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jeudi, 29 janvier 2015

D'une phrase superficielle

Comme je viens encore de lire, sur le mur d'une amie FB, la très habituelle phrase selon laquelle « le FN n'est pas un parti comme les autres », j'ai livré quelques réactions à chaud que je copie-colle ici, et dont je déplore certes qu'elles soient un peu à l'état brut :

Quand Charlie Hebdo a fait campagne dans les années 90 pour l'interdiction du FN (avec des articles sublimes de Cavanna), quasiment tout le monde disait “ah non ce n'est pas possible, ce ne serait pas démocratique gnagnagna”. Si le FN est un parti légal, s'il a le droit de présenter des candidats, si ses candidats sont jugés capables démocratiquement de diriger les destinées de leurs concitoyens, alors il est également normal que ces mêmes citoyens puissent être jugés "élu local de l'année" ou toute autre faribole. Je veux juste rappeler qu'il n'y a pas de demi-mesures. Comme la plupart des critiques, sur cet événement, émanent de journalistes prompts à dénoncer leurs confrères, précisons que tous ceux qui ont décidé que le FN faisait partie démocratiquement et légalement du paysage politique n'ont pas le droit de nous infliger leurs leçons de morale. À part du côté de Charlie Hebdo et d'une certaine gauche radicale, je ne connais aucun journaliste qui ait soutenu l'interdiction du FN alors que ce parti avait fait la preuve de son incompatibilité constante avec les valeurs de la République et le triple idéal de liberté, d'égalité et de fraternité. Donc maintenant, qu'ils assument. Bientôt peut-être on aura un président FN ; il n'y avait qu'à agir plus tôt.

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Dans la réalité électorale, dans les institutions politiques du pays qui seules fondent cette réalité, le FN est un parti comme les autres. Moi, le temps d'antenne, le financement des campagnes etc., ça me rend malade depuis trente ans — je ne comprends pas ceux qui montent au créneau maintenant, au prétexte qu'un cénacle de journalistes a remis un prix à Steeve Briois.

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Ainsi, l'affirmation selon laquelle le FN n'est “pas un parti comme les autres” est d'une stupidité totale. D'abord, elle stipule que tous les autres partis sont semblables, alors que pour ma part je vois de nombreuses différences – idéologiques et internes – entre l'UMP, le PS, le MUP, le PCF, le NPA, le MoDem, les Verts etc. Ensuite, elle relève d'un déni : de même qu'il ne suffit pas de dire que l'islamisme n'a rien à voir avec l'Islam pour que ce soit vrai, il ne suffit pas de dire que le FN n'est pas un parti comme les autres pour qu'il n'ait aucun pouvoir. Par ailleurs, tous les journalistes qui participent à ce jury sont connus pour se répartir, lors des conférences de presse des présidents et ministres de droite comme de gauche, les questions rédigées ou approuvées par le cabinet du président ou du ministre en question. Alors, question déontologie, leur désignation de Briois comme "élu local de l'année" n'est pas leur fait d'armes le plus scandaleux.

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J'ajouterai que la formule le FN n'est pas un parti comme les autres me rappelle étrangement tous les olibrius qui beuglaient ou écrivaient Tout sauf Sarkozy en 2007. J'en ai fait taire un certain nombre en leur disant : "ah, vous militez pour Le Pen ?" — le sens de leur slogan leur avait totalement échappé.

Le problème est que toutes ces formules se répandent sans que presque aucun de ceux qui les emploient ne les comprenne ; il y aurait beaucoup à dire, aussi, sur le fameux Je suis Charlie, quand on voit que tel ou tel qui l'afficha ou l'affiche encore en photo de profil Facebook défend dans le même temps le port du hijab à l'Université ou le droit des associations musulmanes à menacer à mots à peine couverts une institution culturelle de représailles pour avoir exposé une œuvre censément (et en fait pas du tout) blasphématoire.

 

Distiques à l'encre sympathique sur un thésard olfactif

On a bien content qu'on est de la citronnelle

Si que le doctorant fouettont de la rondelle.

 

On a doux la citronnelle madagascar

Comme que le doctorant schlinguont du calbard.

 

Endroit que j'aime bien l'aspergir de citron,

Le bureau messin d'où l'étudiant pue du rond.

 

On a véritablement âcre et écœurant

Le bureau où qu'il a mariné doctorant.

 

Croivu-je je vont dégueulir ma cirrhose

Si comme il s'habillut tout en polyviscose.

 

Endroit que plus qu'à Metz sentent les troufignons,

Dans le polyviscos ç'a la fac d'Avignon.

 

Roberta qu'on a aigre son odeur d'aisselles

Si même qu'elle nous offrut des sfogliatelles.

 

Alumnos qui foetores tenent timeo

Même si qu'en Lorraine il est mis du déo.

 

Golri-je malgré que citronnelle à torrent

Si je suis forgé le mot “déodoctorant”.

