mercredi, 16 mai 2007
Journées dionysiennes, [15] : il y a deux semaines déjà
Minuit.
J’écoute Iphigenia in Brooklyn de Peter Schickele, qui ne parvient pas à me faire hurler de rire ni au génie comme mon ami Éric, de qui je tiens cet enregistrement du double album The Wurst of P.D.Q. Bach et qui s’était montré très enthousiaste. Lisant toujours L’Arrière-pays, je me suis rendu compte que le livre de souvenirs de Bonnefoy, Rue Traversière (que je n’ai pas lu mais, comme le dit Pierre Bayard, ça n’empêche pas d’en parler), fait référence à une rue de Tours, certes jolie mais plus célèbre de nos jours pour abriter, sur ses trottoirs, les quelques prostituées du centre. Ainsi, la phrase « C’est un grand adepte de la rue Traversière » pourrait avoir deux interprétations divergentes (mais non incompatibles bien sûr) : a) cet homme est très féru de l’œuvre d’Yves Bonnefoy ; b) ce type passe son temps aux putes. On peut imaginer d’autres significations, plus controuvées : c) c’est un flûtiste qui enseigne au Conservatoire (car le conservatoire se trouve non loin de là) ; d) il fait toujours réparer sa voiture au garage du coin de la rue. Etc. *
Blague à part, je trouve aussi dans L’Arrière-pays cette phrase qui pourrait servir d’exergue aux Kleptomanies überurbaines (dont le titre, je l’avoue, est d’inspiration plus thiéfainienne) : « Cessant d’imaginer le surcroît de l’être dans l’intensité de ses apparences, ne faut-il pas exiger, ici presque, dans quelque rue latérale, la plus sordide même, une arrière-cour dans le charbon, une porte : et tout, au-delà du seuil, montagnes et chants d’oiseaux, et la mer, ressuscités, souriants ? » (pp. 18-9).
Il est temps que j’éteigne cet ordinateur ; sinon, je ne vais jamais dormir.
* Ajout du 16 mai 2007, 10 h 10 : bien entendu, aucune de ces propositions n'est incompatible avec les autres, et un Joyce tourangeau pourrait fort bien écrire un épais pavé sur les 24 heures de l'existence d'un flûtiste amateur de Bonnefoy qui va aux putes pendant qu'il fait réparer sa voiture au garage du coin de la rue Traversière. (Réflexion faite, ça ressemble plus à du Roussel. (Pas Albert, Raymond.))
10:40 Publié dans Words Words Words | Lien permanent | Commentaires (12) | Tags : Ligérienne, Littérature, Fiction, Journal
Commentaires
Les prostituées et la pratique régulière de la flûte peuvent également être combinées.
(Je me sauve : j'entends les pas d'Aurélie...)
Écrit par : didier goux | mercredi, 16 mai 2007
Flûte ! je n'avazis pas vu l'ajout !
Un flûtiste et mateur de bonne foi qui allait aux putes, tout en lisant Voiture et Travers, hier.
Écrit par : didier goux | mercredi, 16 mai 2007
Il fallait s'attendre à ce genre de commentaires...
Écrit par : Aurélie | mercredi, 16 mai 2007
... qui ne servent qu'aux menteurs ou qu'aux mentateurs ?
Écrit par : Guillaume C. | mercredi, 16 mai 2007
Faudrait savoir, Didier: ça vous plaît ou ça ne vous plaît pas, ce genre de jeu de mots pris aux mots ?
http://gvgvsse.free.fr/index.php?m=200704#1524
(Aurélie, ne cliquez pas sur ce lien, je vous aurais prévenue.)
Écrit par : VS | mercredi, 16 mai 2007
Pour qu'Aurélie ne rate surtout pas ce qui est censé l'horrifier, je précise que c'est le 17278ème jour du pot-pourri de Monsieur gVgVsse (qu'il ne faut pas prononcer "gugusse" (de même que "Zvezdo" n'est pas "Zvedo" (oui, je sais, Valérie, je suis pénible))).
Écrit par : Guillaume C. | mercredi, 16 mai 2007
Et l'amuïssement, qu'est-ce que tu en fais?
Écrit par : VS | mercredi, 16 mai 2007
« théifainienne »...
Ce subtil néologisme signifie-t-il qu'en l'occurrence l'inspiration vous est venue en écoutant du Hubert-Félix Thiéfaine tout en ingurgitant quelque boisson fortement théinée, ou bien que vous avez concilié pareille écoute avec de profondes réflexions théistes ?
Écrit par : Chieuvrou | mercredi, 16 mai 2007
> VS : merci pour le lien. Et pourquoi diable me demandez-vous si j'aime de genre de jeu de mots pris aux mots ? Ça ne vous semble pas évident ?
Écrit par : Didier Goux | mercredi, 16 mai 2007
N'empêche que le gugusse me fait plus rire que Didier. Il était mignon tout plein ce petit poème...
Écrit par : Aurélie | mercredi, 16 mai 2007
Bien, au rsique de rednre incompérhensible la remarque si jsute du toujours prespicace Astolphe Chieuvrou, je m'en vias de ce pas corirger la coquille. C'était "thiéfainienne" que je pnesais écrire...
Écrit par : Guillaume Cingal | mercredi, 16 mai 2007
Je voulais juste signaler que de nos jours les anciennes amies du sieur Goux se trouvent plus rue Jules-Simon que rue Traversière...
Écrit par : Chloé | jeudi, 17 mai 2007
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