jeudi, 17 juin 2010
Le charognard attentif
Le vautour qui se tait a raison de se taire. Perché quelque part, on dirait au-dessus du vide, il se relance à la poursuite de la vie, dans les airs, ayant aperçu la charogne d'un quelconque mouton crevé, crevé par malchance ou par dégoût, lassitude... mort de quelque chose qui ne se nomme pas, qui ne se nomme plus.
Le vautour solitaire. Sait-il même ce qu'est la curée, tout âgé qu'il est. Il sait à peine ce qu'est un vautour. Il se prend chaque année à la même femelle, comme par un désir de pied-de-nez au destin.
Le seul vautour qu'il soit possible de voir. Même ses enfants de printemps ne survivront pas à la détresse du monde. Un vautour sans aucun autre vautour aux alentours. Pas de concurrence, mais pas de comparses.
Le portrait craché du charognard attentif !
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Texte écrit en 1990, je pense. Recopié à partir de la liasse de feuilles vertes en Bookman 12, elles-mêmes recopiage des années 1994-95 ou quelque chose comme ça. Le texte figurait, si ma mémoire est bonne, au début d'un carnet de petit format, à couverture verte et forte odeur de vomi, que les beaux-parents de ma soeur m'avaient apporté, entre autres présents, quand ils étaient venus pour le mariage (et donc en décembre 1989). J'écrivais dans ce carnet avec un stylo plume Creeks comme en avaient toutes les jeunes filles sur lesquelles je fantasmais (non : je ne fantasmais pas sur leurs stylos) et que j'avais trouvé dans une salle de classe du lycée de Borda.
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06:22 Publié dans Songes, suivi de Pièges (1991-1994 ?) | Lien permanent | Commentaires (0)
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