'annonce du projet de loi LPPR, contre lequel la communauté universitaire s'est déjà largement mobilisée depuis septembre. Ce projet vise à bousiller un peu plus l'Université publique, à ne financer que les projets qui permettront à des officines privées de s'engraisser sur le dos de l'Etat, et à caporaliser les universitaires.

 

mercredi, 10 juin 2020

Décrocheurs

Plusieurs médias se sont emparés depuis deux jours d'un thème accrocheur, celui des 5% d'enseignants "décrocheurs".

 

L''essentiel est de se souvenir qu'il s'agit là d'une opération de communication montée de toutes pièces par le ministère : les journalistes de France 2 ou du Nouvel Obs l'ont admis, ils ont fondé leurs articles sur des statistiques farfelues communiquées par le ministère. L'essentiel est surtout que la réalité étant sans rapport avec cette mise en relief d'éventuels profs aux abonnés absents, c'est tout de même la réalité que voient les Français-es. Et donc que les profs ont été très globalement et très massivement admirables, efficaces, et le sont encore, comme ils le sont habituellement.

Comme l'ont fait remarquer beaucoup de commentateurs furieux ou ironiques, ces reportages parlent finalement, en creux, des 95% d'enseignant-es qui ont réussi à faire leur métier pendant ces trois mois, et ce en dépit de l'incurie du gouvernement et des voltes-faces permanentes d'un ministre aussi incohérent qu'insignifiant.

 

L'utilisation du terme de décrocheur, je l'ai lue comme une sorte de contamination sémantique particulièrement perverse : alors que le terme de décrocheur est surtout employé depuis quelques années pour tenter de décrire (sans les stigmatiser) les élèves qui se trouvent dans des situations sociales telles qu'elles/ils perdent pied, le voilà accolé au substantif professeur dans une intention clairement stigmatisante. La vraie question est donc, de ce point de vue : décrocher est-il un verbe à agentivité forte ou non ? en termes plus anodins, le décrocheur est-il quelqu'un qui choisit de décrocher ? et donc, est-ce que décrocheur est un euphémisme pour flemmard ou pour naufragé ?

 

Ce sont là des discussions sans importance, sinon sans objet ; l'essentiel, comme je l'ai écrit plus haut, est de rappeler que la réalité de ces derniers mois a irrémédiablement décroché, débranché, dessaisi le ministère, avec ses I.G. aussi déconnectés qu'arrogants, et son ministre pétri d'idéologie catholique rance et stérile.

 

mardi, 09 juin 2020

La transphobie de J.K. Rowling, ou les priorités de la "militance"

[Avertissement : ce billet n'a aucun objectif polémique.

Toute formulation maladroite ou inappropriée etc.

peut être signalée en commentaire, discutée etc.]


Depuis deux jours, les réseaux sociaux — Twitter surtout —  bruissent d'une polémique comme il en fleurit une par jour, au sujet de déclarations transphobes de J.K. Rowling.

De fait, l'autrice célébrissime de la série des Harry Potter, déjà accusée depuis belle lurette par certain-es militant-es LGBT d'être une TERF (Trans-Exclusionary Radical Feminist), a remis le couvert, si j'ose dire, en déclarant qu'une femme était quelqu'un qui avait ses règles.

 

Comme je vois à la fois les réactions d'exaspération des personnes qui comprennent en quoi ces propos qui confondent genre et sexe biologique sont transphobes et les réactions désabusées des personnes (y compris très jeunes) qui disent que J.K. Rowling s'est contentée d'émettre une vérité scientifique, je sais que l'objectif n°1 serait ici d'en profiter pour expliquer en quoi le genre n'est pas le sexe biologique, et donc en quoi certaines "personnes qui ont leurs règles" se reconnaissent comme de genre masculin, voire ont entamé leur transition, et, à l'inverse, comment certaines personnes qui n'ont pas de règles, et/ou qui ont des attributs sexuels masculins, se reconnaissent comme de genre féminin, voire ont entamé leur transition. Autrement dit, pour ne pas s'attarder pendant des plombes sur Rowling elle-même, cette polémique serait l'occasion rêvée d'expliquer ce qu'est la transphobie, et donc, ab initio, ce qu'est l'identité trans, ce qui, même avec beaucoup de tolérance et de bonne foi, ne va pas de soi pour des personnes dites "cis" qui n'ont pas étudié la question ou qui n'ont pas de trans dans leur entourage.

Dans une société comme la nôtre, il paraît que la majorité des médecins ont des pratiques ou tiennent des propos transphobes par méconnaissance (ou refus idéologique) de l'identité de genre ; on peut donc supposer que la route est encore longue pour la société dans son ensemble, et que des polémiques comme celles-ci sont une occasion rêvée, en un sens, d'expliquer et de faire avancer les choses. Par une analogie qui n'est que très partiellement satisfaisante, je sais que, par delà les postures et les préjugés, des personnes ont un peu mieux compris ce qu'était le blackface et en quoi c'était problématique lors de l'affaire Griezmann. Une polémique devrait donc toujours être l'occasion, non de l'invective, mais de débats constructifs.

