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mardi, 05 août 2025

05082025 (fontaines Wallace)

Il y a trois jours, une amie Facebook – avec qui j’échangeais davantage à l’époque des blogs, le sien se nommant Sablier, si je m’en souviens bien – a publié une photographie d’une fontaine Wallace peinte en rose, s’étonnant de cette couleur. Toujours aussi cuistre, j’ai cité les trois vers d’Aragon

Rien n’est plus à la même place

Et l’eau des fontaines Wallace

Pleure après le marchand d’oublies

 

que je connais surtout via Ferrat, il faut bien dire. J’aurais pu citer les vers du Bistrot de Brassens, aussi.

J’ai ensuite cherché des occurrences de l’expression « fontaine Wallace » sur Wikisource, et j’ai été amusé de voir qu’elle se trouve dans la traduction française de La Guerre des mondes de H. G. Wells : « Déjà, elles [ = les rues] étaient emplies de gens qui revenaient ; à certains endroits même, des boutiques étaient ouvertes et j’aperçus une fontaine Wallace où coulait un filet d’eau. » En 1899, le traducteur, Henry Davray a sans doute voulu rendre plus concret, le plus contemporain aussi, le texte de Wells, qui est beaucoup plus général : « Already they were busy with returning people; in places even there were shops open, and I saw a drinking fountain running water. »

Il n’empêche que drinking fountain n’est pas très commode à traduire : fontaine publique ? on n’imagine pas nécessairement un robinet, mais quelque chose de plus grandiose, avec de la statuaire etc. Reverso propose fontaine d’eau potable (qui lève l’ambiguïté), fontaine à eau (qui, pour moi, ne se trouve pas dans l’espace public mais dans les salles d’attente, les bureaux etc.), et… borne-fontaine… ?

Pour la petite histoire, les fontaines Wallace, typiques de Paris, sont ainsi nommées car édifiées avec l’argent d’un philanthrope anglais, Richard Wallace, au début des années 1870. Le sculpteur se nommait Charles-Auguste Lebourg (là, on ne fait pas plus Second Empire que ce nom-là). Dans la région, il y en aurait trois à Bourges, une au Mans… aucune à Tours…

 

lundi, 04 août 2025

04082025 (lose my shit)

shit a.JPG

Suite à mon billet d'hier, on m'a conseillé un Tumblr, Les sous-titres de la honte, que je ne peux consulter que très partiellement du fait que je n'ai pas de compte. J'ai pu toutefois y glaner la pépite ci-dessus, extraite d'une série vue récemment (mais je ne me rappelle pas ce sous-titre particulièrement croquignol, il faut dire).

Je ne pense pas qu'il s'agisse d'une mauvaise traduction automatique, mais j'ai quand même vérifié avec quelques logiciels (je le fais rarement car même si ces requêtes sont moins polluantes que les questions posées à ChatGPT, elles le sont un peu). À part DeepL, aucun logiciel ne trouve le bon niveau de langue (et encore, on pourrait finasser).

shit Bing.JPG (Bing)

 

shit DeepL.JPG (DeepL)

 

shit Google Trad.JPG(Google Trad)

 

shit Quill.JPG (Quill)

 

shit Systran.JPG(Systran)

 

shit Wordvice.JPG (Wordvice)

 

dimanche, 03 août 2025

03082025 (sur une série adaptée de Poe et sur une traduction aberrante)

6 h

Ça commence à bien faire, de se réveiller si souvent très tôt. Là, je me suis levé après avoir tenté de me rendormir un moment. Je pense que, quoi que je travaille un peu au cours de ces deux semaines, je ne suis pas assez fatigué. Par contre, en préparant le café, par la fenêtre ouverte de la cuisine, j’ai pu observer les vols de goélands, et en ce moment même, par la porte-fenêtre – ouverte également (le rafraîchissement de ces derniers jours fait que les moustiques nous ont relativement épargnés, ce ne sera pas pareil dans le Sud-Ouest) – du salon, j’entends un autre groupe, et je pense qu’un certain nombre d’entre eux doivent avoir leur dortoir dans les parages et qu’ils regagnent la Loire au petit matin. Peut-être aussi, l’hypothèse reste valide, qu’ils sont attirés ici par la ZAC et ses nombreuses bennes à ordures ; mais, dans ce cas, pourquoi sont-ils aussi peu nombreux dans la journée ?

 

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Hier soir, nous avons fini de regarder la série en huit épisodes, The Fall of the House of Usher. Elle est beaucoup trop longue, c’est-à-dire qu’elle traîne en longueur ; les trois derniers épisodes (sur 8) tiennent plus du pensum que du suspense haletant.  C’est dommage car le montage/mixage de nombreux textes disparates de Poe pour tenter de faire une nouvelle histoire, située à l’ère contemporaine, est astucieux. Il y a trois jours j’ai même relu, dans ma vieille édition de poche Everyman des Tales of Mystery and Imagination (une sorte d’anthologie, je crois), la nouvelle qui donne son titre à la série, afin de constater que le rapport est ténu. Très ténu, même. En fait, il n’y a que dans le dernier épisode, pendant trois minutes peut-être, que la série reprend le seul événement de la nouvelle, événement qui tient lui-même en deux paragraphes, à la toute fin : la sœur enterrée vivante sort du tombeau et tue son frère, de terreur ; le narrateur, témoin, a à peine le temps de s’enfuir de la maison et de la voir s’effondrer.

