dimanche, 24 février 2008
Jardin privé exclusivement réservé à l’immeuble
Si tu ne sais à quelle source puiser l’inspiration, il te suffit d’ouvrir ton dossier de photographies, et la moindre image banale d’un site entrevu quotidiennement ou presque suffit à raviver l’envie d’écrire. Ainsi, prends cette image dont le centre névralgique – le punctum aurait dit Barthes – est un panneau à lettres blanches sur fond rouge vif : combien de peupliers dénombres-tu ? combien de branches affaissées à faire des cheveux au saule ? Quel est cet arbre dépenaillé et dégingandé qui occupe le premier plan, à gauche du panneau ? Et, au fond, est-ce un épicéa ?
Récemment, tu t’es mis à photographier des saules. Rien, d’ailleurs, n’est plus difficile que de photographier un arbre – ou un groupe d’arbres – sans être ennuyeux. Les arbres, que l’on peut contempler des heures durant en tournant autour, ou en les scrutant depuis un banc, requièrent, dans le passage à l’image, une sorte de mise en scène qui les dramatise, qui accentue leur présence. Ils crèvent le ciel, ils épuisent le regard, mais ils ne crèvent pas l’écran, ne débordent pas du cadre. C’est curieux.
D’ailleurs, comment savoir si l’avertissement ne vaut pas aussi pour les photographes, et s’il n’est pas interdit aussi de prendre des clichés de ce jardin exclusivement réservé ? Photographier un sens interdit, c’est déjà s’engager sur la pente glissante.
07:55 Publié dans Zestes photographiques | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Ligérienne, Photographie, écriture