 

Or, que voit-on depuis 48 heures ? la crispation exclusive autour de la figure de J.K. Rowling, ainsi qu'un débat — qui serait passionnant s'il était mené avec des outils conceptuels pertinents —  sur l'œuvre.

Qu'entends-je par là ?

Eh bien, m'étant fendu d'un tweet, dimanche, pour déplorer qu'on puisse faire tant de crédit à J.K. Rowling qu'elle soit désormais considérée comme une boussole idéologique pour tant de personnes, j'ai pu constater que l'essentiel des débats opposait les militant-es LGBT qui rappellent d'autres déclarations transphobes, voire sexistes (car, au fond, l'équation féminité = menstruation devrait également poser problème en termes d'idéologie féministe), de Rowling, et qui démontrent en quoi la saga Harry Potter est fondamentalement hétéropatriarcale, et d'autres militant-es LGBT qui expliquent, au contraire, que les romans de Rowling ont aidé des milliers de jeunes LGBT englués dans des familles racistes ou sexistes à s'affranchir de ces modèles familiaux. Le débat théorique est passionnant, et, d'ailleurs, sans être aucunement passionné par Harry Potter, je vois passer des articles à ce sujet depuis déjà bien longtemps.

 

Toutefois, je le rappelle, la réaction de la majorité des internautes a été de dire que cette polémique n'avait pas lieu d'être et que Rowling avait simplement émis une évidence scientifique. La priorité n'est donc pas de débattre de Rowling elle-même ou de Harry Potter. Ce qui se passe révèle donc l'importance monumentale, et, selon moi, très largement disproportionnée, de Harry Potter en tant que phénomène ou objet culturel. Tout se passe comme si, pour les "fans" (car on voit beaucoup passer ce terme de fandom, qui mériterait à lui seul un billet d'analyse sémantique), y compris LGBT, Harry Potter comptait davantage que la lutte contre la transphobie.

Bien sûr, les lectrices et lecteurs de Harry Potter peuvent s'approprier les textes et les faire jouer contre leur autrice, ou, plus exactement, contre certaines déclarations de leur autrice. En faisant cela, même, elles et ils auront compris ce qu'est la littérature, ou ce qu'est l'art : une œuvre n'a de valeur, fondamentalement, qu'en tant qu'elle échappe à son auteur, ou à l'idéologie de son auteur. La difficulté qu'éprouvent beaucoup de fans à séparer les déclarations transphobes de Rowling de leur passion pour son œuvre proviennent justement de cette identification personnelle profonde à un univers fictionnel : elles/ils sont plus fans que lecteurs, en fin de compte, et veulent absolument que l'œuvre fasse corps, soit cohérente avec la moindre des idées de son autrice.

Cela n'a rien de nouveau ; qu'on ne se trompe pas sur ce que je cherche à dire. Il paraît qu'après la publication de Werther, l'Europe de l'ouest a connu une vague de suicides. En un sens, l'illusion selon laquelle une œuvre de fiction qui fait l'objet d'un engouement personnel et collectif peut/doit représenter le monde réel, et même lui servir de notice explicative, montre en quoi l'art reste doué d'un pouvoir immense.

 

Ce que je cherche à dire — mais là encore, je le fais en pesant mes mots, et en reconnaissant qu'en tant que personne dite "cis" je ne suis pas idéalement placé et, ayant déjà discuté de cela avec des personnes trans, je suis prêt à poursuivre la discussion — c'est qu'à l'occasion d'une telle polémique, il me semble que les militant-es LGBT devraient moins se préoccuper du statut de célébrité de Rowling que de déconstruire les déclarations en question : en se concentrant sur la figure de Rowling, elles/ils ne font que renforcer le statut de prescriptrice de Rowling, statut totalement usurpé, alors que ce qui doit faire l'objet d'un débat et d'explications, c'est cette fameuse et fallacieuse équation {femmes = règles}.

Et surtout, plus globalement, il faut que les militant-es, sur ce sujet-là comme sur d'autres, sachent distinguer l'essentiel de l'accessoire. La façon dont, depuis quelques années, on voit, par exemple, des militant-es qui se disent de gauche et antiracistes (et qui le sont, d'ailleurs, en toute sincérité) se persuader que le danger principal en France est le "communautarisme", est une des distorsions idéologiques qui ne cessent de me confondre, et de m'effrayer.