J’avais un souvenir assez vague de la nouvelle, qui est très verbeuse, presque caricaturale dans la façon dont Poe multiplie les adjectifs et surdétermine tous les éléments du gothique ; peut-être est-ce d’ailleurs en raison de ce côté outré, poussé à l’extrême, qu’elle est souvent lue comme une sorte de classique : en un sens, en effet, si on a lu ces quinze pages on peut comprendre une bonne partie de ce qui s’est joué dans l’esthétique dite « gothique » (même si le roman gothique anglais procède autrement). Il y a une phrase très caractéristique, de la syntaxe et de l’esthétique, et que – bien qu’elle ait sans doute été beaucoup commentée – je redonne ici :

He was enchained by certain superstitious impressions in regard to the dwelling which he tenanted, and from which, for many years, he had never ventured forth — in regard to an influence whose supposititious force was conveyed in terms too shadowy here to be restated — an influence which some peculiarities in the mere form and substance of his family mansion, had, by dint of long sufferance, he said, obtained over his spirit — an effect which the physique of the gray walls and turrets, and of the dim tarn into which they all looked down, had, at length, brought about upon the morale of his existence.

 

En fait, elle m’a fait rire, car la première incise me paraît être de l’ordre du gag : le narrateur passe son temps, phrase après phrase, à tourner autour du pot, à user d’adjectifs et de termes peu clairs, opaques, afin de ne pas trop en dire, ou de faire sentir qu’il s’agit de faits indicibles, et là il reproche à Roderick Usher de parler « en des termes trop ténébreux pour être rapportés ici », pour citer la célèbre traduction de Baudelaire. On pourrait, à défaut de trouver cela cocasse, y voir – et je ne doute pas que des dizaines d’articles s’y sont employés – le génie métafictionnel de Poe, la mise en scène, dans l’écriture même, de l’aventure du roman, pour paraphraser Ricardou. Mais enfin, quand on lit cela, ce n’est pas léger.

 

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Nous regardons les séries et les films en VOSTF, pas avec les sous-titres anglais car cela irait trop vite pour Claire (et c’est aussi une habitude que nous avions prise avec les garçons, quand ils n’étaient encore que collégiens), ce qui me permet aussi – déformation professionnelle oblige – de constater les erreurs de traduction, et dans cette série il y en a un paquet.

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Certaines, que je regrette de ne pas avoir notées on the spot, qui modifient même de façon importante la compréhension de l’intrigue ou des personnages, ne peuvent être imputées, comme c’est souvent le cas, à la brièveté des délais exigés, mais il semble que le traducteur ou la traductrice ne comprenait vraiment pas la phrase anglaise en raison d’une expression ou d’une référence culturelle inconnue d’ellui. Ça la fout mal. Une des plus absurdes, la dernière que je me rappelle car c’est vers la fin du dernier épisode, se trouve dans la tirade de Madeline Usher, qui dit, en parlant d’elle à la troisième personne : « Don't care if it's death herself, she wants Madeline fucking Usher? She's going to have to have to look me straight in the eyes. » Plus tard, Roderick lui rétorque quelque chose du genre : « Yes, you’re Madeline fucking Usher. » Eh bien, voici la traduction proposée par Netflix : la putain de Madeline Usher. Et je suis convaincu que les personnes qui ne comprennent pas l’anglais ou n’auront pas prêté attention à ce que disent les personnages n’auront pas pu comprendre ce que voulaient dire les personnages. L’expression, très répandue, et qui consiste donc à intercaler « fucking » entre le prénom et le nom, signifie quelque chose dans le genre : « je suis Madeline Usher, faut compter sur moi, je ne suis pas n’importe qui, etc. » (et, pour le coup, je suppose que le/la traducteurice connaissait mais qu'iel n'a pas eu le temps de trouver mieux, ou ne s'en est pas préoccupé·e).

On pourrait d’ailleurs traduire en s'inspirant de la glose ci-dessus : « je ne suis pas n’importe qui, je suis Madeline Usher ». Ou « je suis unique, je suis Madeline Usher ». Claire m’a dit qu’on pourrait aussi traduire au moyen d’anglicismes, par exemple : « je suis la GOAT, je suis Madeline Usher ». (Cette solution, anachronique au possible vu l’âge et le ton des protagonistes, m’amuse diablement.) Je m’étais demandé si un truc du genre « SuperMadeline WonderUsher » pourrait passer. En tout cas, la putain de Madeline Usher, personne ne peut comprendre cela (et c’est rigolo au carré car on dirait un calque… de l’espagnol…).

