lundi, 10 février 2025
10022025
En lisant Death of the Author de Nnedi Okorafor, j’ai appris que les tissus plus communément appelés wax (et dont on sait que, tout en passant pour « typiquement africains », ils sont une production de l’industrie textile hollandaise à partir de modèles observés dans les territoires indonésiens colonisés par les Pays-Bas) se nommaient aussi Ankara, et que ce mot, sans rapport avec la ville turque, est le nom haoussa pour la capitale du Ghana, Accra. Tout cela dans un roman écrit par une Naijaméricaine de culture igbo, contenant un certain nombre d’éléments culturels igbo et yoruba... mais pas grand-chose de haoussa…
À propos d’écrivaines igbo : j’ai enfin commencé The Looming Fog de Rosemary Esehagu, avec la version PDF envoyée par l’autrice elle-même et qui correspond, m’a-t-elle dit, au texte de 2006 en partie remanié, et avec une fin différente. Il y a quelques coquilles, un mot manquant de loin en loin, mais le document est précieux. J’ai lu à peu près un cinquième du roman, qui est, de fait, tout à fait passionnant quant à la mise en récit de l’identité intersexe et quant à sa mise en perspective dans le contexte igbo, justement. Dans un passage de la fin du chapitre 1, la narratrice comprend qu’il serait possible que son statut de paria, entièrement dû à l’observation de ses parties génitales, puisse évoluer comme a pris fin la condamnation à mort des jumeaux à leur naissance, pratique rituelle sur laquelle je n’ai pas lu grand-chose, mais qui est de fait présentée comme allant de soi (à la fin du dix-neuvième siècle) dans la communauté d’Umuofia décrite par Chinua Achebe dans Things Fall Apart. La différence fondamentale avec An Ordinary Wonder est que l'enfant intersexe est immédiatement admis comme tel, et rejeté comme presque inhumain, alors que dans le roman de Buki Papillon Otolorin est assigné·e garçon jusqu'à l'adolescence et à la mise en avant des caractères sexuels « féminins ».
Grâce à la fonction surlignement/annotation de la liseuse, j’ai noté un certain nombre de phrases du Prologue qui poseront un problème de traduction, avec désignation de l’enfant intersexe au moyen du pronom « it » et sans marque de genre. Dans le chapitre 1, narré par l’enfant intersexe (sans nom), je n’ai pas particulièrement été vigilant, mais il y a forcément un certain nombre de difficultés sur ce plan-là. Cela me rappelle quand j’avais invité, avec Laurent Vannini, la traductrice de Freshwater, Marguerite Capelle, à venir parler de la manière dont elle avait traduit tout ce qui relève des identités non binaires.
22:10 Publié dans 2025, Affres extatiques, Translatology Snippets | Lien permanent | Commentaires (0)
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