vendredi, 01 juillet 2005
Tripalium et otium
Heureusement que Marione me demande ce que j’enseigne, et non ce à quoi un enseignant-chercheur passe ses journées. Là, par exemple, je viens de passer deux heures à signer des relevés de note, en ma qualité de président de jury de Licence L.E.A. 1ère année, puis à mettre au point, avec la secrétaire du département d’anglais, la fiche d’inscription en Licence 3ème année, pour la rentrée universitaire prochaine. Par ailleurs, quoique les délibérations aient lieu, pour les diplômes d’anglais, lundi prochain, et que le délai de remise des notes par les enseignants ait été fixé à lundi dernier, je viens d’hériter d’un paquet de treize copies d’explication de textes 2ème année, cours que je n’enseigne même pas. La raison en est que la collègue est occupée au jury de CAPES, ce qui est légitime ; ce qui l’est moins, c’est que, la responsable de cycle ne s’étant pas préoccupée du problème, je me retrouve, devant le désarroi compréhensible de la secrétaire, à dépanner le département, une fois encore (mon bon cœur me perdra !).
Hier, c’était bien aussi : délibérations de première année de L.E.A., qui se sont étendues sur presque toute la matinée en raison d’un défaut de calcul inattendu dans le logiciel Apogée. Etc.
La maîtresse de mon fils, qui me lance ce matin - comme c'est le dernier jour d'école et comme elle doit s'étonner de me voir toujours en partance pour mon travail - "pour vous, ce n'est pas fini, encore?", se trompe bougrement. Tous les "enseignants", il est vrai, n'ont pas les mêmes congés ni la même conscience de leur travail. Pour ma part, je n'ai pas soufflé depuis Noël, et les week-ends chômés se comptent sur les doigts de la main.
Cela dit, et pour véritablement répondre au commentaire de Marione, non, la curiosité n’est pas un vilain défaut ; en revanche, je trouve légèrement contradictoire, peut-être, que l’on s’intéresse à la vie des autres et moins au genre autobiographique. Je ne parviens pas non plus à comprendre en quoi Enfance de Nathalie Sarraute est «fleur bleue» ; certes, c’est le texte le plus abordable de son auteur, mais il recèle une telle ironie, un tel dédoublement des voix, qu’on peut difficilement, me semble-t-il, en trouver le point de vue naïf ou kitsch… ou fleur bleue.
Les Mots est sans doute l’un des textes les plus supportables de Sartre, ou l’un de ceux qui a le mieux vieilli. (L’un de ceux qui ont le mieux vieilli ?) Je me rappelle avoir beaucoup aimé la retenue de l’auteur, à laquelle se mêle un vrai souci d’approfondir les failles, les blessures, les bonheurs.
Si c’est un homme, pour être essentiel, est un texte qui m’a profondément ennuyé. Primo Levi, de manière générale, m’ennuie.
Je reviendrai dans une prochaine note sur mes lectures du moment et sur ce que j’enseigne, en essayant de tenir ma promesse, c’est-à-dire de n’être fidèle ni à ma partie normande (paternelle), ni à ma partie gasconne (maternelle).
10:55 Publié dans Lect(o)ures, WAW, Words Words Words | Lien permanent | Commentaires (0)
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