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lundi, 12 septembre 2005

Le Lude

Hier, à l'occasion de l'une de nos régulières visites à la grand-mère de C., qui habite La Flèche, nous avons revu le château du Lude, que nous avions visité avec cette même grand-mère et la mère, décédée en 2001, de C., en août 1994, par une belle canicule.

 

Hier, il faisait bon, une chaleur d'été finissant, agréable. Le château présente quelques atouts indéniables, à commencer par son parc, l’admirable muraille qui le ceint, le grand portail aux tourelles massives, par lequel on n'entre pas. La chapelle est médiocre, avec une écurie tout aussi terne, mais la visite du château est très intéressante, j'en avais gardé un très bon souvenir, à tel point que j'ai dû demander à la guide (une espèce d'excentrique maigrissime et qui récitait sa leçon sans nécessairement la comprendre) si les fresques représentant l'arche de Noé étaient déjà visibles il y a onze ans ; elles n'ont été, de fait, redécouvertes qu'en 1998.

Le château est encore habité, sert de résidence secondaire, mais les descendants, propriétaires, semblent un peu plus cultivés ou un peu moins sots (à l'exception d'un goût douteux en matière de portraits de famille) que ceux de la famille de Luynes, dont je m'étais plaint il y a quelques jours. On n’échappe pourtant pas à tout un laïus sur l'âge des enfants, les loisirs de la comtesse, et toutes autres fariboles aristocratiques pour épater le visiteur, qui, d'ailleurs, ne manque jamais de s'esbaubir. Nous aurions préféré plus de détails sur les trois magnifiques tapisseries de Flandre, ou sur les deux portraits, superbes, du duc et de la duchesse d'Orléans, portraits qui se trouvent dans la salle de bal et qui rendent magnifiquement hommage à ces deux héros ambigus des Mémoires de Saint-Simon ; à titre personnel, j'aurais aimé être certain que les trois croûtes attribuées sans hésitation par la guide à François Boucher n'étaient pas des copies, car ces toiles exposées dans le grand salon sont d'une maladresse technique très étonnante de la part de leur auteur présumé. Si quelque lecteur de ce blog en sait plus long sur ce sujet, je suis avide de renseignements.

 

Il y aurait bien d'autres remarques à faire sur certaines des splendeurs ou des beautés offertes au regard en ce château du Lude, et le mieux, une fois encore, n’est-il pas d'en recommander la visite ? Cette note est publiée sous deux catégories contradictoires, Sites et lieux d'Indre-et-Loire et Hors Touraine, mais c'est que, sans s'être en Touraine à strictement parler, ce château en est voisin. De plus, quoiqu'il ait été construit au bord du Loir, c’est un château qui s'apparente aux célèbres et si touristiques « châteaux de la Loire ».

 

Commentaires

A propos du goût douteux des portraits de famille dans les demeures aristocratiques, j'ai constaté, comme vous, que cette drôle de manie de s'exhiber ainsi aux regards du visiteur se généralise chaque jour un peu plus. Ainsi en Dauphiné, il n'est plus question de visiter une belle demeure sans passer de minutes obligées devant les cadres achetés au Carrefour du coin ou mots de remerciement de Jacques Chirac encadrés, etc...
Si l'aristocratie s'est éteinte depuis des lustres, force est de constater que tout sentiment de noblesse nous quitte à jamais.
Cependant, hier même, en partie sous la pluie, très agréable visite du chateau de Germolles (Saône et Loire), jadis demeure de Philippe le Hardi et de son épouse Marguerite de Flandre. Et pas un portrait de famille à l'horizon...
D.

Écrit par : Denis | lundi, 12 septembre 2005

La France est un pays aristo jusqu'au bout des ongles. On y est tout prêt à rêver devant les meubles des châteaux, on y est gourmand d'anecdotes sur la comtesse ou le baron, surtout s'il ya un chiffre, une quantité dans l'anecdote. Par exemple : la comtesse connaissait bien les 3 254 897 serviteurs du baron. Le succès des livres qui traitent des records les plus idiots ne vient pas de nulle part. On aime être épaté par les chiffres, grands de préférence. Pour en revenir à l'aristocratie, il y a un souvenir inscrit dans la mémoire collective, dans la culture, de siècles de monarchie absolue, ainsi qu'un désir de noblesse, fût-elle de pacotille ou achetée, chez les Français. Ceci, d'ailleurs, n'est pas forcément une critique.

Écrit par : Jacques Layani | lundi, 12 septembre 2005

Si vous voulez des portraits de première force, dans une demeure privée, il faut alors aller au château de Parentignat, en Auvergne, chez les Lastic : une collection de Largilliere tout à fait inoubliable.

Si enfin les visites actuelles de châteaux ne semblent pas satisfaisantes, c'est qu'elles essaient peut-être de coller au mieux à la nature et aux désirs de la clientèle, effectivement ignare et avide d'anecdotes très secondaires, pour la plupart d'ailleurs apocryphes.

C'est là le statut de "monument historique" et les contraintes que celui-ci impose qu'il faut revoir de fond en comble.

Écrit par : Gauthier | lundi, 12 septembre 2005

Toujours le problème de l'oeuf et de la poule: tous les guides ont pour mot d'ordre d'épater le chaland avec des détails inintéressants sur le nombre d'enfants et les soirées au coin du feu, mais on distingue très vite les guides qui sont également compétents en matière historique et en histoire de l'art (comme la jeune fille qui nous a fait visiter le château de Luynes dimanche 4 septembre) de ceux qui sont aussi, voire plus, ploucs que la majorité des visiteurs. (Ex.: La guide du Lude était persuadée que les Boucher étaient authentiques car elle n'y connaît rien.)

C'est comme les légendes de chambre hantée, ou l'inévitable "lit ou a été conçu Henri IV ou François Ier", des espèces d'attrape-couillons désolants. A cette aune, Henri IV aurait été conçu dix-neuf fois en dix-neuf lieux différents.

Écrit par : Guillaume | lundi, 12 septembre 2005

J'ai rencontré dans le Lot un guide (ah, mais où était-ce donc ?) qui était un érudit local, membre d'une association, auteur d'ouvrages, responsable de ceci et cela, aussi... Je ne sais plus très bien. En tout cas : commentaire impeccable ; pas d'anecdotes ; connaissances historiques, sociales, culturelles, architecturales, géographiques, géologiques, gastronomiques, solides. Bref, une rareté.

Écrit par : Jacques Layani | lundi, 12 septembre 2005

J'écrirai un jour une petite note sur le "guide" qui faisait visiter naguère les stalles de la cathédrale d'Amiens. Il avait certainement obtenu plusieurs fois de suite le Prix Cambrai. Mémorable foldingue!

Jacques, je suis heureux de continuer de vous lire, ici au moins.

Écrit par : Guillaume | lundi, 12 septembre 2005

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