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lundi, 19 septembre 2005

Recteurs, suite

A la suite d’une conversation téléphonique relativement courtoise avec Renaud Domenici, journaliste de la NR dont j’ai assez gravement mis en cause le sérieux avant-hier, je me dois de procéder à la mise au point suivante pour tous les lecteurs de ce blog :


1)    Je n’attaque pas systématiquement la NR ni les journalistes (c’est la troisième note, sur presque cinq cents et en trois mois et demi, que je consacre à des bourdes journalistiques).
2)     Je ne m’en prends pas aux articles qui donnent la parole à des factions d’extrême-droite par gauchisme (je crois qu’un récent et vif échange, jusqu’à ce jour resté sans suite d’ailleurs, avec une étudiante qui sous-entendait que j’étais moi-même d’extrême-droite, le montre assez).
3)    Je serais très heureux d’accueillir tout droit de réponse circonstancié de M. Domenici, avec qui la conversation fut d’ailleurs très éclairante et aimable, de même que j’aimerais parfois que les journalistes spécialisés dans les questions d’éducation ne se contentent pas de reprendre les dépêches d’agence (dans ce cas précis, essayer de trouver un point de vue différent de ceux des fondamentalistes de SOS-Education ne devait pas être trop difficile).
4)    Je présente publiquement mes excuses à M. Domenici pour avoir écrit que son article était “truffé d’erreurs”, alors qu’il comportait seulement une incohérence technique et un saucissonnage citationnel qui prêtait au contresens ; je viens d’ailleurs de corriger la note qui le mettait en cause, et de mettre de l’eau dans mon vin.


Enfin, je tiens à préciser que mon indignation de samedi ne provenait pas d’un quelconque esprit de corps, ni d’un parti pris de défense d’un collègue (et supérieur hiérarchique), ni d’une quelconque résurgence d’une omerta propre à l’Education nationale, mais d’une réelle inquiétude face au pouvoir  d’une association qui peut se vanter d’avoir obtenu la tête d’un recteur pour des raisons totalement fallacieuses: le sujet de 1ère L sur la contraception n’était en rien ni “scabreux” ni “douteux” ni discutable ; il était entièrement conforme au programme, comportait des questions variées, dont une partie sur l’IVG, qui, je le rappelle, est légale en France et dont la mention dans un sujet de baccalauréat ne saurait être considérée comme une entorse à la laïcité et au respect des opinions personnelles.  Imaginerait-on de sanctionner l’auteur d’un sujet de géographie sur le Brésil parce qu’un groupuscule de brésilophobes s’en serait ému? Le Brésil existe, et l’IVG est une pratique légale et sérieusement encadrée dans notre pays.

A l’exception des réactions disproportionnées d’organismes hostiles par principe à l’IVG et qui voudraient revenir par tous les moyens sur les acquis de ces dernières décennies en matière de droits civiques, ce sujet n’a d’ailleurs soulevé aucune polémique, comme l’a montré, entre autres, la réaction étonnée, sur ce blog, de Marione, candidate ayant préparé l’épreuve et pourtant lycéenne dans un établissement privé de confession catholique, où l’on imagine qu’un certain écho aurait été donné à une telle polémique, si elle avait eu lieu.

Le sujet de français qui a valu son “limogeage” au recteur de Rennes avait, lui, donné lieu à une vraie polémique et présentait quelques points discutables. Mais le sujet de SVT de 1ère L n’était en rien condamnable, et n’a été monté en épingle que pour nuire à l’enseignement rationnel et positif des sciences.

