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jeudi, 29 janvier 2015

D'une phrase superficielle

Comme je viens encore de lire, sur le mur d'une amie FB, la très habituelle phrase selon laquelle « le FN n'est pas un parti comme les autres », j'ai livré quelques réactions à chaud que je copie-colle ici, et dont je déplore certes qu'elles soient un peu à l'état brut :

Quand Charlie Hebdo a fait campagne dans les années 90 pour l'interdiction du FN (avec des articles sublimes de Cavanna), quasiment tout le monde disait “ah non ce n'est pas possible, ce ne serait pas démocratique gnagnagna”. Si le FN est un parti légal, s'il a le droit de présenter des candidats, si ses candidats sont jugés capables démocratiquement de diriger les destinées de leurs concitoyens, alors il est également normal que ces mêmes citoyens puissent être jugés "élu local de l'année" ou toute autre faribole. Je veux juste rappeler qu'il n'y a pas de demi-mesures. Comme la plupart des critiques, sur cet événement, émanent de journalistes prompts à dénoncer leurs confrères, précisons que tous ceux qui ont décidé que le FN faisait partie démocratiquement et légalement du paysage politique n'ont pas le droit de nous infliger leurs leçons de morale. À part du côté de Charlie Hebdo et d'une certaine gauche radicale, je ne connais aucun journaliste qui ait soutenu l'interdiction du FN alors que ce parti avait fait la preuve de son incompatibilité constante avec les valeurs de la République et le triple idéal de liberté, d'égalité et de fraternité. Donc maintenant, qu'ils assument. Bientôt peut-être on aura un président FN ; il n'y avait qu'à agir plus tôt.

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Dans la réalité électorale, dans les institutions politiques du pays qui seules fondent cette réalité, le FN est un parti comme les autres. Moi, le temps d'antenne, le financement des campagnes etc., ça me rend malade depuis trente ans — je ne comprends pas ceux qui montent au créneau maintenant, au prétexte qu'un cénacle de journalistes a remis un prix à Steeve Briois.

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Ainsi, l'affirmation selon laquelle le FN n'est “pas un parti comme les autres” est d'une stupidité totale. D'abord, elle stipule que tous les autres partis sont semblables, alors que pour ma part je vois de nombreuses différences – idéologiques et internes – entre l'UMP, le PS, le MUP, le PCF, le NPA, le MoDem, les Verts etc. Ensuite, elle relève d'un déni : de même qu'il ne suffit pas de dire que l'islamisme n'a rien à voir avec l'Islam pour que ce soit vrai, il ne suffit pas de dire que le FN n'est pas un parti comme les autres pour qu'il n'ait aucun pouvoir. Par ailleurs, tous les journalistes qui participent à ce jury sont connus pour se répartir, lors des conférences de presse des présidents et ministres de droite comme de gauche, les questions rédigées ou approuvées par le cabinet du président ou du ministre en question. Alors, question déontologie, leur désignation de Briois comme "élu local de l'année" n'est pas leur fait d'armes le plus scandaleux.

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J'ajouterai que la formule le FN n'est pas un parti comme les autres me rappelle étrangement tous les olibrius qui beuglaient ou écrivaient Tout sauf Sarkozy en 2007. J'en ai fait taire un certain nombre en leur disant : "ah, vous militez pour Le Pen ?" — le sens de leur slogan leur avait totalement échappé.

Le problème est que toutes ces formules se répandent sans que presque aucun de ceux qui les emploient ne les comprenne ; il y aurait beaucoup à dire, aussi, sur le fameux Je suis Charlie, quand on voit que tel ou tel qui l'afficha ou l'affiche encore en photo de profil Facebook défend dans le même temps le port du hijab à l'Université ou le droit des associations musulmanes à menacer à mots à peine couverts une institution culturelle de représailles pour avoir exposé une œuvre censément (et en fait pas du tout) blasphématoire.

 

Commentaires

Je regrette bien qu'il ne soit pas "pas un parti comme les autres", c'est-à-dire qu'il soit un parti. Mais il est un peu tard, je te l'accorde, pour s'en inquiéter. À l'époque j'étais bien d'accord avec Cavanna mais personne ne m'écoute au(x) gouvernement(s)!!! :-((

Écrit par : Marie Hélène | jeudi, 29 janvier 2015

C'est très intéressant le problème de la démocratie: que faire quand elle ne donne pas le résultat escompté? (le magreb passe son temps à ça, depuis 1990).
Car c'est ce qui me frappe : on vote pour qui on veut, à condition d'avoir le "bon" résultat. Mais de temps en temps ça donne Hitler.
Alors quoi?
(Moi aussi je pense qu'on ne peut pas interdire un parti qui a un électeur sur quatre ou cinq. Et la question reste toujours : que voteraient les abstentionnistes ?
Et je crois que nous n'aurons pas de président FN parce que Marine Le Pen est une femme. Mais ce sera cela la raison, pas le FN.)

Écrit par : VS | jeudi, 29 janvier 2015

J'avoue que je ne te comprends pas : si tu penses qu'il fallait interdire le FN dans les années 1990, c'est que, sans doute, tu pensais que ce n'était pas un parti comme les autres, non ?

Écrit par : Simon | lundi, 02 février 2015

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