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mercredi, 19 novembre 2014

Steve Coleman & Five Elements à Tours, 18 novembre 2014

Hier soir, retour à onze heures du soir dans d'épaisses nappes de brouillard qui rendaient fantomatiques les moindres promeneurs égarés le long des 2x2 voies de ma grise banlieue.

 

À l'Olympia (qu'il ne faut plus, semble-t-il, nommer Nouvel Olympia), c'était la soirée du festival Émergences consacrée au quartette de Steve Coleman, lequel était accompagné de Jonathan Finlayson à la trompette, d'Anthony Tidd (époustouflant) à la basse électrique et de Sean Rickman à la batterie. Pour l'occasion, le Petit Faucheux avait donc cédé la place d'honneur à une grande salle, comble d'ailleurs (strapontins gavés).

 

Est-ce justement que j'ai pris l'habitude de voir et d'entendre les formations dans une configuration plus intimiste, plus proche du public ? toujours est-il que j'ai trouvé les musiciens très “entre eux”, avec — et cela n'est pas l'effet du seul cadre — trois des six compositions principales tout à fait monolithiques, inaccessibles, comme quoi le hard bop peut être tout à fait aussi rugueux, voire plus brutal que bien des expériences free.

 

Je possède plusieurs albums de Steve Coleman, principalement pour son projet à géométrie variable des Five Elements, et j'étais très curieux, à l'avance, car, si certains de ces disques me plaisent énormément, d'autres me tombent des oreilles, si j'ose dire. J'attendais donc le concert d'hier soir pour recevoir une réponse à peu près définitive à mes questions. J'en serai pour mes frais, car, si certains des morceaux joués, ainsi qu'écrit plus haut, m'ont paru préfigurés, sans dynamisme propre à faire entrer l'auditeur/spectateur dans la danse, d'autres, et notamment le troisième, longue suite avec variations et métamorphoses, valaient à eux seuls le déplacement.

 

Coleman est un excellent saxophoniste, cela ne fait aucun doute, et il maîtrise tous les registres de jeu, y compris les moments très émouvants où le souffle passe un peu à côté, de façon tout à fait délibérée. Il s'est entouré d'excellents musiciens, avec lesquels l'osmose est (trop?) parfaite. Pour ce qui est des compositions, son mysticisme a dû finir par déteindre, pour les raisons évoquées plus haut : univers hermétique, clos, aux rites d'écriture ou de production sans appel (sans appel vers l'auditeur).

 

Ce qui m'a étonné, c'est que ce sont les pièces qu'inaugure Coleman lui-même dans un solo parfois long et toujours très hésitant (dans sa structure — pour la maîtrise instrumentale, rien à dire) qui se développent ensuite dans une forme d'autisme compositionnel. Sans doute est-ce moi qui n'ai pas d'oreilles, ou de cerveau, car une frange importante de l'auditoire était emballée, à en croire les bravos qui fusaient automatiquement à chaque fin de morceau, et le tonnerre d'applaudissements avant les rappels, sans parler des smartphones et autres tablettes en fusion à force d'être sollicités pour des captations vidéo. Tant mieux si je me trompe, donc. Je continuerai de suivre le travail de Steve Coleman, en espérant à chaque fois tomber du côté vivant, parlant, évocateur, lyrique et sensationnel de son œuvre.

 

À deviner les figures de fantômes dans les nappes de brouillard.

 

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