 

06:39 Publié dans *2020* | Lien permanent | Commentaires (3)

lundi, 08 juin 2020

Mother

Une de mes seules satisfactions de ces dernières semaines, c'est d'avoir tenu un journal assez exhaustif des films que nous avons regardés, et justement ces derniers temps je me suis un peu laissé aller. Je note donc qu'hier soir nous avons regardé Mother de Bong Joon-ho, plus connu récemment pour Parasite.

Parasite, nous l'avions regardé fin mars, et je n'avais alors pas noté le nom du réalisateur : c'est un travers fréquent, y compris des cinéphiles — ne pas citer le nom des réalisateurs étrangers quand ils ne sont pas américains ou ultra-connus. Je me rappelle que cela avait été dûment souligné lorsque Apichatpong Weerasethakul avait eu la Palme d'Or.

 

mother.JPGMother m'a davantage plu que Parasite. Moins verbeux, moins hystérique, il s'agit d'un film mieux construit, mieux tenu en quelque sorte, et pourtant fort loin d'être minimaliste. Dès la scène initiale, de l'actrice interprétant la mère dansant au milieu d'un champ de blés, on comprend qu'il s'agit de représenter par cette danse les états contrastés du personnage au fil du film — un peu comme un prologue théâtral qui suggère et révèle. Le dosage entre drame et humour noir est subtil ; le scénario parvient à se structurer autour d'un personnage en situation de handicap sans sombrer dans le pathos ni dans la moquerie (encore que, si je cherchais, je trouverais sans doute des billets fustigeant le validisme du film) ; la satire sociale est efficace même quand on ne connaît à peu près rien à la culture coréenne ; enfin, la façon dont l'intrigue tourne autour du meurtre de la jeune prostituée est habile, un peu dans la lignée de Tarantino ou de Kitano. De nombreux plans sont sidérants de beauté et surtout d'efficacité narrative : ici, comme toujours dans les films que j'aime vraiment (et c'est un point d'achoppement, ou d'incompréhension, entre A* et moi), le formalisme n'est jamais gratuit.

On peut retenir, comme allégorie inversée — et quelque peu surnaturelle — du cinéma, le point d'acupuncture que la mère est seule à connaître et qu'elle s'applique dans la scène finale du voyage en car : cinq pouces au-dessus du genou, la piqûre efface les mauvais souvenirs.

 

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Ironie, nous avons vu ce film le jour de la fête des mères, fête dont tout a été dit et dont tout est dit chaque année : pétainiste, commerciale etc. Et pourtant rares celles et ceux qui n'en profitent pas pour faire un salut appuyé à leur mère, ou pour se la remémorer.

J'ai appelé la mienne, et nous avons parlé de ma grand-mère.

 

dimanche, 07 juin 2020

Archéologie des coïncidences

Hier, j'avais décidé de parler de l'odeur du vinaigre blanc, et ça coïncidait avec l'anniversaire de ce carnétoile, comme je disais dans le temps.

Or, l'histoire du vinaigre blanc m'a conduit à évoquer la Clarté, la maison de mon arrière-grand-mère maternelle. C'est seulement aujourd'hui que je m'avise que la maison de mon arrière-grand-mère se trouvait... rue du 6 Juin 1944. Ah, ça ne s'invente pas.

 

Vérification faite, j'avais déjà évoqué la nécessité de consacrer un billet à l'odeur du vinaigre blanc, il y a presque dix ans : j'y aurai mis le temps, et encore l'ai-je bâclé. Quelques jours plus tard, en octobre 2010 donc, j'en parlais encore (et le billet contient un lien vers un blog que j'avais oublié et dont je m'étonne qu'il soit encore en ligne).

 

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Une bonne conversation avec ma mère, en début d'après-midi. Oublié de lui reparler du lézard à double queue qui leur tient compagnie, ces temps-ci.

 

samedi, 06 juin 2020

Désembarquement

Aujourd'hui, c'est le quinzième anniversaire de ce blog, qui a connu des soubresauts, et même des mois de jachère, mais qui porte la trace, jusque dans la multiplicité de ses catégories ou rubriques, de mes obsessions ou de mes disséminations. Cette année, je me suis résolu à adopter, plus franchement et plus banalement que jamais, la forme du journal, l'idée étant d'atteindre le 31 décembre en ayant écrit 366 billets ; jusqu'à présent, le pari est tenu, mais il faut dire que la contrainte, par rapport à tant d'autres projets, est minime.

 

Ce soir, je suis allé à Beaumont-la-Ronce et j'en ai profité pour refaire quelques photos du château, que nous avions visité en septembre 2007. Le village est tout à fait charmant. Ce que je n'ai pas vraiment réussi à faire, avec Touraine sereine, et qui était pourtant une partie du projet de départ, c'est une sorte de chronique topographique, ou de vaste livre ligérien foutraque. Enfin, foutraque, j'ai su. Ligérien, c'est moins net.