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mercredi, 28 janvier 2015

Babouins de Besançon

On a dur le jeune babouin tendre sa croupe

Si comme à Besançon c'est un bachelor group.

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mardi, 27 janvier 2015

Saltykov-Chtchedrine

Aujourd'hui, nous fêtons le cent quatre-vingt-dixième anniversaire de la naissance de Mikhaïl Saltykov-Chtchedrine, écrivain russe dont je vois régulièrement, et depuis longtemps, passer le nom.

J'ai donc décidé de lire enfin un livre de cet écrivain, dans la traduction de Luba Jurgenson : Le Bon vieux temps.

En anglais comme en français, la récolte est mince sur les sites d'archivage de textes électroniques :

Trois contes russes (sur Wikisource, traduction d'Alfred Léo)

A Family of Noblemen (traduction anglaise, par A. Yarmolinsky, de son roman le plus célèbre, Господа Головлёвы, généralement connu sous le titre de Famille Golovleff)

Les lecteurs russophones ou russisants pourront en revanche se régaler ici.

lundi, 26 janvier 2015

Neuf distiques sur un incendie à Rueil-Malmaison (Guillaume-Franck Ribergal)

On a übergolri de la flamme incendiaire

Si Le Pen qu'il a cramu son gros œil de vaire.

 

On a mal maison cramée et bobo à l'œil

Si qu'on aura hospitalisé loin de Rueil.

 

Marine qu'elle a dit les bobos sont ténus

Que le feu au conduit et mon cœur mis anus.

 

Jany Paschos appellut Le Pen “mon biquet”

Mais on a dangereux jouir avec le briquet.

 

La maison qu'à lui elle pue le fumigène

Comme c'est plus über-dégueu que la gégène.

 

Véner comme il paraisse il n'aime pas tes races

S'il s'avut réfugiu aussi sur la terrasse.

 

En garde à vue qu'ils sont été mes supporteux

Comme ils ont chanté “ce soir on vous met le feux”.

 

Gros vieillard blond il s'a prendu pour Catwomane

Qu'en veut s'échappant de la maison pyromane.

 

Tandis Kurdes chassont Daesh de Kobané

Le Pen il sont son œil totalment calciné.

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dimanche, 25 janvier 2015

Cinq distiques sur la mort d'un barbu aigrelet

On a dur le quart monde on a dur les cassos

Si le tramway qu'ils sont chante Demis Roussos.

 

Manière qu'on célèbre Αρτέμιος Βεντούρης 

Que mater un épisode d'Agenc' Tous riss'.

 

Golri-je pas du tout m'est pété le fémur

En que dribblant sur l'air d'“On écrit sur les murs”.

 

Cafetiers qu'ils ont bien contents sa mort Demis

Si toute la journée sont vendre des demis.

 

L'Hellène tout ce qu'elle épitaphe Roussos :

Donna Summerentes Timeo Danaos.

 

samedi, 24 janvier 2015

Textes théâtraux robotiques, 2

(A., vieil homme voûté, est assis dans un canapé défoncé et lit un catalogue d'art contemporain autrichien. B., jeune femme vêtue très chic, revêt, tout au long de la scène, une combinaison de ski.)

 

B — Oui, je crois que s'il y a des choses dont je ne suis pas grand chose sauf que là d'où l'on voit tout.

A — C'est en hochteutsch, hein, c'est que je suis frappé du coup c'est une artiste millionnaire.

B — Guichard apprit que Fortuné avait détruit le studio où a été tourné le clip de Brassens !!!?!

A — Entre la chèvre et le sommeil de vos nuits. Poèmes du Petit salon !

B — Dixit celui qui ferme nos paupières.

A — “Everybody in a GAME would be Both”, la deuxième partie est un entretien fort long pour l'examinatrice.

B— C'est en français, ses textes les mieux traduits SE méfier des gens qui sont les mauvaises passes, les ballons perdus et moi je n'ai pas gagné à EuroMillions.

A — Vorher schleppt sie kam anders zurück. Kasimir Edschmid se demande désormais ce Jorge Guagua.

B — It's in the Turkish rugs to pull back, confusing some and officers, some leaders decided that lonely rooms is Queenstown, a regal little adust.

A — Passer la matinée à faire lessives, corriger copies de l'UVSQ d'alerter tout détourné par le médecin à 10 h 20 ans au bas mot qu'il fait de la prochaine fois maismes féloches à Melissa.

B — How to get him an officer yelled. No. It's not, protesters responded. This is to take action, that has failed to the Otago lakes is Wakatipu—a lake like a beautiful UFO.

 

(B. mime un slalom, très longuement. A. la regarde en bâillant.)

vendredi, 23 janvier 2015

Chançon

à peine du bout du poinçon

sans craindre de malfaçon

le subtil maçon

a tourné ton colimaçon

citadelle de Besançon

« de rien, garçon »

 

bien sûr, il me vint un soupçon

le temps ne fait pas de façon

la grammaire en cheval d'arçon

saute sans verser de rançon

du coquelet à l'hameçon

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jeudi, 22 janvier 2015

Bondir hors de ses rêves, ratisser le réel

Tu te souviens quand je t'ai téléphoné

de Chartres ? Abattu et goinfre,

horrible dans mon désir. Tu aimais bondir hors

 

de tes rêves pour attraper l'écouteur et murmurer, non, non,

tu ne m'as pas réveillé, je me le suis déjà astiqué.