En d’autres termes, il est scandaleux et anormal que des factions obscurantistes puissent faire valoir leurs préjugés contre l’intérêt même de l’école républicaine. Si le Ministre a bel et bien muté M. le Recteur sous les coups d’estoc de cette cabale, comment ne pas imaginer que, demain, la première diffamation infondée coûtera sa place à tel député, ou à tel autre officiel? C’est là l’essentiel de mes reproches à M. Domenici : cette double sanction, si elle est avérée, crée un précédent tout à fait regrettable de retour à l’ordre moral et de tentative de contrôle de l’enseignement public par une fraction sectaire de la population française. Or, de cela, il n’est nullement question dans l’article. M. Domenici considère comme un fait avéré que les recteurs aient été en faute ; ce n’est pas le cas, d’où mon soutien à ces collègues qui n’ont pas failli.

19:15 Publié dans Ex abrupto | Lien permanent | Commentaires (3)

Commentaires

Moi je trouve trés courageux d'affirmer ses opinions.

Au delà de cela, je trouve aussi trés bien que notre société sorte de son hypocrisie judéo-chrétienne et ose parler du sujet de l'ivg qui a existé depuis toujours.

Et de tout temps, je crois que pour la plupart des femmes qui ont décidé d'avorter, c'est avant tout un acte d'amour pour l'enfant qu'elles ont fait ce difficile choix de ne pas lui donner la vie.

Aujourd'hui, l'IVG est un droit, ne continuons pas à bafouer celui-ci en continuant à ignorer cette pratique.

Bien sûr elle peut être discutable, mais avant d'interdire l'IVG, posons nous les bonnes questions, comment faire pour que les femmes n'en arrivent à cet ultime action ?

Écrit par : La Jeune Divorcée | lundi, 19 septembre 2005

Cher Guillaume,

Je fais partie de ceux qui "rattrappent leur retard sur les notes anciennes"... et je me permets de te signaler que les liens que tu mets dans cette note ne marchent pas, on dirait (ou alors c'est encore mon ordi qui flanche...).
J'en ai retrouvé une ou deux plus loin, mais pas tout (et notamment pas celle où l'on t'accusait d'être d'extrême-droite. Sans blague! J'ai du mal à y croire!!!)

Une remarque: un sujet de bac de français sur un texte de Pierre Perret, en effet, on peut s'interroger. Néanmoins, je l'ai entendu l'autre jour dans "CO2 mon amour" (sur Inter, il y a quinze jours peut-être... Tu ne devrais plus pouvoir écouter l'émission dans ce cas, sorry), et j'ai été heureusement surprise de la qualité des propos échangés.

Bon courage en tous cas pour cette rentrée...

Mathilde

Écrit par : mathilde | dimanche, 25 septembre 2005

Il faut quand même préciser que ce sujet avec le texte de Perret n'a pas été donné en série générale, mais en série technologique. Or pour qui a déjà eu des élèves dans ces sections, ce texte même peut se révéler difficile à appréhender. Les questions de compréhension valent 6 points dans la note, le reste est de l'écriture personnelle et guidée. Ensuite, les nouveaux programmes font qu'un ensemble de textes sur un des thèmes d'étude, un corpus, est proposé aux élèves : trois, quatre textes, parfois un document iconographique aussi. Les deux autres textes étaient Le Mariage de Figaro (scène des retrouvailles), Les Misérables (portrait des Thénardier). Ça, c'est de la littérature ! se dira-t-on. Oui, mais un tel groupement de textes n'est pas très pédagogique. Le reproche que je ferais à ce corpus, c'est de donner seulement dans le registre pathétique et pis même dans le mélo, sans aucun contrepoint critique, sans aucune mise en perspective, juste avec une redondance des textes de départ. On conduit donc les élèves à écrire un texte orienté et univoque, dans un registre et une argumentation pauvre. Et cela donne aussi l'image de la piètre idée que l'on se fait des élèves de séries technologiques. L'exercice d'invention qui est choisi par la majorité des candidats est par exemple consternant. S'il y a quelque chose à critiquer, ce serait là plutôt que le nom des auteurs. (La scène de Beaumarchais est une des plus pauvres de son œuvre.)

Écrit par : Dominique | dimanche, 25 septembre 2005

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