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samedi, 29 octobre 2011

Exister est un plagiat : 24 et 49

24

 

Tous les soirs, tous les soirs veux-je dire où tu rentrais du collège, tu rentrais du collège après une première cellule de décompression en salle des professeurs, puis, jusqu’à l’heure du dîner et souvent aussi pendant le dîner, tu avais encore besoin de raconter par le menu, et d’en discuter avec moi, tout ce qui s’était passé d’anormal, c’est-à-dire d’habituel, et nous savons depuis, toi surtout, ce que veut dire « enseigner en banlieue ».

On écoute 2043, Sclavis, Creil City et Bojan Z. (que nous avons vu et entendu en quintette à Creil).

Malgré le brouillard, le ciel bas et lourd comme un couvercle, le soleil peut briller, et ce n’est pas une année facile.

Lors de la grève, le Courrier picard finit par titrer : « Du baume au cœur de Baumont ». (Sur la photo, je ne vois que toi tenir la banderole.)

Ciel bas et lourd. On écoute Ferré, on visite sillonne en tous sens la région.

En tous sens Senlis Amiens Esquennoy Laon Blérancourt Gerberoy.

Mais le sens nous échappe, c’est une très belle année quand même allez comprendre.

 

 

49

 

Pendant les jours de convalescence de la scarlatine, pendant que les charpentiers construisaient le toit au-dessus de la terrasse côté Campot, j’apprenais les verbes forts, et recopiai dans un cahier de brouillon les paroles d’une bonne quinzaine de chansons de Reinhardt Mey (que je ne connais plus, vingt-cinq ans plus tard, que très partiellement).

Quelques années plus tôt, mes grands-parents maternels m’avaient offert un double album Frédérik Mey à Bobino. Longtemps avant Beckett, peut-être sur un mode mineur, la dyade Frédérik/Reinhardt a constitué ma principale initiation au bilinguisme absolu absolument créatif.

Quelques années plus tard, à Varel, j’ai entendu des chansons du versant allemand que je ne connaissais pas. Je crois que son œuvre en français est plus intense, plus réussie. (Ce n’est pas vrai de Beckett, qui vibre avec autant d’intensité des deux côtés.) Il me semble que, de cet auteur-compositeur-interprète germano-français, je pourrais encore chanter de mémoire certaines chansons : Le politicien ? Le Vieil ours ? Deux kangourous devant la véranda ? Le formulaire ? Daddy Blue ?

Le passé simple est forcément parfait, le futur antérieur parfaitement forcené.

Ne cherchez pas : blême mêmoire.

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