Mais ce n'était pas vrai. Même quand tu dors tu occupes

 

tout le terrain, les premières lignes.

 

 

Six premiers vers et demi d'un poème de Tomaž Šalamun traduit par Zdenka Štimac aux Éditions Franco-Slovènes (Ambre, 2013, p. 15), organisé en tercets enjambés, forme très fréquente dans le recueil, peut-être sous influence de la terza rima (faute de texte slovène en regard, impossible de le déterminer). Toutefois, exemple plus frappant que jamais que, même en traduction, il faut lire la poésie “étrangère”. L'univers de Tomaž Šalamun n'a rien de comparable. Chaque page m'a secoué, depuis que j'ai commencé à le lire, en novembre.

 

Il y a deux catégories de « lecteurs » qui m'agacent : ceux qui disent qu'on ne peut pas lire de la poésie (ou même des textes d'autres genres) quand on ne connaît pas la langue, et qui se privent, voire voudraient priver les autres d'accéder à une altérité réelle, puisque la bonne traduction consiste à transmettre une altérité réelle, effective, et — en ce sens — elle-même altérante ; et ceux, plus nombreux encore, qui se vanteraient presque de ne jamais lire de littérature contemporaine, en particulier de langue française, comme s'il était entendu que tout est bon pour le panier, alors que leur opinion s'est formée sur deux ou trois articles dénigrateurs sur le tout à l'ego (ou autre formule choc), ou sur la lecture d'un minable récit d'Amélie Nothomb qui leur a donné quitus pour tout jeter aux orties, et que l'opinion de ceux qui prennent, chaque jour, le risque de se confronter à des pans entiers de littérature contemporaine, dans les marges ou pas, se fonde sur une pratique de plusieurs années, décennies, au point d'avoir décelé des territoires entiers dont on pourrait espérer, n'étaient-ce la journalistisation des intellectuels et l'hyperspécialisation des universitaires, qu'ils seront d'ici quelques siècles l'équivalent de ce que sont, pour nous, Montaigne, Saint-Simon, Balzac ou André Breton.

mercredi, 21 janvier 2015

¯ « De Turc à More » ¯

Bientôt la Faublin entra dans mon cabinet, m'amenant Croutot qui arrivait tout au plus à la hanche de la belle et plantureuse créature. La manière dont elle me le présenta fut des moins révérencieuses.

— Patron, m'annonça-t-elle, je vous amène un pierrot qui dit qu'il est un ange.

Puis, sans respect pour celui que, tout à l'heure, je l'avais entendue traiter de traîne-savate, de criquet et de chafouin, elle partit en ricanant:

— Oh ! oh ! un ange ! quel bas-des-reins, ce bel ange.

Je feignais de ne pas m'apercevoir de la mine furibonde de Croutot à cette façon d'être présenté. C'était un mauvais début pour lui qui voulait être pris au sérieux, et qui avait compté, du haut de ses fonctions et dès le commencement, me traiter de Turc à More.

 

Eugène Chavette. Le saucisson à pattes II (1884).

 

 

mardi, 20 janvier 2015

Guinée / Cuba

« Tu sais comme moi comment les choses se passaient à l'époque. Ici comme là-bas, on vivait au rythme des purges et des pendaisons ; à la merci des discours-fleuves et des pénuries de toutes sortes. Eh oui, notre lointain cousinage ne devait pas se limiter aux dieux yoruba et à la salsa. Il nous fallait partager aussi les mêmes tourments, les mêmes sévices, et la même dévotion pour le grand frère soviétique en dépit de notre bon climat tropical. L'engagement révolutionnaire, cela doit se démontrer, mon vieux. Il nous fallait nos koulaks à nous ; nos kolkhozes à nous ; nos goulags à nous. »

Tierno Monénembo. Les coqs cubains chantent à minuit (2015). Seuil, p. 159.

 

Vingt ans après la parution de Pelourinho, que j'ai lu alors, première entrée dans l'œuvre, je n'avais pas tout compris je pense, Tierno Monénembo publie un roman très similaire, cette fois-ci en croisant l'histoire de la Guinée post-coloniale et celle de la Cuba d'avant et surtout d'après Castro. Récit d'un voyage de remontée vers l'amont au Brésil, Pelourinho se situait plus sur un versant mémoriel, alors que ce dernier opus est nettement plus politique. Ici, l'on retrouve tout ce qui fait la patte de Tierno Monénembo : récit adressé, narrateur goguenard et faussement cynique, enquête sur une fausse énigme familiale, sens du rythme et de la formule (mais jamais de la formule toute faite).