Le ciel était très beau ce soir ; pour un peu, je me serais arrêté boire un coup au troquet, à Langennerie. Peut-on, en approchant la cinquantaine, développer de nouvelles manies ?

 

Mais peu importe. Ce dont je dois parler, c'est l'odeur du vinaigre blanc.

J'ai souvent eu envie d'écrire un texte à ce sujet, et je ne crois pas l'avoir fait.

Hier matin, je nettoyais à fond l'évier de la buanderie, au vinaigre blanc justement. Et il m'est revenu que j'utilise ce produit depuis un peu moins de vingt ans, je crois. J'ai dû commencer à m'en servir, et je ne sais qui m'en donna l'idée, quand nous vivions à Beauvais : dans la maison de la rue Jean-Baptiste Baillière -- pas à l'appartement. Toujours est-il que, lors des premières fois où j'ai utilisé du vinaigre blanc, l'odeur m'a évoqué quelque chose de très profond, et je n'ai pas su deviner quoi. Cette odeur m'évoquait quelque chose, et il m'a été impossible, les deux ou trois premières fois, de savoir pourquoi cette odeur m'était familière. Chez mes parents, jamais on n'employait de vinaigre blanc ou de vinaigre d'alcool.

Et puis à un moment donné ça s'est imposé comme une évidence, comme une madeleine de Proust mais à retardement : au lieu de l'immédiateté de la synesthésie, une lente maturation... après tout, quoi de plus normal, pour du vinaigre ? [canned laughter] Donc cette odeur, bien sûr, c'était celle de la Clarté.

La Clarté était la maison de mon arrière-grand-mère maternelle, à Saint-Pierre-du-Mont. Mon arrière-grand-mère vivait à quelque 300 ou 400 mètres de chez mes grands-parents, et elle était à demeure chez eux, sauf qu'elle n'y dormait pas : sa maison, pour ce que je m'en souviens, était plutôt un dortoir. Seule exception, un jour par semaine (le jeudi je crois), mes grands-parents allaient y déjeuner. Et puis quand nous allions passer le dimanche chez mes grands-parents, il y avait toujours un moment, dans l'après-midi, où mon arrière-grand-mère nous enjoignait de venir voir sa petite maison.

Ainsi, ma bisaïeule passait fort peu de temps dans sa maison, mais nous (ma soeur et moi) y allions assez souvent, finalement. Et parmi les nombreux souvenirs, il y avait cette odeur du cellier, une odeur que j'étais incapable d'identifier. Là, juste auprès de la porte reliant le cellier à la cuisine, ça sentait ça. Et ça, donc, je ne savais absolument pas ce que c'était. Si j'avais demandé, si j'avais expliqué, on m'aurait dit, sans doute. Mais si je n'ai jamais demandé, c'est que ça fait partie de ces petites choses à la fois dérisoires et totalement mystérieuses pour lesquelles on ne pose jamais de questions, peut-être parce qu'on pense que c'est une odeur de vieille personne ou qu'il y a quelque chose de trouble. Or, rien de trouble : seulement l'odeur du produit d'entretien à la fois le plus fruste (et sans rapport avec tous les produits ménagers petits-bourgeois, à la sève de pin ou à la lavande ou que sais-je encore, des autres maisons) et -- l'avenir l'a montré -- le plus efficace pour désinfecter, le moins polluant. Mais je ne vais pas m'embarquer dans une interprétation sociologique, historique et familiale des produits d'entretien...

Ainsi, plus de dix ans après la mort de mon arrière-grand-mère, à Beauvais, dans une maison picarde en briques située dans une rue ouvrière, je me suis rendu compte que je nettoyais un lavabo ou une plinthe avec un produit dont je n'avais jamais senti l'odeur qu'en un seul autre endroit, et un endroit primordial de mon enfance : la Clarté. Et à chaque fois que je nettoie quelque chose au vinaigre blanc (avec la pandémie de Covid19, ce produit est devenu plus usuel encore), je pense à mon arrière-grand-mère, et à la Clarté, ainsi qu'aux autres endroits où j'ai vécu et où, de mon fait, s'était immiscée l'odeur de vinaigre blanc.

 

vendredi, 05 juin 2020

Rondel 25 : la fête des “mamans”

Voulez-vous un blindeur chauffant

Ou bien une machine à coudre ?

On va faire parler la poudre : 

C'est pour la fête des mamans.

 

Je ne sais rien de plus gnangnan

Pour nous donner du grain à moudre :

Voulez-vous un blindeur chauffant

Ou bien une machine à coudre ?

 

Et donc apprendre à nos enfants

Le rose, ou le bleu étouffant ?

Sur ces pubards jetons la foudre

Jusqu'à n'en plus jamais découdre :

Voulez-vous un blindeur chauffant ?

 

10:43 Publié dans Rondels | Lien permanent | Commentaires (1)