lundi, 28 août 2006
Un bon p'tit job à la Cour
"Le roi étant à Amboise, Tours ou Blois, ceux qui avaient un bon job à la Cour se faisaient construire quelque chose pas loin du bureau." Si l'on en croit le magazine Val de Loire (n° 3, p. 38), voici comment s'exprime Madame la comtesse de Saint-Venant, actuelle propriétaire du château de Valmer.
C'est peut-être de l'humour, mais on peut aussi penser (et déplorer) que le temps est définitivement venu, où les comtesses parlent comme les shampouineuses (et plus mal, peut-on penser, que les caméristes de leurs arrière-grands-mères).
03:30 Publié dans Indignations | Lien permanent | Commentaires (2)
Commentaires
La noblesse n'a jamais été connue pour sa maîtrise du français : anti-intellectualisme féroce, mépris face à l'école publique, valorisation d'idiosyncrasies lexicales familiales... Le respect des règles semble, aux nobles et aux grands bourgeois, être le témoin de la petitesse de celui qui s'exprime (c'est le fameux "respect petit bourgeois" du diplômé d'origine modeste). Classer socialement selon l'aptitude au respect de la langue scolaire est cependant répandu bien au delà de la noblesse...
Écrit par : Baptiste | lundi, 28 août 2006
Mon cher Baptiste,
j'apprécie ton intervention de sociologue patenté, mais je pense qu'il faudrait distinguer, historiquement, entre l'Ancien Régime (où les nobles qui ne fréquentaient pas la Cour pouvaient se permettre la plus parfaite inculture, mais pas les autres) et le XIXème (où les nobles "aux affaires" et salonnards se devaient de donner l'exemple en matière de raffinement et de maîtrise de la langue, et où les autres, souvent désargentés, ont parfois trouvé, en cultivant leurs talents, une porte de sortie). De nos jours, tout s'entremêle, évidemment.
Je suis plus surpris par ta remarque sur la grande bourgeoisie, qui fut, pendant les deux siècles passés, le modèle absolu en matière de goût et de langue (quoi qu'on puisse penser d'elle par ailleurs, d'un point de vue strictement politique). Quant au "respect des règles", justement, il me semble que dire, en 2006, "un bon job à la Cour", c'est se conformer à l'esprit du temps, et à la novlangue ambiante... ce à quoi les nobles, jusqu'à récemment et pour la plupart d'entre eux, se seraient refusés avec la dernière énergie. Mme la comtesse bavasse la doxa TF1. Je suis certain que tu vas bondir, mais puis-je te conseiller le très remuant essai de Renaud Camus, *La Dictature de la petite-bourgeoisie* ?
Dans tous les cas, sache que, petit-fils (petit-bourgeois!) de deux institutrices et d'un instituteur de "la laïque", j'apprécie vraiment ton identification de la grande culture avec l'école publique de la IIIème République ! Je crains que, sur ce point aussi, la situation ne soit en voie de très rapide détérioration : la plupart des professeurs des écoles recrutés depuis deux décennies ont souvent une formation de sportifs, ou, à tout le moins, aucun goût pour la langue française. Jadis (et même naguère), on ne devenait instituteur qu'avec un profond amour de la langue française, si poussiéreux et académique que fût cet amour. Aujourd'hui, plus d'académisme, mais aussi, le plus souvent, plus une once d'amour...
Écrit par : Guillaume | lundi, 28 août 2006
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