lundi, 19 janvier 2015

Lines Written In A Derelict Pub After Reading Fifty Pages of Ali Smith and Drinking Very Unsavoury Tea Indeed

no pluck for the duck 

no good for the goose

no rain for the crane

no swim for the swan

 

I CHALLENGE YOU TO A GAME OF DARTS

dart this word and that verb

no dart for a fart

no nothing for a farthing

 

I CHALLENGE YOU

I FEAR YOU

go AWAY

 

in that pond of words

of stale ideas and sour words

a pond of nothingness

A VIOLIN GOES BERSERK YES A VIOLIN GOES BERSERK

and I'm

drunk on tea

dimanche, 18 janvier 2015

“La religion tue le monde”

Ainsi donc, depuis le début de l'année 2015 :

  • plus de 2.000 civils nigérians ont été massacrés au nom de l'Islam par les fous de Boko Haram
  • une fillette de dix ans s'est fait exploser dans un attentat, à l'initiative des fous de Boko Haram et au nom de l'Islam
  • 17 personnes (dont des artistes et des Juifs) ont été sauvagement assassinées en France au nom de l'Islam
  • un blogueur saoudien purge une peine de prison pour athéisme et a déjà reçu 100 coups de fouet, au nom de l'Islam
  • un pianiste de renommée internationale a été condamné en Turquie à de la prison ferme pour athéisme, au nom de l'Islam
  • des émeutes meurtrières ont eu lieu, notamment au Niger, au nom de l'Islam

 

Et voici que la majorité des responsables religieux de tous bords, le Pape ici, tel dignitaire musulman là, voudraient nous faire accroire que le problème vient de quelques dessins, ou de quelques textes “provocateurs”... Cela rappelle à ceux qui en douteraient qu'un religieux “modéré”, ça n'existe pas : les prétendus “responsables” religieux sont irresponsables, complices ou eux-mêmes assassins.

Une des rares exceptions, dans ce concert de faux-culs pyromanes, c'est « le curé de chez nous » de Brassens (hélas fictifl'imam de Cenon (bravo à lui).

samedi, 17 janvier 2015

Mât, matin, mâtin

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le fanal national

un peu de pollution

parmi la grisaille

vendredi, 16 janvier 2015

Dernier vendredi avant la cohue

Last Fair Deal Gone Down

Ce matin, je me rendais à une réunion de la Commission Bibliothèque, me suis autoportraituré coastard et chapeau dans l'ascenseur de 9 h 43. On n'est pas nombreux aux Tanneurs aujourd'hui, et les copies ne se corrigent pas toutes seules non plus. Ce que je dis à “mes” Coréens : vous allez voir, lundi, tout d'un coup 7.000 gusses là dedans !

09:34 Publié dans WAW | Lien permanent | Commentaires (0)

jeudi, 15 janvier 2015

Poids et mesures

Il faudra quand même qu'on m'explique en quoi la phrase “je me sens Charlie Coulibaly” est une apologie du terrorisme. Un bon avocat n'aura, ce me semble, aucun mal à démontrer que ça peut vouloir dire plein de choses différentes :

  • "je me sens" n'est pas "je suis"
  • l'ensemble "Charlie Coulibaly" peut vouloir dire que Dieudonné se sent à la fois proche, de manière très schizophrène,  des humoristes assassinés pour avoir exercé leur droit de parole et du salopard victime de la ghettoïsation dans les banlieues (ATTENTION : ceci n'est pas mon avis, mais il y a tout un tas de soi-disant intellectuels et d'enseignants de banlieue qui n'arrêtent pas de répéter ça, dont une tribune inepte et scandaleuse publiée dans le Monde) → si on pousse cette logique, on pourrait dire que cet énoncé vise à être à la fois solidaire des victimes des frères Kouachi et du terroriste de la porte de Vincennes, et, dans ce cas-là, l'antisémitisme est plus aisé à démontrer
  • Coulibaly est un nom très courant, donc, à partir du moment où Dieudonné n'a pas désigné le terroriste en ajoutant son prénom, ça peut être une identification à tous les Coulibaly, voire à tous les Noirs de France (ça pourrait même vouloir dire qu'il pense à tous les citoyens qui portent ce patronyme et qui vont en baver dans les prochains mois)

Comprenons-nous bien (ET JE NE RÉPONDRAI PAS À CEUX QUI N'AURONT PAS LU CE BILLET JUSQU'AU BOUT) : je n'aime pas du tout Dieudonné, je ne l'ai jamais trouvé drôle (mais je n'ai jamais trouvé Elie Semoun drôle non plus, soit dit en passant), je suis profondément convaincu que de pseudo-humoriste il est devenu pamphlétaire et idéologue, et enfin il est très évidemment antisémite.

Je ne dis pas du tout que cette phrase ne pourrait pas être une apologie du terrorisme. Je veux tout simplement qu'on m'explique en quoi elle en est ÉVIDEMMENT une. La seule possibilité est de faire un distinguo entre discours à visée humoristique et parole publique tenue par un responsable politique... mais, là encore, les objections que j'ai formulées ci-dessus demeurent.

