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mercredi, 10 juin 2020

Décrocheurs

Plusieurs médias se sont emparés depuis deux jours d'un thème accrocheur, celui des 5% d'enseignants "décrocheurs".

 

L''essentiel est de se souvenir qu'il s'agit là d'une opération de communication montée de toutes pièces par le ministère : les journalistes de France 2 ou du Nouvel Obs l'ont admis, ils ont fondé leurs articles sur des statistiques farfelues communiquées par le ministère. L'essentiel est surtout que la réalité étant sans rapport avec cette mise en relief d'éventuels profs aux abonnés absents, c'est tout de même la réalité que voient les Français-es. Et donc que les profs ont été très globalement et très massivement admirables, efficaces, et le sont encore, comme ils le sont habituellement.

Comme l'ont fait remarquer beaucoup de commentateurs furieux ou ironiques, ces reportages parlent finalement, en creux, des 95% d'enseignant-es qui ont réussi à faire leur métier pendant ces trois mois, et ce en dépit de l'incurie du gouvernement et des voltes-faces permanentes d'un ministre aussi incohérent qu'insignifiant.

 

L'utilisation du terme de décrocheur, je l'ai lue comme une sorte de contamination sémantique particulièrement perverse : alors que le terme de décrocheur est surtout employé depuis quelques années pour tenter de décrire (sans les stigmatiser) les élèves qui se trouvent dans des situations sociales telles qu'elles/ils perdent pied, le voilà accolé au substantif professeur dans une intention clairement stigmatisante. La vraie question est donc, de ce point de vue : décrocher est-il un verbe à agentivité forte ou non ? en termes plus anodins, le décrocheur est-il quelqu'un qui choisit de décrocher ? et donc, est-ce que décrocheur est un euphémisme pour flemmard ou pour naufragé ?

 

Ce sont là des discussions sans importance, sinon sans objet ; l'essentiel, comme je l'ai écrit plus haut, est de rappeler que la réalité de ces derniers mois a irrémédiablement décroché, débranché, dessaisi le ministère, avec ses I.G. aussi déconnectés qu'arrogants, et son ministre pétri d'idéologie catholique rance et stérile.

 

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