 

samedi, 02 août 2025

02082025

Réveillé par des cauchemars, levé dès 4 h 30 : lecture au petit salon, un peu de Koï-Koï sur téléphone aussi (mais raisonnablement). Il fait très frais, mais il paraît que l’été va revenir dès le début de la semaine qui vient. Je suis à la bourre pour x choses, mais rien que de très habituel. Je n’arrive pas vraiment à savoir quels chantiers je vais pouvoir un petit peu avancer pendant les semaines à Rochefort et Cagnotte ; peut-être que le plus simple, ce serait de traduire un peu.

 

Promenade à Esvres      Hier après-midi, nous avons fait une assez longue promenade « entre châteaux et moulins », à Esvres. Un certain nombre de papillons (pas tant que cela, je suppose) mais les oiseaux sont absents. L’effondrement de la biodiversité, dans les campagnes, est effarant. Il faut dire que, par contre, ce ne sont pas les chiens qui manquent (en liberté – mais il n'est pas méchant, il est juste curieux), ni les affûts de chasse ; on sait pourquoi on fait ces promenades l'été ; de septembre à juin le pays est confisqué par les flingueurs fous.

J’ai découvert une petite rivière que je ne connaissais pas, l’Échandon, et un pont gallo-romain (dixit – mais sa structure actuelle est plutôt médiévale, avec arches gothiques) dans un creux forestier.

 

vendredi, 01 août 2025

01082025 (bilan de juillet)

Voici le moment de faire un bilan exhaustif – autant que possible – du mois de juillet.

 

C’était le dernier mois de mon congé sabbatique (ou CRCT = Congé de Recherche et de Conversion Thématique) ; j’ai fait soutenir deux mémoires de M2, enregistré la dernière émission de radio I Love Mes Cheveux de la saison 1, commencé à préparer les interventions de septembre-octobre (4 colloques ou journées d’étude entre le 29 septembre et le 23 octobre) et soumis une proposition d’atelier pour les Rencontres d’Etudes Africaines en France qui se tiendront à Aubervilliers fin juin 2026 (« Abdulrazak Gurnah, cinq ans après le Prix Nobel »). J’ai poursuivi la discussion avec Christelle Rabier autour du séminaire que nous allons co-diriger, en mode hybride, à l’EHESS, dix mardis dans l’année, entre octobre et mai. J’ai aussi engagé la discussion autour d’un BIP (Blended Intensive Programme) avec une collègue professeure de sciences de l’éducation à l’université de Nicosie ; cela implique en théorie un séjour de travail d’une semaine à Nicosie en mai ou juin.

 

Au cours de vacances très réussies à Jersey avec Claire et mes parents, du 13 au 20, j’ai lu, à petites touches et en me régalant, Scale Boy de Patrice Nganang, qui doit paraître en janvier 2026 mais dont j’ai eu la primeur (avec un PDF correspondant aux épreuves du 23 mai 2025). Depuis notre retour, j’ai commencé à traduire les premiers chapitres ; un régal. Chose jamais tentée auparavant, je tiens un carnet de traduction, qui vient à l’appui de mon travail de recherche sur le plurilinguisme dans ce que je nomme la tritralogie (la trilogie « historique » + Mboudjak).

 

En attendant Nadeau a publié ma recension du Cantonnement de Ronelda S. Kamfer, et j’ai préparé deux autres comptes rendus pour août. J’ai soumis une proposition de communication, pour un colloque qui se tiendra au Cap en mars 2026 ; cela se situe dans la droite lignée de mes travaux du congé sabbatique (un projet de livre dont je n’ai pas écrit la première ligne mais dont les travaux préparatoires se poursuivent, avec notamment la lecture fondamentale de l’essai de Vincent Debaene La source et le signe), car je compte y travailler sur une lecture croisée d’Our Sister Killjoy et de Scale Boy (les deux titres riment, mais cela, je ne l’ai pas signalé explicitement).

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Avec l’excellente Patricia Houéfa Grange nous avons échangé des fichiers collaboratifs (avec des centaines de commentaires dans les marges, et de réponses aux commentaires) autour de notre traduction d’Our Sister Killjoy d’Ama Ata Aidoo, à paraître début 2026 chez Ròt-Bò-Krik. Ce matin nous avons finalisé une version quasi définitive du texte au cours d’un entretien téléphonique. Je suis très heureux de ce travail à deux, très stimulant et surtout qui rend bien meilleur le texte que j'aurais pondu seul, sinon. Nous avons chacun traduit une moitié, puis relu/retravaillé chacun·e le texte de l'autre. Comme tout est dans tout (et comme on parle beaucoup de locutions ivoiriennes, camerounaises et béninoises), il se trouve que je porte ce jour mon t-shirt Je suis Mboudjak !

J’ai aussi commencé le travail sur une traduction dont je ne peux pas encore parler : projet confidentiel, contrat non signé. Cela dit, les personnes qui savent où je griffonne des trucs ont peut-être déjà lu mon carnet de traduction, car oui, là aussi, je tente l’expérience.