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vendredi, 01 juillet 2005

Purple Hibiscus de Chimamanda Ngozie Adichie

Hier soir, j’ai commencé la lecture de Ibadan de Wole Soyinka. Après Purple Hibiscus, la semaine dernière, je traverse une phase nigériane, que je ne quitte jamais vraiment, en fait.

J’ai lu deux fois l’avant-propos, qui est d’une richesse presque infinie. Le début du premier chapitre est savoureux, si drôle et si vif, si précis, comme un scalpel.

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Je voulais écrire une note sur Purple Hibiscus, mais ce serait mieux avec le livre sous la main, à portée de clavier, non loin de moi, etc. Il s’agit du premier roman d’une Nigériane qui a trois ans de moins que moi (ça, c’est le genre de détail qui vous donne un bon coup de vieux, comme d’imaginer que vos premiers étudiants ont pu, depuis belle lurette, décrocher des diplômes et, par exemple, devenir professeurs, journalistes titulaires, cinéastes, auteurs de bandes dessinées, etc.). Chimamanda Ngozie Adichie est très influencée par la première trilogie de Chinua Achebe, et en particulier par Arrow of God.

Kambili, la narratrice, est une jeune adolescente élevée par un père qui représente, par ses succès d’entrepreneur qu’il met au service de la libre expression, en finançant notamment un journal d’opposition, la volonté de démocratie et de lutte contre un pouvoir politique corrompu ; mais l’ambiguïté fondamentale du récit repose sur la vraie nature de ce père, fervent catholique, qui est, dans son foyer, un parfait tyran. Pour convaincre ses enfants des voies de Dieu, il ne recule devant aucune règle, et surtout devant aucun châtiment corporel. Un séjour imprévu de la narratrice et de son frère chez une tante croyante mais libérale, professeur d’université, conduit le fils aîné à se rebeller, et à la jeune fille à laisser s’épanouir ses sentiments pour un jeune prêtre particulièrement attrayant.

La structure du roman est fort inventive : Adichie commence in medias res, par raconter l’incident qui marque la rébellion du fils, Jaja, avant de consacrer une longue partie à ce qui s’est passé avant ; la deuxième partie, puis l’épilogue, reprennent le récit après le refus de communier de Jaja. Cela met en lumière l’autre prouesse du roman : la description, sans ambages mais avec force ambiguïtés, des dérives fanatiques du catholicisme. La connaissance (et le tissage, au cœur du récit) de multiples rites ecclésiastiques témoigne, de la part d’Adichie, d’un mélange d’admiration intellectuelle et d’inquiétude métaphysique.

Ce que j’ai moins aimé, c’est le style, très Booker Prize shortlist, avec juste assez de petites inventions pour ne pas paraître trop académique mais suffisamment peu, tout de même, pour ne pas être inventif, et la description des émois de l’adolescente, qui sont sans doute très justes, ou pertinents, mais qui donnent une impression de déjà-lu. L’image éponyme de l’hibiscus pourpre, métaphore de l’éveil des sens mais aussi de l’empreinte du sang, est assez pesamment rabâchée.

Toutefois, l’écriture a l’avantage de son défaut : elle atteint souvent une profonde sensualité, qui touche à la nourriture, à la chair, à l’odorat plus encore peut-être.

Chimamanda Ngozie Adichie est un écrivain à suivre, en tout cas, et c’est là un début fort prometteur. Déjà, son livre tient la route, et la distance. Il a déjà été traduit en français, ce qui, pour un auteur africain anglophone publié en 2004, montre combien le livre a été encensé et porté aux nues outre-Manche et outre-Atlantique.

Pour plus d’informations, je me permets de vous renvoyer à la note écrite par Heileen sur son carnétoile La Muselivre, car elle comprend de nombreux liens, tant en anglais qu’en français. Cette recension est aussi, je le crains, bien plus approfondie que la mienne, mais si j’avais le livre tout auprès, me jouxant, libro aperto, etc., ce serait mieux, juré !

Commentaires

C'est toujours très intéressant d'avoir les impressions des gens sur les bouquins, qu'on les ai lus ou non. Les tiennes sont passionnantes.
Celui-là, je l'ai lu et la petite critique sur le "style booker prize" est assez amusante. Il y a pas mal de bouquins qui plaisent avant d'être shortlisted et il se trouve qu'Adichie en fait partie tout comme des bouquins comme Small Islands, Oryx and Crake, ainsi de suite. Une fois que la liste des nominés est connue, l'on imprime rapidement sur les couvertures reproduites, "shortlisted". Comme on s'en doute ça fait augementer les ventes.
Tu as semble t-il trouvé la recette à succès pour être shortlisted, hee, fais "la tourner" Guillaume qu'elle serve à d'autres.

Écrit par : Livy | vendredi, 01 juillet 2005

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