Universitaire, j'attends de mes étudiants qu'ils démontrent leurs arguments de manière complète. Dans une copie qui se contente de dire “Le poème évoque la couleur rose parce que c'est la couleur de l'amour”, je mets en marge prouvez-le ou aucune autre interprétation ? ▬ J'attends de Joffrin, Valls (et des autres) qu'ils DÉMONTRENT que la phrase “je me sens Charlie Coulibaly” est une incitation à la haine, ou une apologie du terrorisme. Si cela est avéré, et si Dieudonné est condamné POUR CETTE PHRASE, je pense en effet que bien des formules ou dessins polysémiques de Charlie Hebdo risquent de se voir également condamnés. 

D'ailleurs, au vu de tout ce qui se dit depuis quelques jours (mesures exceptionnelles qui ne seraient pas d'exception, appels à l'autocensure, Pape qui se croit autorisé à s'immiscer dans les affaires d'un pays sans religion d'État), on peut d'ores et déjà considérer que les assassins du 7 janvier ont gagné : ils n'ont pas tué la liberté d'expression, mais le pire est à venir.

 

Quant à l'emploi de l'adjectif maléfique dans l'éditorial de ce jour, il montre tout ce qui sépare les athées et libres penseurs de Charlie Hebdo de Joffrin, qui ne s'aperçoit même pas qu'il baigne en permanence dans un langage bondieusard de catho de gauche.)

 

mercredi, 14 janvier 2015

Ils sont Charlie Potter Nabilla

Quoique je sache parfaitement qu’il sera impossible de se procurer aujourd’hui le nouveau Charlie Hebdo (et qu’il faudra attendre les réimpressions des prochains jours), je me suis rendu, ce matin, à sept heures et demie, près du Beffroi, chez l’un des marchands de journaux où je suis occasionnellement client, car, entre autres bonnes résolutions pour 2015, j’ai décidé d’acheter plus régulièrement le Canard enchaîné, que je n’ai plus lu depuis des années (shame on me). J’avais aussi dans l’idée de voir un peu ce que ça donnait, et, vu ce que m’ont dit les deux dames qui tiennent la caisse, j’aurais même dû venir dès l’ouverture avec ma caméra.

En effet, elles avaient reçu 14 exemplaires (“non, 15 leur ai-je dit et vous vous en êtes gardé un, vous avez bien raison” – elles ont souri), et, à l’ouverture, il y avait une quarantaine de personnes, lesquelles, une fois le magasin ouvert, jouaient des coudes et ont manqué en venir aux mains. À sept heures et demie, j’ai moi-même vu plusieurs personnes entrer, demander Charlie et ressortir sans rien acheter ; je pense qu’il s’agit du même genre de pékin que les gugusses qui sont entrés pour la première fois dans une librairie en septembre dernier, afin de demander « le Trierweiler ». J’ai un peu discuté avec une des deux dames, qui a opiné gravement quand je lui ai dit qu’avec les réimpressions ce numéro allait atteindre les dix millions, ce qui était d’une absurdité phénoménale pour un journal qui avait du mal à écouler habituellement ses 60.000 exemplaires. Elle m’a confirmé qu’en temps ordinaire elles en vendaient vaguement quatre ou cinq. « Charlie Hebdo, ce n’est pas Harry Potter ! »

 

Si j’étais l’équipe de rédaction (or, ce n’est pas le cas – il n’y a pas d’identité ou d’adéquation dans toute cette histoire), je me fendrais, à l’occasion des réimpressions, d’un édito bien in your face pour me foutre de la gueule de ces centaines milliers de gens qui vont consommer du Charlie pendant quelques jours ou quelques semaines comme la France a consommé du « allô, t’es une fille et t’as pas de shampooing » pendant une grosse quinzaine au printemps 2013. Ce paradoxe – dont l’on peut souligner soit le côté atroce, soit le côté grand-guignolesque, selon son penchant ou son humeur du moment – fait d’ailleurs l’objet de plusieurs dessins du Canard… et de Siné Mensuel, que, pour le coup, j’ai acheté pour la première fois.

 

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Edit de 8 h 51 → petite file d'attente devant le rideau de fer de Cultura (Tours Nord), dont un militaire en treillis. Mieux vaut rire de toute cette absurdité...

 

mardi, 13 janvier 2015

Chapeau bas à Luz, une fois encore

Nous voici, de nouveau, face à une preuve éclatante du contresens généralisé sur l'esprit Charlie.

C'est à peine si la couverture de demain vient d'être révélée, et tous, analystes et politiques, de l'interpréter comme une volonté réaffirmée de ne pas tenir compte des préceptes d'une religion dans le cadre d'un État laïc, les plus fins soulignant toute l'ironie équivoque de ce prophète en larmes et du slogan “Tout est pardonné”. (À parcourir rapidement les commentaires sur la Toile, on s'aperçoit vite que les moins fins (la majorité (= les cons)) y voient de l'islamophobie, pour s'en réjouir ou la dénoncer, preuve qu'ils ne comprennent vraiment rien.)

