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vendredi, 10 février 2017

Peint sur le visage, mât qui grince

Il fait froid sur les bords de Loire, un vendredi matin en février — mais à peine plus froid que dans mon bureau.

C'est donc dans mon bureau que je viens de mettre en ligne la dernière vidéo de traduction improvisée, filmée il y a une vingtaine de minutes devant la gabare sur socle qui est l'un des jalons de cette promenade, non loin du pont Wilson. Pour ces traductions sans filet, j'ai envie de varier autant que possible les lieux, les cadrages : je n'ai aucune compétence technique, mon matériel est pourri, mais je peux au moins faire un effort de conception (voire de conceptualisation). Ce matin, le nocturne avec le bruit mêlé des flots du fleuve et des véhicules sur la rue des Tanneurs — sans omettre les grincements irréguliers du mât — m'a particulièrement attiré.

 

Peu importe.

J'ai donc improvisé à partir d'un paragraphe que je venais de lire dans le tramway. (J'ai commencé, sans enthousiasme particulier, un nouveau roman de Caryl Phillips. (Nouveau pour moi — The Nature of Blood date de 1997.))

 

 

Dans cette vidéo, je finis par aborder une question qui me taraude de plus en plus, et dont François Bon parle encore aujourd'hui au sujet de ses traductions de Lovecraft : la question de l'écart par rapport à la langue (en langue source) et, partant, ce que l'on doit faire en langue cible. Ici, tout est parti de la fin de l'extrait traduit : an anxious smile painted on their faces. La métaphore de la peinture faciale est figée en anglais ; elle n'émane pas d'une recherche stylistique particulièrement innovante de la part de l'auteur. Cependant, je suis de plus en plus tenté — à rebours de la tradition universitaire — par ce que tant de collègues souligneraient en rouge en marquant CALQUE dans la marge : un sourire inquiet peint sur le visage.

 

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Une coïncidence involontaire accompagne le choix du lieu de tournage, je m'en avise au moment de publier ce billet : je lis beaucoup Caryl Phillips à cause du cours d'agrégation que je donne cette année sur Crossing the River. Or, voici la Loire !

Commentaires

C'est fou cette peur du "calque" (je l'avais remarqué dans ta correction de la correction de ?? l'agreg??): j'apprends que c'est un défaut, alors qu'à mon sens c'est une qualité tant que cela ne devient pas une bizarrerie.

Evidemment en français on utilise plutôt le verbe pronominal dans une situation dynamique, genre "un sourire inquiet se peignit sur son visage", mais enfin, une fois qu'il s'est peint, il est peint, c'est même la caractéristique de la peinture de rester.

Écrit par : VS | vendredi, 10 février 2017

(C'est bête, il était plus ou moins prévu que je cherche du boulot à Tours en 2018, et je me réjouissais de venir à tes ateliers de traduction. Mais c'est l'inverse qui va se produire, hervé remonte à Paris.)

Écrit par : VS | vendredi, 10 février 2017

C'est très compliqué, cette histoire, parce que, à l'inverse, trop s'éloigner est évidemment sanctionnable ("réécriture"). Il faudrait que je prépare plusieurs exemples et que je fasse une vidéo. cela fait trois mois que je me dis que je dois faire des vidéos de traductologie.
Bien sûr, le calque sanctionné, c'est de traduire "he was dressed to kill" par "il était vêtu à tuer" (non sens) ou par "il était vêtu pour tuer" (contresens). Ici, c'est limite donc acceptable. Ce n'est pas pour rien que dans les concours nationaux les jurys de traduction mettent deux jours entiers à se mettre d'accord avec un corrigé sur ce que les correcteurs accepteront ou non.

Pour ta venue sur Tours, ç'aurait été chouette, mais tu ne serais pas venue longtemps à mes cours, je te le garantis.

Écrit par : GC | samedi, 11 février 2017

Les commentaires sont fermés.