mercredi, 12 octobre 2011
Exister est un plagiat : 6 et 67
6
Le jour de mes cinq ans (ou était-ce au passage de la petite souris pour une dent perdue ? si c’était l’anniversaire, il y avait autre chose comme cadeau – si c’était une dent perdue au cours de ma sixième année, il serait facile de le vérifier avec les dates de sortie des disques), mes parents m’ont offert trois 45 tours : Aux armes etc. de Gainsbourg, Des ailes dans le dos de Michel Fugain et Sentimentale-moi de Plastic Bertrand. Je note cela afin de me tendre un miroir à moi-même et de bien continuer à ne pas en vouloir à mes fils quand ils m’imposent René ou Rihanna la taupe.
La même année, apprenant à lire en catimini grâce à ma sœur aînée qui jouait à la maîtresse d’école, j’achevai aussi de me passionner pour les chiffres et les nombres, en particulier grâce aux plaques minéralogiques et aux numéros des départements français. Sans doute est-ce sous le poids de cette obsession que je chantais alors, à ma façon, le refrain (ou plutôt la litanie finale, car ce n'est pas un refrain) de Message in a bottle, une chanson que l’on entendait sans arrêt et que mes parents aimaient beaucoup ; ainsi « Sendin’ out an SOS », tel que je l’ai compris depuis, devenait dans ma bouche
Seine-et-Marne un S.O.S. !
Seine-et-Marne un S.O.S. !
Seine-et-Marne un S.O.S. !
Seine-et-Marne un S.O.S. !
(Cet exemple plaide à lui seul pour l'apprentissage oral des langues. Un enfant qui ne voit pas écrit le mot sending mais l'entend dans une chanson n'a pas même l'idée de former une dentale, ou d'aller pêcher le son vocalique /i/. Sendin' out se dit en fait senène a-out, donc un enfant francophone peut comprendre Seine-et-Marne.)
À l’automne 1980, ayant fait ma rentrée directement en CE1 après avoir appris à lire et compter, mais aussi, plus sommairement, à écrire, au cours de ma dernière année d’école maternelle, j’en ai un peu bavé. Je me souviens d’être rentré un soir, en voiture, ma mère au volant, et que nous nous sommes retrouvés dans un énorme bouchon dont l’origine fut bientôt connue : le grand magasin du centre ville de Dax, Le Friand, était en flammes. On voyait d’ailleurs de gigantesques volutes noires dans le ciel. Pour des raisons essentiellement métonymiques, le souvenir de cet incendie est lié, pour moi, à la chanson L’Encre de tes yeux, de Francis Cabrel, et à Babooshka de Kate Bush. Je me revois aussi, le lendemain matin de cet incendie, en train de faire un exercice de grammaire dans le Bled, sur la table de la cuisine chez mes grands-parents, à Saint-Pierre-du-Mont, et lire (ou tenter de déchiffrer, dans mon peu de familiarité avec les codes de la presse écrite) ensuite l’article du quotidien Sud-Ouest relatif à cet événement.
67
C’est en juin 2005 que m’a saisi la frénésie des blogs, qui continue jusqu’à ce jour.
Ecrire dans un blog a été pour moi le moyen de me mettre vraiment à l’écriture, alors que je n’avais plus écrit que très occasionnellement, par secousses, depuis la fin de mon adolescence. Par exemple, en décembre 2004 et janvier 2005, je m’étais lancé dans une entreprise baptisée Multijournal, et qui n’a avorté, ou capoté, qu’en raison de l’impossibilité de faire foisonner le texte simplement : c’est la simplicité technique qu’a apporté le recours au blog. Depuis 2005, j’ai lancé, au sein de ces sites personnels utilisant le format blog, des projets d’écriture nombreux, dont certains portent la marque, heureuse ou malheureuse, de leur nature webmatique.
Il m’arrive de me dire que ces séries de textes, une fois parachevées, pourront faire l’objet de recueils ou d’ouvrages que je devrais tout de même tenter de placer auprès d’éditeurs.
En juin 2005, également, nous avons acheté, tardivement si l’on compare la date de cet achat à la plupart des gens de notre entourage, un appareil photo numérique. Il s’est développé depuis, là aussi, une forme de folie.
J’ai intitulé mon premier blog, comme plus tard mon site de photos, Touraine sereine. Tout aussi topographiquement, ma sœur a baptisé son propre blog Au Four et à Melun. (Elle vit en Seine-et-Marne.)
14:17 Publié dans Exister est un plagiat | Lien permanent | Commentaires (2)