 

Or, bien plus que l'Islam ou le fanatisme, le dessin de Luz vise tous les hypocrites, suiveurs et moutonniers de toute laine qui n'ont cessé d'afficher partout, depuis près d'une semaine, le gimmick Je suis Charlie. Avec, dans son viseur, tous ceux qui ont versé des larmes de crocodile, il établit un lien entre tous ceux qui, par suivisme ou pour se donner bonne conscience, se sont superficiellement identifiés à Charlie Hebdo (je suis = Charlie) tout en n'en connaissant pas grand chose ou en n'en partageant aucunement l'esprit, et les musulmans qui semblent penser qu'en brandissant la pancarte ils sont quittes d'un débat sur le lien possible entre l'islamisme et les textes sacrés de l'Islam (Coran et hadith). Sur ce point, je mets en lien la très belle lettre ouverte au monde musulman d'Abdennour Bidar :

tu te réfugies dans le réflexe de l'autodéfense sans assumer aussi, et surtout, la responsabilité de l'autocritique. Tu te contentes de t'indigner, alors que ce moment historique aurait été une si formidable occasion de te remettre en question ! Et comme d'habitude, tu accuses au lieu de prendre ta propre responsabilité

 

Luz a certainement voulu critiquer aussi l'irénisme invraisemblable et l'optimisme qui ont suivi la grande marche de dimanche, comme s'il avait suffi de quelques millions de Français brandissant des slogans sur la liberté de la presse pour que tout soit réglé. En ce sens, son usage de la notion, très chrétienne, de pardon renvoie dos à dos toutes les religions, en suggérant combien cette valeur n'a aucun sens pour les athées ou les libres penseurs, et combien, pour nous autres qui refusons les solutions faciles de la foi, tout demeure toujours un problème.

Bravo à lui, une fois encore.

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lundi, 12 janvier 2015

Je suis Canardo (aussi)

Le Bergerac, lundi 12 janvier, 17 h 05.

Ce lundi, après un premier de janvier avec annulation du cours de solfège et chant choral, je me retrouve, le cours ayant commencé avec un remplaçant grisonnant et en avance, à l'avance aussi dans un bistrot, encore un autre. Entre-temps, il s'en est passé, et, n'ayant pas encore vraiment pris le temps de tenter de mettre en forme ma pensée sur ce qui est advenu, je me trouve face à cet écran, à réfléchir au titre de cette rubrique : Ce qui m'advient. Déjà : ce qui advient. Et puis : ce qui est advenu. Et encore : ce qui se poursuit. Ce qui revient. Ce qui ne part pas. Ce qui refuse d'abvenir, de s'absenter. 

Donc on recommence à se payer de mots ; au moins faudra-t-il en avoir conscience, et décortiquer ce qu'on dit, de ce qui nous advient. Nous ? Et quel nous ? veut-on nous faire accroire à cette collectivité ? Quelle communauté nationale ? Ou planétaire ? Nous, les prétendus "66 millions de blessés", peut-être le slogan le plus inepte à avoir fleuri jeudi dernier, ou les quatre millions de marcheurs ? Ou les marcheurs à avoir tout de même marché, malgré les chefs d'Etat et Marine Le Pen à Beaucaire, malgré surtout les bougies, le glas à Notre-Dame, les je-suis-Charlie arborant de même le sac Kookaï car ils avaient d'un même pas fait les soldes le dimanche ? Ce nous est indéfinissable. Il ne peut exister collectivement d'un même souffle. Le Divers a battu le pavé, et comme il ne pleuvait pas le pavé n'était pas Glissant.

Risque de se payer de mots, et donc gaffe à l'addition.

Risque de se payer d'images, comme, avant d'ouvrir ce fichier et de commencer à pianoter, je me suis autoportraituré avec le Canardo décollé et rescotché du Bergerac ? Quoi, je suis Canardo, je suis Cyrano, je suis tout ça n'est-ce pas.

 

Je suis. Depuis mercredi, c'est cette affirmation identitaire incomprise, reprise sans y réfléchir, qui m'a le plus frappé. On a vu tous les gens les plus non-Charlie possibles s'afficher avec ça, et on a entendu les personnalités les plus anti-Charlie possibles reprendre ce gimmick d'emblée insensé, puis vidé de tout sens. 

