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lundi, 20 juin 2005

Réponse douce à Fuligineuse

Fuligineuse écrit que l'écriture du blog a certainement supplanté, pour moi comme pour d'autres fêlés (au rang desquelles elle se compte, je suppose), la plupart des autres activités.

Pas vraiment. En fait, l'écriture ne me prend pas tant de temps que ça, et cela se ressent sans doute dans mon style pas toujours assez retravaillé.

Je voulais justement ajouter une note ce soir, avant d'aller me coucher, pour raconter comment, ayant lu plusieurs chapitres de Du lyrisme, que je croyais avoir fini de lire mais que j'avais en fait délaissé à la salle de jeux, un après-midi de lassitude (physique, rien à voir avec un quelconque désaveu de mon J2M à moi), j'avais finalement changé de cap, lisant les premières pages de Purple Hibiscus (il serait temps...). C'est alors, après une dizaine de pages, que j'eus une conversation avec ma voisine de lit, qui me faisait remarquer les citations relatives à la masturbation qui accompagnaient l'article du Magazine littéraire consacré à l'ouvrage de Thomas Laqueur, Le sexe en solitaire, que toute l'intelligentsia française, ou ce qui passe pour tel, découvre cette année à l'occasion de sa traduction. Bref, relisant la citation de Montaigne et la trouvant curieusement tronquée, je fonce à la bibliothèque, me saisis du Garnier jaune, me mets à chercher le passage en question, qui se trouve, pour comble de malchance, dans l'Apologie de Raimond Sebond, le plus long des Essais (II, XII). L'ayant trouvé, je m'arrête aux pages circumvoisines avant de me perdre avec délices, allongé sur le lit de la chambre aux corbeaux, dans les premières pages de cet essai, si fortement réputé que je ne l'ai jamais lu, c'est tout dire.

Puis, m'avisant que je devais aussi mettre le rez-de-chaussée (pas d'inquiétude, je vous donnerai un plan de la maison some day) à aérer, je descends, lance l'ordinateur où, compulsivement, je vérifie la fréquentation et la tenue de mon carnétoile, lequel, c'est vrai, commence tout de même à m'envahir l'existence, et c'est en quoi, finalement, chère Fuligineuse, contre toute attente et au rebours de mes précautions oratoires liminaires, je vous donne entièrement raison.

mardi, 14 juin 2005

Outrepas

Il existe aussi la tentation de livrer des extraits, en morceaux choisis, de ma lecture butinante mais exhaustive d'Outrepas, à moins que je ne conserve la fleur de mes commentaires pour le site de la Société des Lecteurs de Renaud Camus, où j'ai, Dieu sait, souvent laissé mes empreintes.

samedi, 11 juin 2005

Humument

Les senteurs de la tarte tomate-mozzarella envahissent la maison, et c'est toujours une odeur douce et enivrante, d'autant que le fromage, acheté à la Ferme des Vignes, est, authentiquement, au lait de buffle.

.........

A Humument est un livre remarquable, dont on ne sait s'il faut le nommer roman, livre d'art, essai plastique. Le principe en est simple: l'auteur, Tom Phillips, a acheté un jour, dans les années soixante, un roman victorien, dans une édition de poche bon marché qu'il a entrepris de "traiter", c'est-à-dire de transformer en ajoutant formes et repeints à chacune des pages. Le résultat est, comme le sous-titre l'indique, "a treated Victorian novel", suite de pages colorées, avec des formes diverses, des univers picturaux variés, d'où s'échappent des fragments de textes, où se donnent à lire, comme des palimpsestes ou des encarts, quelques bribes du roman d'origine.

Expérience esthétique et plastique presque sans équivalent, livre qu'on ne peut lire mais dont la contemplation, le feuillettage, est d'une grande jouissance. Je suis heureux que l'exemplaire que j'avais commandé me soit parvenu sans encombres, et soit de bonne qualité.

J'ai d'ailleurs appris que chaque "nouvelle édition" proposait des pages originales, Phillips reprenant sans cesse les toiles écrites. Ce qui, bien entendu, signifie qu'il faudrait se procurer, ou posséder, la totalité des éditions de l'ouvrage.

jeudi, 09 juin 2005

A. et Gertrude

Avant-hier, A. m'écrivait:
Au fait, je n'ai jamais lu Gertrude Stein. C'est bien ? Et que me conseillerais-tu ?

Il aurait pu formuler cette question dans un commentaire, histoire d'enfler, sinon mon ego déjà démesuré, du moins mes statistiques, qui sont, en quelque sorte, le corollaire bloggueur de l'ego (ou l'expression moïque du bloggueur).

Mais bon... ce que j'en dis...
Revenons à Gertrude Stein, que je conseille évidemment, pour ceux qui peuvent, de lire en anglais. D'ailleurs, et assez paradoxalement étant donné que le sens en est abstrus, ses textes sont moins difficiles à lire que la plupart des écrivains de langue anglaise.
Il me semble qu'il ne faut pas commencer par The Autobiography of Alice B. Toklas; on peut préférer Everybody's Autobiography.

Les textes d'elle que je préfère sont (et cela n'étonnera pas ceux qui me connaissent) les plus délirants: ses textes pour la scène ou opératiques (Four Saints in Three Acts, par exemple), ou celui qui reste, à mes oreilles plus encore qu'à mes yeux, l'un des plus incantatoires, A Novel of Thank You.

J'ai beaucoup parlé de Stein il y a quinze jours lors du colloque "L'Illisible", à Poitiers, avec I.A., qui lui consacre l'essentiel de ses recherches actuelles, et qui, je pense, ne rencontre pas souvent quelqu'un avec qui partager son goût. Cela dit, je n'ai pas lu, moi, les mille pages de The Making of Americans...!

Petit mot de clôture, spécialement pour A.: Gudnarsson te salue. "Scandale total!"

mardi, 07 juin 2005

Où Virginia mime Gertrude???

"Rose is coming?" she repeated.
"I told you," said Maggie. "I said to you, Rose is coming to luncheon on Friday. It is Friday. And Rose is coming to luncheon. Any minute now," she said.
[...] "It is Friday, and Rose is coming to luncheon," Sara repeated.

V. Woolf. The Years (1937). Hogarth Press, 1972, p. 176.


A quoi je serais tenté d'ajouter, toujours dans la perspective d'une lecture de Gertrude Stein: "All talk would be nonsense, I suppose, if it were written down," she said, stirring her coffee" (p. 184).