Partir donc de ce qui est advenu et de la façon dont ça m'a atteint. L'analyse a déjà commencé, bouillonnante et complexe, et pourtant le temps de l'analyse n'est pas venu. Donc le récit, pour commencer. Je ne vais pas revenir en détail sur l'horreur, l'abattement, les pleurs, les cauchemars, la consternation durable face aux contresens, aux messages qui ont encore témoigné de l'inculture, de l'incapacité quasi généralisée à comprendre un tel événement de façon complexe. Entre l'esprit cucul-la-praline, la curaillerie générale, les contresens sur la laïcité, la dénonciation du risque d'amalgame qui interdit de fait toute discussion et tout débat, l'absence manifeste de toute référence à ce que peut être, au fond, "l'esprit Charlie", ces derniers jours n'ont cessé d'être de plus en plus déprimants. À l'atrocité, à l'infamie, a succédé l'accablement, de sorte que, pendant que la majorité semble avoir trouvé sa catharsis et son tout-va-très-bien-madame-la-marquise dans les cortèges du dimanche, je suis ressorti de cette journée plus pessimiste encore, étonné de voir combien l'humanité persiste à vouloir s'aveugler, à voir la vie en rose, penser qu'il fait bon dans la pièce si on a décidé de tenir le thermomètre près de la cheminée.

 

Le rire de Charlie, comme le nonsense de Thiéfaine, est un loufoque tragique, baudelairien, désespéré. 

Or, en voyant Plantu, cette baderne sans talent roi de l'autocensure et du politiquement correct, pérorer sur toutes les chaînes comme s'il avait le Prix Nobel du dessin satirique et le Prix Sakharov de la Liberté d'Expression, en regardant tant d'idiots danser la samba en allumant des bougies comme si la mort sanglante de dix-sept victimes (dont plusieurs très grands dessinateurs) était une victoire au ballon rond, en lisant ou en écoutant les centaines de témoignages accablants d'enseignants de banlieue sur le soutien enthousiaste des tant d'adolescents issus des "communautés" aux frères Kouachi et à Coulibaly, en remarquant que tant d'éditorialistes anglophones et d'intellectuels africains se sont contentés d'un survol rapide pour conclure que Charlie Hebdo était un journal raciste et islamophobe, en constatant que l'imbécile Delahousse donnait la parole à cette ordure droitière colonialiste de D'Ormesson, en apprenant que plusieurs centaines de "Juifs français" envisageaient d'ores et déjà d'aller chercher l'ordre et la sécurité en Israël (au prix de quelques colonies supplémentaires, ô combien sûres d'ailleurs), en entendant pour la centième fois l'axiome qu'il est interdit de discuter selon lequel l'Islam est une religion de paix et de tolérance, en découvrant qu'au lendemain d'une grande marche pour la liberté d'expression on se dirige tout droit vers  un Patriot Act à la française qui signera l'anéantissement des libertés individuelles, en relevant que pour presque tout le monde la vie a repris comme si de rien n'était et que la presse relègue aux colonnes de la page 37 les massacres de Boko Haram au Nigéria et au Cameroun, je suis désespéré, réduit à imaginer la "une" du Charlie Hebdo de mercredi en espérant un grand rire fou, noir, tragique, ou d'une connerie assumée (à l'opposé de la fatuité).

 

Qu'advient-il, et donc que m'advient-il, si je suis embarqué dans l'aventure peu ragoûtante de notre pays en 2015 ?

Il y aurait un livre à écrire sur tout ce que ces événements ont révélé, et dont j'avais déjà senti les frémissements (voire plus) depuis déjà longtemps. En voici les chapitres, que je n'écrirai pas :

1. "La religion tue le monde".

2. La fiction de la communauté nationale.

3. "Je suis Charlie", l'anti-Charlie.

4. "Je suis Charlie", ontologie du simplisme.

5. La laïcité, ce qu'on ne comprend pas.

6. La bougie, ou les Casimirs curailles contre l'esprit Charlie.

7. Les applaudissements, ou comment la culture du sport a tué la culture.

8. La dénégation a priori des rapports entre l'islamisme et l'Islam.

9. L'info en continu : adhérence et incontinence.

10. Les couvertures auxquelles vous n'avez pas échappé.

11. Spleen et idéal.

Sur tous ces points, la situation ne va nécessairement aller qu'en s'aggravant.

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jeudi, 08 janvier 2015

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mercredi, 07 janvier 2015

Approche du français courant & correct des années 2030

Je viens de finir de corriger 170 copies rédigées en français par des étudiants de première année. Les copies faisaient une page en moyenne et portaient sur un sujet de méthodologie (comment préparer un exposé sur un sujet précis et quelles ressources employer). Ce panel m'a donc donné, une nouvelle fois, une idée, du niveau normal de français pour des bacheliers appartenant à la génération actuelle. Je dois tout d'abord signaler qu'aucune copie n'était dénuée de faute : toutes présentaient au moins une faute de grammaire et plusieurs fautes d'orthographe ou de ponctuation. Je propose ci-dessous la liste de fautes trouvées dans une (souvent très large) majorité de copies, en tirant la conclusion que nous tenons là le modèle du français standard tel qu'il s'écrira de façon tout à fait acceptable d'ici deux décennies :

  1. Les "s" indiquant le pluriel sont distribués de manière aléatoire (il est courant de lire des phrases telles que Les livre dont j'ai besoins). → le français écrit sera bientôt dénué de marque de pluriel pour les noms et les adjectifs.
  2. Chaque, chacun, chacune sont systématiquement pluralisés avec un -s.
  3. Les "e" muets apparaissent ou disparaissent à l'écrit de manière aléatoire (“à l'orale”).
  4. La règle d'accord du participe passé est universellement abandonnée.
  5. À la première personne du singulier, le futur simple est totalement abandonné au profit du conditionnel présent.
  6. Au présent de l'indicatif, la terminaison -ont a été très majoritairement remplacée par la terminaison -ons.
  7. Pour une minorité d'étudiants (minorité qui laisse entrevoir l'étape suivante), les formes verbales sont entièrement interchangeables. (Exemple trouvé dans une copie : “remettre les livre où on l'ais a trouvais”.)
  8. Au subjonctif, les formes sois, soit, soient sont utilisées de façon aléatoire et sans tenir compte de leur sujet grammatical.
  9. La confusion entre participes passés et infinitifs des verbes du premier groupe est désormais majoritaire → dans le français écrit correct, il sera bientôt admis d'employer indifféremment é ou er.
  10. La graphie du son /ɑ̃/ est en ou an de manière entièrement aléatoire. → D'ici deux décennies, la phrase Les enfent sons contants sera considérée comme non fautive.
  11. Des termes figurant dans le sujet sont souvent mal orthographiés : Reagan devient ‘Raegen’, ressources devient ‘resources’ (ad lib.), quatre devient ‘quatres’ (77 copies sur 170, j'ai compté).

 

 

Ce relevé est malheureusement indicatif et non exhaustif. Une fois encore, il s'agit là d'étudiants qui viennent d'obtenir leur baccalauréat, et, pour beaucoup d'entre eux, avec mention.

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mardi, 06 janvier 2015

Des bulles

Quand il lui fallait dire quelque chose d'intelligent, il faisait des bulles d'air couleur d'encre.

lundi, 05 janvier 2015

Réponse à une enquête sentimentale (janvier 2015)

Le questionnaire se trouve ici.

 

  1. Mon groupe sanguin : O+
  2. Ma chanson d'amour préférée est Même en hiver de Dick Annegarn.
  3. Il m'arrive rarement d'être gêné par mes voisins, sauf dans le bus ou le tramway.
  4. Par vengeance, oui, j'ai déjà agi, sans doute — hélas.
  5. Si je reçois un cadeau qui ne me plaît pas, je ne fais rien de spécial. Je garde, finis par remiser ou par m'en débarrasser, des années plus tard.
  6. Je dis rarement “Je ne l'ai pas fait exprès”.
  7. J'aimerais voyager plus, et j'aime voyager pour les paysages, la photographie, l'écriture qui renaît, l'imaginaire.
  8. Comment me consoler moi-même d'un chagrin ? Aucune idée.
  9. La dernière fois que j'ai écrit quelque chose sur ma main afin de ne pas l'oublier, je devais avoir douze ans.
  10. Ma manière préférée de manger des œufs → au plat, avec du paprika.

dimanche, 04 janvier 2015

Treizain à chute (27.XII.2014)

le tanin des tristesses sur la langue 

un terreau plus friable 

dérouté par la tarentule du temps

(velue, ne tisse pas de toile)

 

le velours du sommeil dans la roue des journées 

autant de cristal que de tuf 

autant de brio que d'effroi

 

on se demande désormais 

ce que fut cette année 

engendrée au tamis de fleuves capricieux 

brassée d'azur et de grisaille 

 

grièvement désormais 

brasse

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samedi, 03 janvier 2015

Douzain astérisqué

je n'ai pas d'âme

* rideaux de papier en volutes

lourde enclume du corps dansant *

 

dansons *** vous n'avez pas

le sens commun *** et moi

je n'ai pas d'âme

 

* -* cette légère bulle de *-* tulle

n'est que le souffle de *-* la bruine

(je n'ai)

* ce fleuve lourd qui pousse ses

marécages mais c'est mon sang *

(pa*s d'â*me)

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vendredi, 02 janvier 2015

Des insanités

En miroir, du 29.12 au 02.01.

 

Hier encore trois allers retours à la déchetterie : sacs de feuilles sacs de feuilles.

Aujourd'hui normalement je m'attaque aux huit petits saules penchés à 40° depuis tempête (de 2010 ?).
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Paper. Diapason. Graisse des ténèbres.
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Le verre cathédrale mange sa propre lumière, tiens ça y est pas pu m'empêcher d'écrire des insanités.

 

L'enclos, avec ses chèvres ses oies ses tas de ferraille ses restes de vieux pneus ses poules ses chats ses gamins en quad —— là où avant (pas jadis ni autrefois : avant) se trouvait un petit bois si joli, si mystérieux, si tendre au regard (et à la mémoire).

La crevaison → juste à temps chez Morès, à regarder le jeune type clopant, juché précairement sur une palette à trois mètres au-dessus du sol, à dévisser les lettres rouillées.